Mercedes reprend l’avantage à l’entame de la tournée européenne.
La punchline est un peu facile, mais la réalité n’en est pas moins, là. Pour l’ouverture de la saison européenne sur le tracé référence des essais hivernaux, et au terme d’une course animée mais moins palpitante que ce que nous avait accoutumé cette saison 2018 jusqu’à présent, nous avons assisté au retour d’une domination de l’écurie Mercedes-AMG, telle que nous ne l’avions plus vu depuis l’Australie et Melbourne, mais cette fois ci couronnée par un doublé tout en maitrise.
Hamilton de nouveau lui-même
La victoire de Baku, réussite sur le plan comptable, ne l’était pas vraiment dans les têtes de l’écurie et de son pilote vedette. Tous savaient qu’à ce moment-là, Ferrari disposaient encore d’un avantage et qu’il allait falloir cravacher fermement pour gagner sans contestation. Il y avait grand besoin de réaliser un week-end parfait, et 15 jours auront été nécessaires pour cela.
Parfaitement placé dans chacune des séances d’essai, auteur de pole position puis d’une victoire écrasante après avoir dominé du départ à l’arrivée, sans se laisser le moins du monde déconcentrer par les événements de course (safety car à l’issue du 1er tour puis virtual safety car après la mi-course) Lewis Hamilton repart de Barcelone rassuré, et en ayant clairement accentué son avance au championnat (17 points sur Vettel).
Tout ceci rappelle les plus belles heures des saisons passées, dont nous commencions à penser qu’elles étaient oubliées. Le britannique est en réalité clairement de retour, et dans la configuration qu’il préfère. Il n’hésitait plus à parler dimanche soir de synergie retrouvée avec sa machine. Succès total pour Mercedes puisque Valtteri Bottas termine à la seconde place après un week-end solide en performance pure, qui l’a vu échouer pour la pole à une trentaine de millièmes seulement de son coéquipier. Tout juste peut-on lui reprocher de n’avoir pas mieux réussi son départ, puisqu’il laissait s’infiltrer Vettel. Ne pouvant dépasser en ensuite la Ferrari sur une piste offrant très peu de possibilités, il laissait Hamilton s’échapper en tête. Qui sait s’il n’aurait pas sans cela pu aller contester la victoire.
Peut-on malgré tout tirer de ce succès une tendance lourde et globale imprimée sur la suite de la saison ? Mercedes est-elle lancée sur la voie d’une domination sans faille ? Répondre à ces questions revient à se demander comment il est possible de réaliser autant de progrès en 15 jours. Mercedes a travaillé mais Ferrari également. Il est possible que cette dernière se soit fourvoyée à quoi s’ajoute encore et toujours la question de l’exploitation pneumatique.
Particulièrement cette saison, les pneus fournis par Pirelli imposent une fenêtre d’exploitation très réduite. Par ailleurs, la Mercedes W09, aux dires-même de Lewis Hamilton, possède également une fenêtre de bon fonctionnement très réduite. Faire fonctionner les deux ensemble est donc une tâche ardue dans laquelle le britannique s’était perdu jusqu’à présent. Par ailleurs, Pirelli a fourni ce week-end des pneus plus rigides à l’épaisseur différente, plus fine de 4mm, qui convenaient vraisemblablement mieux à la Mercedes qu’à la Ferrari. Nous ne les reverrons qu’en deux occasions, au Castellet et à Silverstone.
Conjuguons cela avec des températures fraiches, et une piste rincée par une averse dans la nuit du samedi au dimanche et tout était réuni afin d’avoir une nouvelle distribution des cartes. Tendance lourde ou pas, c’est encore à voir mais nul doute que Mercedes a frappé fort.
Ferrari en souffrance
Devant la domination claire, nette et sans bavure affichée par Mercedes, l’impression d’une régression laissée de la Scuderia est évidente. Comme dit ci-dessus, il faut se garder de jugements définitifs, mais clairement quelque chose n’a pas fonctionné ce week-end chez les rouges.
Plusieurs choses, en réalité. Une fois n’est pas coutume cette saison, jamais les monoplaces italiennes ne sont parvenues à trouver la bonne fenêtre d’exploitation pneumatique, et ceci quel que soit le type de gommes utilisé, du médium blanc au super soft rouge. En résultait un manque de grip général, et une dégradation mal contrôlée.
