Essai Subaru Impreza WRX STI: une japonaise au coeur explosif ?

Nous essayons la dernière arme de Subaru Tecnica International. 

Début 2008, Asphalte.ch vous faisait découvrir la nouvelle Subaru Impreza WRX, une berline sportive mais relativement sage pour les conductrices et conducteurs en manque de sensations. Il est temps maintenant de découvrir la version endiablée de cette japonaise nettement plus discrète depuis son nouveau design, la fameuse Impreza STI (Subaru Tecnica International) qui porte ce patronyme depuis plusieurs années avec toujours autant de succès. Mais depuis l’arrivée de la dernière-née de la lignée, il faut reconnaitre que l’Impreza passe un peu inaperçue et déchaîne moins les foules.

Néanmoins, quand au Salon de Genève nous découvrons cette version STI aux côtés de ce qui sera la version WRC (World Rally Championship), parée de la traditionnelle robe bleue bien connue des amateurs de la marque, on constate que finalement la discrétion ne sera pas son atout premier. Nous avons aussi une pensée immédiate pour le grand pilote Colin McRae, tragiquement disparu il y a un peu plus d’un an, et qui en 1995, au volant d’une Subaru Impreza, remportait le titre mondial des constructeurs et des pilotes dans le championnat du monde des rallyes. Depuis là, les victoires se succédèrent avec plus ou moins de réussite, et même si depuis 10 ans Subaru n’a pas été à nouveau champion du monde des rallyes, les Impreza sont toujours bien présentes dans la discipline.

 

Attardons-nous sur les lignes de cette nouvelle Subaru Impreza. Je reconnais que je suis resté assez dubitatif lors sa présentation ; mais à la publication des premières images de la version STI, je me suis dit qu’il y avait du potentiel et mon intuition s’est confirmée en apercevant le modèle en réel. En arrivant chez Subaru Suisse pour récupérer ma voiture d’essai, je la découvre dans une livrée blanche du plus bel effet. Le charme agit et je suis conquis par son look bodybuildé. Le capot avec son immense prise d’air et les ailes élargies aux amphétamines me rappellent les fameuses Lancia Delta Integrale Evolution. Les ouïes latérales de refroidissement, le béquet sur le haut du coffre et son échappement quatre sorties accentuent encore plus sa sportivité.

 

Une chose est sûre, ce look n’a rien à voir avec celui de sa petite soeur, la WRX. Nous sommes vraiment en présence d’une bête de course qui ne demande qu’à bondir sur l’asphalte. Elle est massive et agressive, ses lignes dégagent une bestialité digne d’un animal féroce. Un bémol toutefois pour les feux arrière translucides qui donnent un effet tuning que j’apprécie moyennement. Il est fort probable que les puristes la trouveront moins belle simplement parce qu’elle est totalement différente de ses devancières.

A bord, peu de différences par rapport à la WRX : c’est toujours aussi simple et brut, digne des standards japonais. La qualité est au rendez-vous et les plastiques font bonne façon. Néanmoins, aux premiers coups d’oeil, on a l’impression d’être dans une toute autre voiture et cela vient des sièges.

La STI est équipée de sublimes baquets, en cuir et alcantara, avec le logo du modèle brodé en rouge. Extrêmement confortables, vous pourrez sans peine parcourir de longs trajets sans fatigue, malgré une assise un peu trop haute. Vous retrouverez le logo STI sur le volant et au bas de la console centrale, c’est d’ailleurs ce qui vous rappellera d’emblée que vous n’êtes pas dans une simple WRX. Du moins, à l’arrêt. Ambiance voiture de course sur la gauche du volant où l’on trouve un bouton Start qui fera rugir le fameux 4 cylindres à plat cher à la marque. Juste à côté, se trouve aussi la commande du système de contrôle de la dynamique du véhicule avec un mode OFF qui ne laissera actif que l’ABS et qui vous permettra d’exploiter pleinement cette Impreza sur un terrain glissant.

Finalement, entre les sièges, une kyrielle d’interrupteurs vous permettront encore de paramétrer votre Subaru en fonction de votre style de conduite. Tout d’abord le SI-DRIVE (Subaru Intelligent Drive) permettant d’adapter les réglages du moteur et qui se compose de trois modes à choix : Intelligent [I], Sport [S] et Sport Sharp [S#]. Et ensuite le Multi-mode DCCD (Driver’s Control Centre Differential) qui gère les réglages du différentiel central. Nous nous attarderons sur ces différents modes un peu plus tard. A l’instar de la WRX, l’Impreza STI est dotée  d’un système audio et navigation qui offre une multitude de fonctions allant des plus habituelles comme le lecteur de CD aux plus sportives comme l’affichage instantané du pourcentage de la puissance utilisée. L’écran situé en haut de la console centrale vous permettra aussi de visualiser des DVDs lorsque la voiture est à l’arrêt ou de parcourir la playlist de votre iPod que vous aurez connecté au préalable sur le raccordement situé dans la console médiane.

