F1 2015

[bacchus]

Je crois que tu ne sais pas du tout de quoi tu parles.

Les pilotes pro et à fortiori ceux en F1 sont des athlètes complets de très haut niveau.

De très haut niveau pour piloter à la queue leu-leu sur les mêmes circuits qu'ils connaissent comme leur poche peut-être, par contre ils sont loin d'être des athlètes complets comme tu le prétends. Le pilotage était beaucoup plus exigeant à l'époque des Prost et autres Senna, avec des voitures très physiques à conduire car dépourvues de toute aide comme l'électronique embarquée, la direction assistée ou la boîte robotisée, sans compter leur vulnérabilité aux chocs et la dangerosité des circuits.

Quand je vois comment une session de 30 minutes sur piste dans ma Clio est relativement exigeante à mon niveau de pilote du dimanche pas très rapide et en forme moyenne, alors j'imagine pendant 1h30, en pleine concentration, avec la chaleur, les 120/150 kilos de pressions à fournir à chaque freinage, les G encaissés et le stress du pilotage d'une Formule 1 avec 20 autres copains qui veulent te passer devant…

Donc je maintiens que tu ne sais ABSOLUMENT pas de quoi tu parles.

[bacchus]

Sans compter que tes arguments de vulnérabilité aux chocs et circuits dangereux, aucun pilote pro de ce niveau n'y pense et surement pas à l'époque de Senna etc…
Il y a plus d'aides aujourd'hui c'est vrai mais les voitures vont beaucoup plus vite et donc sont plus exigeantes niveau contraintes physiques à encaisser...

[BS]

Plus vite voire, car les voitures de l'époque étaient plus puissantes (très rapides sur la ligne droite du Mistral malgré une aérodynamique moins travaillée, et sans lever le pied dans Signes), et grâce aux jupes les vitesses en virage étaient au moins aussi élevées que maintenant, mais ça passait où ça cassait car les châssis n'étaient pas aussi perfectionnés.

[Tom63]

Bernard, il me semble que tu fais beaucoup de vélo.

On peut donc considérer que tu disposes d'une endurance certaine.

Je te propose donc de faire le test suivant :
Va sur un circuit de Karting, et essaye de faire une session sans pause d'1/2 heure, au maximum de tes capacités niveau vitesse, et ce avec un kart de loc tout basique, 4 temps blablabla.
Quand bien même la température extérieure serait fraiche et agréable, je te mets au défi de tenir cette 1/2 heure.

Tu imagineras ensuite l'expérience en multipliant par, admettons,1000 le facteur vitesse, en étant enfermé dans une boite en carbone irradiée de chaleur, en le faisant sans t'arrêter entre 1h30 et 2h00, avec de surcroit un facteur de compétition marqué.

Comparer les époques n'a pour moi aucun sens. Les contraintes sont différentes.
On peut considérer que la douleur physique était plus importante avant sur certains points précis (paumes des mains à cause du changement de vitesses par exemple), mais au global les contraintes physiques étaient moins importantes, les appuis moins forts.

Tu parles de Prost mais l'as-tu vu physiquement? On dirait un jockey. Il n'avait pas besoin d'être culturiste pour tenir une F1 des années 80.
Senna non plus, Piquet non plus, Lauda non plus etc, etc.

Tu compares ensuite l'époque des wing cars avec aujourd'hui, mais ça va incomparablement plus vite aujourd'hui.
En 1979 à Monaco, pleine époque wing cars, Patrick Depailler fait le meilleur tour en course en 1'28"82. En 2014 Raikko le fait en 1'18"479.
Le circuit est certe différent sur quelques points, mais qui doivent grosso modo s'équilibrer (piscine plus rapide aujourd'hui, chicane du port plus rapide à l'époque).
Les contraintes sont complètement différentes. Et en 1979 toujours, on est autour de 500ch/550 ch.
A l'époque, les pilotes fumaient et parfois beaucoup. Leur hygiène de vie n'avait rien à voir avec celle d'aujourd'hui.
Dans les années 70, donc avec des autos supposées plus "lourdes" à manier et donc plus physiques, Beltoise était en F1 avec un bras gauche invalide. Impensable aujourd'hui, même avec tout son talent, cf. Kubica.

