Essai Audi A3 2.0 TDI – Le côté odorant de la force

Compte rendu d’une confrontation aux réalités des turbodiesels, au volant d’une Audi A3 Type 8L. 

J’avoue, revendique selon l’humeur, clame même parfois, une certaine inimitié pour les moteurs à allumage spontané. Dans le trio de tête des odeurs de combustion qui m’incommodent, on trouve le cigare, sa cousine cigarette et les créatures de Rudolf Diesel. Si les deux premiers restent plus ou moins facilement évitables et sont sous une pression sociale toujours plus importante, le diesel est plutôt sur la pente ascendante. Entré depuis longtemps dans les mœurs dans les pays limitrophes grâce (ou par la faute) d’une défiscalisation difficilement compréhensible, la progression en suisse est constante : la part des ventes de voitures de tourisme neuves en Suisse est passée de 25% en 2004 à 27.7% sur les 10 premiers mois 2005.

Malgré un prix à la pompe peu incitatif, le diesel passe pour être plus économique à l’usage. Qu’en est-il de l’agrément ? Rien de tel qu’un week-end en Audi A3 2.0 TDI pour se faire une opinion.

Les choses commencent plutôt mal. Intérieur cossu et confortable, qualité des matériaux et des assemblages remarquable, un tour de clé de contact et le bouiller se met en marche. Le cognement est omniprésent, presque vulgaire alors que le reste de la voiture sue le classicisme de bon goût, trop sobre pour certains, mais dans le style on ne fait guère mieux. L’aspect sonore mis à part, deux traits s’imposent sur les premiers kilomètres. La boîte de vitesse est absolument remarquable, et le moteur met à disposition de votre pied droit une montagne de couple dès les bas de régime.

Revenons à la boîte de vitesses: commande précise, débattements courts, passages extrêmement rapide, on se croirait presque sur un jeu d’arcade. Les verrouillages n’offrent aucune résistance malgré le couple conséquent, le jeu est nul, beaucoup de sportives prestigieuses pourraient en prendre de la graine. Seul bémol minime, une toute petite granularité lors des déplacements latéraux du levier au point mort. En plus, il parait qu’il s’agit d’une commande par câble. Chapeau bas. Le petit levier gainé de cuir devient un précieux allié car les passages de rapports sont très fréquents.

Reproche courant et mérité fait aux turbo diesels, la plage de régime utilisable est plus limitée que le QI de Paris Hilton. Point de salut en dessous de 1500 tours, le 4 cylindres n’est pas particulièrement souple et le volume de gaz est insuffisant pour entraîner le turbo. A partir de 1600 tours, une fois le temps de réponse – perceptible – passé, les 320 Nm déboulent comme un troupeau de bisons, mettant facilement à mal la motricité sur les premiers rapports, avec des rappels dans la direction. Le couple du 2.0 TDI dépasse celui d’une Alfa 147 GTA, rodéo garanti en cas de pied lourd sur le mouillé, et la conduite sur neige pourrait même en devenir problématique. La poussée se tasse à partir de 3000 tours et si le moteur permet de s’aventurer dans la zone orange entre 4500 et 5000 tours, c’est une expérience pénible. Autant passer le rapport supérieur bien avant, limiter le régime donc la consommation. En pratique, la voiture donne le mieux d’elle-même en passant les rapports peu après 2000 tours. Le résultat est efficace, le paysage défile et l’aiguille du compteur est à surveiller de près : 120km/h à 2100 t/min en 6ème, presque 160 à 2800 t/min. Une belle vigueur à bas régime, des reprises excellentes, mais des accélérations quelconques. Le 0-100km/h revendiqué par Audi à 9.5s résume bien la signature du diesel : du couple, mais pas de puissance, faute de régimes suffisamment élevés.

