Présidentielles américaines: des dollars et des bouseux.

[ze_shark]

La semaine a été dominée par le cabottinage médiatique du révérend Jeremiah Wright, pasteur et, jusqu'ici, guide spirituel de la famille Obama et prêcheur engagé. Les problèmes avaient commencé lorsque des vidéos de ses prêches ont fait surface sur le tube, avec ce fameux "God damn America", un énorme boulet au pays des champions intergalactiques du "y en a point comme nous". A côté, un UDC appenzellois fait modéré. Wright persiste et signe, transportant la campagne exactement là où Obama ne voulait pas l'amener: lutte de classes, lutte de races.

Clinton emporte la Pensylvanie avec les 10 points de différence qu'il lui fallait, et il n'est pas exclu qu'elle fasse bien mieux que prévu en Caroline du Nord la semaine prochaine. La primaire démocrate est dans une impasse complète, le parti espérait une série de victoires tranchantes d'Obama pour enterrer Clinton pour de bon, mais c'est précisément le contraire qui est en train de se passer.

Et McCain dans tout ça ? Personne n'en parle, ce qui démontre bien que le blocage démocrate n'est peut-être pas un si gros désavantage que certains ne le craignent. Un article dans Newsweek a attiré mon attention sur un discours de politique étrangère que McCain a donné à Los Angeles et qui est passé complètement inapperçu dans les médias. Un discours effarant où McCain annonce factuellement la reprise de la guerre froide, soit l'expulsion de la Russie du G8:

"We should start by ensuring that the G-8, the group of eight highly industrialized states, becomes again a club of leading market democracies: it should include Brazil and India but exclude Russia. Rather than tolerate Russia's nuclear blackmail or cyber attacks, Western nations should make clear that the solidarity of NATO, from the Baltic to the Black Sea, is indivisible and that the organization's doors remain open to all democracies committed to the defense of freedom."

Reprise de la doctrine néo-conservatrice de l'administration Bush, prosélytisme de la liberté et de la démocratie, à tous prix. La création d'une "Ligue des démocracies", un ersatz de Nation Unies sans les pays avec lesquels l'amérique doit dialoguer, achèverait la polarisation entre l'axe des gentils et l'axe du mal. Bush a creusé un trou, McCain serait capable d'y cimenter le drapeau américain.

[leo_26782]

A parler au chauffeur de taxi types dans le Sud, ils donnent pas une chance à McCain (rien de surprenant, je sais), mais les sondages laissent penser que 30% des démocrates qui ont voté Obama/Clinton aux primaires ne voteront pas pour l'autre à la présidence...

Ce discours de McCain, c'est tout à fait rassurant

[ze_shark]

West Virginia hier et victoire écrasante de Clinton (67% contre 26% à Obama), une de plus dans un état charnière (swing state).
Mathématiquement, il parait impossible pour Clinton de gagner à la régulière, l'avance d'Obama est trop importante, mais je pense qu'elle a fondamentalement raison.
Obama est un très bon candidat, mais trop à gauche, trop faible dans les états qui comptent, et fort dans les états qui sont de toute manière acquis aux démocrates. Pas un seul président démocrate n'a été élu depuis Woodrow Wilson en 1912 sans gagner la Virginie Occidentale.

Il y a une liste des swing states historiques sur wikipedia, la comparaison avec les résultats de Clinton est troublante.

Cette campagne a été atypique, mais le plan d'Obama pour l'élection générale est bien moins convaincant, basé sur des conjectures qui finiront par envoyer Papy McCain à la maison blanche.

[sputnick]

C'est bien là tout le problème du système archaïque et peu démocratique qui régit les élections américaines.

- Sput

[ze_shark]

Effectivement. Un système qui protège les petits états face aux grands, à la manière du système fédéral suisse de double majorité pour certaines votations. Je pense que si l'UDC parvenait à faire passer l'idée d'une élection du conseil fédéral par le peuple, ils ne s'y prendraient pas différemment.

Chose intéressante, la motivation des pères fondateurs américains était de protéger le pays contre l'ignorance du bon peuple. Ils n'avaient pas prévu une polarisation telle que seule une grosse dizaine des cinquante états représentent un enjeu électoral réel, et ce ne sont de loin pas ceux avec la plus grande population.

[sputnick]

A la différence près que le système suisse protège effectivement les petits cantons par rapport aux gros, alors que le système américains donne exclusivement la parole aux (états) indécis.
A tels points que les élections municipales sont parfois sujets à des réarrangements de frontières des comptés pour influencer les votes dans une direction en jouant sur les répartitions des communautés culturels.

D'autre part la complexité du système va à l'encontre de la transparence: cf Al Gore - G. W. Bush en 2000.

Démocratiquement, Obama devrait affronter McCain, stratégiquement, c'est Clinton qui devrait allez au combat et idéalement ils auraient du y aller ensemble.

