Essai longue durée: Audi S4 V8


Premier compte rendu de notre essai (très) longue durée de l’Audi S4 Avant B6. 

Nous sommes en janvier 2003, les premiers compte-rendu d’essai de l’Audi S4 (type B6) commencent à apparaître dans les magazines. Dans l’un d’entre eux, une phrase retient toute mon attention elle dit en substance ceci : « avec cette S4 Audi commence à faire des BMW ». Ma quête d’une « bonne » voiture pour tous les jours, n’ayant pas encore été complètement satisfaite, j’ai bon espoir avec cette nouvelle S4 de trouver mon bonheur. Quelques années auparavant, une ancienne Audi 100 Avant (type C3) m’avait convaincu de la valeur de la transmission Quattro. Ma dernière voiture dévolue à cette fonction est une Audi S3 première génération (type 8L), que je trouve un peu petite, surtout pour les activités de sport d’hiver. J’ai également possédé une S4 biturbo (type B5), dont le manque de pêche à haut régime et la lenteur de la boite l’élimine pour manque d’agrément.

Pour cette nouvelle S4, Audi communique abondamment sur les difficultés d’intégration du « gros » moteur V8 dans la « petite » carrosserie avec notamment le remplacement des courroies de distribution par des chaines pour gagner les derniers millimètres nécessaires en longueur. N’ayant jamais eu l’occasion d’essayer un modèle équipé de ce 4.2 litres, je m’en remets à mes souvenirs d’articles élogieux à son égard. Les délais de livraison annoncés m’imposent de passer commande avant le salon de l’auto de Genève en mars pour avoir la garantie d’une livraison en automne. Comme les premières voitures de démonstration ne seront pas disponibles avant juin, ma décision doit être basée sur les spécifications et autres publications. Je dois avouer que je n’ai pas beaucoup de doutes sur la justesse de mon choix, vu la qualité des prestations proposées.

La commande d’une voiture neuve veut également dire de longues heures à configurer les différents et toujours plus nombreux paramètres. Cela commence par le choix des teintes. Les couleurs standards ne m’attirant guère, je me retrouve en concession à consulter le set de couleurs spéciales où ce bleu Sprint me plait immédiatement, pour la plus grande surprise de « mon » vendeur. L’avenir me donnera raison, cette couleur correspond si bien à cette voiture qu’elle sera reprise pour le lancement de la RS4 ! Je coche également différentes options typées confort comme l’intérieur cuir, le GPS et le système audio Bose.

La voiture est livrée fin Août. Première constatation, cette couleur me plait et n’inspire que des compliments. A cette période, ma deuxième voiture se trouve être une BMW M3 E46, présentée comme la concurrente directe de cette S4. Il est immédiatement évident pour moi que ces deux voitures évoluent dans des registres différents. La M3 est plus sportive, avec un moteur meilleur dans les hauts régimes, mais aussi moins polyvalente quand les conditions atmosphériques se dégradent. Le 4.2L de 344 chevaux de l’Audi – surtout ses 41.8 mKg de couple à 3500 tr/mn – se montre à son avantage malgré le poids tout de même conséquent de 1791 kg, mesuré par nos soins, et les frottements de la transmission aux quatre roues. Bref, elles se complètent plutôt qu’elles ne s’affrontent.

  

Après un épisode malheureux, une collision par l’arrière sur l’autoroute avec un dégât total comme conséquence, je repasse commande pour la même voiture que je recevrai en avril 2004. J’y ai gagné le nouveau module GPS, bien plus performant, avec un écran au format 16/9, une interface graphique plus soignée et des commandes largement simplifiées par rapport au modèle précédent. Je dispose également de deux lecteurs de carte de mémoire SD pour la musique en format MP3. Bien équipée d’origine, cette voiture propose tous les gadgets utiles et agréables. J’apprécie tout particulièrement l’intérieur typique Audi avec ses bandes décoratives en carbone et un cuir de première qualité. Le volume du coffre est appréciable (442 l), un bon compromis entre le style et les aspects pratiques.

Les performances revendiquées sont bonnes : le 0-100 Km/h est avalé en 5.7s. Cette voiture plait par son agrément moteur, à mes yeux rien ne vaut un gros moteur atmosphérique. Ce V8 exprime toute sa hargne dès les plus bas régimes, ne rechignant pas à reprendre à 2000 tr/mn en 6ème et grimpe allégrement jusqu’à la zone rouge juste au-dessus de 7000 tr/mn. Il est certes possible de trouver mieux en couple aujourd’hui avec un turbo-diesel, mais avec les inconvénients de ces derniers, le délai de mise en vitesse du turbocompresseur, le manque d’allonge et de raffinement.

