Essai VW Tiguan 2.0 TSI 4Motion

A la découverte du crossover leader du marché suisse. 

Avec le Tiguan, Volkswagen fut le premier grand généraliste européen à identifier le potentiel de démocratisation des crossovers de taille moyenne. La première génération fut lancée en 2007 en même temps que le Nissan Qashqai, mais deux ans avant le BMW X1, avec un succès commercial indéniable: 2.8 millions de clients ont fait le choix du Tiguan, propulsant le modèle dans le quatuor des best sellers de Volkswagen aux côtés de la Golf, de la Polo et de la Passat. Paradoxalement, VW a laissé la première génération en production pendant 9 longues années, une éternité dans un marché en explosion, se contentant d’un facelift en 2011.

Le Tiguan de deuxième génération est basé sur l’ubiquitaire plateforme transversale MQB, commune à la plupart des autos de la marque, de la Polo à la Passat. Par rapport à la première génération, les dimensions ont été substantiellement majorées, avec 60mm de plus en longueur, et un empattement qui croît de 77 mm. A 4486 mm, le Tiguan 2 se situe dans la famille des crossovers du groupe Volkswagen exactement à mi-chemin entre un Seat Ateca (4363 mm) ou un Audi Q3 (4388 mm) à l’extrême compact, et un Skoda Kodiaq (4697 mm).  Ces dimensions bénéficient à l’habitabilité intérieure, mais aussi à la capacité de chargement. Avec 615 litres en configuration normale, et 1655 litres banquette arrière rabattue, le Tiguan offre une capacité de chargement massive. Toutes les versions à 4 roues motrices 4Motion peuvent tracter jusqu’à 2.5 tonnes, ce qui est considérable pour le segment.

 

Dans des conditions d’utilisation plus ordinaires qu’un transport d’équidés, le nouveau Tiguan offre une habitabilité excellente, les places arrière offrant un espace remarquable à des occupants adulte, tant en longueur qu’en hauteur. Le fossé en habitabilité entre les berlines des segments C & D et leurs équivalents au format cross-over est devenu considérable. La différence d’empattement entre une Golf VII et le Tiguan n’est que de 5 petits centimètres, mais l’habitabilité rivalise avec une Passat. En matière de style, le Tiguan suit à la lettre le langage de style de Volkswagen: une profusion de rectilignes, un faciès assez sévère. A mes yeux, c’est l’arrière qui est le plus élégant.

  

On retrouve le même dessin anguleux à l’intérieur, mais les designers n’ont heureusement pas repris le bandeau de prises d’air de la Passat. Sans surprise, de nombreux modules sont repris de la banque de composants de la marque, procurant une familiarité qui ne déplaira pas aux nombreux clients fidèles à VW. Grâce au large (870 mm x 1364 mm) toit panoramique optionnel, l’habitacle est lumineux et au premier coup d’oeil donne une bonne impression de qualité et de sérieux. Un examen plus soigneux révèle des efforts de contrôle des coûts. Les montants de pare-brise sont habillés de plastique dur au lieu de tissus, et le moussage de la planche de bord minimal. L’habillage des placets des sièges côté console centrale est en tissus pour économiser quelques précieux centimètres carrés d’un cuir Vienna par ailleurs de qualité moyenne, déjà détendu après 15’000km.

Volkswagen annonce des valeurs remarquables pour la rigidité de la caisse du Tiguan: 28,000 Nm/degré, et encore 25,000 Nm/degré si le très agréable toit panoramique est spécifié. Pour les mettre en contexte, une Audi R8 Spyder de deuxième génération n’atteint pas 20’000 Nm/degré. A la conduite, le Tiguan confirme son excellente intégrité structurelle: aucune vibration n’est perceptible dans le plancher au passage des joints de dilatation ou autres cassures qui peuvent mettre à mal les caisses à la conception complaisante. La rigidité du Tiguan est également mise à contribution par une suspension étonnante de dureté pour la catégorie, presque sèche. Notre exemplaire d’essai n’était pas équipé du châssis dynamique DCC (de série en Suisse uniquement sur TSI 220ch et BiTDI 240ch), une option tarifée CHF 1’410 et qui mérite une considération attentive.

