Essai VW T-Roc Sport: futur leader ?

Le T-Roc sera-t-il la Golf des crossovers ?

Affichant la plus forte progression en volume du dernier semestre, le nouveau venu dans la gamme des crossover “Made in Wolfsburg” se positionne en best-seller dans notre pays. Véritable clône de l’Audi Q2, le T-Roc se démarque du style, normalement si sobre, de la marque VW, ce qui le rend reconnaissable au premier coup d’oeil. La volonté de s’adresser à de jeunes consommateurs est évidente. Le lancement semble déjà réussi, reste à voir si le produit est digne de la cote d’amour que les consommateurs vouent à VW sur le continent.

Alors que tout roule pour la deuxième génération de Tiguan, et que la gamme est complète vers le haut avec le Tiguan AllSpace et le Touareg, il manquait depuis des années un modèle plus compact dans l’assortiment Volkswagen. VW a annoncé en été 2017 l’arrivée du T-Roc, un crossover de 4’234 mm de long, le cadet est de taille similaire à une Golf 7, mais s’élève de quelques 121 mm afin d’offrir une position de conduite plus dominante.

Le look extérieur est plus radicale et surprenant venant de VW. Arrêtes encore plus marquées que sur le Tiguan, lignes dynamiques et sportives forment cet ensemble très bien dessiné. A l’intérieur, nous retrouvons les ingrédients du groupe avec, toutefois, quelques déceptions au niveau des matériaux utilisés alors que, je vous en informe à présent, nous nous trouvons dans la version Sport, plutôt haut de gamme. Assemblage de qualité mais plastiques durs, sièges confortables mais qualité de tissus vraiment basique, tous les risques ont été pris sur le design extérieur, avec un intérieur qui ne suit pas et déçoit par son aspect conventionnel combiné à des réductions de coûts féroces.

Au niveau de la motorisation, plusieurs choix sont à votre disposition. Si le diesel est encore présent avec le 1.6L de 115 ch à 5500 t/min et 250 Nm entre 1750 et 3200 t/min, uniquement en traction, ainsi que le 2.0L 4Motion de 150 ch à 4000 t/min et 340 Nm entre 1750 et 3000 t/min, l’accent a été mis sur les motorisations essences. Le 1.0 TSi de 115 ch à 5’500 t/min et 200Nm entre 2000 et 3000 t/min peut paraître léger, mais le 1.5 TSi (150 ch à 6000 t/min, 250 Nm entre 1500 et 3500) semble déjà mieux armé. Cependant, comme pour les motorisations diesel et comme bien souvent dans cette catégorie, la transmission intégrale n’est disponible qu’avec le “gros” moteur, soit le 2.0 TSi de 190 ch à 6000 t/min et 320 Nm entre 1500 et 4180 t/min.

Mise en route de la bête avec … la clé ! Oui, aussi bizarre que cela puisse paraître, pas de système keyless pour notre modèle pourtant affiché CHF 47’710 et c’est bien une surprise que de découvrir un bon vieux cylindre plutôt que le désormais habituel bouton de mise en marche. L’évolution en ville est toutefois excellente. Profitant d’un gabarit tout ce qu’il y a de plus normal, la position de conduite extrêmement agréable et surélevée marque un point. Uniquement disponible avec une boite DSG à sept rapports, le moteur répond sans lag, et le couple est transmis correctement aux roues, avec une adhérence propre à la transmission intégrale lors d’accélérations plus franches.

Les différents modes de conduite, passant de l’éco au sport, avec également le neutre et le “snow” inutile en cette saison estivale 2018, font varier certains aspects du châssis, de la réponse moteur et de l’allonge du moteur, allant chercher un peu plus les hauts régimes en mode sport. Toutefois, si j’ai toujours vanté ces divers modes lors de mes précédents essais de modèles du groupe, force est de constater que la différence entre l’un et l’autre et plus ténue cette fois-ci, surtout en ce qui concerne l’amortissement.

Ce dernier est d’ailleurs assez abrupt dans sa façon d’absorber les aspérités de la chaussée. Sans être désagréable et permettant une excellente précision de la direction ainsi que du placement de la voiture en courbe, le ressenti n’est pas du niveau d’un crossover mais bien d’une berline compacte de type Golf. La monte en 225/40 R19 n’aidant pas, je vous l’accorde, je vous conseille tout de même d’y aller “mollo” sur les dos d’âne.

Si la puissance et le couple du 2.0 TSi est bien suffisante pour mouvoir les 1’569 kg DIN, la boite DSG a une fâcheuse tendance à laisser faire son 3ème rapport pour tout ce qui est accélération d’entrée d’autoroute ou pour se lancer dans la circulation hors des villes, avant de faire grimper les rapports de façon expresse afin de baisser le régime et, de facto, la consommation. Malgré la plage assez large du couple maximum, cette tendance à rester sur ledit rapport amène des accélérations aseptisées qui ne sont pas dignes des 190 ch et des 320Nm développés par le bloc. Enfin, le poids élevé n’est pas non-plus un facteur favorable, même si les 7.2 secondes revendiquées sur le 0 à 100 km/h restent tout à fait acceptables.

Sur autoroute, une fois lancé à bonne vitesse, le voyage est agréable sans être extraordinaire. Peu de roulis en appui, tangage quasiment inexistant mais amortissement toujours assez sec. Le régulateur de vitesse avec radar adaptatif reste excellent, tout comme le reste des options de sécurités dont le T-Roc est pourvu. En ce qui concerne le comportement hors des sentiers battus, la monte précitée n’aide vraiment pas au confort et mériterait un nouvel essai avec des gommes de taille plus haute qu’une série 40. Toutefois, l’adhérence n’a jamais fais défaut et la gestion du 4Motion ne mérite pas de blâme, bien au contraire.

