4×4 et Diesel, deux tendances dominantes du marché automobile suisse en 2012. Le Mercedes ML domine la catégorie des SUVs Full Size, nous l’essayons dans sa version 350 BlueTEC 4Matic.
Comme beaucoup d’helvètes (voir les tendances du marché automobile suisse), j’aime bien les 4X4. Pour leur côté pratique d’abord. Partir au golf et déposer ses sacs à l’arrière sans se poser de questions, ou aller snowboarder entre copains et emporter avec soi quatre ou cinq planches et une collection de boots. Pour leur côté rassurant ensuite, le sentiment de sécurité que procure leur position de conduite dominant la route.
Plus ils sont gros et plus ils me rappellent les USA et ces road trips où l’on croise tranquillement à 50 miles par heure en traversant des paysages de cinéma. Mais nous sommes en Suisse et l’espace, surtout en ville, est nettement plus étriqué qu’outre-Atlantique. Et cela se fait ressentir dès les premières minutes au volant de notre Mercedes-Benz ML 350 BlueTEC 4MATIC dont le volume est imposant malgré son appartenance à la catégorie des SUV mid-size. Les routes semblent soudain plus étroites et l’on regrette qu’il n’existe pas de chausse-pieds pour se glisser dans les places de parking dont on se rend à quel point elles peuvent être ridiculement petites dans nos contrées. Il faut dire que l’engin fait pas moins de 4 mètres 80 de long et… 2 mètres 14 de large ! On est très loin des 4 mètres 58 et 1 mètre 83 de la première génération (W163) de la Classe M lancée en 1997. Un véritable succès puisqu’au moment de la commercialisation de la génération actuelle (W166), en novembre 2011, Mercedes avait écoulé plus de 1.2 millions de ML tous produits, en dehors d’une brève incartade en Autriche, aux Etats-Unis dans l’usine de Tuscaloosa, en Alabama.
Notre version 350 BlueTEC 4MATIC est la plus populaire en Suisse, la motorisation représentant plus de 60% des ventes de ML. Ses dimensions le place en concurrence avec les Audi Q5, Porsche Cayenne et autre Volkswagen Touareg. Mais ses lignes typiquement Mercedes, qui semblent avoir été tracées à la règle, et sa hauteur de près de 1 mètre 80 donnent l’impression d’un volume bien plus imposant que la concurrence dans le segment. Le style fait dans le genre “panzer”, surtout vu de l’avant avec ce museau particulièrement carré, haut placé et décoré d’une gigantesque calandre. L’arrière quant à lui semble avoir été greffé d’un utilitaire de la marque. Pas terriblement harmonieux, les ML de la génération précédente (W164) étaient bien plus élégants. Le rajout du pack AMG qu’équipe notre exemplaire n’adoucit pas l’ensemble et surtout, il contribue à alourdir l’engin: 2’436 kilos mesurés par nos soins, répartis 53.2% à l’avant et 46.8% à l’arrière, contre 2’170 kilos annoncés par le constructeur. Kolossal !
Difficile de croire que les options qui équipent notre ML pèsent plus de 250 kilos même si la liste relève d’un inventaire à la Prévert : plus de 70 références faisant passer le tarif de ce ML 350 BlueTEC de CHF 73’981 à CHF 118’435. Vous avez bien lu, près de CHF 45’000 d’équipement supplémentaire au total soit, sur la balance, CHF 167 le kilo d’option.
A l’approche de notre ML, les portes se déverrouillent automatiquement par la grâce du système sans clé qui exige toutefois d’avoir toujours sur soi… une clé. Après avoir escaladé les seuils illuminés, on découvre un intérieur dont la finition est en net progrès par rapport aux générations précédentes de Classe M. L’intérieur évoque le luxe mais cela reste en deçà de la présentation d’un Audi Q5 ou d’un Porsche Cayenne. Les boiseries ne sont pas forcément du meilleur goût et certains plastiques, comme le couvercle recouvrant les porte-bouteilles de la console centrale, sont indignes à ce niveau de prestation. Du coup l’ambiance est moins chaleureuse que celle offerte par les deux cousins germains. Par contre l’espace est plus généreux, en particulier pour les passagers à l’arrière, et les plus claustrophobes se sentiront certainement plus à l’aise dans un ML.
Au moment de la prise en main, l’ergonomie déroute un peu. Aucun levier de vitesse sur le tunnel central mais une commande placée à la droite de la colonne de direction là où habituellement crèchent les commandes d’essuie-glaces. Celles-ci se retrouvent sur la gauche et, même si les balais s’activent seuls dès l’apparition de gouttes, on est un peu perdu dès lors qu’il s’agit d’actionner le balai arrière. Le système multimédia COMAND n’est pas sans reproches non plus avec sa complexité et son interface d’un autre temps. On comprend difficilement pourquoi devoir manipuler un joystick à l’heure des écrans tactiles. Heureusement l’acoustique Harman Kardon, encore une option, de très bonne qualité fera vite oublier les moments de casse-tête. Pour en finir avec l’ergonomie perfectible, j’aurais préféré que compte-tour et compteur de vitesse soient inversés. En conduisant le regard tombe naturellement sur le régime moteur, pas forcément indispensable au volant d’un 4X4 diesel. Il faut faire un effort pour aller chercher l’indication de vitesse et encore, entre 0 et 60 km/h, celle-ci est cachée par la jante du volant. La solution est alors d’activer l’affichage digital de la vitesse qui toutefois disparaîtra à la première alerte de l’un ou l’autre des systèmes de sécurité du ML. Pas vraiment pratique.
