Essai VW Touareg 3.0 TDI: l’anti-establishment

Le SUV full size du peuple. 

Le Touareg, vaisseau amiral de la gamme Volkswagen depuis la disparition de la berline Phaeton, est calé sur un cycle de huit ans: 2002-2010 pour la première génération (7L), 2010-2018 pour la deuxième (7P). Pour cette troisième génération du Touareg, dévoilée au salon de Beijing 2018, VW revendique un re-positionnement du modèle.

Le propos déclaré est d’offrir une alternative aux références du segment, une sorte de choix rationnel et polyvalent avec quelques atouts distinctifs. En d’autres termes, VW ne chercherait plus à chasser sur les terres des X5, GLE ou Q7, encore moins du Cayenne, mais de braconner aux alentours, à distance respectable.

Les proportions évoluent légèrement avec la génération précédente: nettement plus long, un peu plus large, un chouïa plus bas, et un empattement allongé pour augmenter l’habitabilité.

Touareg 3 Touareg 2
Longueur 4878 4796
Empattement 2904 2893
Largeur 1984 1941
Hauteur 1717 1709

Le coffre a gagné 113 litres pour atteindre 810 litres en configuration 5 places.

Le dessin est laissé à l’appréciation de chacun. La face avant est dans la lignée directe du Tiguan, sévère et toute en lignes horizontales, est sans doute destinée à plaire aux clients chinois et américains, friands de grosses calandres agressives. L’arrière, nettement plus fin et élégant, offre un contraste marqué, peut-être une concession à des goûts européens.

Une des pièces maîtresses qui supporte le positionnement “technologique” du nouveau Touareg se trouve à l’intérieur sous la forme de l’Innovision Cockpit. On trouve naturellement un écran LCD de 12 pouces pour les instruments, mais la vedette est l’écran tactile de 15 pouces situé dans son prolongement direct.

Esthétiquement, la juxtaposition est assez gracieuse, avec un pont incurvé qui intègre la dalle sans en accentuer la surface rectangulaire et plate. L’écran est imposant mais pas incongru. La conception de l’interface homme-machine m’a par contre laissé un peu sur ma faim, fonctionnellement parlant.

Premièrement, aucune commande déportée n’est offerte, seul un contact tactile avec l’écran permet d’accéder les différentes fonctions, avec la distraction qu’amène la nécessité de viser la zone requise, par exemple pour la barre inférieure qui regroupe les commandes de climatisation, les raccourcis regroupés sur la marge de gauche, où la touche d’appel du menu principal au centre de l’écran.

Ensuite, le paradigme d’accès aux fonctions n’évolue pas. Les menus principaux donnent accès à d’interminables menus et sous-menus déroulants, encore plus distrayants. Un recours plus persistant à des icônes aurait peut-être été plus heureux. Offrir l’alternative d’un périphérique de pointage ou d’une molette pour parcourir cette arborescence aurait été un complément bienvenu.

Enfin, les graphismes ne sont pas particulièrement séduisants et, somme toute, relativement décevants, laissant la sensation d’une opportunité manquée d’établir une nouvelle référence, capable de rivaliser avec les meilleurs systèmes du marché. Le système n’est pas mauvais, il est même assez bon, mais pas à la hauteur de la taille qui lui est consacrée sur la planche de bord.

Le Touareg est un tracteur, au sens propre: 60% des propriétaires allemands et 40% des clients en Europe utilisent leur Touareg pour tracter une remorque. VW le revendique comme un des rares véhicules sur le marché capable de tracter jusqu’à 3.5 tonnes de charge (freinée, jusqu’à 12% de pente), mais le Q7, GLE, X5 ou Range Rover Sport égalent cette valeur.

A parution, le Touareg n’était encore disponible qu’avec deux motorisations, un 3 litres turbodiesel de 231 chevaux et … un 3 litres turbodiesel de 286 chevaux. Il s’agit du même V6 turbodiesel de 2967 cm3 qui équipe plusieurs Audi haut de gamme (telle que l’A7 Sportback) mais sans le système mild hybrid.