Ne pensez pas que tout est une question de look quand on parle de STI. Les fans de la marque le savent bien, ces versions de l’Impreza ont toujours brillé par leur efficacité, due en grande partie à leur motorisation. Le moteur, justement, est dérivé de la WRX. Il s’agit toujours du 4 cylindres turbocompressé de 2,5 litres, mais sa puissance est passée de 230 à 300 ch alors que le couple maximum fait un bond de 320 à 407 Nm. Ces chiffres laissent rêveur et nous promettent de sacrées sensations.

Volant en mains, rien de vraiment brutal et les habitué(e)s des STI resteront probablement sur leur faim. Certes nous ne sommes pas non plus aux commandes d’un utilitaire dénué de tout plaisir, mais pour une STI, elle manque quand même un peu de sensationnel. Par contre, si les impressions ne sont pas vraiment présentes, la force parle et la voiture se déplace très très vite.

Revenons sur les possibilités de réglages du moteur. Tout le monde l’aura compris, le premier mode, Intelligent [I], est bien entendu celui qui sera le plus économique car le couple est déployé de manière douce et régulière. Ce mode sera principalement utilisé lors de vos déplacements quotidiens ou lorsque vous embarquez votre belle-mère pour une balade dominicale sur les hauts du Jura. Les obligations du dimanche remplies, vous commutez le SI-DRIVE sur le mode Sport [S]. Pour le constructeur japonais, ce réglage est idéal en toutes circonstances. Les montées en régime sont franches et la puissance est présente à tout moment. C’est largement suffisant mais manque encore un peu de piquant.

 

Vous déposez toute la famille à la maison et vous prétextez un oubli au bureau pour aller refaire un tour avec votre nouvelle STI. Le moteur est encore chaud, mais par soucis de respect pour votre nouveau jouet, vous quittez tranquillement la ville pour rejoindre la campagne. Vous déplacez délicatement le SI-DRIVE sur le mode ultime, Sport Sharp [S#]. Les routes désertes s’offrent devant le capot bombé et vous appuyez franchement sur la pédale d’accélérateur. La réactivité est instantanée, l’exploitation du turbocompresseur est maximale et la zone rouge est atteinte très rapidement. Vous voilà propulsé dans un monde qui n’existe que sur circuit tant les vitesses atteintes vous feront oublier définitivement votre cher et tendre permis. Malgré un manque cruel de sensations extraordinaires dans la plupart des cas, il faut reconnaitre que cette Subaru est bel et bien une digne héritière du patronyme STI.

Les reprises sur le sixième rapport sont un peu faibles, il sera judicieux de l’utiliser uniquement pour avaler des longs trajets autoroutiers afin de faire baisser la consommation. A ce propos, sur les 200 km d’autoroute qui m’ont ramenés de chez Subaru Suisse, l’ordinateur de bord m’indiquait une consommation moyenne de 9,2 l/100km. Cela reste très honorable pour un dragon de 300 ch. Bien entendu, sur la totalité de notre essai mélangeant différents styles de conduite, notre consommation a été supérieure et nous avons calculé une moyenne de 11.6 L/100km. Attention en étant généreux avec la pédale des gaz, il est facile de titiller les 20 l/100km. Mais cela est bien normal, ca donne soif de fournir autant de watts !

A priori, il est souvent difficile de conjuguer confort et sportivité. Dans le cas de cette STI, les ingénieurs nippons ont su tirer profit du léger manque de bestialité pour rendre la voiture homogène et très agréable comme pourrait l’être une simple berline de 150cv. Une fois le bouton Start appuyé, le flat-4 nous fait partager son ronronnement typique tout en restant très discret depuis l’intérieur. Pour ma part, je trouve que l’ambiance à bord est un peu trop aseptisée. Le premier rapport enclenché, le SI-DRIVE en mode Sport Sharp [S#], nous empruntons les petites routes de la campagne genevoise. Le débattement du levier de vitesses est court et précis.

