Electrification et avenir de l'industrie européenne

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_nicolas
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Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par _nicolas » 12 sept. 2023 13:30

ze_shark a écrit :
11 sept. 2023 12:23
L'astreinte des bonus éco à l'empreinte carbone devrait corriger une partie du problème. Les pays européens ne devraient pas pousser l'angélisme jusqu'à subventionner des productions chinoises alors que les chinois taxent à donf les importations de voitures européennes.

J’ai de la peine à voir se résoudre l’équation avec :

  • Les coûts de production qui augmentent encore (R&D, matières premières, énergie, etc.);
  • Les déficits publics qui limitent les capacités à subventionner la production ou stimuler l’achat;
  • L’inflation et la réduction du pouvoir d’achat dans des économies qui ne croissent plus;
  • Un marché qui, à ce stade, est extrêmement restreint et ne permet pas les économies d’échelle.
Je doute que la demande soit si élastique que ces énormes baissent de prix permettent de développer le marché comme il doit l’être pour cette industrie de volume qu’est l’automobile. Je suis d’avis que ces baisses sont suicidaires, il y en a qui vont rester sur le carreau.
Nicolas

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vravolta
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Re: Tesla Model S

Message par vravolta » 13 sept. 2023 06:14

Un retour très juste et équilibré de Toppaz je trouve => Merci!
Je suis aussi d'avis que la guerre des prix lancée par Tesla va faire mal car tous les business plans ont été articulés autour de niveaux plus élevés et que les constructeurs doivent impérativement basculer leur production sur l'électrique. Et la question soulevée par Nicolas est la bonne: est ce que Musk arrivera à mettre à genoux la concurrence avant d'imploser sous ses propres coups? C'est un sacré coup de poker, à mon avis très risqué (et pourtant, j'ai tendance à être joueur) car en face, il a quelques players aux reins solides tout de même.

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Re: Tesla Model S

Message par Nagata-San » 13 sept. 2023 08:28

Et qui ont diversifié leurs revenus, par delà l'automobile conventionnelle, ce que Tesla n'a pas fait.

J'ai eu la chance d'échanger avec deux grands noms de l'automobile française cette semaine, et les deux voient clairement les décisions Euro 2035 et tout ce que cela entraine comme un pur suicide, tant technologique, industriel que financier. Leur vision sur les 4 prochaines tranches de 5 ans sont explicites, et sans solution pour l'Europe, tant usagers que constructeurs, sauf volte-face politique.

La guerre de prix que Tesla veut faire est selon eux la mèche d'un pétard déjà surgonflé, Tesla ne tiendra pas les coûts, mais encore moins les européens pour s'aligner.
Seule la Chine peut jouer à cela, jusqu'à sécher les concurrents, sur l'électrique actuellement, puis, une fois le volte face Essence revenu contre la loi 2035, alors que les Euro auront abandonné la R&D thermique depuis 5 ans, la Chine re-tapera tout le monde avec cerveaux et capacités de production jamais arrétés, en livrant aux Européens encore plus.

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Re: Tesla Model S

Message par Tom63 » 13 sept. 2023 11:01

Je partage totalement ton avis.
Thomas

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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par ze_shark » 13 sept. 2023 13:11

BYD, numéro 1 chinois désormais, a déjà abandonné la combustion. Ils ne font plus que du PHEV (qui a encore une composante à combustion) et du BEV.
La théorie selon laquelle les industriels européens sont soumis à un régime qui épargne les chinois ne tient pas. Le seul gros bloc commercial où la combustion est encore relativement préservée est les US, et le chinois y sont quasi absents pour cause de Trump tariffs.

Donc la thèse des cerveaux chinois ne tient pas la route.

Autre contre-argument, l'accélération des singularités climatiques et leur impact sur la population. On est en plein passage des anomalies sympathiques (les étés plus chauds, c'est quand même chouette) aux désastres absolus. On l'a vu au sud de l'Europe, on le voit aussi dans la répétition des sécheresses, des inondations catastrophiques en Chine.

A l'échelle covid, on est au mois de Février 2020. On sait qu'un truc zarbi se passe à Wuhan, mais on n'a pas la moindre idée de ce qui nous attend un mois plus tard et du bilan qui suit les 18 mois qui suivent. On ne négocie pas plus avec la physique et la chimie du climat qu'avec un virus.

