Essai Infiniti G37X: croqueuse d’allemandes

Une berline japonaise 4×4 de plus de 300 ch: est-elle à la hauteur de ses concurrentes européennes ? 

Infiniti continue peu à peu son implantation sous nos latitudes en élargissant sa gamme. Après le coupé G37S il y a quelques mois, nous vous proposons aujourd’hui l’essai de la berline partageant la même plateforme. Débarquée en version 3.5 litres sur le continent nord-américain dans les années 2000, la berline G est disponible depuis tout récemment chez nous avec le six cylindres de 3.7 litres Nissan. Conditions hivernales de février dernier obligent, nous avons pris le volant de la version « X » de la G37 équipée de la transmission intégrale. Son cœur de cible est dévoilé sans ambages : les indétrônables berlines « sportives » d’Outre-Rhin telles que la BMW 335, l’Audi S4 et un outsider, l’Opel Insignia OPC.

De l’extérieur, la G37X ne manque pas de personnalité. Alors que la tendance actuelle en termes de design préfère un savant mélange entre angles et courbes saupoudré d’une once d’agressivité, Infiniti a opté pour les rondeurs toutes asiatiques qui étaient d’une banalité affligeante il y a quelques saisons. Loin de dénigrer le travail des designers japonais, je reste malgré tout dubitatif quant au pouvoir de vieillissement du style, surtout lorsque l’on compare ses concurrentes directes qui ont droit à leur lifting périodique pour rester « dans le vent ». Ceci dit l’ensemble dégage une certaine élégance, surtout dans cette livrée noire, et se démarque clairement dans un segment où tend à régner une convenance stylistique frisant la monotonie. Tous les attributs identitaires d’Infiniti sont présents comme les ailes bombées entourant un capot, la calandre massive ornée d’un logo surdimensionné, les phares avant remontant sur les ailes et la malle arrière haute perchée. D’un encombrement similaire à celui du coupé G37, la berline semble pourtant plus imposante. Avec une longueur de 4,77 m, elle se positionne en réalité à mi-chemin entre une BMW Série 3 et sa grande sœur la Série 5. En résulte, comparativement à ses concurrentes directes, une habitabilité un tantinet plus spacieuse pour les passagers, sans pour autant leur mettre à disposition une salle de bal.

A l’intérieur, le noir règne en maître, égayé uniquement par quelques touches d’aluminium par-ci par-là. C’est sobre, trop peut-être, mais fonctionnel. La technologie embarquée et sa sophistication nous rappellent immédiatement les origines extrême-orientales de notre engin, tandis que la finition n’a rien à envier à ses compétitrices germaniques et fait même mieux en de nombreux points. La qualité des matériaux est bonne, les cuirs soyeux, mais le choix du grain de certains plastiques comme celui du haut du tableau de bord aurait mérité un peu plus d’attention pour paraître moins « bas de gamme » à l’œil. L’assemblage quant à lui ne souffre d’aucune critique.

La filiation avec Nissan transparaît également dans cet intérieur : l’Infiniti G37 adopte le volant ainsi que le système de réglage de la colonne de direction solidaire de l’instrumentation que nous avions découvert dans la Nissan GT-R. Les différents boutons et commandes, malgré leur nombre, sont plutôt intuitifs et l’utilisation de l’ordinateur de bord, GPS et radio s’assimile aisément après avoir pris le temps d’en parcourir les fonctionnalités. Il n’y a guère que les commandes de paramétrage du combiné d’instruments et son éclairage que je trouve mal placées et fort peu logiques dans leur utilisation ; mais je vous l’accorde, ce sont des fonctions auxquelles nous recourrons que rarement et qui n’ont aucun caractère vital pour l’usage du véhicule. Le champ de vision vers l’avant est bien dégagé alors que vers l’arrière, en raison des épais montants de toit et la lunette particulièrement inclinée, la caméra de recul s’avère un allié indispensable.

 

A l’avant les fauteuils sont accueillants et confortables et les nombreuses possibilités de réglages permettent de trouver une position de conduite optimale, relativement basse, ainsi qu’un bon maintien latéral. L’habitabilité en général est très correcte sans plus, même si, comme abordé plus haut, les passagers arrière seront mieux lotis au niveau de l’espace aux jambes que dans une Audi A4 ou une BMW Série 3. Il n’en sera pas de même pour la garde au toit : l’assise surélevée de la banquette et la ligne de toit plongeante vers l’arrière péjorent sensiblement la hauteur disponible pour les grands gabarits. A noter que le dossier de la banquette arrière est fixe, ne proposant qu’une trappe à skis derrière l’accoudoir central pour permettre le chargement de longs objets. Quant au coffre, son seuil de chargement très élevé et le contour torturé de son ouverture, bien que très grande, obligent à manœuvrer les grosses valises pour les faire rentrer. Sa contenance se situe dans la moyenne avec 450 litres.