- Sput

[ze_shark]

Démocratiquement, Obama devrait affronter McCain, stratégiquement, c'est Clinton qui devrait allez au combat et idéalement ils auraient du y aller ensemble.

Il n'est toujours pas exclu que ça se fasse, le ton s'est passablement adouci. Mais si ça ne se fait pas, il est fort possible que Clinton négocie un graceful exit contre paiement de ses dettes de campagne, plus de 11 millions de dollars.

[sputnick]

Et depuis début mai, Obama semble battre McCain pour la première fois dans les sondages. En revanche, Clinton perd non seulement contre Obama mais aussi contre McCain, maintenant:

http://www.usatoday.com/news/politics/e ... racker.htm

La fin du parcourt est proche pour l'ex-première dame.
Enfin, ça reste des sondages, ça vaut ce que ça vaut et vu le faible écart entre les camps démocrate et républicain, on est pas au bout de nos surprises.

- Sput

[ze_shark]

Les sondages nationaux ne valent que dalle vu le mode d'élection.
Le seul moyen de prédire quoi que ce soit est de faire des modèles sur les swing states potentiels, puis d'y faire des sondages. Comme il y a une dizaine d'états en balance avec des nombres de grands électeurs différents, ça fait pas mal de combinaisons ...

[sputnick]

Les sondages nationaux ne valent que dalle vu le mode d'élection.

Je pensais que l'effet des swings states étaient pris en compte dans ces sondages. Si ce n'est pas le cas, tu as raison, c'est sans le moindre intérêt.

- Sput

[ze_shark]

Un exemple du niveau de l'autre campagne, la vraie. Les clichés ne manquent pas, et sont valables pour les deux camps.

[sputnick]

Excellent.
Mais c'est pas avec de tels arguments que les démocrates vont passer.

- Sput

[Marie]

La Peste ou le Choléra on ne sait quel camp choisir.....

Mais bon, les moins pires semblent tout de même être les Démocrates.
A suivre

[ze_shark]

Le co-listier d'Obama sera donc Obama, sénateur du Delaware et ex-candidat à l'investiture démocrate de 2008, un excellent choix à mon avis, Joe Biden est éloquent et très compétent, en particulier sur les questions de politique étrangère. Il pratique peu la langue de bois par ailleurs et maîtrise la complexité des dossiers. Ecouter la vanne sur Giuliani à la 3ème minute.
Un bon complément à Obama, surtout auprès des "middle class white voters", ceux qui feront l'élection dans les états charnière. L'annonce a été faîte en préambule à la convention démocrate de Denver qui se tient la semaine prochaine. Un point bien résumé par Biden lui-même.

McCain n'a pas encore annoncé son choix, Mitt Romney semble tenir la corde mais des surprises sont possibles. McCain le candidat du 3ème âge, touchant lorsqu'il raconte ses expériences de guerre et ses années de captivité au Vietnam, mais vraiment préoccupant lorsqu'il est incapable de dire quel est le nombre de maisons dont lui et sa femme sont propriétaire (4, c'est quand même pas difficile à mémoriser). L'âge est là, comme disait à propos ma grande tante il y a bien longtemps.

Une campagne bien mièvre cependant, il n'y a pas eu un seul débat contradictoire jusqu'à maintenant, et il n'y en aura probablement qu'un seul. Ils sont juste apparus 1 minute sur la même scène il y a une semaine entre deux séances de questions-réponses télévisées, mais séparées. Un débat à distance mis sur pied par Rick Warren, pasteur évangéliste de la Saddleback Church. Si la séparation entre l'église et l'état est floue, celle entre l'église et la politique américaine est nulle, la foi chrétienne, les questions morales sur l'avortement et les marriages homosexuels sont des thèmes de fond qui définissent autant le vote que le programme du candidat voire son parti.

Et les Clinton dans tout ça ? Hillary fait campagne avec une conviction très calculée, et Bill est incapable de cracher un compliment crédible sur Obama.

Ca peut paraître surprenant lorsqu'on compare le charisme d'Obama à la ringardise de McCain, mais l'élection est loin, bien loin d'être jouée. Expérience, race, une élection qui se joue systématiquement sur des états à tendance républicaine. Les sondages sont complexes et onéreux car ils n'ont aucun sens à l'échelle américaine, ils doivent être faits dans chaque swing state, ce qui multiple les coûts. D'aucuns pensent qu'ils pourraient largement surévaluer le score d'Obama, la réponse à un sondeur pouvant être singulièrement différente de la décision finale de l'isoloir.

[sputnick]

Le co-listier d'Obama sera donc Obama ...

C'est voulu ou c'est une faute de frappe ?

Le ticket Obama-Clinton, que certains espéraient, n'aura pas lieu.
Le retour à la Maison Blanche d'Hilary est définitivement enterré.

Par contre Biden a l'air très bien. Il semble être le parfait complément d'Obama.

- Sput