Nous sommes habitués cette saison à des vendredi discrets de Ferrari avant qu’elle ne retrouve la lumière le samedi, mais à Barcelone la seule lueur d’espoir eu lieu en Q2. Espoir bien vite éteint par la pole incontestable de Lewis Hamilton quelques instants plus tard. Ce ne fut pas mieux en course puisque bien parti dans roue d’Hamilton, Vettel était ensuite incapable de suivre le rythme.
Plus grave, il était également incapable de protéger ses pneumatiques et repassait par les stands une seconde fois lors de la virtual safety car. A ses dires, ce second arrêt n’était pas un pari stratégique mais bien une necessité. Tombé à la 4ème place, tout espoir de podium lui était interdit sur cette piste où les dépassements ont valeur d’exploit. Quand bien même Verstappen devant lui avait des pneus usés et un aileron avant amoché. Mauvaise habitude tenace, ce fut même pire de l’autre côté du garage.
Non que Kimi Raikkonen soit fautif puisqu’il roulait comme depuis le début de saison dans le rythme de son coéquipier, mais la malchance s’est à nouveau abattue sur lui, avec cette impression tenace que le grain de sable (c’est même maintenant un bac tout entier) qui entrave constamment la progression du finlandais depuis 2014 ne s’en ira jamais.
Après un remplacement de power unit, sans pénalité, au cours des essais libres, c’est à nouveau sur un problème mécanique (un banc de cylindre refusant tout service) que le souriant finlandais devait baisser pavillon en course. Et à la clé une grosse alerte fiabilité pour la Scuderia. Vettel ne se cachait pas après Barcelone, refusant d’incriminer Pirelli et avouant sans détour qu’il y avait surtout beaucoup de pain sur la planche ainsi qu’une responsabilité de toute l’équipe dans la déconvenue.
Peu de bonnes nouvelles, donc, puisque pour couronner le tout l’évolution aéro visuellement osée consistant notamment à monter les rétroviseurs directement sur le halo en rajoutant un déflecteur au-dessus a été sanctionnée par les commissaires sportifs et sera interdite dès Monaco.
Par ailleurs et plus embêtant, nous apprenions cette semaine que Ferrari était sous le coup d’une enquête pour utilisation irrégulière et trop importante de l’énergie électrique lui permettant un gain de 20 chevaux en qualifications. L’enquête sera menée dès Monaco. Monaco qui devrait être l’opportunité de se racheter. Ferrari y avait été lourdement dominatrice l’année dernière, certes avec une monoplace à l’empattement bien plus court particulièrement adapté au tourniqué princier. Le retour à la carcasse habituelle des enveloppes Pirelli et à des températures supposément plus favorables devraient toutefois aller dans le sens de Maranello.
Le taureau bouge encore
Malgré les nombreuses évolutions aéro apportées par RedBull, notamment au niveau de la zone des barge boards, maintenant impressionnantes de complexités, il n’y avait rien à faire ce week-end contre Mercedes. Christian Horner avait pourtant le sourire dimanche soir au moment de quitter Barcelone. Auteur d’une performance d’ensemble appréciable à défaut d’être exceptionnelle, ses pilotes venaient redonner le moral à un équipe ayant durement encaissé le grand-prix tenu 15 jours plus tôt dans les rues de Baku.
Une fois n’est pas coutume cette saison, c’est Max Verstappen qui termine 3ème, 2 rangs devant Daniel Ricciardo, et profite surtout du manque de réussite de Ferrari. La course du hollandais a été exempte de coup d’éclat, à l’exception d’un étrange contact avec Lance Stroll juste avant le restart suivant la virtual safety car, dans lequel Verstappen laissa la dérive gauche de son aileron avant. Malgré les trésors de calcul effectué par les aérodynamiciens pour concevoir ces dérives, cette perte ne devait pas l’empêcher de sauvegarder sa 3ème place, et encaisser enfin son premier résultat notable de la saison. Du mieux, donc.
Daniel Ricciardo de son côté est resté bien discret. Légèrement devancé par son coéquipier en qualifications, il trouva pourtant un très bon rythme en course, notamment lors du dernier tiers lui permettant d’emporter le meilleur tour en course. Ceci fait au passage de lui le meilleur performer de la saison sur l’exercice et confirme les excellentes dispositions de la RedBull en conditions de course. Mais voilà, la Chine et sa course débridée mise de côté, il reste toujours l’un des deux autres cadors pour trouver un surplus de performance et barrer la route des troupes autrichiennes.