 

Le comportement a aussi retenu toute l’attention de l’équipe de design. Si elle n’intègre pas les dernières améliorations de la marque, notamment une répartition du couple à prépondérance sur l’arrière, elle reste neutre à la limite. Le sous-virage est bien gommé malgré un poids sur l’avant conséquent. Le roulis, bien que contenu, souffre de la comparaison avec les modèles actuels, surtout ceux incluant des systèmes de suspension actifs. C’est clairement sur ce point que la différence de génération est la plus flagrante. Le niveau d’adhérence reste remarquable et il est rare que l’ESP n’intervienne.

Le compromis confort-comportement me convient parfaitement. Une escapade en Allemagne démontre ses qualités à merveille. Cette S4 avale mes bagages aussi bien que les kilomètres sur autoroute à 200 Km/h. Le freinage à ces vitesses génère une légère vibration du train avant, mais la force de ralentissement n’en est pas affectée. Le V8 s’exprime pleinement lors des accélérations, sans nécessiter de descendre un rapport. Le poids sur l’avant accentue la sensation de sécurité, je m’en rends vraiment compte lorsqu’à mon retour je reprends ma 911 et accélère sur l’autoroute. Pour ne rien gâcher, c’est sur le trajet de retour que la consommation minimale sur un plein est atteinte.

Lors d’une journée de cours de conduite sur neige j’ai pu constater l’utilité des systèmes de gestion de comportement, ainsi que l’incontestable supériorité de la traction 4 roues dans ces conditions. Avec ESP enclenché, la voiture accélère bien, et permet de garder les trajectoires sans devoir se battre à son volant. Au freinage le poids induit une inertie conséquente que l’ABS peine à combattre. Sans ESP, la différence est énorme, la gestion du couple à l’accélérateur uniquement s’avère bien plus difficile avec comme conséquence de grandes corrections au volant. L’exercice du drift est encore plus compliqué. Pour faire décrocher l’arrière, il faut un transfert de masse vers l’avant en freinant abondamment, immédiatement suivi d’un gros coup de gaz. Ensuite, pour tenter de maintenir l’angle, il faut jouer de l’accélérateur et du volant, une synchronisation qui demande beaucoup de pratique.

  

Les commandes douces, typiques de la marque, ne présentent pas de critique. Le toucher du cuir du volant, la qualité des matériaux et d’assemblage restent de tout premier ordre, rendant difficile un passage à la concurrence ! La boite à vitesse est nouvelle et montre d’importants progrès par rapport à son prédécesseur sur la S4 biturbo, frustrant de lenteur. Avec une commande rapide et douce, je suis comblé par la nouvelle mouture. Malgré tout, l’orientation globale de la voiture est clairement axée sur le confort plutôt que la sportivité. Le talon-pointe par exemple est difficile à pratiquer, la disposition des pédales ainsi qu’une pédale de frein trop molle rendent l’exercice un peu délicat.

 

Après quatre ans au volant de cette Audi, j’en suis toujours enchanté. J’apprécie ses qualités de confort tout en ayant des performances de premier plan pour un break pratique.  Lors de la sortie de la RS4 (B7), je me suis posé la question de l’upgrade. Une journée d’essai de cette dernière ne m’a pas convaincu de faire le pas. Dans les plus, je place les performances, le comportement largement meilleur, des sensations de voiture de sport avec son V8 à la zone rouge haut perchée. Par contre, j’y perdrais un peu de confort. Mais l’argument qui me fait renoncer concerne son  prix, un upgrade à ce moment là m’aurait  coûté plus de Fr 60’000.- pour passer d’une voiture qui a environ 30’000 km et remplit parfaitement son rôle. Ce qui m’avait frappé c’est qu’en utilisation normale, pour les trajets quotidiens, ces deux modèles sont très proches. Si je n’avais eu qu’une seule voiture à ce moment là, j’aurais néanmoins probablement fait le pas.

J’ai pu le constater, Audi n’a pas « fait une BMW » avec cette S4, en tout cas pas une sportive aussi aboutie que la M3 E46 à laquelle elle fut parfois comparée, mais elle en a fait une voiture plus polyvalente et confortable. Le soin des détails de l’intérieur, la qualité des matériaux et de la fabrication sont nettement supérieurs à une BMW. Il y a quatre ans j’ai eu la chance de rouler avec les deux voitures, aujourd’hui, j’attends de BMW de notables améliorations pour que je considère un retour à cette marque. C’est un bon compliment sur le niveau atteint par Audi et explique aussi son succès commercial.