On va passer de l'inconvénient à l'insécurité climatique bien plus tôt qu'on ne le croit - des gens qui craignent pour leur survie - et ça risque fort de reléguer les états d'âmes sur l'état du marché automobile en 2035 au quatrième plan.

Pour revenir au présent, la chose qui manque est une simple réciprocité. L'Europe est la seule entité économique majeure qui n'applique pas une saine dose de protectionnisme économique et subventionne ses adversaires. Il est temps que ça cesse. Ca ne résoudra pas tout, mais ça colmate une partie significative de la brèche.

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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par Corsugone » 13 sept. 2023 15:34

Les Echos

Automobile : Bruxelles lance une enquête anti-subventions contre la Chine

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, critique les « énormes subventions publiques » dont auraient bénéficié les constructeurs de véhicules électriques dans l'Empire du milieu. Les exportations vers l'Europe ont bondi ces derniers mois.

Douche froide pour les constructeurs automobiles chinois, une semaine après avoir affiché leurs ambitions au plus grand salon européen. La Commission européenne a annoncé, ce mercredi, avoir ouvert une enquête sur les subventions massives accordées par Pékin à ses constructeurs de véhicules électriques, qui leur permettent de casser les prix sur le marché européen.

« Les marchés mondiaux sont désormais inondés de voitures électriques moins chères. Et leur prix est maintenu artificiellement bas grâce à d'énormes subventions publiques, a déclaré Ursula von der Leyen dans son discours annuel devant le Parlement européen. Je peux donc annoncer aujourd'hui que la Commission lance une enquête anti subventions sur les véhicules électriques en provenance de Chine. L'Europe est ouverte à la concurrence. Elle n'est pas favorable à un nivellement par le bas. »

Les services de la Commission européenne travaillent déjà depuis plusieurs mois sur le dossier. Celle-ci aurait recensé plusieurs canaux de subventions, irriguant toute la chaîne de valeur de l'industrie automobile chinoise : les matières premières et leur transformation, la fabrication des batteries, l'assemblage des voitures, les développements logiciels et d'intelligence artificielle.

Des aides tous azimuts

La présidente de l'exécutif européen a justifié cette initiative par le rôle clé joué par les véhicules électriques dans la stratégie de réduction des émissions carbone de l'UE. Cette concurrence inquiète d'autant plus les industriels européens qu'ils doivent eux-mêmes mener leur coûteuse transition vers l'électrique - et qu'ils sont en retard par rapport aux chinois.

Toute la panoplie d'aides publiques seraient utilisée. Bruxelles regarderait les apports directs de fonds publics aux sous-traitants et constructeurs, les prêts et investissements directs à conditions préférentielles, ou encore les tarifs subventionnés à l'électricité et des régimes fiscaux favorables.

La Commission devrait maintenant échanger avec les autorités de Pékin et les industriels concernés. Elle ne mènera pas cette discussion désarmée. Selon le droit européen, elle peut en théorie appliquer des droits de douane préventifs et temporaires en rétorsion de ces subventions, dans neuf mois. Sanctions qui peut devenir définitives à terme.

Doublement de la part de marché chinoise

Confrontés à une concurrence accrue sur leur marché domestique et au ralentissement de l'économie nationale, les constructeurs chinois se tournent de plus en plus vers l'export. Cela se voit dans les statistiques. Les exportations de voitures chinoises ont bondi de 31 % en août, après +63 % en juillet, selon les données officielles (mais cela compte aussi par exemple les Tesla fabriquées à Shanghai). Leur part de marché en Europe a doublé en un an, se hissant à 8 % cette année pour les voitures électriques neuves, contre 4 % en 2021, selon la société Inovev.

En avril, le fondateur du constructeur chinois Nio avait estimé que les coûts de fabrication des véhicules électriques chinois étaient inférieurs d'environ 20 % à ceux de leurs rivaux comme l'américain Tesla, pourtant très bien implanté sur le marché chinois.

Recul en Bourse

Les titres des constructeurs chinois ont reculé en Bourse après l'annonce d'Ursula von der Leyen. BYD a terminé en baisse de 2,8 % alors qu'il gagnait 4,5 % auparavant. Nio et Xpeng ont perdu entre 1 % et 2,5 %. Contacté par Reuters, Renault n'a pas souhaité faire de commentaire, et Stellantis n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations.

