La Swift Sport reste fidèle à ses origines.
Si c’est officiellement en 2005 que Suzuki a présenté pour la première fois la version nommée “Sport” de sa citadine, la Swift avait depuis 1989 une version GTi dévolue au plaisir de conduite. Ceci pour montrer, si c’est vraiment nécessaire, que la firme nippone ne s’est pas réveillée il y’a 14 ans pour proposer un produit agile et dévergondé, avec comme caractéristique de se reposer sur un moteur atmosphérique rageur allant chercher les watts haut dans les tours.
Mais le monde évolue et le monde automobile encore plus. Face au récent passage à la suralimentation des citadines sportives déjà existantes sur le marché, Suzuki a emboîté le pas en repensant sa motorisation pour finalement arriver à un bloc 1.4L turbo. Trente ans après la sortie d’une Swift considérée sportive à l’époque, est-ce que les fondements de ce modèle ne sont pas dénaturés par ce changement radical ?
La nouvelle Swift est basée sur une plateforme de nouvelle génération baptisée HEARTECT. Plus légère et rigide, grâce à une forme encore plus incurvée et de plus nombreux points de soudure, elle est également plus légère afin d’arriver à un poids DIN annoncé de 1’074 kg, comparable aux GTi d’il y’a quelques années. Ce châssis a également quelque peu grandi pour offrir un empattement plus long de 20 mm, comparé à la précédente version de la Swift Sport, mais aussi des voies prenant 40mm et une caisse baissée de 15 mm. Tout ceci suspendu à un amortissement confié à Monroe, l’ensemble semble alléchant.
L’épaisseur des biellettes accrue, des joints en Téflon et un seul bloc pour le moyeu et le roulement permettent une augmentation de 15% de la rigidité en carrossage. Le niveau de fermeté est plus élevé, sans pour autant avoir touché au tarage des amortisseurs avant. Et pour l’arrière, c’est également une rigidité accrue qui a été recherchée, ainsi qu’une résistance au roulis augmentée, permettant à cet essieu de garder la trajectoire, en espérant tout de même qu’il soit vivant et joueur.
La vraie révolution est cependant à aller chercher sous le capot. De l’ancien 1.3L atmo des Swift GTi en passant par le 1.6L atmo des versions “Sport” précédentes, c’est maintenant un bloc 1.4L turbocompressé BOOSTERJET (type K14C) à injection directe qui propulse cette Swift. Il développe 140 ch à 5’500 t/min et, surtout, 230 Nm de 2’500 à 3’500 t/min. Le couple est donc disponible bien plus bas que les anciennes motorisations atmosphériques mais le régime de puissance maximum à 5’500 t/min laisse quelques doutes sur son appétit à prendre des tours.
L’intérieur présente de belles touches sportives avec des rappels rouges vifs mais l’ensemble des matériaux sont relativement bas de gamme. Sièges semi-baquets à l’avant pas forcément radicaux mais offrant un bon maintien et des instruments relativement bien placés, il est temps de tourner la clé. Aucun bruit charismatique ne se dégage de ce nouveau bloc turbocompressé et c’est un peu dommage, en comparaison direct à sa plus proche concurrente de chez Abarth.
Les premières minutes derrière le volant laissent apparaître une direction extrêmement assistée mais malgré tout précise. Si le tarage des amortisseurs n’a pas été touché, l’amortissement primaire est relativement brut mais pas désagréable. La position de conduite est perfectible avec un manque de portée dans la colonne de direction mais ce qui se remarque dès sa première utilisation est la mauvaise commande de boîte. Long débattement, guidage imprécis, verrouillages flous couplés avec une commande d’embrayage douce mais peu progressive, c’est le gros point noir de cette nouvelle Swift Sport.
Équipée en pneu d’hiver, le passage du couple au sol sur les deux premiers intermédiaires demande du doigté. Rien de bien grave mais la motricité, élément central au vu des 230 Nm proposés par la mécanique, n’a pas pu être évalué, faute de des gommes adaptées. En faisant abstraction de cet aspect, le châssis se veut effectivement joueur, avec de bonne inscription en courbe, quoique manquant un peu de précision, tant la direction est assistée. Une fois en appui, la caisse ne bouge plus, même à un rythme élevé.
Concernant le suivi de l’essieu arrière, il a tendance à se déhancher mais d’une façon progressive et qu’en cas de conduite très sportive. Lors de levés de pied brutaux, des mouvements parasites apparaissent et ces derniers peuvent être difficiles à récupérer proprement à cause de cette direction si légère. Le transfert de poids latéral est un peu flou et laisse également apparaître des mouvements de caisse parasites.