En termes de comportement dynamique, le tableau s’assombrit un peu: notre “petite” Audi A3 revendique un poids à vide de 1665kg en configuration traction, 1745kg en version Quattro. L’auto n’est pas aussi petite qu’on pourrait le croire (4m20) mais on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’origine de cet embonpoint. Ceux qui se réjouissent de fustiger la lourdeur du moteur diesel seront déçus : le 2.0 FSI Turbo pèse exactement le même poids. En l’absence de chiffres de répartition entre les essieux, on spéculera qu’une partie prépondérante se situe sur le train avant. Malgré un amortissement ferme et un roulis contenu en hors d’oeuvre, le plat principal reste un sous-virage prononcé, la monte en pneus d’hiver de cette voiture d’essai n’arrangeant rien. La direction est précise mais exagérément légère. A l’unisson du moteur, les réglages chassis incitent à une conduite coulée. Le freinage est moyen en termes de mordant et de puissance, et l’attaque de la pédale encore plus spongieuse que les standards Audi, ce n’est pas peu dire.

La consommation indiquée sur des parcours mixtes de route et autoroute s’est stabilisée à 6.8 L/100km. On est loin des valeurs normalisées, mais en regard du poids et du rythme adopté, la sobriété est à relever. Sur trajet autoroutier à allure raisonnable, s’approcher des 5 L/100km n’est probablement pas mission impossible. Le confort est de haut niveau, les bruits aérodynamiques très contenus, il fait bon vivre dans cette intérieur bien fini, aux commandes douces et précises, où chaque détail est une démonstration de la rigueur de conception et d’exécution qui prévaut à Ingolstadt. L’espace réservé aux passagers arrières est limité mais réaliste, avec un accès un peu malaisé. Préférer la version 5 portes en cas d’utilisation fréquente.

Et ces traumatismes olphactifs ? Si Jacques de Chabannes, seigneur de la Palice, avait vécu notre époque, il aurait probablement dit que lorsqu’on roule dans un diesel, on n’est pas derrière pour en sentir les odeurs. Pourtant, manoeuvrez dans un garage souterrain puis sortez de l’auto et ils sont là, ces relents vaguement nauséabonds, atténués par les progrès technologiques, les filtres à particules, les carburants parfumés à la lavande et autres stratagèmes, mais persistants. Le diesel est au trafic automobile ce que les flatulences sont aux ascenseurs.

A 41150 CHF (options essentielles incluses, mais sans fioritures), cette A3 2.0 TDI doit faire face à une forte concurrence, au sein de sa propre gamme tout d’abord avec la motorisation 2.0 Turbo FSI de 200ch et 280Nm de couple, certainement plus gourmande de 2L aux 100km, mais avec une motorisation dont la réputation est excellente, motorisation qu’on retrouve dans une autre concurrente sérieuse dans le groupe Volkswagen, la Golf GTI, moins chère et plus légère de 250kg !

Affaire de priorités et de style : si votre objectif est de conduire tranquille au moindre coût, un diesel tel que cette A3 2.0 TDI est une proposition recommandable, encore plus avec la géniale boîte DSG qui se chargera pour vous de jongler avec les rapports de boîtes. Si, en dépit de considérations purement rationnelles, vous prenez du plaisir à conduire, une motorisation à essence turbocompressée vous procurera un rapport plaisir coût prestations auquel un diesel ne peut, malgré des progrès constants, tout simplement pas prétendre.

Remerciements à M. Yann Jeanmonod du Garage Arenaz à Bremblens pour le prêt de cette Audi A3.

A3 2.0 TDI A3 2.0T FSI
Moteur 1968 cm3 diesel turbo 1984 cm3 essence turbo
Puissance 140ch à 4000 t/min 200ch à 5100 t/min
Couple 320Nm à 1750 t/min 280Nm à 1800 t/min
Vitesse max 207 km/h* 236 km/h*
Accélérations 0-100km/h 9.5s* 6.9s*
Consommation cycle mixte CE 5.5 L/100km 7.7L/100km
Poids à vide 1665 kg 1665 kg
Prix de base (finition Attraction) 36550 CHF 39210 CHF

*Données constructeur

Liens

Le sujet du forum – les articles Audi – la liste des essais – à lire également:

        

Tu pourrais aussi aimer