Nous avons testé pour vous un petit 4×4 à la sauce Tchèque, mais au sang allemand, le Skoda Yeti.
Le Skoda Yeti nous revient près de cinq ans après sa première apparition sous la forme d’un concept-car plutôt aguicheur et original lors du Salon de Genève 2005. Force est de constater qu’il n’a rien perdu de sa superb(e). Ce segment des Crossovers (petits 4×4, un tiers berline, un tiers monospace et un tiers SUV), où le Ford Kuga, le Nissan Qashqai et le Volvo XC60 sont en tête des ventes dans notre contrée, devra maintenant compter avec l’outsider venu de l’Est.
Les canons esthétiques de Skoda sont bien évidemment repris sur le Yeti. La calandre rappelle la berline Superb tandis que la ligne générale n’est pas sans rappeler le Roomster. La face avant a particulièrement été bien travaillée, dans un style bourgeois avec des blocs optiques en deux parties, une calandre chromée, des pare-chocs peints, etc. Le reste par contre est plutôt banal, cubique, encore accentué avec les vitres arrières sur-teintées. Personnellement, je ne peux m’empêcher de penser au Land Rover Discovery, certes en version de poche, avec cet arrière carré et abrupt ainsi que la garde au sol élevée. L’équilibre esthétique de l’ensemble déroute un peu mais je m’en suis accommodé rapidement. Techniquement, le Yeti dispose de la plate-forme de la berline Octavia dont le porte-à-faux arrière a été raccourci. Avec un encombrement de 4.22 m seulement, il est capable de se faufiler aisément dans la circulation, comme une compacte. De plus, notre modèle d’essai est doté du Park Assist (option) consistant en une aide active, automatique et tout bonnement hallucinante pour exécuter des créneaux parfaits renvoyant les professeurs d’auto-école à leurs bouquins. Après une pression sur le bouton dédié, vous n’aurez ainsi plus qu’à gérer les gaz et passer la marche arrière et avant sur les injonctions du système. Il s’occupe de son côté de mesurer la place disponible, de braquer/débraquer les roues au bon moment et biper une fois l’engin parqué pile-poil au centre de la place. Bluffant d’efficacité !
A l’intérieur, l’habitabilité est similaire à celle d’un monospace compact. Les sièges arrières sont indépendants, fractionnables, rabattables, coulissants et escamotables, offrant ainsi au coffre une myriade de configurations pour une contenance allant de 410 à 1760 litres. Pour la petite histoire, le volume maximum du coffre du Yeti est supérieur de 200 litres à celui d’un Touareg !
Côté agencement, appartenance au groupe VW oblige, on y retrouve une console centrale de Golf associée à la casquette d’instruments Audi. Aucune surprise dans la finition et l’ajustement, tout est fidèle à la réputation du groupe. Certains placages décoratifs semblent cependant fragiles et particulièrement sujets aux griffures. Le niveau d’équipement « Experience » de notre modèle d’essai le dote notamment des jantes 17’’, des phares bi-xenon, du pack « Off Road », de la climatisation électronique à deux zones, etc.
Les espaces de rangement sont nombreux et bien pensés, comme les élastiques à disposition dans les contre-portes pour maintenir les objets à leur place.
La seule fausse note que j’ai constatée est la longueur relativement courte des dossiers arrière, dérangeant pour les grands gabarits et flanquant les appuie-tête à un niveau se révélant plus dangereux qu’autre chose en cas de choc. Sinon, le confort général est très bon et les sièges avant assurent un bon maintien latéral. La position de conduite idéale est vite trouvée et, à l’inverse de ce que l’on peut souvent rencontrer sur ce type de véhicule, l’inclinaison du volant ne vous donne pas des faux airs de chauffeur-livreur.
La visibilité vers l’extérieur est globalement bonne mais très entravée aux trois-quarts avant par le montant de pare-brise et les imposants rétroviseurs. Enfin, la présence du toit panoramique, disponible en option, baigne de lumière l’habitacle.
