Essai Peugeot 207 XSi: synthèse réussie ?
La 207 reprends les traits stylistiques chers à la marque : calandre béante et féline, presque italienne toutes proportions gardées, phare étirés sur les ailes. Certains adorent, d’autres détestent en rétorquant que les rétroviseurs sont en cire fondue ou encore en extrapolant qu’à ce rythme-là les feux finiront dans le pare-brise. C’est en tout cas le signe le plus clair que cette 207 a une vraie personnalité, ce qui n’est pas une mince affaire dans ce segment ! Visuellement, on a l’impression d’avoir une voiture de la gamme supérieure. Bien campée sur des jolies jantes de 17 pouces, du même dessin que la Mazda 3 MPS essayée il y a quelques temps, et arborant des passages de roues à la découpe originale, la 207 a de la présence. C’est aussi que par rapport à son aïeule la 206, la 207 a sérieusement grandi, dans toutes les dimensions. Trois centimètres en largeur, quatre en hauteur, et surtout vingt (!) en longueur, dont la moitié profite à l’empattement, l’autre moitié aux porte-à-faux et aux fameuses étoiles Euro NCAP.
A ce propos, on notera tout de même que tout celà n’est pas en vain car la 207 obtient la meilleure note de son segment : 5 étoiles en crash test, 4 en crash test piéton et 3 étoiles en protection des enfants! Ceux qui seraient tentés d’acheter un monospace compact ou un SUV pour la sécurité feraient mieux d’y réfléchir à deux fois.
Le toit panoramique ne se remarque pas forcément au premier coup d’oeil sur notre modèle d’essai, mais sur une couleur plus claire, du blanc comme le veux la tendance actuelle, par exemple, le résultat est carrément sexy !
Intérieur
L’impression de gamme supérieure se poursuit une fois à l’intérieur. Le premier coup d’oeil jeté depuis dehors révèle un habitacle sobre mais élégant, et plus on s’approche, plus c’est agréable. Bon, évidemment, il ne faut pas non plus s’approcher trop près, sinon, on finira inévitablement par tomber sur quelques vis apparentes un peu incongrues, mais mis à part quelques détails, le cockpit est plutôt réussi. Le revêtement de la planche de bord est très agréable au toucher et semble assez résistant. Les appliques en plastique à motif façon “carbone de loin” sont plutôt réussis, même si personnellement, j’aurais préféré soit tout noir façon laque de piano, soit gris aluminium. Les compteurs à fond blanc cerclés de chrome faisant écho aux surpiqûres blanches du cuir complètent parfaitement l’ambiance intérieur sport-chic. Les sièges sont étonnamment enveloppants, tout en offrant un très bon niveau de confort. On est vraiment bien installé, quoiqu’un peu haut, et on se sent tout de suite à l’aise, la plupart des commandes tombant bien sous la main. Seule la poignée de porte est située un peu loin, ce qui provoque une fausse impression de lourdeur de la portière.
Le toit panoramique est vraiment très agréable. On pourrait reprocher de prime abord que la surface vitrée ne soit pas continue entre le pare brise et le toit en verre, mais à l’usage, cela s’avère finalement agréable lorsque le soleil est de face en ménageant un pare soleil transversal. La grande surface vitrée disponible permet à tout le monde de profiter de la luminosité ambiante, passagers arrières compris, ce qui égaie notablement les voyages en apportant beaucoup de luminosité dans un habitacle vraiment spacieux, du moins à l’avant et néanmoins rempli de petits rangements un peu partout, dont on ne sait d’ailleurs pas toujours très bien à quoi ils servent, mais c’est mieux que de ne pas en avoir du tout. Le coffre est large et bien que son volume soit simplement correct pour la catégorie, une poussette rentrera sans soucis et vous laissera suffisamment de place pour aller faire quelques courses.
L’ordinateur de bord est relativement convivial, et petit détail amusant pour le geek que je suis, il permet de configurer tous les petits gadgets électroniques selon ses envies. C’est très appréciable, car ça permet de tester les différentes possibilités tranquillement, et changer quand le coeur nous en dit, sans pour autant passer à chaque fois chez le concessionnaire. Et puis, ça occupe pendant les embouteillages. Je n’ai par contre pas trouvé d’égaliseur pour la stéréo, simplement un sélecteur d’ambiance. Anecdotique, mais dommage. On regrettera encore une fois, mais ça se passe comme ça chez PSA, l’absence de commandes sur le volant, le terme “commandes au volant” cachant en fait un commodo supplémentaire. La façade audio est bien connue, puisqu’on la retrouve chez tous les modèles PSA, et même sur certaines italiennes autrement plus prestigieuses. Très grande série donc, et un peu acnéique sur les bords, mais la prolifération des boutons, à l’extrême opposé d’un iDrive chez BMW, a au moins le mérite de faciliter la saisie d’adresses GPS. Il fallait bien ça vu la lenteur du soft.