Désireuse de venir semer le trouble dans un segment trusté par l’armada prussienne, l’Infiniti se donne les moyens de ses ambitions. Sous le capot loge le V6 3,7 litres atmosphérique de 328 CV que l’on retrouve entre autres dans la Nissan 370Z. On pourrait se poser plusieurs questions sur la pertinence d’un tel choix technique à l’heure où ses principales concurrentes optent pour la suralimentation – et donc une cylindrée moins importante – afin de délivrer des chevaux tout en conservant une consommation plus ou moins mesurée. Les performances sont cependant au rendez-vous avec un 0 à 100 km/h annoncé en 6 secondes. Les reprises, épaulées par la boîte de vitesses, sont convaincantes surtout que notre geisha tient plus d’un sumotori en affichant pas moins de 1’798 kg sur notre balance… Ajoutez-y les passagers ainsi que leurs bagages et la barre des deux tonnes et franchie. En outre, ce V6 distille une sonorité agréable à l’oreille et les ronronnements, perceptibles depuis l’habitacle, en phase d’accélération apportent commodément une touche sportive.

La transmission automatique sept rapports adaptative s’avère agréable et tout à fait dans son élément en conduite normale. Dès que le rythme augmente, par contre, le kick-down n’hésite pas à sauter deux rapports pour donner plus de pêche à l’auto. Mais est-ce réellement utile avec un couple de 360 Nm ? Ce d’autant qu’une fois la manœuvre de dépassement terminée et la vitesse à nouveau stabilisée, la boîte met de (très) longues secondes à s’en rendre compte pour remonter les rapports ; le moteur reste durant tout ce temps à des régimes absurdement élevés. Il n’est ainsi pas rare d’avoir recours aux palettes au volant pour y remédier. Justement, parlons-en de ces palettes : comme très souvent avec les voitures équipées d’une boîte à convertisseur, l’utilisation des commandes de vitesses au volant ne trouve son utilité, à mon sens, qu’en rétrogradant lors des freinages. Dans les autres cas de figure, les palettes offrent tout sauf la sportivité présumée par leur présence, autorisant presque le conducteur à boire un café entre la commande et le passage effectif du rapport. Mais la vocation de l’Infiniti n’étant pas d’être une sportive pure et dure, je m’accommoderai facilement de ce désagrément.

Pour passer la puissance au sol, la G37X bénéficie du système « ATTESA E-TS », autrement dit la traction intégrale intelligente répartissant le couple sur chacune des roues. C’est avec plaisir que je retrouve les excellentes qualités dynamiques offertes par ce système utilisé, ici aussi, sur la Nissan GT-R. Cent pour cent propulsion en conditions d’adhérence optimales, le couple peu passer automatiquement jusqu’à 50% sur les roues avant dès que la situation se dégrade. Tant sur routes sèches qu’en conditions d’adhérence précaires, l’Infiniti G37X se montre impériale. Sa transmission intégrale se joue de tous les pièges et même dans la neige fraîche, avec de bons pneus hiver, grimper les fortes déclivités ne lui fait pas peur. Dans ces conditions d’utilisation, il est peut-être regrettable de ne pas trouver à bord de la G37X le système de retenue à la descente qu’offre la BMW Série 3 xDrive, agissant sur les quatre roues et permettant de descendre en toute quiétude un chemin pentu et enneigé.


La direction quant à elle est précise, incisive mais gomme un peu trop le retour d’informations pour que la G37X mérite réellement le statut de berline sportive. Avec la rigidité de son châssis sur lequel un amortissement au calibrage ferme mais pas inconfortable a été installé, l’Infiniti distille malgré tout un bon plaisir de conduite, une tenue de route exemplaire et un comportement de caractère tout en restant en permanence prévisible et sûre, pour autant que les béquilles électroniques soient enclenchées. A ce sujet, j’ai noté malgré tout une présence très insistante de l’ESP, ne laissant passer aucune incartade du train arrière, voire agissant même alors que les conditions ne l’exigent pas nécessairement ou du moins que les sensations perçues derrière le volant ne laissent présager d’un quelconque danger. A noter également que le moteur est monté derrière l’axe des roues avant pour concentrer le plus de poids possible près du centre du véhicule au profit de l’équilibre général de l’auto qui bénéficie d’une agilité surprenante pour son gabarit ainsi qu’une prise de roulis parfaitement contenue.
Disposant de disques de 320 mm à l’avant et 308 mm à l’arrière, le freinage est efficace et offre une endurance à toute épreuve.

Ma grande déception par contre concerne la consommation. Durant notre essai, certes mené à bon train, nous ne sommes pas descendus en-dessous des 14 litres au 100 km à la pompe, soit près de 30% en-dessus des données moyennes du constructeur ! En outre, cette valeur correspond, chez ses concurrentes, à la consommation annoncée en conditions… urbaines ! Le réservoir de 80 litres vous assurera malgré tout une autonomie de plus de 500 km. Par contre, là ou l’Infiniti sort indéniablement son épingle du jeu c’est du côté des tarifs : le modèle de base de la G37 est affiché à CHF 60’700.-, la G37X à 66’900.- (CHF 71’730.- pour notre véhicule d’essai richement doté en équipements) et la liste des options, que vous retrouvez ci-dessous dans son intégralité, ne cache aucune mesquinerie, apanage détestable des constructeurs allemands. Alors que l’Audi S4 et la BMW 335i s’offrent, hors options, respectivement à partir d’environ CHF 82’000.- et CHF 72’000.-, l’Infiniti se place un chouilla au-dessus de l’Opel Insignia OPC (CHF 63’400.-).