 

Essence. Le 4.2l de cette Audi ne fait pas vraiment dans la frugalité et affiche une consommation plus très catholique pour notre époque. Sur des trajets mixtes, environ 1/3 de petits trajets, 1/3 d’autoroute et 1/3 de routes de montagne, je mesure 13.99 l/100 km(sans plomb 98). Avec un minimum de 12.43 l/100 km et un maximum de 16.83 l/100 km sur des pleins complets. Avec son réservoir de 66 litres l’autonomie moyenne théorique est de 470 km, en pratique je fais le plein après 400-420 km. On ne peut pas classer cette S4 parmi les voitures les plus sobres. A noter aussi un ordinateur de bord pour le moins optimiste avec un affichage bloqué à 12.6 l/100 km.

Pneus. Malgré une prépondérance du poids de 58.8% sur l’avant, l’usure des pneus s’avère régulière et raisonnable. Après 60’000km, j’en suis à mon deuxième train de pneus d’été et d’hiver, ce qui donne environ un train de pneu pour 20’000 Km. La monte d’origine est de 235/40/18 en ContiSportContact 3 pour l’été, et du 225/45/17 Michelin Alpin en version hivernale.

Entretien. Les deux services prescrits ont été effectués à 28’000 km et 53’000 km. En concession, ils m’ont coûté un peu plus de Fr 800.- chacun. J’ai également prolongé de deux fois une année la garantie constructeur (Fr 1200.- par an). Enfin, 2 pannes ont agrémenté ces 4 années. La première concerne l’essuie glace, dont l’axe du moteur s’est grippé, une réparation à Fr 350.- La deuxième plus bénigne, une ampoule de feux de position, a été effectuée gratuitement. La consommation d’huile est négligeable, j’ai rajouté à ce jour quatre litres, en dehors des services, le premier après environ 8’000 km, les suivants à des intervalles plus élevés. Enfin le « défaut » le plus frustrant ces derniers mois est l’essuie-glace dont les balais sautent sur le pare-brise par faible pluie. Cela nécessite de constamment ajuster la fréquence de balayage. Le balai spécifique offre certes une durée de vie bien plus longue qu’un modèle standard, mais le bruit dans ces conditions s’avère désagréable. Un kit de nettoyage avec application d’une couche de protection « anti-pluie » semble pour le moment avoir complètement résolu le problème.

Au final, le coût par kilomètre en quatre ans et 60’000 km parcourus revient à Fr 1.61. Comme toujours pour une voiture achetée neuve, la dévaluation reste le poste principal avec Fr 0.93 reflétant une perte de valeur de 60%. Le kilomètre additionnel revient à 68 centimes, l’essence au prix actuel constituant le 38% de ce montant. On ne peut pas parler d’une voiture économique à rouler de nos jours, mais son agrément, et son confort me conviennent parfaitement. La qualité globale est l’un de ces atouts principaux, avec une dégradation à peine perceptible en quatre ans. Pour le moment je ne vois pas dans le marché actuel de successeur à même de me la faire remplacer.

A lire: compte rendu final à 110’000km.

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES

MOTEUR
Type : 8 cylindres en V, 40 soupapes 2×2 arbre à cames en tête
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection électronique
Cylindrée : 4’163 cm3
Alésage x course : 84.5 x 92.8 mm
Taux de compression : 11.0
Puissance : 344 ch à 7’000 tr/mn
Puissance au litre : 83 ch
Couple maxi : 41.8 mkg à 3 500 tr/mn
Emissions CO2 : 322 gr/km

TRANSMISSION
Intégrale
Boîte de vitesses : mécanique 6 rapports

POIDS
Constructeur : 1’759 kg
Mesuré : 1’791 kg
Rapport poids/puissance : 5.2 kg/ch

DIMENSIONS
Longueur : 4.58 m
Largeur : 1.78 m
Hauteur : 1.44 m
Empattement : 2.65 m
Capacité du coffre : 442 – 1184 l
Capacité du réservoir : 66 l
Pneus : 235 40 ZR 18

PERFORMANCES
Vitesse maxi : 250 km/h
400 m DA : 14,1 s
1 000 m DA : 25,3 s
0 à 100 km/h : 5,7 s

Galerie de photos

Liens

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