La nouvelle Classe C W205 à l’essai, en version break diesel 170ch.
Lancée en 1982 sous la dénomination 190 (type W201), la “baby Benz” est devenue le produit vedette de la marque, l’arme stratégique pour contrer la série 3 de BMW et ce qui devint l’A4 d’Audi, initialement appellée Audi 80 ou 4000 outre-atlantique. Le jalon de 8 millions de classe C vendues a d’ailleurs été franchi en Mai 2015. La nouvelle génération W205 introduite en 2014 est donc un produit stratégique dans la bataille que se livrent les 3 constructeurs premium allemands. La version break, également appellée T pour Touring, est apparue pour la première fois en 1996 au catalogue dans cette gamme, mais le premier break Mercedes remonte à 1977 avec la W123, l’équivalent d’une classe E dans la gamme actuelle. En 2015, la classe C la plus vendue est la berline C 300 4Matic du fait de son succès sur le marché nord américain, le deuxième plus grand marché automobile au monde derrière la Chine.
Les premières impressions comptent, et en m’installant au volant, elles sont excellentes. Cet intérieur est charmant, il respire la qualité et la cohérence. Le cuir bicolore noir/crème, les accents en plastique argent mat concourent à une ambiance luxueuse et sereine. Les interfaces ont été soignées, tout ce qui bouge, commute ou pivote a une précision mécanique quasi-horlogère, avec des crantages précis et nets. La qualité perçue est de haut niveau. A l’instar des classes A & CLA, l’écran multimédia a été extrait du volume de la console centrale, mais ses dimensions (8.4″ en diagonale en conjonction avec le système Comand Online) le font paraître moins chétif. Totalisateurs remis à zéro, une pression sur le bouton start et le 4 cylindres Bluetec s’ébroue dans le râclement caractéristique des turbodiesels. Il s’agit du C220, un des rares moteurs de la gamme dont la dénomination correspond réellement à la cylindrée. L’OM 651 (OM 651 DE 22 LA* pour être pédant) cube 2143 cm3 alors que les C180 et C200 utilisent un tout nouveau 1.6 litres. La suralimentation est confiée à 2 turbocompresseurs Borg Warner fonctionnant séquentiellement afin d’élargir la plage de fonctionnement. Le 220 Bluetec développe ainsi 400 Nm et 170ch, alors qu’en version C250, ces valeurs passent à 500 Nm et 204ch. Ce groupe est conforme aux normes Euro 6 et adopte pour y parvenir un système de réduction catalytique sélective (SCR) avec injection d’urée (AdBlue).
Au terme de mon premier trajet, mes premières constatations sont favorables, voire enthousiasmantes. L’ordinateur de bord affiche un prometteur 5.4 L/100km, mais c’est surtout le confort général de cette C220 qui est flagrant. Pour la première fois dans ce segment, Mercedes propose en option une suspension pneumatique pilotée AirMatic. L’option est abordable (1825 CHF ou 1300€) et offre un agrément et un confort dignes de superlatifs.
A la différence des systèmes d’amortissement variables magnéto-rhéologiques, la suspension Airmatic de Mercedes remplace les combinés ressorts et amortisseurs par un système entièrement pneumatique. Affranchi du tarage de ressorts, le système peut régler à la fois la fermeté et l’amortissement sur une large plage, faisant de la classe C W205 un véritable tapis volant. Autre constatation immédiate: l’extraordinaire souplesse du moteur. Traverser un village en 4ème à 1100 t/min ne lui fait absolument pas peur, et dès les plus bas régimes, il a déjà suffisamment de couple pour gravir une côte sur un filet de gaz. Les bas régimes sont la marque d’élégance des mécaniques à la fois souples et coupleuses, une caractéristique rare sur les turbodiesels, et il faut reconnaître à cet OM651 des qualités rares en la matière.
Le mode Eco pousse d’ailleurs le 4 cylindres dans ses derniers retranchements, imposant des reprises à moins de 1200 t/min en sixième, ce qui le fait légèrement vibrer. On sent pourtant le couple présent dès ces très bas régimes, et un rétrogradage disgracieux est rarement nécessaire pour relancer l’auto. Le système Stop Start est très zélé, arrêtant le moteur avec empressement au moindre arrêt, mais l’assistance de direction reste alimentée électriquement et permet de tourner le volant à l’arrêt.
