Le badge RS n’est pas une baguette magique.
Premier SUV de la marque tchèque, le Skoda Kodiaq est également – et logiquement – le premier à recevoir une déclinaison RS, la griffe sportive de Skoda.
Curieusement, Skoda base sa démarche sur le 2.0L biturbo TDI, pas sur une variante du 2.0 TSI qui atteint allègrement plus de 300 chevaux sur d’autres modèles du groupe. Skoda justifie ce choix avec deux arguments.
Primo, la clientèle ciblée reste attentive aux coûts de fonctionnement. Deuxio, un turbodiesel est selon Skoda plus adapté à la traction de remorques pour bateaux ou chevaux. Même en matière de versions RS, le pragmatisme est une valeur forte, presque une obsession chez Skoda.
Sur le papier, ce groupe offre un couple important (500 Nm) mais sur une plage de régime étroite (de 1750 à 2500 t/min), et une puissance appréciable de 240 chevaux à 4000 t/min. Un filtre à particules et un catalyseur à réduction sélective avec injection d’AdBlue sont naturellement requis pour respecter les normes Euro 6D Temp.
Ce moteur applique une suralimentation séquentielle, avec un petit turbo destiné à gommer le lag, et un compagnon plus volumineux qui prend le relais pour gaver les 4 cylindres d’air frais à plus haut régime. Nous avons déjà testé ce moteur, notamment sur la Passat Variant 4Motion où ses prestations nous avaient laissé mi-figue mi-raisin avec un agrément discutable et une consommation assez élevée.
Le style extérieur du Kodiaq RS en livrée “Gris Steel” avec les jantes “XTreme” sera laissé à l’appréciation de chacun(e). L’intérieur, par contre, a toutes les chances de faire l’unanimité, Le pack Hi-Lux (4’010 CHF avant avantage client de 1’460 CHF, soit 2’550 CHF net) est une dérogation indulgente à l’esprit frugal qui caractérise Skoda, mais le résultat est superbe.
Dès sièges en alcantara matelassé avec contre-portes assorties aux broderies, un volant en cuir piqué, des coutures contrastantes rouges suffisent à transformer l’habitacle austère du Kodiaq en cocon douillet qu’on à plaisir à retrouver pour chaque trajet, court ou long.
Le Kodiaq conserve naturellement son habitabilité hors pair. La place dévolue aux passagers arrière est énorme, ce qui fait du plancher un espace de rangement très pratiques pour une paire de cabas. Le coffre n’est pas en reste avec 650 litres pour la version 5 places, et 2065 litres sièges rabattus. Si c’est du volume qu’on cherche, on le trouve dans le Kodiaq RS.
Dynamic Sound Boost. C’est le nom que Skoda a trouvé pour sa première application d’un générateur acoustique destiné, dans le langage de la marque, à compléter le bruit d’origine pour obtenir un son sportif vecteur d’émotions (sic).
A défaut d’émotions, le système est surtout vecteur de confusion. Le timbre naturel du turbodiesel n’est bien évidemment pas attractif, mais cette composition semi-synthétique est complètement incongrue.
En conduite calme, le Kodiaq RS est assez agréable. La boîte DSG est rapide et discrète, gommant les aspects les plus disgracieux du turbodiesel. Elle applique le débrayage automatique (coasting), même en mode Normal, un des six proposés (Eco, Comfort, Sport, Individual et Snow sont également disponibles).
C’est sans conteste la situation où le Kodiaq RS est le plus cohérent. La motorisation s’efface, l’expérience se concentre autour de l’atmosphère intérieure, l’atout principal du Kodiaq RS. Même à son réglage le plus bas, l’assise est haut perchée, avec un placet qui culmine à plus de 36cm par rapport au plancher. L’angle imposé aux chevilles selon la longueur des jambes peut devenir inconfortable, c’est le cas pour moi.
Les choses se gâtent par contre lorsque le rythme augmente. Le Kodiaq Sportline ne m’avait guère convaincu en conduite rapide, et j’étais sceptique quant à une transfiguration des caractéristiques dynamiques sur le RS.