Pour déplacer tout ce petit monde, la marque tchèque a opté pour pas moins de six motorisations : trois versions essence, 1.2, 1.4 et 1.8 TSI de respectivement 105, 122 et 160 CV et trois diesel TDI de 2.0 chacun, développant 110, 140 et 170 CV. A noter toutefois que seuls les plus gros blocs – 1.8 TSI et TDI 140 et 170 – équipent le Yeti 4×4, les plus petits étant réservés au Yeti « traction ». Notre modèle d’essai dispose du 1.4 TSI de 160 CV associé à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports. Bien étagée et aux débattements contenus, la commande de boîte se révèle cependant trop souple à mon goût et le verrouillage des rapports pas suffisamment perceptible. A noter qu’une boîte automatique DSG à sept rapports est également disponible, mais pas sur toutes les motorisations.
Le 1.8 TSI n’est certes pas un foudre de guerre sur le papier, mais sied particulièrement bien au petit crossover. Très souple, offrant une bonne allonge et du répondant sur une large plage d’utilisation, il se joue assez bien des 1576 kg de notre Yeti. La consommation s’en ressent toutefois : si en conduite coulée, voire pépère, les 8 litres aux 100 km ne seront dépassés que de quelques décilitres, il faudra toutefois compter environ 12 à 13 litres/100 km lorsque vous déciderez de profiter pleinement de la réactivité du bloc ou vous sortirez des chemins asphaltés. Eh oui, la présence de la transmission intégrale se paie à la pompe… En moyenne durant notre essai il aura fallu 9.2 litres/100 km pour étancher la soif de notre petit monstre.
Sur la route, le confort global de l’auto est bon, même si la présence de jantes 17’’ font remonter dans vos lombaires les petites imperfections de la route. Cependant, et compte tenu de la hauteur du centre de gravité, je me plaîs à saluer l’excellent travail de mise au point réalisé sur le châssis. La Skoda Yeti ne prend quasi pas de roulis et le comportement général est très sain. Ce n’est que poussé dans ses retranchements que l’animal partira en léger sous-virage. Le train arrière, lui, suit sans broncher les placements en appui à l’entame d’un virage permettant ainsi de négocier la courbe en tout quiétude.
La transmission Haldex de quatrième génération, intervient de manière très rapide en tenant compte des informations reçues du moteur, de l’accélérateur, de la direction et des capteurs ESP des roues afin de garantir en tout temps la meilleure motricité. Concrètement, en phase d’accélération, l’essieu arrière sera privilégié, tandis qu’au freinage ou à haute vitesse le couple restera majoritairement sur l’essieu avant. En cas d’adhérence précaire, le couple peut-être envoyé jusqu’à 85% sur une seule roue, grâce à un ersatz de différentiel agissant avec les freins et l’ESP.
La direction à assistance électrique s’avère précise et bien calibrée offrant un retour d’informations suffisant. Malgré la hauteur du véhicule, il en ressort l’impression de conduire une berline. De plus, la démultiplication de l’assistance alliée à un rayon de braquage contenu sont d’excellents atouts en conduite urbaine.
Le freinage n’appelle lui non plus aucune critique si ce n’est, pour pinailler, que j’aurais apprécié un peu plus de mordant de la pédale en conduite dynamique.