Avec une telle introduction, difficile de ne pas tomber sous le charme de cette W205. La voiture est belle, avec cette élégance naturelle des breaks rehaussée des touches sport-chic du pack AMG. Elle semble également très cohérente dans l’optique d’un gros rouleur, avec son confort, son équipement et sa sobriété. Ces atours ont cependant un prix, comme je le découvre en examinant la configuration de l’exemplaire: d’un prix de base de 51’500 CHF très compétitif face à Audi et BMW, la facture passe à 90’936 CHF avec la longue liste d’options, soit 76% du tarif de base. Inventorier les attraits de ces différents équipements va donc être un impératif de cet essai. La transmission intégrale 4Matic est facturée 2981 CHF si l’on tient compte de l’inclusion de la boîte automatique.
De ces vertiges tarifaires, mes premiers longs trajets me ramènent immédiatement au constat de base: l’auto est remarquablement confortable, silencieuse et plaisante. L’expérience commence par le gadget ultime, le pack Air Balance, qui parfume l’intérieur. Une frivolité à 515 CHF (450€) avec son bocal qui occupe une partie du volume de la boîte à gant, mais la signature olphactive est réussie, discrète mais présente et distinctive. Le sélecteur Agility permet de choisir entre cinq modes (Eco, Comfort, Sport, Sport+ et Individual), le dernier étant configurable dans 5 dimensions (moteur/boîte, suspension, direction, climatisation et stop/start). A l’usage, j’ai quasiment exclusivement utilisé le mode Comfort, avec des incartades en mode Individual pour avoir un réglage plus ferme de la suspension sans l’agressivité de la gestion de boîte des modes Sport et Sport+.
Dans ce mode Comfort, le système AirMatic est onctueux, à la limite du flottant en amortissement primaire, mais divinement confortable. Quelle quiétude ! Bien câlé dans un siège parfait, les deux coudes reposés, le moteur est inaudible, tournant discrètement à 1900 t/min pour 130 km/h indiqués. Les bruits d’air sont bien filtrés, résultats des efforts ciblés de Mercedes sur l’aéroacoustique de la classe C, et l’utilisation des joints de porte de la classe S. Si je devais choisir une auto pour aller très loin sans fatigue, cette C220 monterait en flèche vers le sommet du classement. Une autonomie de plus de 1000 km aura raison des vessies les plus patientes, mais ravira également le gros rouleur journalier en espaçant les passages à la pompe. La consommation mesurée à 6.17L/100km (5.9L/100km affichés à l’ordinateur de bord) pour une vitesse moyenne de 68 km/h est excellente, d’autant plus qu’elle tombera de 10% au moins sur des trajets purement autoroutiers.
En sélectionnant le mode sport sur une section de l’A2 particulièrement dégradée par les trains routiers descendant vers le tunnel du Gotthard, les réactions de la suspension AirMatic deviennent plus sèches et laissent entrevoir des imperfections dans les guidages des bras de suspension et un léger manque de rigidité de la caisse. Sur route sinueuse, elle contient les mouvements de caisse, faisant de la C220 une auto capable en conduite rapide, mais n’élimine pas tout roulis. Il faut donc envisager l’option comme le summum du confort plutôt que la panacée. Je réserve d’ailleurs mon jugement sur le fait qu’elle serait nécessairement la meilleure option avec une motorisation plus sportive comme l’alléchante C450 AMG 4Matic. Mais sur cette C220T, l’hésitation n’est pas permise: la suspension pneumatique est un must. Bonus appréciable, elle offre également une hauteur de caisse réglable.
Je ne suis toujours pas un fan du système multimédia Comand de Mercedes. Les voitures défilent entre nos mains et le constat reste le même: la difficulté de trouver certaines fonctions simples, à fortiori en roulant. Malgré plusieurs tentatives à l’arrêt, je ne suis pas parvenu à trouver comme réactiver l’alerte sonore progressive pour les capteurs de stationnement. Sur la C W205, la molette à 4 degrés de liberté est doublée d’un repose paume tactile, utilisable comme touchpad. On peut utiliser l’un ou l’autre, mais dans les deux cas, l’interface reste perfectible à mon goût. Le système audio Burmester optionnel est de bonne qualité, même s’il manque un peu de chaleur à mes oreilles. A fort volume, le subwoofer fait vibrer le tablier avant au niveau du repose pied gauche, ce qui est assez désagréable.