 

Cette structure robuste semble toutefois avoir une contrepartie pondérale. Nous avons mesuré notre Tiguan TSI 4Motion à 1721 kg avec le plein d’essence, ce qui est considérable et en contradiction avec les réduction de poids de 53 kg revendiquées par Volkswagen. La conséquence directe est que le moteur a une lourde tâche à accomplir. En l’occurrence, il s’agit du 2.0 TSI de 180 chevaux. Il déploie son couple maxi de 320 Nm de 1500 à 3940 t/min, et maintient sa puissance maxi de 3940 à 6000 t/min. La raison d’être de ce tout nouveau groupe dans la gamme Tiguan reste une énigme puisque son couple maxi est identique à celui du 1.8L équipant les Polo GTI et Seat Ibiza Cupra (320 Nm de 1450 à 4200 t/min et 192 ch de 4300 à 6200 t/min). Les 7.7s revendiqués sur la fiche technique pour le 0-100 km/h sont plus élogieux que les sensations ressenties au volant, en cohérence avec le rapport poids/puissance de 9.56 kg/ch. Si les accélérations sont suffisantes en conduite calme, le Tiguan ainsi motorisé ne se distingue ni par son brio, ni par l’omniprésence de son couple moteur.

Ni par sa sonorité d’ailleurs. L’insonorisation ne laisse filtrer qu’un ronronnement un peu malingre qui a fait germer la réflexion suivante: pourquoi ne pas se résigner au turbodiesel si un moteur à essence doit avoir une présence acoustique aussi quelconque ? L’allonge et la plage d’utilisation sont incomparablement meilleurs que sur un TDI, mais une boîte à double embrayage comble de toute manière ce type de lacune. Nous avons relevé une consommation moyenne à 8.5 L/100km pour 8.1 L/100km affichés par l’ordinateur de bord, un chiffre pas particulièrement flatteur mais en ligne avec la surface frontale et le poids du Tiguan.

 

La boîte DSG7 offre des prestations de bon niveau. L’exécution des changements de rapports est aussi alerte que transparente, bien plus rapide que ce que j’ai constaté très récemment sur l’unité Mercedes de l’Infiniti Q30 par exemple. Les boîtes à double embrayage se sont presque généralisées, mais on aurait tort de considérer leurs prestations comme équivalentes à priori. L’unité DSG7 du Tiguan 4Motion n’est pas parfaite en toutes situations, les contre-pieds en relance à faible vitesse sont possibles, mais dans l’ensemble, ses prestations sont d’un très bon niveau. Les différents modes de conduite altèrent les lois de changement de rapport, le mode Eco activant la fonction de roue libre qui débraye dès qu’on lève le pied (coasting), enlevant toute retenue par le moteur jusqu’à ce qu’on touche la pédale de frein. Un commutateur rotatif sur la console centrale permet de configurer les différents modes du 4Motion Active Control, mais je n’en vois guère l’utilité à moins d’avoir une utilisation tous-chemins qui sort de l’ordinaire. Le système 4Motion garantit le passage du couple au sol sans patinage, même en cas d’accélération brutale depuis l’arrêt, et donne toute quiétude dans la gestion de conditions hivernales si la monte pneumatique n’a pas été négligée. On n’en demande ni plus, ni moins.

Notre modèle d’essai est équipé de l’Active Info Display, la version Volkswagen de l’écran LCD de 12.4” de diagonale qui prolifère dans les gammes des marques du groupe depuis sa première apparition sur l’Audi TT mk3 en 2014. Nous l’avions déjà eu à l’essai dans la Passat Variant et mon impression initiale persiste. L’implémentation de VW est moins réussie que celle d’Audi, à plusieurs égards. La navigation des menus pour modifier les informations affichées est fastidieuse, et hormis un timide recadrage en mode navigation, la flexibilité d’affichage n’est pas radicalement meilleure en comparaison d’un LCD multifonction central. Il est certes appréciable de pouvoir afficher la carte de navigation dans l’axe de vision, mais l’ensemble laisse l’impression d’une opportunité manquée de proposer des modes d’affichages réellement différents et faciles d’accès. J’ai apprécié le confort apporté par l’affichage à tête haute, celui-ci permet en outre de ne pas avoir à afficher la vitesse instantanée au centre de l’Active Info Display. Le système multimédia a fonctionné à satisfaction pendant tout l’essai.

 

Une bonne tenue de cap et une insonorisation soignée font du Tiguan un compagnon agréable pour les longs trajets autoroutiers, tout comme la position de conduite haute et dominante si prisée par la clientèle de crossovers. Les conditions hivernales ont également rendu les sièges et le volant chauffant très agréables.