Avec l’option correspondante, la mise en route du 4X4 Mercedes se fait sans clé… même s’il faut encore et toujours en garder une dans sa poche. A y réfléchir, ces systèmes keyless approchent l’absurde puisque la clé reste indispensable. A quand une app pour smartphone ou une puce RFID implantée dans le corps ? Ou, pour ceux que l’idée d’une chirurgie rebute, une montre à transpondeur comme celle proposée par Aston-Martin et Jaeger-LeCoultre ? Pour passer du mode parking au mode drive et donc commencer à rouler, une action franche du levier de commande s’impose. Sinon vous allez faire comme moi en restant désespérément, et surtout ridiculement, planté sur P avant d’enfin comprendre. Ce n’est pas aussi intuitif que Mercedes le vante dans sa documentation.
Tout devient plus simple dès lors que le ML avance. Ou presque. Car au premier signe d’un danger, l’une des innombrables alarmes qui équipent cet exemplaire s’active. Et à Mercedes de nous servir un nouvel inventaire à la Prévert: système de détection de somnolence du conducteur et qui réveille les attentifs qui auraient un peu dévié de leur trajectoire d’un mauvais coup de volant, système de détection de franchissement de ligne blanche qui envoie une série de vibration dans le volant, système de prévention de collisions qui mesure en permanence la distance avec le véhicule qui précède et qui déclenche des signaux lumineux et sonores dès que l’on s’approche d’un peu trop près. Ou encore système de reconnaissance des panneaux de limitation de vitesse qui, à l’expérience, se fait facilement tromper : sur nos trajets autoroutiers, la voiture à plusieurs fois affiché 40 km/m alors que la limitation affichée était de 80 km/h, et en ville de Genève il était affiché 80 km/h là où la limitation était de 30 km/h. De quoi profiter d’un passage à la case prison et d’un retrait de permis de longue durée dès que les dispositions Via Sicura entreront en vigueur. Plus sérieusement et au-delà des quelques défauts de fonctionnement constatés, on peut véritablement s’interroger sur la pertinence de ces systèmes dont les alarmes multiples finissent par distraire le conducteur. Le seul mécanisme véritablement utile à mon sens est l’avertisseur d’angle mort et son signal lumineux dans les rétroviseurs. Le reste ne sert vraiment au mieux qu’à alléger son porte-monnaie, au pire qu’à déresponsabiliser le conducteur ou lui donner l’assurance d’une sécurité qui, finalement, ne relève que de son niveau d’attention au volant.
Cela étant et pour passer aux aspects positifs, la conduite de ce ML 350 s’avère extrêmement confortable. Aucune crainte des longs trajets que son autonomie lui permet. Les passagers profiteront de l’excellente insonorisation, du confort des fauteuils et de l’espace intérieur généreux, sans compter la vue dominante sur le reste du trafic, si rassurante. Et en ville malgré son imposant gabarit, le ML reste étonnamment maniable. Au pire peut-on reprocher un système start-and-stop un peu trop sensible.
A cela s’ajoute la très bonne volonté du 6 cylindres diesel turbocompressé. Difficile de croire, surtout en connaissant la masse pachydermique du ML, qu’il n’y a que 258 chevaux sous le capot. Ce moteur se comporte comme une mécanique beaucoup plus noble et le couple qu’il forme avec la boîte 7G-TRONIC est une véritable réussite. L’ensemble répond au moindre effleurement de la pédale de droite et délivre sans broncher, via les quatre roues, pas moins de 620 Nm de couple disponible dès 1’600 tr/min et capable de propulser le ML de 0 à 100km/h en 7,4 secondes. On peut ne pas aimer le diesel mais il sera extrêmement difficile de critiquer objectivement le choix d’une telle motorisation pour un 4X4. Ce bon bilan mécanique est toutefois légèrement péjoré par une direction un peu floue et du roulis dans les enchaînements de virages malgré un amortissement plutôt ferme. Le choix de l’option Active Curve System destinée à stabiliser le roulis mais dont notre ML n’était pas équipé devrait s’imposer.