Prix à payer de la ligne racée de l’extérieur, la visibilité de 3/4 est réduite à la portion congrue. Même traitement pour l’habitabilité arrière, un peu chiche surtout vu la taille extérieure de la voiture. La 207 réussi même le tour de force de proposer moins de place à l’arrière que la 206. Derrière, c’est pour les enfants uniquement. Quoiqu’il en soit, le mariage toit panoramique et places arrières utilisables constitue une alternative crédible à une 207 CC, qui si elle permet d’être au grand air, ne le permet véritablement qu’à deux personnes. Ici au moins, toute la famille peut prendre le soleil et faire sa cure de luminothérapie.
Moteur
Le système retenu ici, à la mode en ce moment, c’est le downsizing. Mais kesako, me direz vous? Et bien, on remplace des gros moteurs (enfin, tout est relatif) par des moteurs plus petits, mais sur lesquels on greffe un turbo pour obtenir le même niveau de performances. Et là vous me dites “Ah, OK, c’est un bête turbo alors? ” Ben oui, mais avouez que ça sonne ‘achement mieux avec un terme anglais ronflant, non ? Le deuxième effet kiss kool, c’est que cela permet de baisser les émissions polluantes dans le collimateur des verts (c’est à dire le CO2, les autres polluants n’intéressent visiblement personne) ainsi que la consommation.
Petite subtilité ici, BMW s’est chargé de la conception, PSA assurant la réalisation dans son usine de Douvrin, en France, et nous livre ici une débauche technologique. L’injection est directe, même si la communication n’insiste pas dessus, la pression assurée par une pompe à double piston monte à 120 bars, le principe du turbo est digne d’un aspirateur Dyson, “twin-scroll” qu’ils disent, les soupapes sont à calage variable, bref BMW nous a presque sorti la totale.
Bon, c’est bien joli tout ça, mais un moteur ne vaut que pour l’agrément qu’il procure sur la route, et avec la caution BMW, on a bien sûr quelques attentes légitimes. Je vous le dis tout de suite, la sauce a bien pris. Le couple est abondant pour le gabarit de la voiture, 240 Nm disponible entre 1400 et 3500 tr/m et encore 208 Nm à 5000tr/m, ce qui permet de rouler nonchalamment, sans jouer du levier, et c’est tant mieux, car avec un tel moteur, on se demande bien pourquoi Peugeot s’évertue à proposer son antédiluvienne boite à 5 vitesses. Les synchros sont aussi durs qu’une motte de beurre passée au micro-ondes, ce qui n’empêche malheureusement pas la marche arrière d’accrocher sérieusement. Au début, on se dit que les gens se retournent pour la voiture, mais à force, il faut se rendre à l’évidence, c’est le craquement sinistre de cette satanée marche arrière qui les surprend. De plus, aucun système de sécurité ne protège le passage de la marche arrière, donc si vous avez une autre voiture avec une boite digne de ce nom, réfléchissez-y à deux fois avant de tenter de passer la 6ème sur l’autoroute.
Le moteur affiche un tel brio à bas et mi-régime qu’on ne peut que regretter que la maestria s’arrête si tôt. Passé 5000 tr/m, il ne se passe plus grand chose d’excitant, les derniers tours/minutes ne servant que de réserve en cas de dépassement. Si vous voulez un moteur pointu, il faudra sans doute vous diriger vers la 207 GTi qui propose le même moteur, mais poussé à 175 chevaux par le truchement d’un overboost. Au final , cette 207 THP s’apprécie comme un bon vieux diesel. J’en vois déjà qui s’étranglent. Je persiste et signe, pour tirer la quintessence de cette voiture, il faut la mener en douceur, sur le couple, en misant sur les reprises plus que sur les accélérations. Souplesse du diesel, plage d’utilisation de l’essence, le moteur apparaît vraiment comme un compromis attractif auquel il ne manque finalement guère autre chose qu’une note musicale plus agréable.
Comportement
Autant le dire franchement, la conduite sportive est carrément à bannir. Malgré l’assistance variable, la direction reste trop légère, bien qu’on arrive à s’y faire, mais surtout la stabilité de la voiture a de quoi rendre circonspect le plus allumé des pilotes. Dès lors que la route se dégrade, les freinages à haute vitesse peuvent vite provoquer quelques frayeurs, tant la voiture louvoie à gauche et à droite. Lever de pied en appui ? Oubliez, l’ESP ne laissera jamais passer ça. De toutes façons, le train avant a tendance à trop s’écraser, alors que l’arrière parait presque sautillant sur des petites routes de campagne un peu cabossées. On s’en doutait déjà un peu au vu du comportement moteur, mais cette fois, c’est sûr, cette 207 n’est pas une voiture de sportif, à moins d’être vraiment téméraire ou de vouloir punir vos passagers. La faute à la monte pneumatique un peu surestimée ? aux pneus hiver ? à l’ESP ? aux suspensions ? à la direction un poil trop assistée ? Au toit panoramique relevant le centre de gravité ? Difficile à dire, mais sûrement un subtil mélange de tout cela. Gageons que le remplacement des ressorts solutionnerait déjà à moindre frais une partie du problème.
