Essai Nissan Qashqai 1.6dCi XTronic


Leader d’un segment en forte croissance, le Nissan Qashqai est-il toujours incontournable ?

Je ne voulais pas un diesel. La plupart, surtout les petits 4 cylindres, me dépriment. Rien de tel pour sapper mon énergie matinale que de démarrer ma journée avec le râclement d’un quatre cylindres turbodiesel dans un garage sous-terrain. Ca fleure bon le sacrifice sur l’autel de la frugalité, la rationnalité résignée, aux antipodes d’une époque où le vrai luxe n’est même plus forcément un multicylindres extraverti, mais le silence serein et majestueux de la propulsion électrique. Non, je ne voulais pas un Qashquai diesel, mais les contraintes de planification eurent le dessus. Ma seule consolation était de ne pas avoir en plus à me coltiner une boîte manuelle et l’intérêt que revêt l’originale transmission X-Tronic de Nissan.

Le Qashquai, du nom d’une tribut semi-nomadique du sud ouest de l’Iran, est l’arme de Nissan dans le segment des cross over de large diffusion. Il se dit que les cross-over et SUV représentent un quart des ventes de voitures neuves dans le monde, c’est dire l’importance de cette catégorie pour un constructeur généraliste comme Nissan. Et la marque nippone y connaît un certain succès, puisque le Qashqai est leader sur le marché européen où il se classe premier SUV en ventes par modèle, huitième des ventes par modèle en 2014, à distance respectable devant le Renault Captur (15ème), le VW Tiguan (19ème) et le Peugeot 2008 (21ème). Le marché suisse n’échappe pas à cette tendance, les ventes de SUVs & cross-over y représentent 28% du marché. L’offre est pléthorique, la concurrence féroce. Même les retardaires ont comblé leur retard. Il ne s’agit plus simplement d’être présent, il faut convaincre.

   

La première version du Quashqai, sortie en 2007, s’est très bien vendue en général et en Suisse en particulier, prenant la tête des ventes du segment avant que le Kuga ne le devance en 2010. Esthétiquement, je trouve ce Quashqai 2 très réussi. La face avant est un peu abrupte, avec des veilleuses sévères enserrant la calandre, mais la ligne générale est élégante et moderne. Le capot reprend les nervures de la génération précédente, mais le profil est plus éffilé, moins poupin. Le trait se poursuit sur des optiques arrière élégantes, complétant une ligne élancée, chic et de bon goût, nettement moins osée que ne l’est un Juke par exemple.

L’intérieur de cette exécution Tekna est bien équipé, mais avant d’en faire l’inventaire, il est judicieux d’ancrer la visite dans un contexte budgétaire. Notre Qasquai 1.6dCi Xtronic 2WD Tekna avec Safety Shield et peinture Pearl White est affiché à 44’580 CHF (€35’690), une zone tarifaire précaire où les produits des constructeurs allemands font de l’oeil aux prospects. Un détour par le catalogue montre un écart de prix considérable entre un Qashqai Visia 1.2 DIG-T 115ch 4×2 (24’990 CHF) et le Qashqai Tekna 1.6dCi 130ch 4×4 affiché 42440 CHF. Première constatation: il est impératif de choisir judicieusement le niveau de finition et la motorisation en fonction des besoins et du budget. Seconde constatation: Nissan pose à ses clients – ses clients helvétiques du moins – un problème épineux en n’offrant la transmission intégrale qu’en boîte manuelle. C’est soit XTronic, soit 4×4, mais pas les deux. Un crève coeur pour Nissan Suisse, pays où les ventes de voitures particulières à transmission intégrale flirte avec les 40%.

A 45’000 CHF pour un SUV compact de 130 chevaux, il faut adapter ses références pour juger le produit dans le contexte adéquat. L’équipement est fort heureusement très complet. On note (sans être exhaustif) des rétroviseurs automatiques, une clé intelligente, la climatisation automatique à 2 zones, des jantes en alliage de 19”, un kit mains-libres bluetooth et un système multimédia/navigation avec écran tactile de 7 pouces et radio DAB. Notre exemplaire de test souffre toutefois de défauts de conception de détail ou manufacture un peu préoccupants. Ce sont une couverture de poignée de porte mal ajustée, la garniture du bord du toit panoramique qui bâille, un joint de porte qui pend comme une nouille, ou encore une bande d’élastomère qui dépasse près du rétroviseur. Ce ne sont pas les résultantes de choix difficiles pour tenir un tarif serré, mais bien des erreurs de conception et un contrôle de qualité déficient qui ne fait pas honneur à l’industrie britannique (le Qashqai est assemblé dans l’usine de Sunderland au nord est de l’Angleterre). Je vois défiler beaucoup de voitures dans l’année et de tels défauts ont pour ainsi dire disparu de la production contemporaine. Il est dommage qu’un produit de Nissan se distingue de la sorte, d’autant plus lorsqu’il revêt une importance stratégique.