Quoi qu’il en soit Barcelone aura été la course de la sérénité retrouvée (au moins en façade) et nul doute que Monaco sera une épreuve qui conviendra beaucoup mieux aux qualités de la monoplace maison, très performante dans le secteur sinueux en Catalogne. Elle ira en principauté, comme l’année dernière, en épouvantail. Encore faudra t’il que Verstappen arrive à se canaliser une nouvelle fois, mais il est fort probable que Daniel Ricciardo trouve son parfait terrain d’expression en Principauté.
Paire d’Haas…
L’équipe américaine, qui vise ouvertement une 4ème place au championnat que sa monture parait être capable de lui rapporter, empoche enfin un nombre de points respectable par l’intermédiaire de la 6ème place de Kevin Magnussen. Une nouvelle fois par Kevin Magnussen puisque, nous allons y venir, il est le seul pilote maison à avoir contribué aux 19 points actuels de l’écurie cette saison. Il est pourtant très compliqué de se réjouir du bilan Catalan.
Le package s’était pourtant clairement positionné ce week-end en “meilleur des autres”. On n’attendait donc pas moins que cette sixième place mais c’est surtout une nouvelle fois l’impression d’ensemble laissée par le danois qui s’éloigne lourdement de la perfection et vient jeter un voile opaque sur sa prestation. Une habitude désormais. Dès le vendredi, lors des 1ers essais libres, il se distinguait en tassant ostensiblement Charles Leclerc dans la zone de freinage de la longue ligne droite, manœuvre aussi dangereuse qu’inutile et hors de propos. Comment la justifier en essai libre alors qu’il n’y a rien, strictement rien, à gagner ?
Nous l’avons déjà souligné après Baku, il est vraiment plus que temps de sanctionner lourdement ce genre d’actions avant que l’une d’elles se termine très mal. D’autant que ce ne fut pas la seule du week-end. Une seconde eut lieu en course, dans le virage 3, et dont la victime directe fut son coéquipier Romain Grosjean ! Il est indéniable que le changement de ligne dans cette courbe rapide entraine la perte de contrôle de Grosjean qui arrivait derrière avec bien plus de vitesse.
Ceci ne doit toutefois pas servir d’excuse au pilote français car cela ne répond que partiellement aux questions soulevées par ce nouvel accident. Pourquoi tentait-il d’attaquer son coéquipier dans ce virage rapide ? Pourquoi avoir gardé le pied à fond sur l’accélérateur aussi longtemps pendant le tête à queue, en provoquant un très épais nuage de fumée mettant en exergue la perte de contrôle aux yeux des caméras, mais surtout source de collision en chaine et mettant sur le carreau Hulkenberg et Gasly ? Tout le monde s’en tire sans blessure mais là encore il aurait pu en être lourdement autrement.
Romain Grosjean repart quoi qu’il en soit de Barcelone nageant en plein doute et avec une confiance fatalement toujours entamée, ce qui est loin d’être la meilleure des choses avant d’arriver à Monaco où un pilote doit être au top pour performer. Encore soutenu, mais pour combien de temps, par la direction de son écurie (même le grand patron Gene Haas est monté au créneau) il y a urgence à se remettre en selle proprement. Le rêve de top team s’éloigne de plus en plus mais plus immédiatement c’est son écurie actuelle qui a besoin de performance, car elle est en train de se gâcher une saison qui partait pourtant sur les meilleures bases.
Certes les ennuis de l’écurie ne sont pas tous le fait des pilotes puisque sans les arrêts ratés de l’Australie, Haas serait dans les roues de Renault au championnat. Mais on est en droit d’attendre bien plus de deux pilotes présentant l’expérience et les références des titulaires actuels. Monaco sera un test impitoyable.
Force India ne reprend pas de couleur
L’écurie avait fixé Barcelone comme date de son retour vers son statut de 4éme force du plateau, et Baku avait entretenu cet espoir. La piste ne concrétisa malheureusement pas cet espoir, douché dès le vendredi. Il s’avère en effet que plutôt que de lutter autour du podium, c’est bien pour entrer dans les points que l’équipe indienne jette toute ses forces dans la bataille en ne bénéficiant pas des évolutions apportées sur le tracé catalan.
