Essai longue durée: 80’000km en Porsche 991 Carrera S Cabriolet

Bilan chiffré après 80’000 km parcourus en 7 ans.

Nous sommes le 13 septembre 2011 il est 11h, je suis au salon de Francfort. En face de moi le stand Porsche, vide. La présentation à la presse de la septième génération de la 911 ne commence que dans 45 minutes. Les caractéristiques de cette voiture ont été dévoilées deux semaines auparavant, mais aujourd’hui je pourrais la voir en vrai. Ma décision de la commander est déjà prise: possédant une Carrera S Cabriolet, type 997 depuis 6 ans, l’heure du changement a sonné.

Je me souviens très bien de l’effet de cette nouvelle carrosserie allongée et élargie à l’avant. C’est ce dernier aspect qui m’avait le plus frappé lors de cette visite à Francfort. Il reste à attendre la sortie de la version cabriolet. L’attente ne sera pas très longue: elle est dévoilée au public dès le salon de Los Angeles à la fin Novembre 2011.

Dès le salon de Francfort je commence l’exercice de la configuration. Je quitte le salon avec deux certitudes: la couleur brun anthracite et les jantes dans la nouvelle finition platine satiné. Mon idée était de prendre la boîte manuelle à 7 rapports. J’ai toujours trouvé la commande de boîte de ma 997 parfaite et j’imaginais continuer dans la même ligne.

Un détail du dossier presse met un doute dans mon esprit: la boîte manuelle est dérivée de la PDK à double embrayage. Le différentiel autobloquant contrôlé électroniquement n’est également disponible qu’avec la boîte PDK.

Notre premier essai de la 991 Carrera S en décembre 2011  finit de me convaincre: la nouvelle PDK est extraordinaire. Elle allie la discrétion absolue en roulant tranquillement à la sportivité en attaquant un peu plus.

Je choisis les options « sport », soit le pack Sport Chrono Plus, les barres antiroulis actives PDCC et l’échappement Sport. Je prends également les sièges sport adaptatifs plus avec réglages électrique, mémoire, chauffage et ventilation. Enfin l’intérieur tout cuir et les packs carbone viennent compléter le tout.

Je décide également de poser un revêtement carbone des dossiers des sièges. Une visite de la société californienne MACarbon achève de me convaincre de le faire, avec en plus le volant que je n’avais pas prévu, mais les exemples de réalisation que m’a montré John Borchelt, le patron de la société, ont été très convaincants.

Pour éviter de payer des pièces neuves j’envoie les coques de siège et le volant en automne 2012, et je les reçois en retour en mars de l’année suivante. Le montage et le démontage ont été effectués par mon centre Porsche. Le coût de l’opération est conséquent, un peu plus de $5000, mais la réalisation est d’excellente qualité. Six ans plus tard, je ne constate aucune dégradation.

La voiture arrive en juin 2012, quelques semaines plus tard qu’initialement annoncé, un retard affectant tous les cabriolets destinés à la Suisse. Les choix de couleur me plaisent avec tout de même une surprise, j’avais choisi le bouclier avant SportDesign, mais il n’est pas installé. Je renonce à son installation après coup, craignant que la couleur ne soit pas identique au reste de la carrosserie.

Un seul petit défaut à signaler lors des premiers kilomètres, quelques grincements de plastique sont audibles en roulant sur route dégradée. Mon centre Porsche y remédie presque complètement. Ces grincements sont toujours présents aujourd’hui, probablement le lot des premières séries de production d’un nouveau modèle. A noter que lors de mon essai de la nouvelle Porsche 992, j’ai également constaté ces mêmes grincements sur trois voitures différentes. Ma Macan S livrée 8 mois après le début de la production ne présente pas ce type de défaut.

Deux interventions auront lieu sur cette voiture. La première après quelques mois, un rappel pour le remplacement du filet coupe-vent. La deuxième est une mise à jour du software de la boîte à vitesse en 2016. Ce nouveau software passe plus rapidement le rapport de boîte supérieur. Dans les trajets en mode automatique, je suis pratiquement tout le temps un rapport plus haut qu’avant. Le rétrogradage est aussi plus agressif en cas de freinage appuyé. J’ai constaté une légère baisse de la consommation moyenne de carburant d’environ 0.29 l/100km après ce changement soit environ 2.5%.

Aujourd’hui la voiture compte 80’000 km. Je n’ai connu aucune panne jusqu’à ce jour. Quelques problèmes toutefois se sont manifestés.

