Au volant: Porsche Macan Turbo

Nous avons pris le volant du Porsche Macan Turbo.

Avec le Macan, Porsche poursuit sa stratégie d’extension de sa gamme. Un peu d’histoire nous montre qu’au milieu des années nonante, la 911 et ses dérivés est le seul modèle de la marque, en grandes difficultés à ce moment là. Le sauvetage prend forme avec la Boxster puis sa version coupé, le Cayman. Mais les ventes décollent vraiment lorsque Porsche présente son SUV Cayenne en 2002. En 2009 la berline Panamera continue sur la voie du succès en explorant les niches des voitures de luxe. On est loin de la gamme de voitures sportives des années soixante, mais force est de constater que cette stratégie fonctionne et Porsche se porte comme un charme, ayant vendu 162’000 voitures en 2013.

L’appétit venant en mangeant, en 2010 Porsche annonce sa stratégie : vendre 200’000 voitures en 2018, ce qui est le double du niveau de cette année là. Pour y arriver, le Macan va jouer un rôle prépondérant, il devrait d’ailleurs permettre d’atteindre cet objectif avec plusieurs années d’avance. Porsche a investi plus de 500 millions d’Euros pour l’usine de production de son nouveau modèle avec une capacité annuelle de 75’000 voitures. Dès cette année Porsche deviendra donc majoritairement un fabricant de SUV.

L’importance du Macan se ressent aussi dans le soin apporté sur la communication. Le projet Cajun (pour Cayenne Junior) est dévoilé en Novembre 2010, puis confirmé en Mars 2011. Le nom de modèle Macan, pour tigre en indonésien, suit en Février 2012. Les différentes étapes de construction de l’usine sont aussi exploitées pour communiquer sur la progression du projet. Les inévitables photos volées de prototypes en test continuent d’assurer une présence jusqu’en Novembre 2013 et sa sortie officielle au Salon de Los Angeles.

Le Macan est donc dans le langage Porsche un « petit SUV d’entrée de gamme ». Les guillemets s’imposent, il n’est ni vraiment petit, 4m70 de long pour 1m92 de large, et 1m62 de haut, ni très bon marché avec un prix de base s’échelonnant de CHF 76’100.- (€59’873.-) pour les Macan S et S Diesel à CHF 105’000.- (€81’908.-) pour le Macan Turbo. Il se différencie tout de même clairement du Cayenne dont les dimensions sont plus importantes : 8cm de plus en hauteur, 15cm de plus en longueur pour une largeur similaire.

Le Macan Turbo représente aujourd’hui le sommet de la gamme Macan comprenant trois modèles, complété par les Macan S et Macan S Diesel. Sur certains marchés, un quatrième modèle avec moteur 4 cylindres 2l a été récemment lancé. Tous les moteurs sont suralimentés, donc la dénomination « Turbo » est plus une indication de niveau dans la gamme que de différenciation technique. La base de ce propulseur est un V6 bi-turbos de 3.6l de cylindrée développant 400 ch à 6000 tr/min pour un couple maxi de 550 Nm de 1350 à 4500 tr/min. Les performances annoncées sont une vitesse maximale de 266 km/h et un 0-100 km/h en 4.8 secondes. La consommation normalisée est de 9.2 à 8.9 l/100 km. Le poids DIN approche les 2 tonnes avec 1925 kg revendiqués.

Côté train roulant nous trouvons une transmission intégrale avec différentiel central multidisque à commande électronique permettant de gérer la répartition du couple entre les essieux en fonctions des circonstances de conduite. Un système anti patinage ainsi que de répartition du couple sur chaque essieu en agissant sur les freins complète l’ensemble.  De série nous trouvons une boite à vitesse à double-embrayage  avec 7 rapports. La commande automatique ou manuelle permet de privilégier l’économie de carburant ou le plaisir de conduite. Le châssis peut recevoir en option une suspension pneumatique permettant le réglage dynamique de la hauteur du véhicule pour utilisation sur route ou dans le terrain.

Il est temps de monter à bord, le terme s’applique presque littéralement car l’assise est assez basse pour ce type de véhicule. On domine tout de même le trafic, mais on n’est pas haut perché comme dans un SUV de grande taille. La Turbo dispose des sièges appelés sport adaptatifs à 18 réglages. Ce siège est très confortable et son maintien est parfait, les 18 réglages électriques permettent de l’ajuster à sa guise. Le tableau de bord reprend le style Porsche actuel, une planche médiane montante avec une nuée de boutons pour tous les réglages du châssis et de chauffage. Le levier de vitesse est également repris du reste de la gamme. Le combiné d’instrument provient de la Boxster avec ses trois compteurs circulaires pour l’indicateur de vitesse, le régime et l’écran LCD pour toutes les autres données. Le volant provient de la 918, il est ajouré et possède deux mollettes inclinées à 45 degré pour en faciliter l’utilisation avec le pouce.

