Essai Range Rover Supercharged: le bombardier britannique

Le Range Rover Sport à l’essai, en motorisation V8 Supercharged. 

Aucun doute possible, sur un parking, vous retrouverez tout de suite votre voiture s’il s’agit d’un Range Rover Sport, surtout habillé du “Vesuvius Orange” comme notre modèle d’essai. Cette teinte très originale était disponible uniquement en 2005, année du lancement du modèle, et réservée au modèle Supercharged qui coiffe la gamme de motorisations. Ce Range Sport est très imposant avec sa forme carrée qui ne renie en rien son appartenance à la famille Range Rover. Présent depuis près de 40 ans sur le marché des gros 4×4, la marque anglaise – propriété de Ford depuis 2000 – s’est attaquée en 2005 à la gamme “ taille moyenne” avec le Range Rover Sport, suivant le sillage des SUV (Sports Utility Vehicules) routiers – urbains nuanceront certains – tout en conservant la crédibilité de la marque hors des sentiers battus. La cible est claire : BMW X5, Mercedes ML et Porsche Cayenne.

Le look est résolument sportif, les jantes de 20” et les ouies d’aération latérales y contribuent et soulignent l’agressivité du monstre. L’imposante face avant, avec ses optiques au regard acéré et sa calandre ajourée laissent transparaître l’appétit de l’engin pour le bitume. D’une longueur totale de presque 4m80 et une largeur d’un peu moins de 2 mètres rétroviseurs rabattus, le titan d’Outre-manche en impose et le passage sur la balance le confirme, 2700kg avec une personne à bord. Chez Land Rover, la taille moyenne est un euphémisme, le grand frère Range Rover qui régate dans la catégorie “Gros 4×4” approche les 5 mètres de long et dépasse les 2 mètres de large. Le hayon arrière peut s’ouvrir de deux manières, soit la porte au complet, soit uniquement la vitre. Nous parlerons plus en détails de la multitude d’équipements disponibles, mais l’on peut déjà noter la présence des phares bi-xenon équipés du système AFS faisant pivoter les projecteurs de 45 degrés en fonction de l’angle de braquage. Un petit détail intéressant : l’extérieur de la porte recouvre complètement le bas de caisse et de ce fait, aucun risque de se salir la jambe du pantalon lorsqu’on accède à bord, même après une balade sur des chemins boueux.

Flegme britannique oblige, l’ambiance à bord du modèle Supercharged semble moins dynamique que son design extérieur malgré, la présence de sièges sport fermes et enveloppants, habillés d’un cuir noir de qualité standard. Dans cette gamme de prix, on aurait souhaité un grain plus fin. L’assise est confortable, la position de conduite idéale et l’ergonomie générale de l’instrumentation bien pensée. Belle finition du tableau de bord avec un design brut sans rondeurs qui est assez spécifique aux différents modèles de la gamme Land Rover. L’ensemble autoradio Harman/Kardon comprenant 13 haut-parleurs et un subwoofer procure un son d’une grande qualité. Le poste de conduite ressemble à un cockpit d’avion avec la kyrielle de boutons nécessaires au bon fonctionnement des options disponibles : GPS avec vision 2D et 3D, connexion Bluetooth pour le téléphone mobile, volant multifonctions, boîte à gants centrale réfrigérée, climatisation automatique avec réglage conducteur et passager séparé, assistance au parking, etcetera. Nous détaillerons plus tard certaines de ces options high-tech. A l’arrière, trois passagers peuvent prendre place sur la banquette, dont le dossier est malheureusement trop bas et l’assise un peu courte pour être confortablement assis. Il y a néanmoins suffisamment de place pour des adultes. Les portes arrière sont munies de prises pour y brancher un casque d’écoute avec réglage du volume indépendant. Le coffre propose un volume de chargement allant de 958 à 2013 litres par rabattement de la banquette arrière, soit nettement plus que les concurrents germaniques, le Porsche Cayenne (540 à 1770 litres) et le BMW X5 (620 à 1750 litres). Il est juste un peu regrettable de trouver des plastiques de moindre qualité dans l’habillage du coffre. Chose commune aux SUV mais qui semble encore plus accentuée à bord de ce Range Sport, la position de conduite très élevée par rapport à la route. Même un Renault Espace semble tout petit à côté. Idéal pour avoir une large vision de ce qui se passe devant, mais un peu moins pour les voitures qui vous suivent.