En Europe, le compartiment automobile (+0,04 %) est l'un des rares secteurs à surnager dans un marché baissier. A Paris, Renault gagne 2,3 %, en tête du CAC 40 (-0,65 %). Stellantis, de son côté, recule de 0,3 %.
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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par _nicolas » 13 sept. 2023 16:30

ze_shark a écrit :
13 sept. 2023 13:11
A l'échelle covid, on est au mois de Février 2020. On sait qu'un truc zarbi se passe à Wuhan, mais on n'a pas la moindre idée de ce qui nous attend un mois plus tard et du bilan qui suit les 18 mois qui suivent. On ne négocie pas plus avec la physique et la chimie du climat qu'avec un virus.

J’aime bien l’analogie. Je pense qu’à la différence de Covid, on connaît bien les conséquences. Cela fait tout de même pas mal de temps que les scientifiques se penchent sur la question, les scénarios sont assez précis. Deux points communs d’importance à mon sens : le déni (en résulte complaisance, confusion, inaction) et l’incapacité à appréhender le concept du R (effet exponentiel sur la vitesse de propagation, les conséquences et les risques systémiques que cela représente).

Pour en revenir sur le sujet, je me demande comment et à quel point cela peut impacter la demande pour les BEV.
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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par Nyrvan » 14 sept. 2023 02:24

Bah un peu de chloroquine mélangée à de l’ivermectine et le problème est résolu!

Sans changer la totalité des infrastructures électriques, entre la production et la distribution, il est illusoire de croire que tout le monde pourra avoir des BEV. Symboliquement c’est joli d’interdire la combustion au profit de l’électricité mais sans réfléchir à la production ET la distribution, ça reste un symbole. Tant qu’on fera 15’000km en moyenne et par habitant, les problèmes resteront.

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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par Corsugone » 14 sept. 2023 08:00

Pourquoi l'UE part en guerre contre l'automobile chinoise

Les Echos

Si les constructeurs chinois disposent aujourd'hui d'une très faible part de marché en Europe, leur compétitivité nourrira leur croissance aux dépens des marques occidentales.

Carlos Tavares, le président de Stellantis, qui martèle depuis un an que l'Europe « déroule le tapis rouge aux constructeurs chinois » , a de quoi être satisfait. En annonçant mercredi le lancement d'une enquête antisubventions contre les constructeurs chinois, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, semble se rallier à son analyse. Et apporte des raisons d'espérer aux grandes marques européennes, comme Renault et Volkswagen, à qui certains analystes financiers prédisent le pire dans les années à venir.

Déjà manifeste au Salon de Paris l'an dernier, l'appétit de conquête des constructeurs de la Chine pour le Vieux Continent est apparu encore plus crûment lors de celui de Munich, la semaine dernière. Plus de 40 % des entreprises représentées venaient de l'empire du Milieu.

Une menace encore limitée aujourd'hui

A ce stade, l'impact sur les ventes en Europe est encore limité. Selon les données de l'expert Matthias Schmidt, les immatriculations de voitures neuves de marque chinoise ne représentent au premier semestre que 2,7 % du marché dans les 18 pays d'Europe de l'Ouest.

Le tableau est toutefois plus inquiétant si l'on ne regarde que les véhicules 100 % électriques, segment qui pèse déjà 15 % des ventes, et qui devrait passer à 100 % en 2035 avec l'interdiction annoncée des moteurs thermiques. Sur ce créneau, la part des marques chinoises est déjà de 8 %, et même à 10 % en juillet dernier. La charge est menée par MG. La marque du mastodonte d'Etat SAIC représente les deux tiers des importations chinoises actuelles, avec 49.000 voitures électriques écoulées en Europe de l'Ouest sur six mois, relate Matthias Schmidt.

Sa locomotive commerciale est la MG 4, une berline compacte disponible à partir de 30.000 euros, soit 10.000 euros de moins que la Megane E-Tech de Renault. MG en a écoulé 30.690 au premier semestre en Europe, soit 9.000 de plus que le Losange, qui dispose pourtant d'une marque bien plus installée en Europe.

Mais l'inquiétude est surtout nourrie par l'ambition de BYD (acronyme de Build Your Dreams). La marque chinoise, à l'origine spécialisée dans la production de batteries, vient de réaliser une percée fulgurante sur son marché intérieur (plus de 20 % des ventes mondiales), où elle a délogé Volkswagen de la première place des ventes en début d'année.