Un package complet était en effet attendu, il devait régler son compte au “loup” caché dans cette monoplace. Or, manque de grip aéro est tenace et l’éclaircie de Baku s’est bien vite assombrie face à la confrontation avec un tracé exigeant sur ce point. Sergio Perez arrive pourtant comme souvent à s’en tirer avec les honneurs. Parti 15ème, le mexicain parvenait à se frayer un chemin jusqu’à la 9ème place au prix d’une belle attaque dans les derniers tours pour aller déloger Charles Leclerc, en témoignant ainsi de son implication. Il permet seul à son équipe de surnager et marquer de précieux en attendant des jours meilleurs, car ce fut une nouvelle fois bien plus compliqué pour Estéban Ocon.
Bien que régulièrement plus rapide que son ainé au fil des séances du week-end, et particulièrement en qualifications où il se ménageait un avantage de 4 dixièmes de seconde matérialisé par 2 places de mieux sur la grille, il ne passait pas au travers des embuches en course. Course de fait très vite ruinée par un 1er arrêt au stand catastrophique par la faute d’un écrou arrière droit récalcitrant. Avec près d’une minute de perdue, il n’y avait plus rien à espérer si ce n’est rallier l’arrivée sans encombre, ce qui n’aura pas été possible puisqu’une défaillance mécanique est venue stopper le parcours du français aux deux tiers de l’épreuve.
Ceci fait donc deux abandons de suite pour un pilote qui s’était montré si fiable jusqu’ici, au surplus de quelques déclarations inutiles (cf. la charge contre Raikkonen après l’incident de Bakou). Voici donc Ocon placé dans une position difficile. Cette saison devait être celle de la confirmation, du gros step de performance et de la domination claire et tranchée sur Sergio Perez. Des attentes de surcroit exacerbées par le discours conquérant de l’hiver. Cette situation est d’autant plus difficile alors qu’un volant Mercedes était ardemment espéré pour 2019.
Les choses vont très vite en Formule 1. Après l’Australie, Bottas paraissait au fond du trou et prêt à faire ses valises. 4 courses plus tard, il est maintenant bien installé dans son baquet et comme dit plus haut, adoubé par Niki Lauda pour 2019.
C’est à l’inverse Esteban Ocon qui voit son futur obscurci, la place tant convoitée vraisemblablement hors de portée. Espérons que sa confiance n’en soit pas entamée. Ce n’est pas la forme actuelle de sa monture qui l’aidera à se mettre en valeur tant il semble que la situation sera compliquée à inverser de façon régulière pour Force India. Habituée à réaliser des miracles avec peu de moyen, il va une nouvelle fois lui falloir déployer des trésors d’ingéniosité pour retrouver le rang qui était le sien.
Monaco pourrait en revanche lui sourire, un duo de pilotes de qualité y faisant souvent la différence.
Renault touche son objectif
Objectif martelé avant le début de saison, Renault s’installe enfin à la 4ème place du championnat constructeur. Ceci grâce à la bonne performance d’un Carlos Sainz dont il faut noter les progrès, et auteur d’un week-end solide qui l’a vu prendre la mesure de Nico Hulkenberg.
C’est à confirmer dès Monaco mais l’Espagnol prend ses marques et devrait devenir un client solide pour son coéquipier, lequel a après Baku vécu un deuxième week-end “sans” de suite. C’est suffisamment rare pour être souligné même si les causes n’ont rien à voir la course précédente. Parti du 16ème rang suite à un souci d’alimentation en carburant en Q1, Hulkenberg se savait condamné à une course compliquée pour se frayer un chemin jusqu’aux points.
Il n’eut pas vraiment le loisir de tenter le coup puisqu’il était la première victime du tête à queue de Romain Grosjean, étant poussé à l’abandon dès le virage 3. Ceci fait partie des risques lorsque l’on part en fond de grille et Nico Hulkenberg ne manquait pas de remercier à sa façon le pilote français face aux journalistes. Généralement la monoplace française n’était pas au mieux de sa forme en Espagne, un cran en dessous de la Haas et dans le paquet constitué avec McLaren et Force India.
Il manque encore clairement des améliorations que ce soit en terme de motorisation ou en terme de châssis, l’écart très important avec RedBull à Barcelone permet de bien mettre ce point en lumière. Toutefois, elle occupe donc aujourd’hui la 4ème place au championnat, de très peu devant McLaren (1 point). Reste maintenant à conserver ce siège.