  

Après un descriptif détaillé du plumage, voyons ce qu’il y dans le coeur de ce tout terrain luxueux qui lui permet d’avaler les kilomètres à des vitesses inavouables dans un confort exemplaire. Le moteur d’origine Jaguar, un V8 de 4.2L avec compresseur développe 390 chevaux à 5750 t/min pour un couple de 550 Nm à 3500 t/min.

L’ensemble est très silencieux à tous les régimes, sachant rester discret même lors de fortes sollicitations. Avec un tel couple et la boîte de vitesse en mode automatique, on peut rouler à bon rythme tout en gardant de la douceur. La souplesse du moteur et la direction bien assistée permettent aussi de se déplacer très facilement en ville. La boîte de vitesse est bien étagée et réactive en phase de dépassement ou de relance en sortie de courbe, le passage des rapports est rapide. Cette boîte s’adapte au style de conduite et ça fonctionne. Une fois arrivé au pied du Col du Mollendruz, il suffit de tirer le levier vers la gauche pour passer la boîte en mode manuel CommandShift, permettant de bloquer le rapport et éviter des changements intempestifs. Le couple propulse les 2700 kg du Range Rover Sport telle une balle de golf au départ du dix-huit trous de votre Country Club préféré. Le mode séquentiel est très efficace, notamment pour utiliser le frein moteur et ménager les freins. Certes, ne vous emballez pas trop non plus, vous n’allez pas remplacer votre voiture de sport, ni même retrouver la GTI de votre jeunesse, on joue dans une autre catégorie mais les performances sont très honorables en tenant compte du poids et de la taille du véhicule.

En exploitant régulièrement de la sorte votre Range Sport, il ne faudra pas vous étonner si les pompistes de votre région vous appellent par votre prénom et vous accueillent avec un grand sourire. Tribut à payer à la masse et aux performances, l’ordinateur de bord indiquait au terme de notre essai une consommation moyenne de 19.9 L/100km pour une consommation effective de 21.4 L/100km. A la décharge du Range, nous l’avons tout au long de ce test exploité de manière a cerner au mieux ces capacités. En ayant le pied plus léger, on se rapprochera sans doute de la consommation mixte donnée par le constructeur qui est de 15.9 L/100km. Malgré cela, avec un réservoir de 88 litres, vous ne rejoindrez pas Monaco sans une halte. Le coefficient de pénétration dans l’air (Cw) n’est certainement pas un des meilleur du marché et cela pénalise un peu la vitesse de pointe, mais dans un pays comme la Suisse cela n’a pas grande importance. Seul les conducteurs habitués des autoroutes allemandes pourraient se sentir frustés même si de nos jours la densité du trafic ne permet plus vraiment d’atteindre des vitesses supérieures à 200 km/h.

Avec une telle puissance et une telle masse, il est aussi important que l’amortissement soit de grande qualité et le constat s’avère encore une fois positif. Une fois engagé sur l’autoroute, on se sent très à l’aise, les réglages de suspension permettent d’avaler les kilomètres dans le confort. En conduite “sport”, il y a cependant un léger flottement (pompage) de la suspension, peu gênant toutefois. En augmentant le rythme, nous constatons que ce Range Sport ne prend pas de roulis et qu’il est d’une efficacité redoutable sur les petites routes de campagne. Ce fait est confirmé en voyant la tête des conducteurs que l’on croise lorsqu’ils voient surgir d’une épingle la face avant agressive de notre Range Sport à la couleur étonnante. Probablement que le châssis actif Dynamic Response qui équipe de série le modèle Supercharged contribue grandement à cette excellente tenue de route. Toujours de série sur cette version, les étriers de frein Brembo 4 pistons complètent parfaitement les attributs sportifs de ce modèle suralimenté.