Le groupe BYD a écoulé 1,86 million de voitures électrifiées l'an dernier, dont 911.000 véhicules 100 % électriques, et s'est mis en tête de rattraper puis dépasser Tesla. Son patron rêve à haute voix de « démolir les vieilles légendes » de l'automobile occidentale. En France, BYD a planifié pas moins de cinq lancements de modèles dans les mois à venir.

« Tremblement de terre »

Selon les analystes d'UBS, la menace est redoutable. Ses experts ont désossé une Seal, un modèle 100 % électrique bientôt vendu en Europe. Et sont arrivés à la conclusion que le constructeur chinois dispose d'un avantage coût de… 25 %. Une concurrence à laquelle des marques grand public comme Volkswagen et Renault sont les plus exposées. Elles ne seront pas capables de rivaliser sur les prix, même en massacrant leurs marges, estime UBS.

Cela conduit les analystes à anticiper un « tremblement de terre » à l'horizon 2030, avec des constructeurs chinois qui passeraient à cette date à 20 % de parts de marché en Europe, contre 3 % aujourd'hui. Pour éviter cela, le gouvernement français a pris une première initiative en cherchant à exclure les voitures made in China du bonus écologique (5.000 euros pour l'achat d'une voiture électrique) à partir de 2024. L'annonce d'Ursula von der Leyen montre que la Commission s'attaque, elle aussi, au sujet.
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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par ze_shark » 15 sept. 2023 06:10

https://www.ft.com/content/384fe8ff-cdb ... e9919d62a0
Chinese brands’ market share in Europe has gone from less than 1 per cent in 2021, to 2.8 per cent so far this year, according to Schmidt Automotive Research. In electric vehicles, they have over 8 per cent share.

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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par Corsugone » 15 sept. 2023 12:51

Quand le parti communiste Chinois veut donner des leçons de loyauté ... :lol:

Pékin fustige l'enquête de l'UE sur les véhicules électriques chinois

Les Echos

La Chine met en garde contre un éventuel « impact négatif » sur ses relations avec l'Europe et fait planer la menace de mesures de rétorsion.Les constructeurs locaux se sont octroyés, pour la première fois, plus de la moitié des ventes totales d'automobiles dans l'empire du Milieu en juillet.

Un nouveau front est-il en train de s'ouvrir dans les multiples conflits commerciaux qui agitent le monde ? Pékin a fustigé, jeudi, l'ouverture par l'Union européenne d'une enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques, prélude probable à la mise en place de nouveaux droits de douane européens sur les importations de véhicules électriques made in China.

Politiques, médiatiques, industrielles, les réactions ne se sont pas fait attendre en Chine, faisant planer la menace de mesures de rétorsion. Alors que Bruxelles pourrait s'inspirer du modèle américain (qui taxe les voitures électriques chinoises à 27,5 %, contre 10 % en Europe) à l'issue de son enquête pouvant durer jusqu'à neuf mois, Pékin met en garde contre un éventuel « impact négatif » sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Union européenne.

« Les mesures proposées par l'UE pour protéger sa propre industrie au nom d'une 'concurrence loyale' sont du protectionnisme »,a déclaré jeudi le ministère chinois du Commerce. Et alors que la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, dénonce l'arrivée des voitures chinoises aux prix « artificiellement bas grâce à d'énormes subventions publiques », Pékin rétorque que l'industrie chinoise a « un avantage compétitif acquis grâce à un travail acharné et à sa propre force ».

Projets aggressifs

Faisant totalement abstraction des barrières à l'entrée imposée aux constructeurs étrangers en Chine (taxes à l'importation longtemps prohibitives, obligation jusqu'à récemment d'investir sous forme de coentreprise où le partenaire chinois ne peut détenir moins de 50 % du capital), le quotidien nationaliste « Global Times » estime que le protectionnisme est un « poison » et prévient des souffrances à venir pour l'économie européenne.

De nouveaux droits de douane n'aideront pas l'industrie automobile européenne, seront « répercutés sur les consommateurs européens et entraveront la réalisation des objectifs climatiques de l'Europe », affirme le journal du Parti communiste, indiquant au passage que la Chine dispose de divers outils pour riposter, sans toutefois les nommer.