McLaren, le plumage sans le ramage
Nous devions voir ce que nous allions voir. De fait, les évolutions aéro apportée par l’équipe de Woking faisaient grand bruit dans le paddock le vendredi quand était mis en piste le nouveau nez au design très particulier sensé jouer un rôle prépondérant dans l’écoulement du flux d’air. Pour mémoire, ce nouvel ensemble était fort attendu depuis plusieurs courses et devait constituer la “vraie” MCL 33, celle que tout le monde attendait et qui devait replacer l’écurie dans la roue des top teams. C’était en tout cas la promesse du début de saison.
Le verdict de la piste barcelonaise, censé mettre en valeur les bons châssis, n’a pas vraiment été conforme aux annonces, qui n’étaient plus vraiment des attentes depuis que la mise à pied symptomatique du Directeur technique avant même la mise en piste de l’évolution. Par ailleurs, le discours était bien moins conquérant déjà depuis Baku.
Reste que l’on peut environ chiffrer le bénéfice de cet ensemble à seulement 2 dixièmes de secondes. Pas de quoi transfigurer la performance globale de l’écurie qui continue à se battre autour de la 10ème place, et ce manque permanant de vitesse de pointe. Cette carence criante et récurrente depuis plusieurs saisons était avant, comme beaucoup d’autres, mise en totalité sur le dos de Honda.
Elle peut surtout toujours compter sur un Fernando Alonso qui arrive toujours à extraire le plein potentiel de ses montures, voir à le magnifier, et aller chercher le moindre point. Il faut souligner sa constance, lui qui vient d’entrer dans les points pour le 5ème grand-prix de suite. Sur les 40 points marqués par McLaren depuis le début de saison, 32 lui reviennent dont encore les 4 de la 8ème place ce week-end. Une 8ème place difficilement acquise puisque la lutte avec la Sauber de Charles Leclerc dura de nombreux tours. Pour le moins symbolique.
Week-end bien plus compliqué pour Stoffel Vandoorne puisqu’il se solde par un abandon sur problème de boite de vitesses. Il était avant cela clairement dans l’ombre de son leader tant et si bien que l’on en vient à se demander s’il dispose exactement du même matériel que ce dernier ! Il ne faudrait quoi qu’il en soit pas que le belge se perde dans cette quête, en y laissant une part de sa motivation. McLaren continue de son côté d’annoncer de nouvelles évolutions, et de nouveaux lendemains qui vont chanter.
Sauber à point nommé
Sans faire de vagues, sans prétentions effarantes, Sauber se reconstruit et continue sa série de bonnes performances, de surcroit sur un circuit où elle était censée lourdement souffrir. Voici une équipe qui exploite du mieux possible et sérieusement le matériel dont elle dispose. Surtout, elle dispose dans ses rangs de Charles Leclerc une nouvelle fois auteur d’une prestation de haute volée.
Entré en Q2 et même qualifié 14ème, il se permettait le dimanche de figurer à la régulière dans les points pendant toute la course, luttant tour à tour avec Alonso puis Perez pendant de très nombreux tours. Si une petite erreur, reconnue avec un franc parler réjouissant, offrait l’avantage au mexicain en fin de course, Leclerc n’en rapporte pas moins un nouveau point à son équipe, portant le total de cette dernière à 11 unités.
Il faut se rappeler qu’en début de saison, Charles Leclerc avait du mal à extraire le potentiel de sa machine et multipliait les petites fautes du fait de réglages typés survireurs qui sur le papier lui convenaient mieux. Ayant su se remettre en question, partir sur une piste de réglages différente basée sur celle de son coéquipier, plus sous-vireuse, les résultats sont tout de suite arrivés. Point ici de faux semblants ou de fausses excuses. Ce sous-virage n’a pas sa préférence mais il arrive quand même à en tirer un excellent parti. Rafraichissant.
Avec un Charles Leclerc dans la lumière, Marcus Ericsson retourne fatalement un peu dans l’ombre. Auteur d’un week-end sans faute majeur, il lui a manqué l’étincelle que son coéquipier fut capable de produire, matérialisée en course par une certaine inconstance en termes de rythme.