 

Nous ne pouvions pas parler d’un tout terrain sans aborder ses aptitudes “offroad”. C’est là que Land Rover, maîtrisant le domaine depuis de longues années, fait probablement la différence avec tous ces concurrents. De série sur toute la gamme Range Rover Sport, le système “Terrain Response” propose cinq modes de réglages qui adaptent les assistances électroniques en fonction des besoins relatifs au terrain choisi : Normal, Herbe/Gravier/Neige, Boue/Ornieres, Sable, Franchissement Rocheux. Suivant le programme défini, le système Hill Descent Control (HDC) permet en plus de réguler automatiquement la vitesse lors d’une descente hors des chemins battus. En complément de ces systèmes, il est possible d’augmenter la garde au sol de 55mm pour faciliter le déplacement en terrain hostile, mais jusqu’à une vitesse de 40 km/h en mode Normal et 50 km/h en mode Franchissement. Pour faciliter l’accès à bord, vous pourrez également abaisser la garde au sol de 50 mm. Ce mode permet aussi de rouler à une vitesse inférieure à 30 km/h. Tous ces réglages apparaissent bien entendu sur l’écran central qui est aussi utilisé par le GPS.

 

Pour compléter le tableau des aides à la conduite disponibles sur le Range Rover Sport, notre modèle d’essai, logiquement équipé d’un régulateur de vitesse, avait en plus un système appelé Adaptive Cruise Control (ACC). Il s’agit en fait d’un radar actif qui vient en complément du tempomat. Le conducteur sélectionne sa vitesse de croisière ainsi que la distance à garder avec le véhicule qui le précède. Ensuite c’est l’électronique qui fait le reste et, si nécessaire, ralentit votre véhicule jusqu’à une vitesse de 40 km/h. En dessous, c’est quand même à vous d’agir pour vous arrêter. Si le trafic le permet, le véhicule garde une vitesse constante. Nous avons pu tester cela en condition réelle sur l’autoroute et le système est bluffant d’efficacité.

Opposé à ces concurrents directs, le Porsche Cayenne S et le BMW X5, le Range Rover Sport Supercharged est loin d’être ridicule surtout si l’on tient compte du fait que ces deux véhicules viennent d’être actualisés tant au niveau du design qu’au niveau de leur motorisation. Le prix de base du Range Sport Supercharged est supérieur aux opposants germaniques, mais il est important de préciser que cela inclut le Dynamic Pack (Châssis actif Dynamic Response, freins Brembo, phares Bi-Xenon adaptifs). Le Range Rover Sport est la bonne alternative pour celui ou celle qui cherche un SUV puissant, racé et luxueux avec en plus des aptitudes largement supérieures en tout terrain.

  

Le Supercharged est le modèle le plus puissant de la gamme Range Rover Sport, c’est probablement aussi celui qui procure le plus de plaisir. Depuis son lancement la gamme se compose également d’un V8 4.4 essence (300 ch) et d’un V6 2.7 Turbo Diesel (190 ch). Depuis cette année Land Rover propose de joindre la passion à la raison en proposant un V8 3.6 Turbo Diesel qui développe 272 ch. Mais au diable la raison et portez votre choix pour un modèle Supercharged avec le kit Stormer – référence au Range Stormer, prototype du Range Rover Sport, présenté à Detroit en 2004 – comprenant des jantes 22”, un ensemble d’éléments de carrosserie (calandre, jupes frontales et latérales, spoilers), ouïes d’aération latérales et sorties d’échappement chromées. Ce kit est disponible uniquement sur la version suralimentée, avec certains coloris seulement, et pour la somme de 14’900 CHF. Quand on aime, on ne compte pas …

Notre modèle d’essai est une série limitée “First Edition” du modèle Supercharged, disponible uniquement en 2005, l’année de son arrivée sur le marché des SUV de luxe. Le prix de vente de 126’140 CHF comprenait de série un grand nombre d’options (Peinture métallisée, vitres latérales AR teintées, toit ouvrant électrique, régulateur de vitesse avec radar de distance (ACC), autoradio Harman/Kardon, boîte à gants centrale réfrigérée, connexion Bluetooth pour le téléphone mobile (PTI), alarme).

