Présidentielles américaines: des dollars et des bouseux.

[Tom63]

Je ne suis pas un grand spécialiste, loin de là.

J'entendais les commentateurs ce matin avancer que la majorité n'était pas écrasante, "obligeant" les Républicains à la jouer profil bas pendant 2 ans, sous peine de se faire cartonner aux Présidentielles, celles-ci devant prétendument se jouer au centre.

Entendu aussi que des sondages à la sortie des urnes faisaient apparaitre que les 60% ne faisaient pas confiance à Obama, et que 60% ne faisaient pas confiance aux Républicains non plus.
En gros un "ni/ni, mais on a pas le choix" qui était, sans doute un peu grossièrement, rapproché de la situation française...

[Avgas]

Les Latinos y sont pour quelque chose également: cela fait 5 ans qu'ils attendent ña nouvelle loi sur l'immigration promise par Obama.

[Corsugone]

Si j'ai bien compris, ce qui est loin d'être certain, le niveau max de la dette Américaine est voté au congrés. L'année dernière il semble que les républicains ont bataillé ferme contre son réhaussement. Je serais curieux de savoir ce qu'ils vont faire cette année. Je ne sais plus si le vote portait sur un an ou deux. Une chose est certaine, l'année dernière, plusieurs établissements publics ont du réduire leurs horaires et virer des fonctionnaires car cela a "trainassé" deux mois si mes souvenirs sont corrects. Très curieux de voir la suite maintenant que les Républicains "auraient" les pleins pouvoirs sur le sujet.


Requin, si tu sais nous éclairer sur cette histoire de seuil de dette, c'est assez intéressant comme système.

[ze_shark]

Le vote sur le réhaussement du plafond de la dette porte sur un montant, pas une durée. Ce sont ensuite les aléas du cashflow du trésor qui définissent quand le gouvernement fédéral a de nouveau besoin d'un réhaussement, sous peine de faire défaut, soit sur ses factures, soit sur le service de sa dette. Les républicains avaient déjà le pouvoir dans le sens où le budget est voté par les deux chambres, et ils contrôlent fermement la chambre des représentants depuis 2010. Le fait d'y ajouter le sénat n'y changera pas grand chose, puisque c'est la chambre qui bloquait.

C'est un système débile et schyzophrène puisque le Congrès vote le budget et donc le financement de l'état de toute manière. Donc les querelles autour du relèvement de la dette reviennent à remettre en question la conséquence des dépenses budgétaires qui ont déjà été approuvées par la même branche de l'état. C'est comme approuver un bon de commande mais refuser la facture. Le pouvoir de dépense discrétionnaire du Président est quasiment nul, hormis les conflits armés.

Ce que les républicains vont vraiment faire reste hautement imprévisible.

Ca pourrait aller vers une collaboration constructive avec des compromis sur la réforme de la taxation des entreprises (et le rapatriement des centaines de milliards exilés à l'étranger) à la réforme de l'immigration. A mon avis, ce scénario tient du miracle.

Ca peut aussi aller vers une guerre civile au sein du parti républicain, entre cinglés et raisonnables, avec à la clef, de multiples blocages dans les deux chambres, et des initiatives extrêmistes telles qu'une tentative de destitution d'Obama pour la raison qu'ils pourront bien trouver. A mon avis, avec une campagne présidentielle qui démarre dans les faits aujourd'hui, c'est le scénario le plus probable. Les républicains devront séduire la base, et la base est bonne pour la camisole de force.

A rajouter dans le mix, le Sénat américain a une disposition particulière: le filibuster. Dans les faits, pour passer une législation (ou nomination) vraiment controversée, il faut 60 votes, pas 51 (sur 100). Un sénateur, un seul, peut bloquer un objet sur la base d'une clause de conscience, une pratique qui a déjà largement été appliquée, notamment par Ted Cruz et Rand Paul. Il n'est pas impossible que l'on voit des filibuster de la part des démocrates, mais aussi de la part des républicains extrémistes, contre l'agenda de leur propre parti.

Le Congrés américain a un taux d'approbation dans la population qui est la moitié de celui de Hollande en France, et ce pour d'excellentes raisons.

[Corsugone]

Merci beaucoup pour cette explication claire et précise. Je croyais qu'en France nous décrochions le pompon de la complexité législative, je découvre que les Américains cherchent à nous concurrencer.

[ze_shark]

Une image de la polarisation démographique: les élections qui ne sont pas couplées aux présidentielles reflètent une américaine blanche et âgée.



Les gens ont les politiques qu'ils méritent. C'est valable aux US, c'est valable également chez nous.

[ze_shark]

Le Sénateur James Inhofe (Républicain, Oklahoma) deviendra certainement le prochain président de la commission du Sénat sur l'environnement. Et ses positions sur le changement climatique sont "inspirées":

“It's also important to question whether global warming is even a problem for human existence. Thus far no one has seriously demonstrated any scientific proof that increased global temperatures would lead to the catastrophes predicted by alarmists. In fact, it appears that just the opposite is true: that increases in global temperatures may have a beneficial effect on how we live our lives.”

ou encore:

’ My point is, God’s still up there. The arrogance of people to think that we, human beings, would be able to change what He is doing in the climate is to me outrageous.”

Déprimant.