Le système d’affichage des limitations de vitesse donne la précédence à la reconnaissance des panneaux, et il n’est pas infaillible. A plusieurs reprises, il manquera un panneau de chantier ou détectera celui d’une route attenante à l’autoroute. J’ai donc vu s’afficher 10 km/h sur une bretelle d’autoroute limitée à 80 km/h ou d’autres aberrations similaires. S’il est faillible, subjectivement plus que ses alter ego équipant les Range Rover et les Volvo, il demeure utile la plupart du temps, et quand une erreur survient, elle est en général flagrante. Comme la plupart des systèmes d’assistance, la stratégie est de privilégier les fausses alertes plutôt que de risquer l’omission d’une vraie alerte. L’affichage à tête haute offre un agrément appréciable. Vitesse, rappel de limitation de vitesse, indication de navigation, tous projetés dans le champ de vision. Il reste visible pour les porteurs de lunettes à soleil polarisées, mais son contraste est malgré tout atténué dans ce cas.
Un inventaire exhaustif et commenté des autres équipements d’assistance (il y en a treize) est impossible. Le régulateur de vitesse adaptatif Distronic Plus impose une distance minimale irréaliste, et même en le réglant sur une portée plus longue, ses interventions manquent de progressivité. Le Lane Keeping Assist combine une alerte vibrante dans le volant lorsqu’on franchit une présélection, et une correction de trajectoire assez prononcée par freinage sélectif lorsqu’on mort sur une ligne continue, ce que je trouve plutôt désagréable. Il est, par effet de bord, également capable de guider la voiture le long d’une ligne blanche, ce qui donne un avant goût fugace des futures voitures autonomes, mais le système panique rapidement lorsqu’il détecte une absence des mains sur le volant et se désactive avec un signal d’alarme.
En termes d’habitabilité, les passagers avant sont choyés, mais les places arrière sont dans la moyenne de la catégorie. Des portes courtes s’ouvrant sur des bas de caisse hauts, dégageant un accès chiche sur des places suffisantes. L’examen du profil de la C220T révèle d’ailleurs le choix de packaging de Mercedes: un long capot, des portes avant tout aussi longues, un petit compartiment arrière et un coffre raisonnablement généreux (490 à 1510 litres). Le passage sur nos balances révèle une surprise: 1763kg avec le plein, c’est radicalement plus que les 1540kg DIN annoncés. L’équipement est certes généreux, avec notamment un magnifique toit panoramique, mais avec 223kg, la longue liste d’options n’est lourde que sur le plan financier.
Au fil des jours, le contraste entre les longs trajets autoroutiers et la routine pendulaire est de plus en plus marqué. Cette motorisation excelle sur autoroute où le bi-turbodiesel ne monte que des qualités et n’exhibe aucun défaut. Du dodo au boulot, les tares intrinsèques à la motorisation resortent plus, à commencer par la sonorité peu gratifiante – c’est un euphémisme – du moteur, en décalage avec le raffinement de l’expérience à bord. La boîte 7G Tronic n’est pas exempte de reproches non plus. J’aurais souhaité plus d’empressement à la montée des rapports pour éviter au 2.2L de mouliner en première puis en seconde, et des à-coups occasionnels sont perceptibles.
Malgré plusieurs bémols, cette C220T demeure une grande routière très convaincante. Ses atouts sont l’extrême souplesse et frugalité de son 4 cylindres, sa suspension pneumatique optionnelle, le confort et la qualité générale de sa réalisation. Les prestations autoroutières sont remarquables et sortent du lot. Reste à naviguer le catalogue d’options pour trier l’essentiel du superflu et spécifier une auto selon ses besoins et son portefeuille.