Signe que la menace européenne est prise au sérieux, le secrétaire général de l'Association chinoise des voitures particulières, Cui Dongshu, est lui aussi monté au créneau, exhortant l'Europe à adopter une vision objective du développement de l'industrie et s'étonnant que ce n'est que maintenant que les entreprises chinoises constituent une menace concurrentielle que les pays occidentaux commencent à réagir.

Les actions des principaux fabricants chinois de véhicules électriques ont chuté jeudi en séance avant de réduire leurs pertes en fin de journée. L'action BYD a perdu 1,21 %, SAIC Motor, qui possède MG, s'est replié de 0,34 % et Nio de 0,93 %. Même si l'impact à court terme de l'enquête européenne sera probablement limité, elle « pourrait jeter une ombre sur les perspectives de croissance des entreprises ayant des projets d'expansion agressifs dans l'UE, comme BYD », pointe les analystes de Morgan Stanley, dans une note.

Détrônant le Japon au premier semestre, la Chine est devenue le premier pays exportateur de voitures au monde. Quelque 636.000 véhicules à énergies nouvelles ont quitté les ports chinois entre janvier et juillet 2023, soit une hausse de 150 % sur un an. Les chiffres sont encore modestes mais les constructeurs chinois (BYD, Nio, Xpeng, Zeekr, etc.) nourrissent de grandes ambitions, notamment en Europe où ils rencontrent jusqu'à présent peu d'obstacles pour accéder au marché. Les taxes à l'importation de véhicules chinois en Europe s'élèvent à 10 % et ces derniers sont éligibles aux subventions à l'achat non-soumises à une production locale, ce qui n'est pas le cas en Chine et aux Etats-Unis pour les véhicules produits à l'étranger.

BYD en tête

La demande chinoise de véhicules électriques (soutenue par de juteuses subventions à l'achat) a donné aux constructeurs nationaux une longueur d'avance qu'ils comptent aujourd'hui mettre à profit à l'étranger. BYD en tête, les constructeurs locaux se sont octroyés, pour la première fois, plus de 50 % des ventes totales d'automobiles en Chine en juillet, selon China Automotive Technology and Research Center, réduisant de plus en plus l'espace des marques étrangères comme Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz, Toyota.

Ces dernières ont longtemps dominé jusqu'à la poussée des voitures à énergies nouvelles, qui ont encore vu leurs ventes progresser de 39,2 % sur les huit premiers mois de l'année, représentant près de 30 % des ventes totales. Onze des vingt marques les plus vendues en Chine appartiennent désormais à des marques locales. Le constructeur privé BYD, qui a raflé à Volkswagen la première place du marché plus tôt cette année, détient à lui seul 11 % du marché automobile chinois.

Pour tenter de revenir dans le jeu et accélérer son programme de véhicules électriques, Volkswagen a récemment investi 700 millions de dollars pour une participation de près de 5 % dans Xpeng (qui perd toujours de l'argent) et conclu plusieurs partenariats avec des fabricants de batteries et des développeurs de logiciels chinois. Renault et Stellantis se sont progressivement désengagés de leurs actifs chinois et les marques Citroën, Peugeot et Renault détiennent toutes moins de 1 % de part de marché en Chine.
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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par Corsugone » 15 sept. 2023 13:00

Plus de gaz Russe et voir son industrie Automobile laminée par les Chinois, mais pas que, ce doit en effet être difficile pour les Allemands. Depuis la guerre en Ukraine, il semble que les Allemands ne soient plus en mesure d'imposer leur diktat aux autres pays Européens.

Les constructeurs allemands redoutent la réaction de la Chine

Le gouvernement allemand soutient l'enquête de Bruxelles sur les véhicules électriques chinois mais le secteur se retrouve en position très inconfortable. La Chambre de commerce et d'industrie allemande appelle à éviter d'avoir recours à des droits de douane punitifs.

La décision de Bruxelles d'ouvrir une enquête sur les véhicules électriques chinois ouvre un chemin escarpé en Allemagne. Côté gouvernement, le message a été clair. Lors d'une conférence de presse commune, mercredi, avec le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck, a estimé que l'Union européenne avait eu « la bonne position ». « Que peut-on faire d'autre quand on soupçonne qu'il y a une concurrence déloyale ? » a expliqué le dirigeant des Verts.