Deuxième opinion

Vous avez de l’admiration pour les conducteurs de cars postaux, emmenant leurs colosses jaunes dans les épingles des cols et vallées alpines ? C’est l’image qui me traverse l’esprit alors que je m’installe à bord du Range Sport, sautant d’un extrême (une Lotus) à un autre. Le volant parait presque horizontal, la hauteur d’assise vertigineuse, et les enfilades du Col de Petra Felix devant les roues. Approche circonspecte des premiers lacets, l’absence de roulis est bluffante, surtout en regard des masses en présence et de la hauteur du centre de gravité. Difficile de prendre des repères, il ne reste que le grip des grosses gommes pour cerner les limites. L’attaque n’est pas la vocation première d’un gros SUV, l’exercice semble d’ailleurs un peu contre nature – comme d’emmener une Porsche 997 crapahuter dans la boue – mais une tenue de route saine est un élément de sécurité active, et le Range Sport réussit l’exercice avec une facilité déconcertante.

Un Stop, à droite un long rectiligne sur une route cantonale déserte, pied au plancher pour un « 0 à trop » accompagné du chant caractéristique du compresseur Roots. Les 550 Nm de couple ne sont pas de trop pour mettre en vitesse la masse colossale du Range. Cette charge pondérale est un des gros défaut du Range, difficilement explicable par rapport à la concurrence germanique, et le Range y perd beaucoup, tant en performances qu’en consommation. L’accélération reste largement suffisante pour des besoins usuels, mais il ne faudra pas compter sur des dépassements chirurgicaux sur route de montagne. Le look est bien plus méchant que les performances, mais un peu plus de caractère moteur n’aurait pas juré avec le reste.

 

Hors bitume, les compétences du Range Sport sont sans doute dans une classe à part. Pour en juger, nous ne sommes pas aventurés sur des chemins alpestres ou la gadoue des sous-bois estivaux, ce genre d’exercice requiert certainement autant d’apprentissage que la conduite sur circuit. Les concessionnaires Jaguar Land-Rover américains disposent de gymkanas de démonstration artificiels qui combinent sur quelques dizaines de mètres gradients, dévers et inégalités. Un exercice sur mesure pour le Range Sport qui se joue de ces difficultés avec une aisance déconcertante, jouant de sa transmission courte et de sa suspension pneumatique avec un brio époustouflant. Un coup de mollette pour choisir le programme idoine, et le Range fait le reste. La vue de l’habitacle est inquiétante tant les angles sont extrêmes, le parcours semble mission impossible, mais le vendeur liquide la chose sans oublier la moindre phrase de son laïus. Selon ses dires, n’importe quel autre SUV finirait sur le toit, Hummer H2 inclus.

Même si j’avoue un faible pour l’esthétique du Range Sport et que je dois y reconnaître une habitabilité nettement plus convaincante que celle d’un Mercedes ML, je trouve le prix élevé en regard d’une finition intérieure plus Rover que Range, d’un encombrement qui frôle le handicap dans beaucoup de situations, et de prestations dynamiques qui, si elles restent remarquables pour les mensurations de l’engin, auraient de la peine à soutenir la comparaison face à un break A6/série 5, voire un cross-over Audi Allroad ou Volvo XC70 si la garde au sol est une nécessité.

Range Rover Sport SC Porsche Cayenne S BMW X5 4.8i
Moteur V8 compresseur, 4197cm3 V8, 4806 cm3 V8, 4799 cm3
Transmission 4 roues motrices 4 roues motrices 4 roues motrices
Boite de vitesse 6, automatique 6, Tiptronic S 6, automatique
Poids à vide 2630 kg 2320 kg 2245 kg
RPP (kg/ch) 6.74 6.02 6.32
Puissance (ch / régime) 390 / 5750 385 / 6200 355 / 6250
Couple (Nm / régime) 550 / 3500 500 / 3500 475 / 3400
0 – 100 km/h 7.6 sec 6.8 sec 6.5 sec
Vitesse max. 225 km/h 250 km/h 240 km/h
Consommation mixte 15.9 l/100 km 13.7 l/100 km 12.5 l/100 km
Pneumatique 275/45 R20 255/55 R18 255/55 R18
Prix (CHF) 115’800 103’900 104’500

Remerciements à M. Pierre-Alain Pittet du garage Autobritt SA à Genève pour le prêt de ce Range Rover Sport Supercharged.

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Liens

Le sujet du forum – les articles Land Rover – la liste des essais – à lire également:

     

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