Mais il reste encore à tester notre Yeti hors des sentiers battus. Bien que recourant à la transmission intégrale et jouissant d’une garde au sol de 18 centimètres, le Yeti n’en reste pas moins un tout chemin plutôt qu’un tout terrain et ce malgré la présence sur notre modèle d’essai du pack « Off Road » comprenant un protège-carter, un contrôle de la vitesse en descente, un antipatinage plus permissif et une loi modifiée de la pédale d’accélérateur. Les angles d’attaques et de fuite, malgré une garde au sol honorable, ne sont pas suffisants et la présence de pneus routiers conventionnels limitent les escapades hors asphalte. Ceci dit, je me suis malgré tout aventuré sur quelques chemins forestiers particulièrement accidentés pour tester tout cet arsenal. Et force est de constater que pour une utilisation occasionnelle, le Yeti s’en sort ici aussi avec les félicitations du jury. Je ne suis pas un spécialiste de 4×4, mais les prestations offertes ont été à la hauteur de mes attentes, autant sur les fortes déclivités à faible adhérence où le système de retenue contient parfaitement le véhicule que sur la progressivité du dosage de l’accélérateur pour se dégager des ornières. Le Yeti n’est pas un franchisseur, il n’en a d’ailleurs pas toutes les propriétés, mais l’essentiel est là et il est certain que toutes ces qualités seront de sérieux atouts pour une utilisation en toute sécurité durant la saison hivernale, par exemple.
En définitive, Skoda ne fait pas dans la figuration et son Yeti n’a de primate que le nom. Très abouti sur le plan du comportement et du confort, offrant une flexibilité et une habitabilité impressionnantes, ce crossover s’avère on ne peut plus polyvalent à l’usage. Ajoutez à ceci une transmission 4×4 et une motorisation qui lui convient parfaitement et le Yeti peut légitimement venir effaroucher les leaders du segment, voire s’imposer en tant que nouvelle référence.
Prix des principales options (CHF)
Prix de base Yeti « Experience » 1.8 TSI 4×4 | 38’990.- |
GPS « Colombus » | 2’860.- |
Toit panoramique ouvrant | 1’570.- |
Intérieur « Antilope » (Alcantara) | 2’800.- |
Park Assist | 790.- |
Pack « mauvaises routes » | 240.- |
Dispositif d’attelage amovible | 600.- |
Face à la concurrence
Skoda Yeti 1.8 TSI 4×4 Experience |
Ford Kuga 2.5 Duratec 4×4 Titanium |
Toyota RAV4 2.0 Valvematic Linea Terra | Nissan Qashqai 2.0 16V 4×4 Tekna | |
Moteur | 4 cyl., 1798 cm3, Turbo | 5 cyl., 2521 cm3, Turbo | 4 cyl., 1987 cm3 | 4 cyl., 1997 cm3 |
Puissance (ch / régime) | 160 / 4500 | 200 / 6000 | 158 / 6200 | 141 / 6000 |
Couple (Nm / régime) | 250 / 1500 | 320 / 1600 | 198 / 4400 | 196 / 4800 |
Transmission | Intégrale | Intégrale | Intégrale | Intégrale |
Boite à vitesse | 6 manuelle | 6 manuelle | 6 manuelle | 6 manuelle |
RPP (kg/ch) | 9.85 (9.5) | (8.04) | (9.94) | (10.10) |
Poids à vide (constr.) | 1576 (1520) | (1608) | (1570) | (1425) |
0-100 km/h (sec.) | 8.4 | 8.2 | 10.5 | 10.1 |
Vitesse max. (km/h) | 200 | 210 | 185 | 195 |
Conso. Mixte (constr.) | 9.2 (8.0) | (9.9) | (7.7) | (8.2) |
Longueur | 4’223 | 4’443 | 4’335 | 4’330 |
Largeur | 1’793 | 1’842 | 1’815 | 1’783 |
Hauteur | 1’691 | 1’655 | 1’685 | 1’606 |
Empattement | 2’576 | 2’690 | 2’560 | 2’630 |
Coffre | 405 / 1760 | 410 / 1405 | 450 / 1’469 | 410 / 1513 |
Pneumatique AV | 225/50 R17 | 235/55 R17 | 225/65 R17 | 215/60 R17 |
Pneumatique AR | 225/50 R17 | 235/55 R17 | 225/65 R17 | 215/60 R17 |
Prix de base (CHF) | 34’700 | 45’800 | 35’650 | 39’800 |
Prix de base (EUR) | 26’400 | 30’350 | 30’200 | 26’400 |
Nos remerciements à AMAG/Skoda pour le prêt de ce Skoda Yeti.
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