La ligne de l’Arteon ne peut pas laisser indifférent.
L’Arteon a tout d’abord été dévoilée sous la forme du Sport Coupé Concept GTE au salon de Genève 2015 avant de revenir sous sa forme définitive et largement préservée pour l’édition 2017. En matière de design, VW rend une belle copie. Le style est magistral, les dimensions et proportions presque statutaires, les lignes pures, l’avant agressif. Une berline-coupé est un choix où les considérations esthétiques prennent le dessus sur les aspects purement pratiques, et l’Arteon amène à VW une alternative aguicheuse à la Passat.
Elle partage avec celle-ci la même plateforme à moteur transversal MQB (donc sans rapport avec une A5 Sportback par exemple), mais dans une exécution à empattement allongé (2837 mm contre 2791 mm). L’Arteon est nettement plus longue (4862 mm), ce qui la cantonne presque dans le segment E, et ces dimensions bénéficient à l’habitabilité.
Les places arrière offrent un espace très généreux aux genoux, une tradition sur les “Passat” qui est dûment honorée. L’Arteon n’est pas commercialisée telle quelle sur le marché chinois, VW y vend des berlines dédiées au plus grand marché automobile de la planète, donc les raisons de cette générosité ne sont pas à aller chercher dans l’Empire du Milieu. On ne peut toutefois que se féliciter d’un package qui bénéficie aux passagers, à la différence de nombre de berlines frôlant les 5 mètres. Le coffre est limité en hauteur mais offre une bonne capacité et le hayon rend l’accès pratique.
L’espace réservée aux occupants arrière est certes entravé au sol par un tunnel de transmission proéminent, mais pour le reste, l’Arteon recevra des adultes sans le moindre problème. Un bémol toutefois pour les claustrophobes et les amateurs d’air frais: les glaces latérales ne s’ouvrent que très partiellement.
Le style ambitieux de l’Arteon ne se retrouve malheureusement pas à l’intérieur. La planche de bord est une copie carbone de la Passat, majorée du nouveau système d’infotainment tactile. Même si les matériaux ou la qualité d’assemblage sont sans reproches objectifs, on aurait aimé retrouver l’élégance du dessin extérieur plutôt qu’un agencement conservateur, sans fantaisie ni la moindre touche luxueuse. On trouve un cuir Nappa “carbone” dans le catalogue d’options, mais la planche de bord restera désespérément identique à celle d’une Passat.
Il faut tenter de se consoler avec l’Active Info Display, malgré les critiques récurrentes qu’on peut formuler à son égard: ergonomie de navigation perfectible, et utilisation sous-optimale de l’espace à disposition, par exemple pour les données de l’ordinateur de bord, jamais disponibles d’un seul coup d’œil. Les anciens petits LCD incrustés étaient plus agréables d’utilisation, c’est un comble. VW y ajoute une petite mesquinerie: avec le système de série Discover Media, la carte de navigation ne peut être affichée que sur un des deux écrans à la fois, mais pas les deux, sans doute pour limiter les coûts du processeur graphique. Devoir commuter manuellement selon le besoin est irritant. Le système d’infotainment m’a par ailleurs donné satisfaction, et le support Android Auto s’est avéré sans faille.
Notre Arteon jaune Curcuma (une épice similaire au gingembre qui rentre dans la composition du curry) est motorisée par le 2.0L TDI biturbo 240 chevaux, le haut de gamme des 4 cylindres TDI, le même groupe essayé en 2015 dans la Passat Variant. Malgré un poids très voisin (1803 kg DIN sur nos balances), la consommation relevée sur l’Arteon fut supérieure, pointant à 7.3 L/100 km contre 6.9 L/100km avec la Passat. Le chiffre n’est pas mauvais dans l’absolu, mais justifie-t-il encore les sacrifices d’un turbodiesel en matière d’agrément ? Le 2.0 TSi 4Motion est 1000 CHF moins cher, nettement plus puissant (+40 chevaux), mais moins coupleux (350 Nm contre 500 Nm au biTDI).
La question mérite d’être posée car l’Arteon m’a surpris – positivement – par un comportement routier rigoureux. Le train avant encaisse sans broncher les épingles lentes passées en force tout comme les plus gros appuis. Dans le premier cas, l’Arteon conserve une ligne serrée malgré l’arrivée du couple. Dans le second, le châssis contient efficacement les mouvements de caisse et la précision de l’ensemble met en confiance. Ces bonnes dispositions me font d’autant plus regretter le maintien déficient des sièges d’origine (des sièges ergoComfort sont disponibles en option pour CHF 1’340 et remédient peut-être au problème) et les sensations moteur ternes.
Sur le papier, 500 Nm dès 1750 t/min semble abondant, mais ce couple n’est disponible que jusqu’à 2500 t/min, soit une plage étroite qu’il faut encore soustraire du temps de réponse. En pratique, la poussée est éphémère, et ce n’est que dans un soucis d’efficacité qu’on va chercher la puissance maxi à 4000 t/min. Le 0-100 km/h revendiqué en 6.5s est honorable, mais la perception de brio absente.