Alors, exempte de tout reproche ? Directement dans le mille de la part de Wolfsburg ? Je répondrai par la négative pour les raisons suivantes. Comme mentionné, les matériaux utilisés pour l’intérieur pose problème pour cette gamme de prix. Tant le VW Tiguan que le Seat Ateca ou le Skoda Karoq sont mieux finis, avec des matériaux de meilleure qualité, notamment une utilisation moins pingre des plastiques moussés. Même une Golf 7 est au dessus de ce qui est proposé dans ce T-Roc.

Quid de l’espace dans l’habitacle ? Comparable à une compacte de même gabarit avec, toutefois, un seuil de chargement assez haut pour le coffre lorsque vous optez pour le 4Motion, donc aucun gain pratique de ce côté là. Mais, comme d’habitude, les volumes annoncés ainsi que des divers espaces aux places principales sont plutôt à mettre dans le haut du pannier.

Mécaniquement parlant ? Là non-plus, aucun risque n’a été pris et l’offre de motorisation est semblable aux autres crossovers du groupe avec, pour l’instant, notre motorisation d’essai comme fer de lance. Si la boite DSG7 fait toujours bien son travail, j’émettrai un petit bémol sur ce 3ème rapport trop long à mon goût. La différence entre la consommation annoncée et calculée est plutôt correcte avec 8.7 L/100 km relevé contre 6.8 L/100km annoncés, alors que le poids est assez conséquent.

Alors, si aucun des points précédents ne sort du lot, qu’est-ce qui fait que le T-Roc se profile en tant que futur best-seller ? Premièrement, et c’est indéniable dans notre pays, VW possède toujours un capital confiance énorme, malgré les affaires qui ont éclaboussé la marque, avec un rapport prix/prestation que le consommateurs semblent apprécier. Mais surtout, dans le cas du T-Roc, c’est le style extérieur qui ne peut être considéré que comme réussi qui fait sans doute la différence.

Il est probable que nous avons, devant nos yeux, le leader du segment des crossovers compacts, par le simple fait de la force de la marque, mais si l’on évalue le produit pour ce qu’il offre intrinsèquement, le doute s’installe. L’Audi Q2 est plus cher, mais tant Seat, qui propose avec l’Ateca les mêmes motorisations, que le Skoda Karoq (si l’on peut ou veut se passer du 2.0 TSI) proposent pour moins cher des crossovers de format comparable, certes avec un style extérieur moins trendy-chic, mais avec un rapport prix-prestations qui nous parait plus favorable. VW court le risque d’avoir oublié certains des ingrédients  de la recette qui a fait la suprématie de la Golf.

Prix des options du véhicule essayé

VW T-Roc Sport 2.0 TSi 4Motion CHF 40’750 € 37’230
Châssis Sport CHF 460 de série
Jante alu “Suzuka” CHF 1’170 € 640
Peinture White Silver CHF 850 € 650
Pack Infotainment avec avantage CHF 1’140 de série
Pack Assist CHF 210 N.D.
Soundsystem “Beats” CHF 470 € 600
Toit panoramique CHF 1’310 € 1’350
Ouverture coffre électrique CHF 370 N.D.
VW garantie+ 4ans/100’000kms CHF 790 € 940
Rétroviseurs rabattables CHF 190 de série
TOTAL CHF 47’710 € 41’410

Face à la concurrence – caractéristiques techniques

VW T-Roc Sport
2.0 TSi 4 Motion
Mini Countryman
Cooper S
Jeep Renegade
Limited MultiAir
Audi Q2 2.0
TFSi quattro
Moteur L4 1984 cm3 turbo L4 1998 cm3 turbo L4 1368 cm3 turbo L4 1984 cm3 turbo
Puissance (ch / t/min) 190 / 4200-6000 192 / 5000–6000 170 / 5500 190 / 4200–6000
Couple (Nm / t/min) 320 / 1500-4200 280 / 1350-4600 250 / 2500 320 / 1500–4200
Transmission 4 Motion traction 4WD Quattro
Boite à vitesses DSG7 aut. / man. automatique 9 S tronic 7
RPP (kg/ch) (8.26) (7.45) (9.39) (7.92)
Poids DIN (constr.) (1’569) (1’430) (1’596) (1’505)
0-100 km/h (sec.) 7.2 7.5 8.8 6.5
Vitesse max. (km/h) 216 225 196 228
Conso Mixte (constr.) 8.7 (6.8) (6.3) (6.9) (6.4)
CO2 (g/km) 155 144 160 146
Réservoir (l) 50 51 48 55
Longueur (mm) 4234 4299 4255 4191
Largeur (mm) 1819 – 1992 1822 1805 1794 – 2009
Hauteur (mm) 1573 1557 1697 1508
Empattement (mm) 2593 2670 2570 2595
Coffre (L) 392 – 1237 450 – 1390 351 355 – 1000
Pneus 225/40 R19 225/55 R17 215/60 R17 215/55 R17
Prix de base (CHF) 40’750 37’200 36’800 44’200
Prix de base (EUR) 37’230 32’400 N.D. 34’590

Nos remerciements à VW Suisse pour la mise à disposition de ce T-Roc.

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