J’ai trouvé ce groupe paradoxalement moins décevant dans le Touareg que dans l’A7. Les prestations attendues d’un placide SUV sont moindres en comparaison avec une berline coupé, et l’isolation phonique du Touareg atténue les raclements caractéristiques du turbodiesel, surtout à froid et à très basse vitesse. L’inertie de l’ensemble moteur-boîte au démarrage demeure problématique si l’on doit compter sur une réaction prompte pour s’insérer dans le trafic, mais la boîte tiptronic se fait oublier le reste du temps et les relances sont largement assez musclées.

Un détail m’a dérangé cependant: des vibrations à haute fréquence qui remontent dans la colonne de direction entre 1800 et 2000 t/min, soit exactement le régime de croisière à 130 km/h sur le huitième rapport.

Et la conso ? 8.2 L/100km relevés sur plus de 1600 km d’essai. Le chiffre mérite attention. Primo, il est plutôt raisonnable pour un SUV full size dépassant joyeusement les 2.3 tonnes. Deuxio, il est plus élevé de 0.9 L/100km que les 7.3 L/100km relevés avec l’A7 50 TDI et le même V6, mais sans hybridisation 48V, conduite par le même bonhomme sur des trajets sensiblement comparables.

Quelle est la part à attribuer au système mild hybrid vis-à-vis du poids et du maître-couple du Touareg ? Pas facile à répondre, mais je spéculerais volontiers sur un 50/50. On relèvera enfin que l’assortiment va être élargi avec un gros V8 TDI de 421 chevaux dérivé du formidable SQ7 – la variante a été annoncée en prélude au salon de Genève 2019.

Le Touareg est par ailleurs confortable et est un outil agréable pour bouffer des bornes. Des sièges bien dessinés recouverts d’une jolie sellerie Savona, une suspension pneumatique homogène même si elle aurait pu être plus ouateuse sur autoroute. La place dévolue aux passagers est généreuse, tout comme le coffre. C’est dans ce domaine que les SUVs modernes profitent d’un packaging optimisé pour offrir de la place à 4 voire 5 adultes ainsi que leur bagages, domaine dans lequel les breaks du segment E ne peuvent plus rivaliser.

Cet exemplaire est également équipé du système à quatre roues directrices. Il est plutôt discret dans la dynamique de prise d’appui où il ne manifeste aucune verve particulière. Par contre, le mètre gagné en diamètre de braquage est précieux, tout comme le gain en manœuvres dans les endroits exigus, d’autant plus vu l’absence d’un système de caméras panoramiques, difficilement compréhensible à un tel tarif. Un châssis adaptatif avec compensation du roulis existe au catalogue mais paraît excessif vu le caractère du moteur.

L’assistant de ligne ne mérite qu’un seul épithète: détestable. En conduite normale, les pichenettes qu’il donne dans le volant sont désagréables, aussi intrusives que maladroites. Le pire cependant survient sur autoroute en ligne droite où, si l’on est parfaitement centré sur sa voie, le système ne détecte plus d’action dans le volant, et escalade les alertes: visuelle, puis auditive, puis plantée sur les freins et rétraction de la ceinture. Tout ça sans la moindre incartade en direction d’une ligne blanche.

Il n’y a pas de touche pour désactiver le dispositif, mais un raccourci au volant permet d’appeler le menu d’assistances et de neutraliser le système, mais l’opération est à répéter à chaque remise du contact. Il n’est pas acceptable qu’on doive “secouer” une voiture de ce prix pour éviter des fausses alarmes aussi fréquentes, qui plus est provenant d’un système par ailleurs aussi maladroit.

Toujours au rang des équipements dits de sécurité, le système de vision nocturne avec détection fonctionne assez bien, mais son action laisse songeur: l’éclairage matriciel flashe le piéton pour le rendre visible. Peut-être qu’un piéton ébloui vaut mieux qu’un piéton renversé ?

