La BMW série 5: fidèle à une tradition d’excellence ?
La septième génération de la BMW série 5 reprend le flambeau d’une lignée de modèles au succès commercial étincelant. Ses prédécesseurs se sont vendues à 7.9 millions d’exemplaires depuis le lancement de l’E12 en 1972. Une success story automobile indéniable, qui plus est dans un segment profitable, tant en matière financière qu’en image.
La 540i hérite du nouveau moteur B58. Héritier du N55, ce six cylindres en ligne voit sa cylindrée légèrement majorée à 2998 cm3 contre 2979 cm3 à son prédécesseur. Les six pistons soufflent dans un turbocompresseur twinscroll légèrement agrandi qui permet d’augmenter la pression de suralimentation de 20%. Une gestion thermique soignée inclut un intercooler air-eau intégré au collecteur d’admission, réduisant ainsi la taille de la plomberie bénéficiant au temps de réponse. Pour la 540i, BMW extrait 450 Nm entre 1380 et 5200 t/min, alors que la puissance culmine à 340 chevaux, maintenus entre 5500 et 6500 t/min. La transmission est confiée à une boîte automatique à 8 rapports et, au choix de l’acheteur, à un système xDrive, ce que l’écrasante majorité de la clientèle suisse choisit.
A l’utilisation, ce B58 présente un cas intéressant de schizophrénie. Silencieux, dénué de toute vibration, onctueux et linéaire, il est le parfait compagnon d’évolutions confortables, que ce soit sur les trajets pendulaires ou sur de plus longues distances autoroutières où il contribue à l’impressionnante quiétude de l’habitacle. Il est en plus sobre, comme en témoigne la consommation relevée à 9.1 L/100km, l’ordinateur de bord affichant 8.8 L/100 km. La boîte 8 tire long sur les derniers rapports, le compte-tours dépassant à peine les 2000 t/min à 150 km/h de vitesse de croisière. La contrepartie est que chaque relance significative s’accompagne d’un rétrogradage de un ou plus souvent 2 rapports.
Alors d’où vient ce diagnostic de schizophrénie ? De l’incroyable disponibilité de ce six en ligne turbo. Il est sage mais aguicheur, tellement prompt et élégant dans ses réactions qu’il est difficile de ne pas s’encanailler et de placer des accélérations nettement plus appuyées que nécessaire. Ce n’est certainement pas la sonorité qui pousse à puiser dans ses réserves. Elle est discrète, sans doute trop pour réveiller des instincts polissons. Non, c’est bien l’absence de lag, le couple charnu dès les bas régimes et son appétit vorace à prendre des tours qui font du B58 un pousse-au-crime insoupçonné.
Un autre ingrédient contribue à cette impression de dynamisme inné: la légèreté perçue de cette nouvelle série 5. La perception d’agilité étonnerait si il s’agissait d’une série 3, et éblouit pour une berline qui flirte avec les 5 mètres de longueur. Comme la plupart des constructeurs, BMW dit avoir travaillé sur la légèreté de cette nouvelle version G30, atteignant jusqu’à 100 kg d’économie pondérale. Nous nous sommes naturellement empressés de vérifier cette revendication sur nos corner scales, avec un résultat légèrement décevant: 1824 kg à vide avec le plein d’essence (conditions “quasi DIN”), à raison de 52.9% sur le train avant et 47.1% sur l’arrière. Louable mais pas époustouflant.
Comme le dirait Fox Mulder, la vérité doit être ailleurs et mes soupçons se déplacent vers la nouvelle direction dynamique intégrale, soit une direction dynamique à rapport variable doublée d’un système de roues arrière directrices. Cette option assez chère (1590 CHF) semble grandement bénéficier au comportement de la série 5, que ce soit en manoeuvres où elle réduit le diamètre de braquage, ou à basse vitesse où elle inscrit le train arrière en braquant les roues dans le sens opposé, réduisant de fait l’empattement. Le système n’est pas désagréablement maniéré comme sur les Renault Espace ou Talisman, il est du niveau des réalisations de Porsche sur la Panamera: efficace, mais transparent et naturel.
Avec ce moteur brillant et un châssis agile, la 540i xDrive s’impose d’emblée comme une automobile extrêmement agréable à vivre et, bonne nouvelle, l’intérieur est à l’avenant. Les sièges confort sont divins dans leur ergonomie. Le dossier réglable sur deux angles est un plus indéniable, tout comme le réglage des rembourrages latéraux, permettant de concocter une position de conduite parfaite. L’affichage des axes de réglage des sièges sur l’écran iDrive par détection tactile est un détail très bien pensé.