Le Tiguan est proposé à un tarif compétitif, mais dans un marché ultra-concurrentiel, et les options essentielles ne sont pas bon marché. En Suisse, la motorisation 2.0 TSI 180ch est disponible dès 41’550 CHF en boîte manuelle à 6 rapports, mais passe à 44’100 CHF avec la boîte DSG7. Le saut au 2.0 TSI 220ch amène un surcoût de 5000 CHF, et fait passer le 0-100 km/h de 7.7s à 6.5s. Superflu pour un usage journalier, mais appréciable, non seulement en termes d’accélérations mais aussi de couple (plus 30 Nm à 350 Nm). L’équivalent direct au TSI 180 est le 2.0 TDI 190ch, affiché 47’400 CHF. Ses accélérations sont légèrement en retrait mais son couple supérieur. Il faudra environ 2000 litres d’économies de carburant pour récupérer les 3300 CHF de différence de prix d’achat, soit plus de 100’000 km si la consommation réelle est inférieure de 20% au TSI 180 (3300 CHF / 1.7 CHF/L / 1.7 L/100km * 100). Même en comptant sur des conditions très spécifiques comme de nombreux kilomètres parcourus dans des pays limitrophes où le diesel est détaxé, le bilan économique reste difficile à justifier. La motorisation TSI 180 reste donc la plus logique, délivrant des prestations correctes, mais sans brio particulier.

Et c’est l’impression générale qui se dégage généralement de ce Tiguan 2. Compétent, mais pas brillant, son habitabilité et sa capacité de remorquage hors pair mis-à-part. Pour le reste, c’est un crossover sérieux, sans défaut particulier hormis son amortissement ferme sans le châssis DCC, et qui, au vu de sa popularité, conservera sans doute une bonne cote de revente.

Prix et options du véhicule essayé

VW Tiguan 2.0 TSI 4Motion CHF 44’100 € 41’810
Pack Technique CHF 2’440 € 1’200
Cuir Vienna & sièges électriques CHF 2’340 € 1’680
Toit panoramique CHF 1’830  € 0
Jantes Victoria Falls CHF 900 € 750
Peinture Argent Tungstène  CHF 850 € 650
Easy Open  CHF 380 € 420
Plancher de chargement variable CHF 230 € 0
Volant multifonction CHF 160 € 150
Rabais Fleetline – CHF 1’480
Prix catalogue du véhicule de test CHF 53’160 € 46’910

 

Face à la concurrence – caractéristiques techniques

VW Tiguan 2.0 TSI 4Motion Mercedes GLA 250 4Matic BMW X1 xDrive 25i Audi Q3 2.0 TFSI
Moteur L4 Turbo 1984 cm3  L4 turbo 1991 cm3  L4 turbo 1998 cm3 L4 turbo 1984 cm3
Puissance (ch / t/min) 180 / 3940-6000 211 / 5500 231 / 5000-6000 220 / 4500-6200
Couple (Nm / tr/min) 320 / 1500-3940 350 / 1200-4000 350 / 1250-4500 350 / 1500-4400
Transmission 4Motion 4Matic xDrive Quattro
Boite à vitesses DSG7 7G-DCT Automatique, 8 S-Tronic 7
RPP (kg/ch) 9.56 (6.78) (6.66) (7.11)
Poids DIN (constr.)  1721
AV 57.8% AR 42.2%
 (1430) (1540)  (1565)
0-100 km/h (sec.) 7.7 6.6 6.5 6.4
Vitesse max. (km/h) 208 230 235 233
Conso. Mixte (constr.) 8.5 (7.1) (6.6) (6.6) (7.2)
CO2 (g/km) 165 155 152 168
Réservoir (l) 58 56 61 64
Longueur (mm) 4486 4417 4439 4388
Largeur (mm) 1839/2099  1804/2022 1821/2060 1831/2019
Hauteur (mm) 1643 1494 1612 1608
Empattement (mm) 2681 2699 2670 2603
Coffre (L) 615-1655  421-1235 505-1550  460-1365
Pneus  235/50 R19 215/60R17 225/55 R17 235/55 R17
Prix de base (CHF) 44’100 45’600 49’900  51’300
Prix de base (EUR) 41’810 41’150 42’700 41’700

Nos remerciements à Volkswagen Suisse pour le prêt de ce Tiguan.

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