Notre Macan Turbo du jour ne dispose malheureusement pas de l’intérieur tout cuir, une option facturée CHF 2’090.- (€1’512.-). Les portières ainsi que toutes les pièces périphériques du tableau de bord ne sont ainsi pas recouvertes de cuir, mais arborent un vulgaire plastique structuré. Un investissement nécessaire à mes yeux pour garder un intérieur cohérent. Le ciel de toit en alcantara par contre contribue largement à donner l’impression d’être dans une voiture haut de gamme.

Les premiers kilomètres de notre essai sont parcourus dans le trafic péri-urbain et ses contraintes comme les feux de circulation ou les rond-points. C’est un excellent terrain pour la boite en mode automatique. Les rapports passent dans une douceur peu commune, le bruit du moteur étant bien atténué dans l’habitacle, les actions de la boîte sont totalement imperceptibles. Je note toutefois que, contrairement aux sportives Porsche équipées de la même boite PDK, dans le Macan, la gestion de la boite se comporte différemment et ne descend pas tous les rapports requis lors de ralentissements. Ainsi à chaque réaccélération, un rapport de plus est descendu pour procurer le couple nécessaire. La manoeuvre se déroule sans le moindre à-coup et reste confortable.

Sur autoroute, confirmation des qualités de confort de ce SUV. La marche est silencieuse, le moteur de fait discret et les bruits aérodynamiques et de roulement sont contenus malgré une monte pneumatique généreuse en 21 pouces. Quatre personnes seront à l’aise pour de longs trajets, pour autant que les deux personnes assises à l’arrière ne dépassent pas trop le 1m80, sinon, la garde au toit deviendra un peu juste. Le coffre de 500 litres offre un volume dans le haut de la moyenne des SUV de taille comparable.

Comme juge de paix pour le comportement, nous prenons la direction du Jura et de ses routes de moyenne montagne. Nous passons en revue les trois modes de gestion de l’amortissement, Normal, Sport et Sport Plus. Le roulis dans les modes sportifs est très bien maitrisé, ceci est particulièrement important pour inspirer confiance dans un SUV dont l’assise élevée exagère le ressenti des mouvements de caisse. Les limites d’adhérence de nos Michelin Latitude Sport 3 sont difficiles à atteindre, et c’est finalement l’inertie du poids annoncé de 1925 kg qui freine nos ardeurs. Pour un SUV, la tenue de route est prodigieuse, le Macan enchaine les virages avec vivacité.

Le moteur s’avère à la hauteur, le couple maximal est disponible dès le régime du ralenti et la poussée est digne d’une sportive. Il fait aussi preuve d’une belle vigueur dans les hauts régimes. Ce V6 masque parfaitement sa technologie suralimentée, en aucun cas je n’ai constaté le turbo lag tant redouté. Les reprises sont souveraines, les 550 Nm de couple accélèrent ce SUV avec hargne. La boite adapte aussi sa gestion en fonction du choix Sport ou Sport Plus. En fonctionnement automatique, le mode Sport est un très bon choix en conduite sportive pour qui veut renoncer au changement manuel des rapports. Le mode Sport Plus est plus extrême dans ses choix et privilégie les hauts régimes, de manière incongrue à mes yeux pour ce type de véhicule.

Le bruit est typique Porsche, il est bien atténué dans l’habitacle, mais à l’extérieur pas de doute sur le fait que nous avons un moteur sportif. On peut parfaitement le cravacher en restant dans les hauts régimes, mais je le trouve vraiment explosif jusque vers 6000 tr/mn. Personnellement, je l’accompagnerais d’un échappement sport, pas encore disponible au catalogue, mais des rumeurs l’annoncent pour l’automne 2014.

Pour cette prise en main assez courte, la consommation de carburant s’est établie à 15.5 l/100km. L’ordinateur de bord indique 15.2 l/100 pour une vitesse moyenne de 59 km/h. Sans surprise il sera difficile d’obtenir une valeur inférieure à 10 l /100km avec une voiture aussi lourde. Pour le reste, difficile de trouver des défauts rédhibitoires à ce SUV, Porsche a réussi le tour de force de délivrer des sensations de conduite fantastiques, avec tous les interfaces calibrés comme une sportive, tout en gardant un confort de roulement et un raffinement de fonctionnement remarquable.

Le modèle Turbo coiffe aujourd’hui la gamme Macan, son prix comprend un équipement d’origine bien fournis, auquel il faudra toutefois ajouter l’intérieur tout cuir, obligatoire à mes yeux. L’écart en performance ressentie avec le Macan S est assez faible, ce dernier étant 60 kg moins lourd. Question tarif, une fois (bien) équipé la différence entre ces deux versions se réduit à CHF 8’000 – 10’000. La clientèle suit, les délais de livraison le démontrent. En proposant des produits aussi aboutis, Porsche peut continuer sa stratégie de diversification, le succès commercial devrait être au rendez-vous.

Prix et options du véhicule de test

Face à la concurrence

Nos chaleureux remerciements à Monsieur Paolo Carro du Centre Porsche Lausanne-Crissier pour le prêt de ce véhicule.

Galerie de photos

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