   

La finition intérieure est par ailleurs correcte, avec une application stratégique de plastiques moussés à hauteur du regard sur la planche de porte et les portes, les plastiques texturés durs étant reportés vers l’habillage des bas de porte et de la base des sièges. Les sièges avant sont relativement confortables. Leur placet offre une surface d’assise étendue, mais leur courbure ne me convient pas, avec une sorte de bourrelet aux épaules qui m’incite à vouter les omoplates. Le maintien latéral est par ailleurs limité.

   

Dans cette exécution, Nissan accolle un 4 cylindres turbodiesel 1.6L dCi d’origine Renault à une transmission automatique à variateur continu. Lancé en production en 2011, cette version du bloc R9M développe 320 Nm dès 1750 t/min, et sa puissance culmine à 130ch à 4000 t/min. Les alternatives offertes sont le 1.2L turbo essence (190 Nm et 115ch) et le 1.5L dCi (260 Nm et 110ch). Un 1.6 DIG-T de 240 Nm & 163 chevaux devrait également faire son apparition au catalogue. Il est intéressant de relever que le bloc 1.2L essence est considérablement plus léger que les turbodiesels 1.5 et 1.6L, et que le Qashqai 2 n’est pas particulièrement svelte: cet exemplaire affiche 1536 kg sur nos balances, c’est significatif pour un crossover 4×2 de 4.37m.

A la différence d’une boîte automatique conventionnelle avec sa pignonerie et son convertisseur de couple, le variateur continu XTronic utilise une courroie trapézoidale reliant deux arbres équipés de flasques côniques. Il n’y pas six, sept, huit ou même neuf rapports définis par le quotient entre le nombre de dents de deux pignons, mais une quasi infinité. A la conduite, il faut s’habituer à la relative décorrélation entre le régime moteur et la mise en vitesse. Un peu à la manière d’une Prius, la boîte Xtronic pourrait simuler des rapports de boîte fictifs, mais ne le fait que rarement. En règle générale, les accélérations se font à régime quasi constant; plus on appuye, plus le régime augmente, plus on relâche plus il descend.

La première sensation est une appréciable douceur si l’on adopte une conduite décontractée. La mise en vitesse est discrète et onctueuse, exploitant de manière optimale la courbe de couple du 1.6 dCi tout en maintenant un régime bas favorisant la consommation. En utilisation courante, on constate quelques exceptions, des verrouillages plus francs lorsqu’on requiert l’équivalent d’un kickdown, mais le reste du temps, la boîte XTronic offre un très bon agrément, gommant l’étroitesse de la plage d’utilisation et le temps de réponse du turbodiesel. La boîte XTronic n’est toutefois pas la panacée en conduite plus pressée.

Premier cas d’étude, l’accélération “à fond” (la formule est à remettre dans le contexte d’un rapport poids puissance flirtant avec les 12 kg/ch) en entrée d’autoroute. La boîte maintient un régime constant de 5000 t/min, puis tombe à un quasi ralenti dès qu’on lève le pied. Pourquoi 5000 t/min alors que la puissance maxi est atteinte à 4000 t/min ? Mystère. Pourquoi cette transition vers le rapport le plus long immédiatement après ? Mystère. Reste que l’ensemble moteur-boîte ne resort pas grandi de l’exercice. Deuxième cas, le démarrage pressé d’un Stop. On appuye, la réponse se fait attendre, on appuye encore plus, et le couple déboule d’un coup. Le problème est une tare classique des turbodiesels équipés de boîtes automatiques. L’espérance de vie des pneus avant semble s’en ressentir, l’état des Continental 19” avant après 11’000km faisant un peu peine à voir sur une auto qui n’aura pas forcément été taquinée à l’excès.