Les accélérations sont excellentes avec un bloc volontaire, prenant bien les tours et n’ayant pas oublié le côté rageur ayant fait la réputation des blocs atmosphériques des anciens modèles. Le lag du turbo est malheureusement assez présent et nécessite de devoir en permanence garder l’ensemble mécanique sous pression pour une conduite propre. La conduite quotidienne est aisée. Profitant de rapports relativement courts, l’évolution citadine ne manque pas de mordant et la direction ultra assistée permet de se faufiler partout avec aise. La visibilité latérale est bonne mais la position très droite du pare-brise, pouvant être comparée aux Mini, bouche la vision supérieure.
Sur autoroute, la puissance est suffisante et le poids très modéré permettent des évolutions faciles dans le trafic. Si le bruit est plus présent dans l’habitacle, ce qui va dans le sens de l’ensemble de la finition proposée par Suzuki, ce qui me dérange le plus est le compteur inutilement gradué jusqu’à 260 km/h. En effet, la plage légale d’utilisation, hors autoroute, tient sur un quart du compteur et il est très difficile, d’un seul coup d’oeil, de connaître précisément notre vitesse entre 50 et 100 km/h.
Concernant l’interface de l’ordinateur de bord, il est peu intuitif mais l’ensemble des options basiques nécessaires sont comprises de base. Evidemment qu’un petit éventail d’option est disponible au catalogue (siège cuir, radar de parking) mais, au prix de base, le véhicule est plus que bien équipé. L’espace intérieur est également à louer. L’accent a été mis sur la place des occupants mais le coffre de 265L n’est pas en reste. La forme du coffre est également bien pensée pour embarquer des bagages sans trop de soucis. Si les positions assises sont assez droites, elle permette d’embarquer quatre adultes sans trop de problèmes.
L’embourgeoisement obligatoire des véhicules actuels a donc également été appliqué à cette nouvelle Swift Sport. Si l’ensemble des équipements actuels est présent et que le confort n’a rien à envier à la concurrence, le côté sportif n’a pas été oublié. Poids réduit, rigidité accrue, look sympa et efficacité au rendez-vous, sans pour autant être parfaite, cette nouvelle bombinette a de quoi faire sa place dans le monde, encore clairsemé il est vrai, des sportives 1.4L turbo.
Le rapport prestation/prix me semble imbattable, tant l’équipement est onéreux chez ses concurrentes. Reste la couleur à bien choisir et, étant plutôt ouvert aux coloris excentriques, il faut avouer que ce Champion Yellow n’est pas des plus sexy, d’autant plus que les rappels sportifs extérieurs invariablement rouges ne se marient pas au mieux. Mais rassurez-vous, six autres couleurs sont disponibles au catalogue.
Prix et options du véhicule essayé
| Suzuki Swift Sport | CHF 23’990 | € 20’700 |
| Total | CHF 23’990 | € 20’700 |
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
| Suzuki Swift Sport |
Abarth 595 |
VW Polo 6 GTI | |
| Moteur | L4 Turbo 1373 cm3 | L4 Turbo 1368 cm3 | L4 Turbo 1984 cm3 |
| Puissance (ch / t/min) | 140 / 5500 | 145 / 5500 | 200 / 4400-6000 |
| Couple (Nm / t/min) | 230 / 2500-3500 | 206 / 3000 | 320 / 1500-4350 |
| Transmission | Traction | Traction | Traction |
| Boite à vitesses | Manuelle 6 | Manuelle 5 | DSG6 |
| RPP (kg/ch) | (7.67) | (8.22) | 6.52 |
| Poids DIN (constr.) | (1074) | (1192) | 1304 (1280) 63.0%AV 37.0%AR |
| 0-100 km/h (sec.) | 8.1 | 7.8 | 6.7 |
| Vitesse max. (km/h) | 210 | 210 | 237 |
| Conso. mixte (constr.) | 6.6 (5.6) | 6.7 | 7.18 (5.9) |
| Réservoir (l) | 37 | 35 | 40 |
| CO2 (g/km) | 125 | 153 | 134 |
| Longueur (mm) | 3890 | 3660 | 4067 |
| Largeur (mm) | 1510 | 1627 | 1751 |
| Hauteur (mm) | 1480 | 1485 | 1438 |
| Empattement (mm) | 2450 | 2300 | 2549 |
| Coffre (L) | 265 | 185 | 305-1079 |
| Pneumatiques | 195/45 R17 | 195/45 R16 | 215/45 R17 |
| Prix de base (CHF) | 23’990 | 24’950 | 32’150 |
| Prix de base (EUR) | 20’700 | 19’990 | 29’090 |
Nos remerciements à Suzuki Suisse pour le prêt de cette Swift Sport.
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