Le premier est lié à la qualité de la peinture. Depuis 2 ans environ une partie de la peinture d’environ 25 x 10mm a disparu sur le parechoc avant. C’est arrivé progressivement, et semble confiné à cet endroit, je ne constate pas de problème ailleurs sur la voiture. Ce défaut n’est pas pris en charge par le centre Porsche qui me suggère que le lavage au jet haute pression aux endroits où les impacts sont fréquents est la cause de ces problèmes. Ma Macan montre un défaut similaire, également sur le parechoc avant.

Le deuxième problème depuis l’année dernière: les freins sifflent. Cela n’arrive qu’à froid, à basse vitesse, donc en permanence lorsque je fais des trajets urbains. Je me suis résolu à remplacer les disques et plaquettes cette année, un peu avant leur usure complète. Ils auraient pu faire environ 5’000 km de plus, soit 80’000 km pour mon utilisation routière.

Enfin une mésaventure m’est arrivée cette année. Au printemps je remplace les pneus arrière par un nouveau jeu de Pirelli PZERO. Les pneus avant ne sont pas encore complètement usés, je les conserve. Le comportement de la voiture est devenu plus flou, et l’ESP s’enclenche dans certains virages, même sans rouler vite.

Je regarde en détail ces nouveaux pneus et constate qu’ils sont d’une spécification différente, des N0 alors qu’à l’avant j’ai des N1 (Nx étant l’indication de la certification pour Porsche). Le mode d’emploi de la voiture mentionne clairement qu’il faut monter sur les quatre roues des pneus de la même spécification, y compris le Nx. Je monte donc des N0 à l’avant et tout rentre dans l’ordre.

Dernier désagrément, la ventilation du siège conducteur a perdu beaucoup d’efficacité. Je recommande ce système pour le cabriolet, il permet d’éviter la transpiration surtout au bas du dos. Mais il semble que cette année il est moins efficace. Le siège passager ne présente pas ce problème. Un contrôle au centre Porsche lors du remplacement des freins me dit que le ventilateur fonctionne correctement. Je déduis donc que le problème vient des trous dans le cuir qui ont dû se boucher avec le temps. Un gros coup d’aspirateur semble avoir ramené une bonne partie, si ce n’est la totalité de l’efficacité du système.

Après un rodage dans les règles j’ai pu commencer à découvrir les qualités de cette 991. Le saut en termes de comportement est très important par rapport à toutes les 911 des générations précédentes. Les premiers virages pris à vive allure restent des souvenirs d’incompréhension: l’addition des changements du châssis avec les systèmes PASM et PDCC sont remarquables.

Mais l’élément de la 991 qui m’impressionne presque plus est sa boîte PDK. Que ce soit en roulant vite en mode manuel ou en roulant en mode automatique en ville, son fonctionnement est proche de la perfection. Les passages de rapports sont doux, le dosage de l’embrayage est très bien calibré, quelle que soit la situation.

En mode Sport+, la boîte devient plus agressive, les temps de passage sont réduits et un léger à-coup souligne l’opération. Après 80’000 km, je ne note pas d’évolution défavorable. A mes yeux, elle reste la meilleure implémentation d’une boîte double-embrayage, surpassée uniquement par la nouvelle PDK 8 disponible sur les Panamera et 992.

Autre innovation sur la 991 cabriolet, le filet coupe-vent à commande électrique. Il s’avère très pratique à l’utilisation et sans aucun encombrement lorsqu’il est fermé. Il faut juste l’actionner en-dessous de 100 km/h. Si on roule capote ouverte, filet ouvert et vitre montées les bruits aérodynamiques sont suffisamment atténués pour pouvoir écouter la radio ou prendre des appels téléphoniques, y-compris sur autoroute.

C’est aussi dans cette configuration que le bruit du moteur est le mieux mis en évidence. En mode Sport, on a un bon équilibre entre les bruits d’échappement et d’admission sans être couverts par les bruits d’origine aérodynamique.

Les propriétaires de 911 sont depuis longtemps des maitres de l’art du rangement dans le coffre. Il est possible d’y mettre deux valises de cabine ou une valise de taille moyenne, plus quelques accessoires, mais il reste relativement petit.