Prix des principales options (CHF)

AT AT GT AT GT
Premium
Prix de base 67’390.- 69’990.- 76’340.-
Phares Xenon directionels, Sièges électrique, Lecteur CD, Bluetooth, Jantes 18 X X X
Sièges cuir chauffants (à l’avant), Support lombaire à réglage électrique, Mémoire de position du siège, volant et rétroviseurs X X
Navigation, lecteur MP3 10 GB, Bose sound system, Caméra de recul avec radar d’aide de stationnement, Régulateur de vitesse adaptatif X
Régulateur de vitesse adaptatif 1’400.-
Toit ouvrant 1’600.- 1’600.-
Roue de secours (Remplace le kit anti-crevaison) 235.- 235.- 160.-
Sac à skis 320.- 320.- 320.-
Pack multimedia (GPS, caméra de recul, système audio BOSE 10 HP) 4’950.-
Finition Bois d’Erable moiré à la main 500.- 500.-
Peinture métalisée 1’200.- 1’200.- 1’200.-

Ma grande déception par contre concerne la consommation. Durant notre essai, certes mené à bon train, nous ne sommes pas descendus en-dessous des 14 litres au 100 km à la pompe, soit près de 30% en-dessus des données moyennes du constructeur ! En outre, cette valeur correspond, chez ses concurrentes, à la consommation annoncée en conditions… urbaines ! Le réservoir de 80 litres vous assurera malgré tout une autonomie de plus de 500 km.
Par contre, là ou l’Infiniti sort indéniablement son épingle du jeu c’est du côté des tarifs : le modèle de base de la G37 est affiché à CHF 60’700.-, la G37X à 66’900.- (CHF 71’730.- pour notre véhicule d’essai richement doté en équipements) et la liste des options, que vous retrouvez ci-dessous dans son intégralité, ne cache aucune mesquinerie, apanage détestable des constructeurs allemands. Alors que l’Audi S4 et la BMW 335i s’offrent, hors options, respectivement à partir d’environ CHF 82’000.- et CHF 72’000.-, l’Infiniti se place un chouilla au-dessus de l’Opel Insignia OPC (CHF 63’400.-).

Il est indéniable qu’Infiniti a réussi sa mission, du moins sur le papier. Reste maintenant à affirmer encore plus sa présence, étoffer son réseau, se faire connaître du grand public. La tâche est complexe ; on ne change pas du jour au lendemain les habitudes d’une clientèle bien établie et fidèle auprès des marques allemandes, même en proposant un excellent produit.
Plus qu’une alternative, l’Infiniti G37 s’affiche comme une réelle concurrente aux best-sellers du segment et offre des prestations routières de premier ordre. En outre, dans le prix d’achat sont compris bon nombre de prestations annexes (garantie et services gratuits durant 3 ans ou 100’000 km, service de voiturier lors des entretiens, etc.). Enfin, il apparaît que l’Infiniti G37 jouit d’un niveau de fiabilité générale au-dessus de la moyenne selon les classements effectués Outre-Atlantique. Reste encore et toujours la question du badge qui peut en retenir certains… mais je ne peux que vous encourager à aller découvrir cette G37. Elle vaut la peine que l’on s’y attarde !

Face à la concurrence

Infiniti G37X Audi S4 (berline)
S Tronic Quattro
BMW 335i xDrive Auto Opel Insignia OPC
Moteur 6 cyl. en V, 3696 cm3 6 cyl. en V, 2995 cm3, compresseur 6 cyl. en ligne, 2979 cm3, biturbo 6 cyl. en V, 2792 cm3, turbo
Puissance (ch / régime) 320 / 7000 333 / 5500 306 / 5800 325 / 5250
Couple (Nm / régime) 360 / 5200 440 / 2900 400 / 1300 435 / 5250
Transmission Intégrale Intégrale Intégrale Intégrale
Boite à vitesse 7, automatique 7, double embrayage 6, automatique 6, manuelle
RPP (kg/ch) 5.62 (5.63) (5.28) (5.67) (5.57)
Poids à vide (constr.) 1798 (1801) (1760) (1735) (1810)
0-100 km/h (sec.) 6.0 5.1 5.6 6.0
Vitesse max. (km/h) 240 250 250 250
Conso. Mixte (constr.) 14.1 (10.9) (10.0) (9.7) 11.8 (11.4)
Longueur 4775 4717 4531 4830
Largeur 1770 1826 1817 1856
Hauteur 1470 1406 1421 1498
Empattement 2850 2811 2760 2737
Pneumatique AV 225/50 R18 245/40 R18 225/45 R17 245/40 R19
Pneumatique AR 225/50 R18 245/40 R18 225/45 R17 245/40 R19
Prix de base (CHF) 67’390 82’600 71’800 63’400
Prix de base (EUR) 46’050 61’100 49’650 43’450

Nos sincères remerciements à Infiniti Suisse pour le prêt du véhicule.

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