Les moteurs de plus de 1000ch sont arrivés en 1985/1986. Mais il faut alors remettre la différence qualif/course dans le contexte de l'époque. Seule la qualif, sur 1 tour, se passait avec tous les chevaux et les pneus chewing-gum.

Bref, je pourrais continuer pendant une heure en reprenant point par point tes arguments.
Reste que l'effort pour faire un grand-prix de F1 aujourd'hui est tout simplement inimaginable, et je prendrais pour conclure les mots de Richard Maiden (journaliste et pilote de très bon niveau) après qu'il ait essayé, en décembre 2012, une Ferrari F1 de 1998 :

"With the luxury of proper time in the car and a more expansive circuit to let it hit its stride, I’m deluded enough to think I could begin to get my head around the acceleration and braking, and even summon the spuds to lean on a little of downforce’s invisible magic. What I can’t get my head around, and what separates F1 drivers from the rest of us, is being so on top of your game that wringing the neck of an F1 car becomes second nature.

To race in the pissing rain around the streets of Monaco or the swoops of Spa, while talking to your engineer about the car’s handling balance or your pit stop strategy beggars belief. I’ve loved every second of my brief time as an F1 driver, but on the basis of what I’ve experienced I think I’ll stick to my armchair."

Et le lien vers l'article.

[bacchus]

Amen

[BS]

Tom je te crois sur parole, donc même pas besoin d'aller à Scientrier pour vérifier tes dires. En tout cas merci pour tes explications !

[pierre]

Qd même, 30 min de karting, c'est pas exactement surhumain non plus...

[Tom63]

@ Bernard : Je t'en prie!

@ Pierre : Bien entendu que non, et ce n'est pas tout à fait ce que je disais non plus!
Reste que 1/2 heure de kart le loc non-stop et au plus haut de ses propres capacités, quand on a pas du tout l'habitude, ça rince pas mal. Que l'on soit par ailleurs endurant ou pas.

[Tom63]

Petite histoire amusante racontée par Gary Anderson dans Autosport :

[bence]

Pour en revenir une seconde à l'aspect physique entre les années 70-80 et maintenant, je pense que ça doit se valoir. L'inconfort de l'époque est remplacé par des contraintes un peu plus fortes aujourd'hui. Le passage au fitness extrême est à mon avis venu avec des gens comme Senna et Schumi qui ont compris qu'il y avait une demi seconde à aller chercher en étant super, ce qui a contraint tout le plateau à s'y mettre.

[BS]

Je suppose que le Moto Grand Prix est beaucoup plus exigeant physiquement pour les pilotes que la F1.

[Yvan]

Il y a plus d'aides aujourd'hui c'est vrai mais les voitures vont beaucoup plus vite et donc sont plus exigeantes niveau contraintes physiques à encaisser...

On peut aisément faire un comparatif avec les pilotes de chasse.
Les machines actuelles sont capables d'envoyer dans les choux n'importe quel "humain" à bord et c'est l'électronique embarquée qui bride les domaines de vol aux limites des capacités humaines.
De plus, il faut des facultés et un physique hors du commun pour gérer en vol simultanément des forces de 6 ou 7 G, l'espace aérien environnant, les armes, les commandes de l'avion et sa respiration et ce, dans des phases qui durent plusieurs secondes.
Quelques pilotes automobiles ont fait des balades en mode promenade dans des avions de chasse et en sont sortis rincés comme après 1 heure dans un sauna en habit de ski..

[Avgas]

Petite histoire amusante racontée par Gary Anderson dans Autosport :

Dans le même style:
A Mexico lors des GP pas mal de monde, y compris les pilotes, était affecté par des diarhées que les locaux appellent la "Turista".
A la fin d'un briefing pilotes effectué par Roland Bruynseraede (prédécésseur de Charlie Withing) ou il termine par demander s'il y a des questions, Alain Prost lève la main:
"Si Nigel (Mansell) est malade on sort le drapeau marron ?"

[Tom63]

Nous sommes aujourd'hui le 1er mai...
Un petit hommage s'impose, sans pour autant oublier Roland Ratzenberger :

[Corsugone]

Pour ne pas oublier le second, photo d'un ami