Sempiternelle mais nécessaire rodomontade chez BMW: le cuir Dakota est à la sellerie ce qu’un berlingot de Goron est à l’oenophilie. Robuste et fonctionnel, mais dénué de tout le raffinement attendu d’un matériau sensé être soyeux à l’oeil et au toucher. Le même commentaire s’applique à la finition Sensatec du tableau de bord: l’effort de remplacer un élastomère texturé est louable, mais le matériau est synthétique et singe la texture grossière du dakota. Fort heureusement, BMW offre des alternatives en option.
Le tableau de bord adopte un affichage LCD, mais ne virtualise pas le cockpit. BMW propose différents modes d’affichage, mais ils restent tous contraints par le canevas des deux arcs protubérants. BMW s’astreint ainsi à rester fidèle au binôme d’instruments circulaires. Ceux-ci adaptent leur contenu et graphisme au mode de conduite sélectionné, mais des graphismes plus élaborés comme l’incrustation d’une carte de navigation ne sont pas possibles. Pour ces informations, il faut détourner son regard sur le très large écran du système iDrive qui trône sur la planche de bord. L’affichage tête haute est excellent, un must.
La série 5 intègre des interfaces apparues sur la série 7 comme la reconnaissance gestuelle. Un senseur intégré au rétroviseur central peut capter des mouvements simples comme la rotation d‘un doigt pour monter ou baisser le volume, ou le balayage d’un revers de la main pour refuser un appel téléphonique. La fonctionnalité épatera un(e) passager(e) occasionnel, mais se révèle redoutablement redondante avec les boutons du volant multi-fonction, et moins précise à l’utilisation.
Ces gadgets sont décevants mais l’essentiel est d’excellente facture. L’interface iDrive reste un des meilleurs systèmes disponibles. Cette nouvelle mouture intègre une fonction tactile au large écran de 10.25” de diagonale, largement inutile puisque redondante avec la molette iDrive et difficile à atteindre en roulant, mais éventuellement utile lorsqu’on cherche un lieu sur une carte. Les phares LED matriciels sont également très performants, largement comparables à ceux d’Audi dans leur aptitude à former le champ d’éclairage. J’ai aussi apprécié la qualité de réalisation des différentes décorations et accents dans l’habitacle auquel il ne manque qu’une sellerie digne de ce nom (rodomontade bis repetita).
J’ai malheureusement eu l’opportunité de tester l’assistant de conduite autonome en embouteillage, et il faut reconnaître que le système a fait des progrès par rapport à mon dernier essai sur un X5 xDrive40e. Une fois activé, le système suis la voiture précédente sans action nécessaire sur le volant, les gaz ou les freins, et sans la garantie de rendre les autres occupants nauséeux. Il faut toutefois une bonne dose de confiance pour ne pas être sur le qui-vive, ce qui m’empêche de trouver ce système relaxant.
Autre épreuve pour les nerfs, le système de parcage à télécommande. Notre 540i xDrive en était équipé, il a donc fallu le tester. La jolie clé à affichage incrusté en main, on peut effectivement mettre en marche la voiture de l’extérieur, et la faire avancer ou reculer sans être à bord. Le système semble sûr, mais je trouve qu’il manque de précision pour gérer une situation exiguë qui justifie le parcage de la voiture de l’extérieur. Les capteurs de distance restent actifs et semble à même d’éviter une catastrophe, mais je peine à trouver un scénario réaliste où j’utiliserais un tel système sauf, comme pour la détection gestuelle, pour épater la galerie.
Les qualités de confort et de polyvalence de cette 540i xDrive étant solidement établies, il me restait à aller explorer les aptitudes plus sportives de la voiture, ce que nous fîmes sur nos bases de prédilection, le col du Susten au centre de la Suisse. Mode idoine sélectionné, les verrouillages de la boîte deviennent nettement plus fermes, avec un feedback positif qui se substitue à la relative lenteur des passages en mode confort. Les prestations sur terrain sinueux et montagneux se résument en un mot: compétence.
La très large plage d’utilisation du 6 en ligne et son excellente allonge rendent son exploitation facile, le châssis est remarquablement équilibré, neutre et précis. Paradoxalement, c’est dans ces conditions de conduite plus rapide que le freinage m’a le plus convaincu. Le manque de mordant et la réponse spongieuse de la pédale m’ont souvent dérangé pendant l’essai, mais bizarrement pas sur le tracé plus tourmenté du Sustenpass. La vocation de cette 540i n’est pas d’être une sportive affirmée, et elle ne délivre pas les sensations qui seraient alors attendues, que ce soit en matière de répartition du couple ou de sonorité par exemple. L’efficacité est au rendez-vous, la prestation sérieuse, mais il faudra sans doute se tourner vers un produit estampillé ///M (ou puiser dans le catalogue d’accessoires M Performance disponibles pour la série 5) pour obtenir des prestations un peu plus typées. Pour paraphraser, si les prestations sportives sont de série, les sensations sont en option.