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[ze_shark]

[raphael_px]

Pas de dollars ni de présidentielles mais peut-être le troisième nom.
Je ne savais pas ou mettre la video et on doit pouvoir en trouver des milliers du même genre mais j'ai trouvé ça marquant à quel point c'était cliché de la grande Murica'



"rock'n'roll"

[ze_shark]

La bataille pour l'investiture républicaine bat déjà son plein en coulisses, une bataille pour le pognon. Jeb Bush a lancé un comité exploratoire, première des douzes stations de la croix vers une candidature formelle, et tape dans le réservoir des donneurs d'un Romney qui pourrait défier toute logique en essayant une troisième candidature. S'ajoutent à la liste Chris Christie, concurrent le plus direct de Romney et Bush, mais aussi Rand Paul qui se démarque avec ses positions libertaires.

http://www.snappytv.com/snaps/will-we-s ... r_i0/75533

Viennent ensuite Marco Rubio qui voudra se montrer pour décrocher un ticket de VP, et des cinglés comme Huckabee (extrème droite religieuse), Ted Cruz (extrême droite Tea Party) ou Bobby Jindal.

Ca va être divertissant.

Côté démocrate, l'omniprésence de Hillary Clinton ressemble de plus en plus à une formidable machine à perdre.

[ze_shark]

Le sujet de la semaine aux US: la tendance de plus en plus marquée contre la vaccination de base, notamment la rougeole. Les taux de coiuverture chutent rapidement, notamment en Californie et dans le Colorado. Tous ça parce que que!ques cinglés ont des théories élaborées sur les méfaits des vaccins. Et les futurs candidats aux primaires de devoir se positionner. Rand Paul contre (la vaccination) par allusion mais en fait presque pour, Rubio pour, Cruz fédéraliste jusqu'à l'absurde. Le cirque a déjà commencé.

Et les frères Koch ont promis de dépenser 900m$ dans la campagne.

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[Avgas]

Mitt Romney ne devra pas se pronnoncer, car il a mis fin à sa candidature.

[ze_shark]

Un article sur le débat entourant l'épidémie "Disneyland" de rougeole aux Etats-Unis:

http://www.newyorker.com/magazine/2015/02/16/immune-3

Et un rappel qu'en Suisse
1) la vaccination n'a pas été rendue obligatoire par la loi sur les épidémies de 2013
2) la couverture est insuffisante (seulement 85%)
http://news.doccheck.com/fr/50/anti-vac ... -rougeole/
3) la rougeole peut avoir des conséquences primaires grâves allant jusqu'à la mort

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[BS]

Disons que le risque d'encéphalite morbilleuse consécutif à la vaccination est moins élevé que celui lié à la rougeole elle-même, l'autre avantage de la vaccination sur une grande échelle étant de limiter la propagation de la maladie.

[ze_shark]

Les primaires pour les investitures démocrates et républicaines ne commencent que dans un an, mais les grandes manoeuvres ont déjà commencé.

Côté démocrate, les choses sont simples et compliquées. Clinton l'inévitable a un gros problème: aucune opposition. Et dans le système américain, l'absence de primaire disputée lorsqu'on n'est pas en poste veut dire qu'on n'existe pas. Qu'on ne rôde pas non plus la machine à débattre et gagner.

Côté républicain, Jeb Bush s'est installé en leader du troupeau. A coup de fund raising dinners à 100'000$ le couvert (véridique), il engrange des dizaines de millions et joue la même partition que son frère: tarir les sources de financement avant même que les autres s'y soient mis. Le problème, c'est qu'il n'y a pas que ça qui ressemble à son frère. Un discours approximatif au Chicago Council on Foreign Affairs a été un rappel douloureux des années W, avec des lapsus embarrassants, des erreurs factuelles, et l'impression tenace que le gars ne sait pas de quoi il parle. Et la totalité de son équipe de politique étrangère est un who's who des présidences Bush 41 & 43. Wolfowitz, plus jamais ça. Jeb essaie de se distancer de papa et frérot, mais n'y arrive pas. Ses réels atouts sont une posture défendable sur l'immigration dans le cas de l'élection générale, mais toxique pour l'investiture.
Ca c'est pour le côté dollars.

Du côté bouseux, Scott Walker, gouverneur du Wisconsin, est sorti en tête d'une conférence conservatrice dans l'Iowa, mais s'est déjà embourbé dans les pièges habituels des ultra-conservateurs: un refus net d'entériner la théorie de l'évolution de Darwin. Derrière les pressions créationnistes, l'obscurantisme évangélique.

Rand Paul continue à trébucher. Thèses conspirationnistes sur les vaccins, mensonges éhontés (le dernier en date a été de s'inventer un diplôme en biologie). Chris Christie est également tombé dans le piège vaccinatoire. C'est la beauté de l'électorat républicain: il faut choisir entre défendre des idées imbéciles ou se faire ratiboiser en Iowa.

Marco Rubio pourrait bien être amené à passer son tour. Jeb Bush venant de Floride comme lui, impossible d'exister et lever des fonds.

Ben Carson pourrait être le Hermann Cain de 2016, un feu de paille qui se consumme sur le bûcher des idées fantasques du Tea Party. Ted Cruz n'est là que pour faire de l'agitation, vendre des bouquins et préparer une carrière lucrative dans la médialaxie de droite. Huckabee pourrait surfer sur la vague socialement conservatrice. Il a le carisme et le talent oratoire, mais il parait impossible de se faire élire sur une plateforme évangélique. Si Huckabee s'installe, Rick Santorum aurait de la peine à exister, ils chassent sur les mêmes terres. Rick Perry (futur ex gouverneur du Texas) est englué dans des problèmes légaux. Bobby Jindall semble beaucoup trop à l'ouest avec des idées ultra-conservatrices pour jouer un rôle.

La seule femme du plateau républicain est Carly Fiorina, ex-CEO d'HP. Un discours qui tient debout même si ses liftings à répétition la rendent pénible à regarder, connaissance des dossiers, mais sans pognon, point de salut.

Les républicains voulaient en finir avec le cirque de la surenchère d'extrême droite et sa machine à perdre, mais il semble qu'ils sont bien partis pour nous donner un spectacle "savoureux".

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