Je n’ai utilisé cette voiture que lors de la bonne saison, de mars à novembre. Pour l’hibernation, je prends les mesures suivantes : sur-gonflage des pneus à 3.5 bar, réservoir à essence plein et branchement d’un transformateur pour éviter la décharge de la batterie. Aucun problème pour la reprendre au printemps, elle démarre comme si de rien n’était.

Le tableau résume les coûts d’utilisation de cette 991 Carrera S Cabriolet. Comme toute voiture achetée neuve, la dévaluation est de loin l’élément le plus important. Je n’ai pas indiqué les coûts d’assurance et d’impôts, trop variables en fonction de la situation personnelle.

Services CHF 0.10/km
2 ans (26’125 km) CHF 1’096.95
4 ans (46’500 km) CHF 2’185.70
6 ans (64’400 km) CHF 1’724.30
Remplacement des freins (74’600 km) CHF 3’083.-
Total CHF 8’089.95
Pneus CHF 0.05/km
23’500 km CHF 1’280
46’500 km CHF 1’170
71’500 km CHF 1’202
Total CHF 3’652
Essence CHF 0.16/km
11.4 l/100km CHF 12’947
Dévaluation CHF 1.31/km
Prix d’achat: CHF 188’730 CHF 105’000
Total CHF 129’688
CHF 1.62/km

La consommation d’essence 98 se monte sur l’ensemble de la période à 11.4 l/100km. J’ai relevé un maximum de 18.4 l/100km sur un petit trajet sans autoroute et un minimum de 8.8 l/100km sur un trajet autoroutier capote fermée.

Cette 991 est un excellent millésime, c’est la génération de 911 qui s’est le mieux vendue avec environ 217’930 exemplaires produits. A mes yeux, elle est un excellent compromis entre voiture de sport et voiture de tourisme. Que ce soit pour aller faire une course en ville ou sur une route de montagne où la rage de son flat-six et un comportement très équilibré, elle réussit le grand écart de rendre agréable n’importe quel trajet.

Nous sommes maintenant le 28 Novembre 2018, je suis au Salon de l’Automobile de Los Angeles, il est 9h45 et devant moi, sur le stand Porsche, dans 40 minutes sera dévoilée la 8ème génération de la 911, la 992. Mais ceci est une autre histoire.

Prix et options du véhicule

Porsche 911 Carrera S Cabriolet
CHF 153’000
Couleur brun anthracite métallisé (G0) CHF 1’640
Intérieur tout cuir noir (AZ) CHF 4’510
Assistance parking avant et arrière (636) CHF 500
Boite à vitesse PDK (250) CHF 4’890
Pack Sport Chrono Plus (640) CHF 2’820
PDCC (352) CHF 4’470
Echappement Sport PSE (176) CHF 3’630
Jantes Carrera S finition platine (XDH) CHF 1’110
Pare-brise teinté dégradé (567) CHF 160
Pack luminosité (630) CHF 620
Sièges sport adaptatifs Plus (P07) CHF 4’560
Sièges ventilés (541) CHF 1’480
Tapis de sol (810) CHF 250
Volant SportDesign (840) CHF 590
Ecusson Porsche sur appuie-tête (XSC) CHF 290
Monogramme sur le couvercle d’acoudoir (XUV) CHF 320
Pack carbone (EEG) CHF 2’270
Console médiane carbone (XHM) CHF 700
Pré-équipement pour téléphone mobile (619) CHF 920
Total CHF 188’730

Le pack suisse comprend en sus la garantie 2+2 ans (744), le détecteur de pluie (P13), le contrôle de pression des pneus (482), le tempostat (454), les sièges chauffant (342), et le PCM + Navigation (P23).

Caractéristiques techniques

Porsche 911 Carrera S Cabriolet
Moteur Flat 6 3800 cm3
Puissance (ch / t/min) 400 / 7400
Couple (Nm / t/min) 440 / 5600
Transmission AR
Boite à vitesses 7 vitesses automatique
RPP (kg/ch) 3.84
Poids DIN (constr.) 1536 (1485)
0-100 km/h (sec.) 4.3
Vitesse max. (km/h) 299
Conso. Mixte (constr.) 11.4 (8.9)
Réservoir (l) 64
Emissions CO2 (g/km) 210
Longueur (mm) 4491
Largeur (mm) 1808
Hauteur (mm) 1292
Empattement (mm) 2450
Coffre 135
Pneumatique AV 245/35 R20
Pneumatique AR 295/30 R20
Prix de base (CHF) 153’000
Prix de base (EUR) 116’528

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