La boîte automatique à 8 rapports remplit bien sa tâche, mais n’atteint pas la perfection de la PDK 8 sur la Porsche Panamera. Les faux pas ne sont ni fréquents, ni graves, mais se remarquent. J’ai par exemple constaté des retenues au passage d’un rapport inférieur à basse vitesse lors de ralentissements suivis de relances. Notre voiture n’était pas équipée de la suspension EDC (980 CHF), mais l’absence d’amortissement adaptatif ne m’est pas apparu comme une carence au cours de cet essai.
L’impression qui domine est celle d’une auto pétrie de qualités, qu’on se réjouit de retrouver chaque matin et chaque soir, tant elle accomplit sa tâche avec brio, que ce soit pour dorloter son conducteur après une longue journée, ou pour répondre avec punch et précision à la moindre des sollicitations. Affichée à 82’300 CHF avant l’inévitable liste d’options, la série 5 G30 place la barre très haut face à la Mercedes Classe E W213 et la future Audi A6 C8. De quoi fièrement pérenniser 45 ans de tradition d’excellence dans ce segment.
Prix et options du véhicule essayé
BMW 540i xDrive | CHF 82’300 | € 65’000 |
Pack M-Sport | CHF 6’540 | € 7’600 |
Pack Sécurité | CHF 1’790 | € 1’750 |
Pack Technologie | CHF 2’470 | – |
Pack Comfort | CHF 2’430 | – |
Jantes 20″ 759 | CHF 2’410 | € 2’350 |
Driving Assistant Plus | CHF 2’170 | € 1’790 |
Pack connected drive premium | CHF 2’130 | – |
Direction intégrale active | CHF 1’590 | € 1’900 |
Système Audio Harman Kardon | CHF 1’380 | € 1’100 |
Peinture Sophisto Grau | CHF 1’320 | € 1’150 |
Sièges confort | CHF 1’170 | € 1’700 |
Tableau de bord en Sensatec | CHF 900 | – |
Rouleaux pare-soleil | CHF 750 | € 650 |
Applications intérieures en céramique | CHF 700 | – |
Parcage à télécommande | CHF 640 | – |
Vitrage athermique | CHF 570 | € 460 |
Climatisation à 4 zones | CHF 530 | € 500 |
Préparation Apple CarPlay | CHF 380 | € 300 |
Lavage de phares | CHF 340 | € 280 |
Volant chauffant | CHF 320 | € 275 |
Online entertainement | CHF 280 | – |
Prix du véhicule d’essai | CHF 112’340 | € 90’695 |
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
BMW 540i xDrive | Mercedes E400 4Matic | Jaguar XF S AWD | |
Moteur | L6 turbo 2998 cm3 | V6 turbo 3498 cm3 | V6 compr. 2995 cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 340 / 5500-6500 | 333 / 5250-6000 | 380 / 6500 |
Couple (Nm / tr/min) | 450 / 1380-5200 | 480 / 1600-4000 | 450 / 4500 |
Transmission | xDrive | 4Matic | AWD |
Boite à vitesses | Steptronic 8 | 9G Tronic | Automatique, 8 |
RPP (kg/ch) | 5.36 | (5.24) | (4.63) |
Poids DIN (constr.) | (1660) 1824 52.9% AV 47.1% AR |
(1745) | (1760) |
0-100 km/h (sec.) | 4.8 | 5.2 | 5.3 |
Vitesse max. (km/h) | 250 | 250 | 250 |
Conso. Mixte (constr.) | 9.1 (7.4) | (7.9) | (8.6) |
Emissions CO2 (g/km) | 169 | 179 | 204 |
Réservoir (l) | 68 | 66 | 74 |
Longueur (mm) | 4936 | 4923 | 4954 |
Largeur (mm) | 1868 | 1852/2065 | 1987/2091 |
Hauteur (mm) | 1479 | 1468 | 1457 |
Empattement (mm) | 2975 | 2939 | 2960 |
Coffre (L) | 530 | 540 | 540 |
Pneumatiques | 225/55 R17 | 245/45 R18 | 245/40 R19 |
Prix de base (CHF) | 82’300 | 77’600 | 85’100 |
Prix de base (EUR) | 65’000 | 68’651 | 87’960 |
Nos remerciements à BMW Group Suisse pour la mise à disposition de cette 540i xDrive.
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