Au sein de l'industrie automobile allemande en revanche, le ton est beaucoup plus mesuré. Pour l'association des industriels automobiles allemands VDA, une enquête antisubventions ne permettra pas « à elle seule de résoudre les défis de l'Europe en matière de compétitivité ». Interrogée, elle souligne que les enquêtes antisubventions de l'UE sont « une procédure très formelle ». Les dommages doivent « être mesurés » mais « les éventuelles réactions de la Chine doivent également être prises en compte ».

Même discours très prudent du côté de Bosch, premier équipementier automobile de la planète. « Pour nous, en tant qu'entreprise internationale, le commerce mondial dans des conditions de concurrence équitables est important. Une course aux droits de douane punitifs et aux obstacles au commerce ne ferait que des perdants », a déclaré son dirigeant, Stefan Hartung, à l'hebdomadaire « Der Spiegel ».

La Chambre de commerce et d'industrie allemande met en revanche les pieds dans le plat. Elle estime que les distorsions de concurrence chinoises sont un problème auquel « l'Europe devrait s'attaquer avec détermination », mais « si possible pas par des subventions excessives ou de nouveaux droits de douane punitifs ».

Un « désastre »

Cette nervosité est logique outre-Rhin. Pour l'automobile allemande, l'enjeu est autrement plus important que pour des constructeurs français qui se sont complètement ratés en Chine et y sont désormais quasi inexistants. « Pour le secteur, des droits de douane punitifs seraient un désastre », estime le professeur Ferdinand Dudenhöffer, fondateur du centre de recherche automobile CAR. « Les constructeurs automobiles allemands réalisent de 30 à 40 % de leurs ventes mondiales en Chine et la Chine 'répondra' aux droits de douane. Il s'agit d'une très grande menace pour l'industrie automobile allemande. » A ses yeux, Robert Habeck « joue avec le feu », en saluant ainsi la décision de la Commission européenne.

Constructeur étranger numéro un dans l'empire du Milieu, le groupe Volkswagen revendiquait en 2022 une part de marché de 15 % en Chine. Lors de son dernier exercice fiscal, le géant de 675.000 salariés a généré 23 % de son résultat opérationnel dans le pays.

Si tous les groupes automobiles allemands sont conscients de l'intensité de la lutte à venir en Europe et de la nécessité de diminuer leur dépendance au marché chinois, ils savent aussi que le mouvement prendra du temps. Le groupe Volkswagen veut passer d'un volume de ventes en Inde de 4,6 millions de voitures l'an dernier à 6,4 millions en 2030. Mais Rome ne s'est pas faite en un jour.

Entre-temps, la filière redoute qu'une guerre commerciale aggrave une situation déjà devenue plus difficile pour eux sur le marché chinois. Bousculé, Volkswagen s'est vu contraint de recourir à des plateformes développées par ses concurrents chinois pour rattraper son retard sur le marché local.

La France, elle, n'a pas grande chose à perdre. Sauf si un conflit commercial impactait les investissements chinois en Europe. Voilà quelques semaines, l'Hexagone avait sorti le grand jeu pour vanter ses mérites auprès de BYD.
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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par ze_shark » 15 sept. 2023 13:54

2.8%, c'est pas encore la fin du monde.

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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par Nagata-San » 15 sept. 2023 15:44

ze_shark a écrit :
13 sept. 2023 13:11

Donc la thèse des cerveaux chinois ne tient pas la route.
Vois le à ton échelle de temps souhaitée, comme l'explosion de Tesla que tu as prédit de nombreuses fois, ces personnes sont à une autre échelle que toi et nous simples passionnés d'automobiles.

En tous cas, tant que l'EST et l'OUEST ne joue pas avec les mêmes lois et règles, il ne peut être autrement que leurs prédictions, avec une Europe pleine de bâtons dans les roues (justifiés la plupart, moins d'autres), vieillissante et incapable de production massive locale. Elle court après une utopie.




Très bien documenté et expliqué, jusqu'aux conclusions sur le CO2, en sus du technique:

https://manhattan.institute/article/ele ... ible-dream

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Re: Electrification et avenir de l'industrie européenne

Message par ze_shark » 15 sept. 2023 16:08

Tesla, on sait de l'aveu même du génie fachisant que c'est passé raclette au moins une fois en 2018, donc ce n'était pas une vue de l'esprit.

Et on perd un peu de vue que cette boite n'a vraiment fait du pognon que pendant covid, en choisissant de livrer à n'importe quel prix, y compris l'ablation de dispositifs de sécurité.

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