Côté consommation, nous avons mesuré une moyenne de 11,25 l/100km sur l’ensemble de notre essai en parcours mixte, ce qui permet d’envisager une autonomie de plus de 800 kilomètres avec un plein lorsque l’on dispose de l’option réservoir de grande capacité. A noter la présence d’un second réservoir contenant un mélange d’eau et d’urée, un dispositif (BlueTEC) permettant de réduire les émissions d’oxyde d’azote en les transformant en azote et en vapeur d’eau. Ainsi équipé, le ML répond déjà aux exigences des normes antipollution Euro 6 qui entreront en vigueur en septembre 2015.
Au final avec ce ML de troisième de génération, Mercedes se rapproche encore de ses deux concurrents principaux en haut de gamme que sont Porsche et Audi. Si du point de vue de la mécanique et des performances sa proposition tient toutes ses promesses, la présentation et l’ambiance n’atteignent pas encore le niveau des Cayenne et Q5. Et le style à la fois imposant et agressif pourrait détourner ceux qui redoutent le regard parfois malveillant que portent les anti-4X4.
Prix des principales options
COMAND Online | CHF 3,722 |
Pack Sport AMG Extérieur | CHF 3,551 |
Pack d’assistance à la conduite | CHF 3,194 |
Cuir nappa | CHF 3,111 |
Pack ON&OFFROAD | CHF 2,699 |
Toit panoramique | CHF 2,486 |
Pack Airmatic | CHF 2,417 |
Pack hivernal | CHF 2,190 |
Pack Sport Itérieur | CHF 2,083 |
Jantes 21″ AMG | CHF 2,032 |
Préparation attelage | CHF 1,296 |
Cuir complet Artico avec coutures contrastées | CHF 1,278 |
Pack Mémoire | CHF 1,264 |
KEYLESS-GO | CHF 1,264 |
Peinture métallisée | CHF 1,236 |
Harman Kardon® Logic7® Surround-Soundsystem | CHF 1,194 |
Assistance de parcage | CHF 1,037 |
Climatisation automatique Thermotronic | CHF 954 |
Caméra de recul | CHF 569 |
Vitrage assombri | CHF 556 |
Eclairage d’ambiance | CHF 500 |
Controle de pression pneumatique | CHF 435 |
Media Interface | CHF 315 |
Prix catalogue du véhicule d’essai: 118’435 CHF
Face à la concurrence: caractéristiques techniques
Mercedes-Benz ML 350 BlueTEC | Porsche Cayenne Diesel | Audi Q5 3.0 TDI | Infiniti FX30d AT |
|
Moteur | 6 cylindres, Turbo Diesel 2987cm³ |
6 cylindres, Turbo Diesel 2987cm³ |
6 cylindres, Turbo Diesel 2967cm³ |
6 cylindres en V, Turbo Diesel 2993cm³ |
Puissance (ch / t/min) | 258 ch / 3600 t/min | 245 ch / 3800 t/min | 245 ch / 4000-4500 t/min | 238 ch / 3750 t/min |
Couple (Nm / tr/min) | 620 Nm / 1600–2400 t/min | 550 Nm / 1750 t/min | 580 Nm / 1750 t/min | 550 Nm / 1750 t/min |
Transmission | Intégrale permanente | Intégrale permanente | Intégrale permanente | Intégrale permanente |
Boite à vitesses | 7G-Tronic Plus à 7 rapports | Tiptronic S à 8 rapports | S Tronic à 7 rapports | Automatique 7 rapports |
RPP (kg/ch) | 9.44 | 8.88 | 7.90 | 9.03 |
Poids DIN (constr.) | 2436 (2’175 kg) 53.2% AV / 46.8% AR |
(2’175 kg) | (1’935 kg) | (2’150 kg) |
0-100 km/h (sec.) | 7,4 s | 7,6 s | 6,5 s | 8,3 s |
Vitesse max. (km/h) | 224 km/h | 220 km/h | 225 km/h | 212 km/h |
Conso. Mixte (constr.) | 11.25 (7,4 l/100 km) | (7,2 l/100 km) | (6,4 l/100 km) | (9,0 l/100 km) |
Réservoir (l) | 70 / 90 | 85 / 100 | 75 | 90 |
Emissions CO2 (g/km) | 179-194 g/km | 189 g/km | 169 g/km | 238 g/km |
Longueur (mm) | 4’804 mm | 4’846 mm | 4’629 mm | 4’865 mm |
Largeur (mm) | 1’926 mm | 1’939 mm | 1’898 mm | 1’925 mm |
Hauteur (mm) | 1’796 mm | 1’705 mm | 1’655 mm | 1’680 mm |
Empattement (mm) | 2’915 mm | 2’895 mm | 2’807 mm | 2’885 mm |
Coffre (L) | 690 litres | 670 litres | 540 litres | 410 litres |
Pneumatiques | 255/55 R 18 | 255/55 R 18 | 235/65 R 17 | 265/50 R 20 |
Prix de base (CHF) | CHF 73’981 | CHF 83’400 | CHF 65’950 | CHF 71’322 |
Prix de base (EUR) | 60’250 € | 63’351 € | 50’400 € | 60’150 € |
Nos remerciements à Mercedes Suisse pour le prêt de ce véhicule.
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