 

Autre conséquence, la motricité sur la pluie peut facilement être mise à mal sans même se laisser aller à des comportements de desperado de la route. Ceci soulève la question des démarrages en côte sur la neige ou le verglas l’hiver, de la pertinence du choix d’une version 4×4 sur le Qashquai, et de ce dilemne: boîte manuelle et 4×4 ou boîte Xronic et 4×2 ? La réponse dépend du cas particulier et de la probabilité de rencontrer des conditions d’adhérence difficiles de manière régulière. En ce qui me concerne, le choix serait résolument celui de la boîte XTronic, de faire mon deuil de la transmission intégrale (ou de faire mon deuil du Qashqai).

Comme la plupart des petits 4 cylindres turbodiesel, c’est paradoxalement surtout sur l’autoroute qu’il est le plus à son aise. Relativement sobre, coupleux, il est presque inaudible à 2500 t/min pour 140 km/h affichés. Le Qashqai 2 est agréable au long cours, et la consommation demeure raisonnable (6.55 L/100km mesurés sur 1443 km), en ligne avec les valeurs relevées sur ce type d’automobile.

Le comportement routier est prédictible pour la catégorie, soit compétent mais sans qualité particulière. La direction n’est pas assez directe et amplifie la sensation de sous-virage. La prise de roulis significative et le manque de maintien latéral mènent à une évidence: le Qashquai n’est pas un arsouilleur né en costume de cross-over. C’est un crossover placide au look élégant, et dépenser 45’000 CHF pour cette version Tekna XTronic n’a guère de sens. Dans ce segment, le curseur est à placer à 30’000 CHF pour un 2.0L diesel de 150ch et un équipement suffisant, à défaut d’être luxueux. Subaru (XV 4×4) ou Mazda avec son nouveau CX-5 tiennent ce pari. Nissan semble avoir poussé le downsizing un peu trop loin, et faire preuve d’assurance dans la tarification de son nouveau fer de lance. Pour l’instant, les ventes semblent leur donner raison.

 
 

Prix et options du véhicule essayé

Prix de base Nissan Qashqai CHF 36’840 € 30’540
Finition Tekna CHF 5’300 € 4’100
Intérieur cuir noir CHF 950 € 0
Peinture perlée CHF 790 € 600
Toit panoramique CHF 700 € 450
Total CHF 44’580 € 35’690

 

Face à la concurrence

Nissan Qashqai 1.6 dCi 2WD X-Tronic Audi Q3 2.0 TDI  Subaru XV 2.0D AWD
Mazda CX-5 SKYACTIV-D 150 FWD
Moteur L4 Turbodiesel, 1598 cm3 L4 turbodiesel, 1968 cm3 Boxer 4 cyl. 1998 cm3 turbodiesel L4 turbo 2191 cm3
Puissance (ch / t/min) 130 / 4000 150 / 3500-4000 147 / 3600  150 / 4500
Couple (Nm / tr/min) 320 / 1750 340/1750–2800  350 / 1600-2400  380 / 1800-2600
Transmission Roues AV Roues AV Symmetrical AWD  Traction
Boite à vitesses CVT 6 vit. manuelle 6 vit. manuelle 6 vit. manuelle
RPP (kg/ch)  11.82 (9.9) 9.82  (10.1)
Poids DIN (constr.) 1536 (1502)
61.7% AV / 38.3 % AR
(1485) 1443 (1415)  (1520)
0-100 km/h (sec.) 11.1 9.6 9.3 9.2
Vitesse max. (km/h) 183 204  198 202
Conso. Mixte (constr.) 6.55 (4.6) (4.4)  6.79 (5.6) (4.6)
Réservoir (l) 55 64  60  56
Emissions CO2 (g/km) 119 114  146 119
Longueur (mm) 4377 4388  4450 4540
Largeur (mm) 1806 1831-2019  1780 1840
Hauteur (mm) 1590 1608  1570  1710
Empattement (mm) 2646 2603  2635  2700
Coffre (L) 430 / 1585 460 / 1365  380 / 1270 463 / 1620
Pneumatiques 215/60R17  215/65R16  225/55R17 225/65 R17
Prix de base (CHF) 36’840 40’700  30’900 30’800
Prix de base (EUR) 30’540 31’200  29’900 27’790

Nos remerciements à Nissan Suisse pour le prêt de cette Nissan Qashqai.

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