En revanche, sur de belles routes bien propres ou à allure modérée, la voiture retrouve toute sa sérénité et ménage un certain confort. On peut alors rouler sans arrière-pensée, la voiture reste stable, y compris dans les courbes rapides. La consistance de la direction est correcte sur autoroute, même si on aimerait un peu plus de fermeté, et idéale en ville, on se faufile partout avec une agilité étonnante vu les dimensions extérieures. Faire un créneau devient un véritable plaisir, tout comme se faufiler dans les parkings souterrains les plus cauchemardesques. On en viendrait presque à jouer au chat et à la souris entre les piliers si l’on n’avait pas peur de se faire interner.
Coûts, entretien
Pour ce qui est de la maîtrise de la consommation, on peut dire que l’alliance PSA-BMW marche bien, du moins sur le papier. Avec une consommation mixte annoncée de 7.0L/100km, la XSi fait presque aussi bien que sa petite soeur atmosphérique (6.1 L/100km), en affichant la bagatelle de 30 chevaux et 80Nm de mieux ! Si on compare avec la concurrente Clio, 2.0 138ch, la Peugeot fait mieux sur tous les tableaux : plus de puissance, plus de couple, moins de consommation. On a beau avoir des à-priori sur les turbos, force est de constater que la recette fonctionne à merveille ici, tant que l’on garde le sang froid dans le pied droit. Là encore, dès qu’on quitte le rythme coulé que réclame la voiture, la consommation peut vite s’envoler et tutoyer les 10L aux 100 km en moyenne, comme lors de notre essai. Sur autoroute, les 5.6 L/100km annoncés paraissent plus réalistes.
Pour ceux d’entre nous qui sont tourmentés par leur conscience économico-écologique, le diesel n’est pas une fatalité, qu’on se le dise. La 207 XSi représente une alternative crédible en terme de voiture propre. Si notre 207 consomme un peu plus, elle a pour elle de ne pas rejeter autant d’oxyde d’azote ou de particules fines, entre autres, et ainsi de préserver nos poumons.
Si la XSi n’est pas véritablement donnée, comptez CHF 30’000.- avec la peinture métal, tout ou presque est de série : le fameux toit panoramique, les jolies jantes de 17”, la clim bi-zone, le radar de recul et l’intérieur semi-cuir. Si vous êtes un maniaque du tout options, il ne vous restera guère que le cuir complet, le GPS et les enceintes JBL pour frimer devant le voisin. On citera encore pour être exhaustif le régulateur de vitesse et enfin l’alarme. Bref, comptez 35’000.- pour la totale. Personnellement, la finition de base avec cuir et régulateur me parait le meilleur compromis. A noter que la GTI est moins chère (27990 CHF), avec un équipement de base plus chiche.
Dommage que la 207 ne bénéficie pas du Swiss Package Peugeot (garantie étendue et entretien gratuit), mais vous aurez tout de même des coûts d’entretien relativement modestes, avec une vidange tous les 2 ans / 30000 km. Sûre pour autant que l’on fasse l’impasse définitive sur une conduite sportive, confortable, raisonnablement luxueuse tout en restant économique à l’usage, la 207 XSi apparaît comme une synthèse plutôt réussie de ce qui se fait de mieux dans la catégorie à l’heure actuelle.
Face à la concurrence
Peugeot 207 XSi | Renault Clio 2.0 Dynamique | |
Moteur | L4 – 1598 16V Turbo | L4 – 1997 16V |
Poids Kg (CE*, constr.) | 1356 | 1290 |
Puissance (ch / régime) | 150 ch / 5800 | 138 ch / 6000 |
Couple (Nm / régime) | 240 Nm / 1400 | 194 Nm / 3750 |
Rapport poids/puissance | 9.04 | 9.34 |
0-100 km/ h (constr.) | 8.1s | 8.5s |
Vitesse max (constr.) | 210 | 205 |
Consommation mixte (constr.) | 7.0 | 7.3 |
Pneumatiques AV/AR | 205/45/17 | 195/50/16 |
Longueur | 4030 | 3986 |
Largeur | 1972** | 2025 |
Hauteur | 1472 | 1496 |
Prix de base (CHF) | 29340 CHF*** | 23940 CHF*** |
*avec conducteur de 75kg ** rétroviseurs inclus ***3 portes
Nos remerciements à Peugeot Suisse, via le garage Majestic, à Chavannes-près-Renens.
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