Affiché dès 76’400 CHF en finition Elegance avec le V6 231 chevaux, et 4000 CHF de plus en version 286 chevaux, l’équipement de cette version fait grimper l’addition à CHF 110’860, ce qui représente une somme conséquente pour un SUV “anti-establishment”.

Le Touareg n’est pas particulièrement joli, ni excessivement confortable ou performant, il ne recèle pas d’innovations marquantes et sous-exploite le matériel d’infotainment intégré à sa planche de bord. C’est un SUV full size sans défaut ni qualité majeure, qui fait son travail à satisfaction, sans charmer mais sans décevoir non plus. L’essentiel est assuré, mais pour les frissons du superflu, il faudra continuer à aller lorgner du côté des références établies.

Prix et options du véhicule essayé

Volkswagen Touareg V6 TDI Elegance CHF 76’400 € 65’030
Moteur V6 3.0 TDI 286 chevaux CHF 4’000 € 5’430
Finition Carat Exclusive CHF 0 € 8’450
Suspension pneumatique CHF 0 € 3’060
Pack vision CHF 5’240
Pack technique CHF 4’610
Cockpit Innovision CHF 3’030 € 0
Pack d’assistance plus CHF 2’510
Système Dynaudio Consequence CHF 1’950 € 1’820
Jantes Nevada 20″ CHF 1’900 € 915
Assistant de vision nocturne CHF 1’830 € 1’955
Crochet de remorquage amovible CHF 1’500 € 1’450
Pack design & confort CHF 1’280
Sièges massants CHF 1’260 € 1’355
Cuir Savona CHF 750 € 820
Ouverture coffre Easy Open CHF 730
Pack mémoire premium CHF 690 € 670
Pack sécurité CHF 610 € 650
Pack parking CHF 600
Antivol plus CHF 520 € 355
Parebrise chauffant CHF 530 € 505
Pack ambiance CHF 400 € 0
Pack rangement CHF 370
Volant multifonction CHF 310 € 0
Rouleaux pare soleil AR CHF 240 € 225
Prise 230V CHF 140
Réservoir 90L CHF 120 € 115
Toit panoramique CHF 0 € 0
Prix catalogue du véhicule d’essai CHF 110’860  € 94’540

Face à la concurrence – caractéristiques techniques

VW Touareg 3.0 V6 TDI 4Motion BMW X5 xDrive30d Audi Q7 50 TDI
Moteur V6 turbodiesel 2967 cm3 L6 turbodiesel 2993 cm3 V6 turbodiesel 2967 cm3
Puissance (ch / t/min) 286 / 3500-4000 265 / 4000 286 / 3500-4000
Couple (Nm / t/min) 600 / 2250 -3250 620 / 2000-2500 600 / 2250 -3250
Transmission 4Motion xDrive Quattro
Boite à vitesses Tiptronic 8 Steptronic 8 Tiptronic 8
RPP (kg/ch) 8.06 (7.96) (7.24)
Poids DIN (constr.) 2305 (2070)
53.9% 46.1%
(2110) (2070)
0-100 km/h (sec.) 6.1 6.5 6.3
Vitesse max. (km/h) 238 230 241
Conso. mixte (constr.) 8.2 (6.6) (6.7) (6.6)
CO2 (g/km) 173 175 172
Réservoir (l) 90 80 75
Longueur (mm) 4878 4922 5052
Largeur (mm) 1984-2193 2004 1968
Hauteur (mm) 1717 1745 1741
Empattement (mm) 2904 2975 2994
Coffre (L) 810-1800 650-1870 890-2075
Pneumatiques 255/55 R19 255/55R18 255/60 R18
Prix de base (CHF) 80’400 84’400 82’550
Prix de base (EUR) 65’030 72’400 65’230

Nos remerciements à VW Suisse pour le prêt de ce Touareg.

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