Voici Sauber bien ancrée à cette 9ème place au championnat, à quelques unités du trio Toro Rosso/Force India/Haas. Ce trio devrait logiquement prendre le large au fil de la saison mais la performance n’en reste pas moins là.
Williams en perdition
La souffrance continue pour Williams. Elle était même encore plus criante à Barcelone ou l’équilibre d’une monoplace est tant mis à l’épreuve. Pour la première fois de la saison, Robert Kubica participait à la séance d’essai du vendredi matin. S’il se montrait environ une seconde plus rapide que Lance Stroll, son jugement était sans appel sur cette monoplace au comportement totalement imprévisible, ce qui ne pouvait être masqué en qualification avec les 18 et 19èmes temps pour Stroll et Sirotkin.
En course, Lance Stroll s’en sortait mieux que Sergey Sirotkin puisqu’après un bon départ il se voyait capable de rallier l’arrivée en 11ème position quand son coéquipier sombrait pour terminer dernier classé à 3 tours du vainqueur. Le coup est rude et se voit accentué par le futur possible de l’écurie, tel qu’il commençait à circuler dans le paddock: devenir une écurie satellite Mercedes, à la façon dont Haas l’est de Ferrari, c’est-à-dire en partageant bon nombre d’organes mécaniques, bien au-delà de la fourniture du groupe propulseur puisqu’on y ajouterait notamment la boite, les trains roulants etc… Pour une équipe aussi farouchement indépendante que Williams, peut-il y avoir plus terrible aveux et constat d’échec ?
Toro Rosso fait du petit bois
Week-end difficile pour la seconde écurie placée sous le signe du taureau, qui ne ramène pas mieux que la 12ème place de Brandon Hartley. Ceci n’est pas spécialement le fait de la monoplace, du moteur Honda ou de la performance globale, tous dans la lignée du global affiché depuis le début de saison, mais celui de faits de courses ou d’accidents.
Bien qualifié en 12ème position, Pierre Gasly pouvait envisager d’entrer dans les points en course. Las il était la deuxième victime de Romain Grosjean au 3ème virage. Les images de caméra embarquées sont même quelque peu glaçantes puisque l’on voit Gasly s’avancer vers une fumée totalement opaque avant d’y encastrer sa roue avant gauche dans l’arrière de la Haas en perdition. Dommage pour le jeune français, Monaco devrait être pour lui une belle opportunité de se mettre en valeur.
Brandon Hartley est lui dans l’œil du cyclone. Déjà quelque peu ciblé du fait de ses performances mitigées depuis le début de saison, encore plus après son difficile grand-prix de Baku et l’accident évité de très peu avec son co-équipier, les rumeurs vont maintenant bon train sur un remplacement du neo-zelandais dès le grand-prix du Canada. Il n’y a rarement de fumée sans feu dans la galaxie RedBull et cela ne laisserait plus qu’une seule course, la plus difficile pour un pilote, pour reconstruire la confiance de sa direction.
Il faut dire qu’Hartley a ce week-end commis une erreur majeure en détruisant sa monoplace en toute fin de troisième séance d’essai samedi midi. Son équipe étant dans l’impossibilité de réparer à temps, il ne pouvait prendre la piste en qualifications, et s’élançait dernier le dimanche pour terminer 12ème comme indiqué ci-dessus. La suite s’écrit donc pour lui en pointillés, et deux noms circulent (déjà !) pour l’instant afin de le remplacer, Pascal Wehrlein et, dans une moindre mesure, Robert Kubica.
Un petit mot sur Honda enfin qui affirme travailler très fort pour apporter très prochainement de nouvelles améliorations, et discute maintenant officiellement avec la “grande” équipe RedBull pour une fourniture dès 2019.
Conclusion
A l’issue de cette manche espagnole, il est frappant de constater l’écart creusé par les 3 top teams sur le reste du plateau. Seuls ces trois écuries terminent dans le même tour. La différence est colossale et ne tend certainement pas à se réduire au fil du temps. De quoi se poser sérieusement la question de la pertinence d’un budget limité tel que souhaite l’imposer l’organisateur à partir de 2021. Nous pouvons toutefois espérer les cartes soient une nouvelle fois rebattues à Monaco.
Rendez-vous aussi adoré par certains qu’il peut être décrié par d’autres, ce tracé atypique sera sans nul doute l’occasion de nouvelles surprises.
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