Prix et options du véhicule essayé
Mercedes C220 T | CHF 51’500 | € 39’500 |
Version Sport Line | – | €7’250 |
Pack Technologie Plus | – | € 3’600 |
Pack Technologie | – | € 3’000 |
COMAND Online | CHF 4’525 | € 3’600 |
Pack AMG Line extérieur | CHF 3’531 | € 0 |
Pack assistance conduite plus | CHF 3’219 | € 2’050 |
Boîte automatique 7G Tronic Plus | CHF 3’219 | € 0 |
Cuir gris cristal/noir | CHF 3’015 | € ‘1450 |
Peinture blanc diamant designo | CHF 2’285 | € 1’850 |
LED Intelligent Light System | CHF 2’225 | € 700 |
Toit ouvrant panoramique | CHF 2’181 | € 1’700 |
Intérieur Exclusive | CHF 1’920 | € 0 |
Pack Agility Airmatic | CHF 1’825 | € 1’300 |
Pack stationnement | CHF 1’580 | € 400 |
Pack keyless go | CHF 1’520 | € 0 |
Head Up Display | CHF 1’520 | € 1’200 |
Siège conducteur électrique à mémoire | CHF 1’230 | € 750 |
Système Audio Burmester | CHF 1’190 | € 1’000 |
Pack miroirs | CHF 690 | € 0 |
Réception DAB | CHF 630 | € 500 |
Téléphone Bluetooth | CHF 675 | € 550 |
Téléphone confort | CHF 600 | € 500 |
Vitrage sombre | CHF 570 | € 475 |
Pack Air Balance | CHF 515 | € 450 |
Eclairage ambient | CHF 340 | € 0 |
Pack Compartiment/Porte-gobelets | CHF 285 | € 200 |
Détecteur de pluie | CHF 95 | € 0 |
Kit de cables multimédia | CHF 80 | € 75 |
Total | CHF 90’936 | € 72’800 |
Face à la concurrence
Mercedes C220 Bluetec | Audi A4 Avant 2.0 TDI | BMW 320d Touring | VW Passat Variant | |
Moteur | L4 turbodiesel 2143 cm3 | L4 turbodiesel 1968 cm3 | L4 turbodiesel 1995 cm3 | L4 turbodiesel 1968 cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 170 / 3000–4200 | 190 / 3800-4200 | 184 / 4000 | 190 / 3500-4000 |
Couple (Nm / tr/min) | 400 / 1400–2800 | 400 / 1750-3000 | 380 / 1750–2750 | 400 / 1750-3000 |
Transmission | Roues AR | Roues AV | Roues AR | Roues AV |
Boite à vitesses | 7G-TRONIC PLUS | Multitronic | 8, Steptronic | DSG, 6 |
RPP (kg/ch) | 10.4 | (8.97) | (8.33) | (8.32) |
Poids DIN (constr.) | 1763 (1540) 53.1% AV 46.9% AR |
(1705) | (1500) | (1581) |
0-100 km/h (sec.) | 7.6 | 8.3 | 7.6 | 7.9 |
Vitesse max. (km/h) | 229 | 222 | 226 | 233 |
Conso. Mixte (constr.) | 6.17 (4.7) | (4.7) | (4.6) | (4.6) |
Emissions CO2 (g/km) | 121 | 124 | 122 | 119 |
Réservoir (l) | 41 | 63 | 57 | 66 |
Longueur (mm) | 4702 | 4717 | 4624 | 4767 |
Largeur (mm) | 1810/2020 | 1826/2040 | 1811/2031 | 1832/2083 |
Hauteur (mm) | 1457 | 1415 | 1429 | 1477 |
Empattement (mm) | 2840 | 2811 | 2810 | 2791 |
Coffre (L) | 490-1510 | 490-1430 | 495-1500 | 650-1780 |
Pneumatiques AV | 205/60R16 | 225/55R16 | 205/60R16 | 215/60R16 |
Pneumatiques AR | 205/60R16 | 225/55R16 | 205/60R16 | 215/60R16 |
Prix de base (CHF) | 51’500 | 52’700 | 50’860 | 43’700 |
Prix de base (EUR) | 39’500 |
Nos remerciements à Mercedes Suisse pour le prêt de cette C220 Bluetec.
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