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Essai Maserati GranSport

Le tableau s’assombrit cependant dès qu’on s’extrait du dit parking. Lors de changements à bas régime, la sélection est très lente, avec, chose rare, un temps de réaction entre l’action sur la palette et l’ouverture de l’embrayage, suivie d’une montée du régime moteur, comme si la gestion électronique oubliait systématiquement de couper les gaz pendant le passage du rapport. Lent, disgracieux, maladroit mais sans à-coup. Cette même caractéristique peut également être désagréable en conduite sportive : short shifter (passage anticipé du rapport supérieur) peut embarquer la voiture vers l’avant, un peu à la manière d’une (mauvaise) boîte à convertisseur de couple lors d’un levé de pied.

Et dans les tours ? Dans la moitié supérieure de la plage de régime et avec plus de gaz (difficile de déterminer précisément quel paramètre prédomine dans les lois de passage), on passe sans transition du lent au brusque. Les changements sont rapides, mais les à-coups sont perceptibles dans le pont arrière, avec une remise des gaz trop brutale. Une boîte Cambiocorsa au comportement bipolaire qui ne semble jamais trouver le juste compromis entre rapidité et brutalité, entre conduite inspirée et attaque délibérée. Il est probablement possible d’altérer certains réglages de boîte, en particulier le croisement entre les gaz et l’embrayage, mais je reste dubitatif que ces bases permettent à la fois un comportement docile en ville, agile en conduite rapide et viril à l’attaque. La boîte Cambiocorsa de la Gransport reste donc éloignée de la sainte trinité séquentielle, un point à considérer avec soin, le modèle n’étant pas disponible en boîte manuelle classique.

Les commentaires qui précèdent s’appliquent au mode dit « Sport », le mode normal est inutilisable tant il rend les passages de rapports aléatoires. Un mode Sport qui a d’ailleurs la diligence de rester enclenché entre arrêts de la voiture et qui influe également sur le comportement de la suspension ajustable dite « Skyhook ». Rabaissée d’une dizaine de millimètres sur la GranSport, celle-ci se montre très ferme en utilisation courante, lombaires fragiles s’abstenir. C’est le prix à payer pour contenir les mouvements de caisse d’une auto aux dimensions et poids respectables, un compromis qui s’avère assez réussi. En chemin vers nos bases habituelles des contre forts du Jura, la tonalité ronde et veloutée du V8 fait place à un staccato plus agressif bien qu’un peu atténué, le volume n’allant regrettablement pas crescendo avec le régime. Allegro, ma troppo discreto.

Le rituel des séances de photos a la vertu de permettre, dans les limites de sécurité imposées par une route ouverte, de disséquer le comportement de l’auto au fil de passages successifs, tout en essayant d’afficher une pose de gentleman driver sérieusement décontractée. Ou l’inverse. Au fil des passages, alors que les photographes adoptent des positions de plus en plus saugrenues, la GranSport affiche un comportement très neutre et sain. Rentrer fort sur les freins rend l’arrière légèrement mobile, des freins à la commande plaisamment ferme mais dont le mordant m’a laissé sur ma faim.

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