Viennent s’y ajouter les tares inhérentes à un turbodiesel, le manque d’allonge, l’inertie lorsque le besoin d’un démarrage musclé se présente, une sonorité rugueuse à basse vitesse et à froid, et un choix qui fut un jour considéré comme pragmatique en devient presque incongru. Est-ce qu’une ligne attrayante peut compenser un tel manque de charisme une fois au volant ? La seule et maigre compensation est à chercher dans les réglages de sonorité moteur, qui ajoutent des harmoniques synthétiques plus agréables à mes oreilles que la sonorité étranglée du TDI à pleine charge.
La boîte DSG est conforme aux prestations des autres modèles récents de Volkswagen passés entre nos mains. Souvent compétente, mais trop souvent gauche si l’on s’écarte d’un style de conduite très coulé et passif. Les réactions aux palettes sont lentes, certains contre-pieds résultent dans des à-coups. L’impression lancinante est que les boîtes DSG de VW ont légèrement régressé dans la constance de leurs prestations, et on peut spéculer que c’est par réduction des coûts.
La suspension réglable de série m’a donné satisfaction. Sa plage de variation de l’amortissement permet de passer du souple pour l’autoroute ou la conduite décontractée à un tarage plus ferme bienvenu en conduite rapide. Cette plage de réglage fait de l’Arteon une routière confortable sur longue distance. Le passager avant pourrait se plaindre de réglages de siège entièrement manuels (à moins à nouveau de cocher l’option précitée), et vos lombaires pourraient vous faire regretter un appui un rien timide (malgré le label ErgoComfort).
Dès le moment où la définition de berline coupé et le style affirmé de l’Arteon sont attirants, la voiture convaincra par son châssis et la disponibilité d’une valeur sûre (le 2.0L TSI 280 ch couplé à la transmission 4Motion) comme alternative à un biturbodiesel sans panache ni élégance. Le recours aux sièges optionnels paraît indispensable. Pour le reste, on peut féliciter Volkswagen d’avoir eu le crayon ambitieux en dessinant l’Arteon, mais regretter de ne pas avoir trouvé de solution viable pour poursuivre cette démarche premium à l’intérieur, ne serait-ce qu’avec un pack distinctif. Une figure de style bien entamée, mais incomplète.
Prix et options du véhicule essayé
VW Arteon 2.0 TDI 240ch 4Motion R-Line | CHF 63’250 | € 53’275 |
Peinture Jaune Curkuma Metallic | CHF 910 | € 790 |
Toit panoramique | CHF 1’490 | € 1’180 |
Easy Open | CHF 1’240 | € 940 |
Garantie+ 4 ans/100’000km | CHF 1’130 | € 1’035 |
Pack hiver | CHF 1’100 | € 855 |
Jantes Montevideo 19″ | CHF 580 | € 490 |
Active Info Display | CHF 580 | € 510 |
Préparation téléphone “confort” | CHF 450 | € 415 |
Prime de bonus | – CHF 2’000 | – |
Total | CHF 69’107 | € 59’905 |
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
VW Arteon | Peugeot 508 GT | BMW 430i xDrive Gran Coupé | |
Moteur | L4 bi-turbodiesel 1968 cm3 | L4 turbo 1598 cm3 | L4 turbo 1998 cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 240 / 4000 | 225 / 5500 | 252 / 5200 |
Couple (Nm / tr/min) | 500 / 1750-2500 | 300 / 1900 | 350 / 1450-4800 |
Transmission | 4Motion | AV | xDrive |
Boite à vitesses | DSG7 | Automatique 8 | Steptronic 8 |
RPP (kg/ch) | 7.51 | (6.31) | (6.41) |
Poids DIN (constr.) | 1803 57.5%AV 42.5%AR |
(1420) | (1615) |
0-100 km/h (sec.) | 6.5 | 7.3 | 5.9 |
Vitesse max. (km/h) | 245 | 250 | 250 |
Conso. Mixte (constr.) | 7.3 (5.9) | (5.7) | (5.9) |
Emissions CO2 (g/km) | 152 | 131 | 138 |
Réservoir (l) | 66 | 62 | 60 |
Longueur (mm) | 4862 | 4750 | 4638 |
Largeur (mm) | 1871-2127 | 1907-2079 | 1825 |
Hauteur (mm) | 1450 | 1403 | 1404 |
Empattement (mm) | 2837 | 2793 | 2810 |
Coffre (L) | 563-1557 | 487-1537 | 480-1300 |
Pneus | 245/45 R18 | 235/45 R18 | 225/45 R18 |
Prix de base (CHF) | 63’250 | 52’500 | 65’600 |
Prix de base (EUR) | 53’275 | 46’000 | 51’000 |
Nos remerciements à VW Suisse pour le prêt de cette Arteon.
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