Tout comme la boîte, la direction est efficace même si l’on aurait aimé plus de fermeté dans son tarage. Comme à chaque fois quand on parle de Subaru, le point fort est l’excellente tenue de route du fait des quatre roues motrices permanentes. La nouvelle STI n’y fait pas défaut et la motricité est parfaite. Les passages en courbes sont rapides et une telle efficacité donnerait presque l’impression que la route est une longue ligne droite sans fin. Pour rappel, le Symetrical AWD – c’est ainsi que Subaru nomme sa traction intégrale – est unique en son genre. La transmission, le cardan et le différentiel central sont placés dans la continuité à l’arrière du moteur. De ce fait, l’équilibre et la stabilité sont exemplaires. L’effet est accentué sur ce modèle car le centre de gravité a encore été abaissé. Notons quand même que le poids de la bête (1516 kg sur nos impitoyables Corner Scales) se fait légèrement sentir et provoque un roulis qui apparaîtra quand vous repousserez un peu les limites de la voiture. Rien de dramatique quand même et au bout de quelques virages, vous vous sentez l’âme d’un pilote de rallye.

C’est le moment de découvrir le fonctionnement du DCCD qui permet de modifier les réglages du différentiel central. Vous disposez d’un mode manuel qui propose six paliers différents pour la force de blocage de ce différentiel ou d’un mode automatique avec trois choix selon vos préférences. Le « Auto » qui est celui par défaut et celui s’adapte à toutes les circonstances. Le « Auto [+] » qui augmente la force de blocage pour davantage de stabilité et vous apportera une meilleure motricité sur terrain glissant. Le « Auto [-] » qui diminue la force de blocage afin d’augmenter l’agilité sur les routes sinueuses. Mon modeste niveau de pilotage et une utilisation sur route ouverte ne m’ont pas permis de constater un réel avantage à ce dispositif. Néanmoins en relâchant le différentiel, notre Subaru nous autorise quelques glissades de l’arrière train fort amusantes.

Tant d’efficacité font que nous nous déplaçons relativement vite sur les parcours les plus sinueux, il serait donc judicieux que le freinage soit à la hauteur. Le constructeur japonais a développé un nouveau système en collaboration avec Brembo mais malheureusement, et ca n’a jamais été le point fort des Impreza, les freins ne sont pas assez puissants pour une telle voiture.

Dans l’ensemble, la voiture est un peu moins vivante que les précédentes STI mais le résultat est à la hauteur de nos espérances. Efficace, cette nouvelle Impreza STI reste une référence dans le monde des voitures de sport. Elle est certes nettement plus chère que la WRX : pour 58’000 CHF, vous avez une voiture correctement équipée de série (seule la peinture métallisée est en option), qui vous propose la sécurité et l’efficacité avec ses quatres roues motrices, ainsi que la possibilité de se mouvoir dans le va-et-vient quotidien à un rythme soutenu du fait de sa puissance. Pour ma part je reste persuadé que sa seule vraie concurrente sera la nouvelle Mitsubishi Lancer Evolution X. Ses pseudos rivales germaniques sont un peu pataudes à mes yeux malgré des performances plus qu’acceptables.

Face à la concurrence

Subaru Impreza WRX STI Mitsubishi Lancer Evolution X Audi S3 VW Golf R32
Moteur 4 cyl, 2457cm3, Turbo 4 cyl, 1998cm3, Turbo 4 cyl, 1984cm3, Turbo 6 cyl, 3189cm3
Transmission Intégrale permanente Intégrale permanente Quattro 4 Motion
Boite de vitesse 6, mécanique 5, mécanique* 6, mécanique 6, mécanique
RPP (kg/ch) 5.05 5.29 5.49 6.5
Poids à vide (constr.)  1516 kg (1515 kg) (1560 kg) (1455 kg) (1625 kg)
Puissance (ch/régime) 300 / 6000 295 / 5500 265 / 6000 250 / 6300
Couple (Nm/régime) 407 / 4000 366 / 3500 350 / 2500 320 / 3000
0-100 km/h 5.2 sec 5.4 sec 5.7 sec 6.8 sec
Vitesse max. 250 km/h 240 km/h 250 km/h 250 km/h
Conso. mixte (constr.) 11.6 (10.3) (10.2) (9.1) (10.7)
Pneumatiques 245/45 R18 245/40 R18 225/50 R18 225/40 R18
Prix de base (CHF) 58’000 59’990 54’900 50’250
Prix de base (EUR) 45’000 44’950 41’400 34’900

* boîte 6 vitesses SST en option

Remerciements à Subaru Suisse pour le prêt de cette Subaru Impreza WRX STI et à M. David Stutz de Emil Frey Genève pour son support.

Liens

Le sujet du forum – les articles Subaru – la liste des essais – à lire également:

        

 

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