Notre exemplaire d’essai est monté en Pirelli Scorpion Verde. Peut-être que leur adhérence est partiellement responsable pour le copieux sous-virage qui afflige le Kodiaq RS ? Même en inscrivant le nez avec soin et patience, toute velléité d’exploiter le couple copieux en sortie de virage sera punie tant que les roues ne sont pas en ligne. L’augmentation conséquente du poids (+185kg annoncés) amenée par le 2.0L biturbodiesel n’arrange bien évidemment rien en termes d’agilité.
J’ai également trouvé la motricité perfectible lors de démarrages un brin musclés. Le système Haldex de cinquième génération est censé anticiper les situations nécessitant le transfert de couple vers les roues arrière, mais malgré cela, un patinage de la roue avant droite n’est pas rare.
Malgré sa suralimentation sophistiquée, le 2.0L biturbo souffre du mal quasiment universel sur les turbodiesels: une inertie excessive entre le ralenti et la disponibilité du couple en suffisance pour un démarrage appuyé.
La suspension réglable amène un contraste marqué entre un mode sport typé ferme et un mode confort onctueux. Le tarage le plus ferme reste dénué d’intérêt si les trains roulants ne sont ni capables de passer le couple au sol, ni de soutenir des accélérations latérales significatives de manière homogène entre l’avant et l’arrière.
Et la consommation ? Piteusement, nous avons perdu nos relevés et ne ferons donc aucun commentaire circonstancié sur le sujet.
Le choix de cette version RS a donc assez peu de sens en comparaison avec un Sportline qui propose une ambiance intérieure quasi identique avec une économie financière appréciable. A défaut, un Tiguan 2.0 TSI 230 chevaux offre pour un prix de base similaire un moteur à essence d’un agrément incomparable.
Le cocktail contre nature concocté par Skoda pour ce premier SUV badgé RS peine à convaincre. Le temps de 9’29″84 enregistré sur la Nordschleife comme un record pour un SUV de sept places (en option) illustre le côté superficiel de la démarche.
Prix et options du véhicule essayé
Skoda Kodiaq RS | CHF 56’240 | € 52’210 |
Pack Hi-Lux | CHF 4’010 | € 0 |
Avantage client pack Hi-Lux | CHF -1’460 | – |
Toit panoramique | CHF 1’110 | € 1’140 |
Dispositif d’attelage | CHF 730 | € 745 |
Sièges avant à mémoire | CHF 510 | € 515 |
Sound system Canton | CHF 380 | € 400 |
Park assist | CHF 340 | € 340 |
Climatronic 3 zones | CHF 270 | € 280 |
Sièges chauffants AV/AR | CHF 170 | € 180 |
Dossier AR télécommande | CHF 100 | € 95 |
Trois clefs personnalisables | CHF 40 | € 45 |
Clever Bonus | CHF -2000 | |
Total | CHF 60’440 | € 55’950 |
Caractéristiques techniques
Skoda Kodiaq RS | Skoda Kodiaq Sportline 2.0 TSI | |
Moteur | L4 turbodiesel 1968 cm3 | L4 Turbo 1984 cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 240 / 4000 | 180 / 3940-6000 |
Couple (Nm / t/min) | 500/1750-2500 | 320 / 1500-3940 |
Transmission | 4×4 | 4×4 |
Boite à vitesses | DSG7 | DSG7 |
RPP (kg/ch) | (7.52) | 9.63 |
Poids DIN (constr.) | (1805) | 1733 (1620) 57% AV / 43% AR |
0-100 km/h (sec.) | 6.9 | 8.0 |
Vitesse max. (km/h) | 221 | 207 |
Conso. mixte (constr.) | (6.4) | 9.7 (7.4) |
CO2 (g/km) | 167 | 170 |
Réservoir (l) | 60 | 60 |
Longueur (mm) | 4699 | 4697 |
Largeur (mm) | 1882 | 1882 |
Hauteur (mm) | 1686 | 1676 |
Empattement (mm) | 2790 | 2791 |
Coffre (L) | 725-1960 | 650-2065 |
Pneumatiques | 235/45R20 | 235/50R19 |
Prix de base (CHF) | 56’240 | 39’220 |
Prix de base (EUR) | 52’210 | 44’800 |
Nos remerciements à Skoda Suisse pour le prêt de ce Kodiaq RS.
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