GP F1 France 2018 : Louis remonte sur le trône

Le grand retour de la Formule 1 au circuit du Castellet ! 

Après 10 ans d’absence du calendrier, le grand-prix de France a donc fait son retour le week-end dernier sur le circuit du Castellet qui n’avait, lui, pas organisé l’événement depuis 1990. Inutile de préciser que l’attente autour de l’événement était grande, avec des organisateurs et des pilotes français sous-pression pour transformer ce retour en grand succès.

La ferveur populaire qui entoura l’événement eut à composer avec des bouchons dantesque le vendredi, laissant un goût très amère notamment chez les commentateurs anglo-saxons, assista à une victoire sans contestation de Lewis Hamilton, clairement meilleur performer du week-end varois. Par parenthèse, le risque de bouchons était parfaitement connu et pris en compte par les organisateurs, ce qui laisse d’autant plus perplexe devant le chaos total du vendredi matin.

Il est toutefois indéniable que le reste fut à la hauteur de l’événement, et qu’il fut un grand succès populaire dont on ne peut que grandement se féliciter.

Une évolution, et ça repart

En piste, et dès le vendredi, Mercedes montrait au plateau que la nouvelle évolution moteur (qui avait failli manquer le rendez-vous) apportait un gain net, particulièrement intéressant sur le circuit Paul Ricard. Red Bull et Ferrari était en dessous dans l’exercice de la qualification puisque Hamilton et Bottas trustaient la première ligne. L’hésitation était juste un peu plus présente au niveau du rythme de courses puisque les sessions libres laissent envisager des RedBull mais surtout des Ferrari bien plus menaçantes.

Prenant le choix de s’élancer (comme les RedBull) en pneus super soft et non hyper soft comme les Ferrari, les Mercedes pouvaient espérer se ménager les meilleures options stratégiques, à condition de passer les premiers virages sans encombre face à une Ferrari pouvant bénéficier d’une motricité supérieure au départ.

Vettel strike d’entrée

Qualifié 3ème et nourrissant de gros espoirs pour la course, Sebastian Vettel savait sans doute que la clé de son résultat se situait dans un départ canon.

Aidé par ses pneus plus tendres que les autres clients des premières lignes, sa prise d’adhérence fut de facto supérieures et c’est à hauteur de Bottas qu’il se présentait au premier virage. Un peu trop à hauteur puisqu’il heurtait le pilote Mercedes lui causant une crevaison en même temps qu’il perdait son aileron avant. Si la safety car qui suivait l’aidait à perdre le moins de temps possible dans l’opération, la course du jusque-là leader du championnat prenait une tournure bien plus compliquée, lui imposant une remontée depuis l’avant dernière place, qu’il achèvera à la 5ème position sous le drapeau à damiers.

Elle laissait surtout le champ libre à un Lewis Hamilton qui n’en demandait pas tant, et s’envolait en tête tout en maîtrise de la gestion son rythme, tenant Max Verstappen à distance comme il le souhaitait jusqu’à l’arrivée. Le britannique encaisse donc une 75ème victoire en grand-prix et reprend du même coup la tête du championnat du monde, avec une marge confortable de 14 unités.

Raikkonen sauve la maison rouge

Avec un Vettel out pour le podium, tous les espoirs de la Scuderia reposaient sur Kimi Raikkonen. Un Kimi qui s’était une nouvelle fois un peu pris les pieds dans le tapis en qualifications, ne pouvant faire mieux de 6ème sur la grille.

Pris dans le trafic du 1er virage généré par le strike de son coéquipier, le finlandais s’employait ensuite à regagner sa place sur le podium, ce qu’il parvenait donc à réaliser après avoir pris la mesure de Daniel Ricciardo, handicapé par un aileron avant blessé et 4ème à l’arrivée. Le résultat de Raikkonen n’est pas mauvais en soi mais laisse un petit goût d’inachevé car le rythme de course de la Ferrari était efficace et aurait dû permettre de viser mieux.

En prenant un peu de recul, tout n’est donc pas à jeter dans le week-end de la Scuderia. Il était attendu qu’elle soit en difficulté ce week-end face aux Mercedes particulièrement car les gommes employées étaient les mêmes que celle de Barcelone, qui avaient tant posé problème. Or, le gap sur les Mercedes n’était en réalité pas si important que cela, prouvant que les choses vont rester serrée et indécises.

La Haas de guerre est déterrée

Ce qui devait être un feu d’artifice bleu blanc rouge s’est transformé en pétard mouillé honteux. Comment qualifier autrement la prestation des 3 pilotes français du plateau ? En deux virages, deux d’entre eux s’entre éliminaient, consécutivement à une manœuvre improbable du 3ème juste après le départ.

Déjà coupable d’une faute en Q3 (transformée en erreur de l’équipe sur le setup de la monoplace), Romain Grosjean tassait Esteban Ocon sur la gauche au départ, emportant une partie de l’aileron avant de ce dernier. Monoplace blessée, Ocon en perdait la totale maitrise un virage plus loin et touchait Pierre Gasly, peut-être un peu optimiste, qui tentait de s’infiltrer à l’intérieur.

Gasly et Ocon sur le carreau, ne restait plus que Romain Grosjean en piste qui livrera une prestation en demie teinte pour terminer au-delà des points, à la 11ème place, étant au passage pénalisé pour la manœuvre sur Ocon. Un week-end gâché d’autant plus dommage que la piste varoise convenait manifestement très bien à la Haas, et d’autant plus douloureux que son coéquipier Magnussen termine lui 6ème et “meilleur des autres”.

Mais nous n’avions pas tout vu puisque qu’à peine descendus de voiture, les 3 pilotes se chargeaient mutuellement sans ménagement en zone d’interview. Le moins véhément était Pierre Gasly, qui reprochait à Ocon d’avoir repris la corde avec une auto en souffrance, alors qu’il s’y était lui-même engagé.

Vint ensuite Esteban Ocon qui accusait vertement Romain Grosjean d’être la source de tous les maux par sa manœuvre initiale, sans oublier pas au passage de se dédouaner de toute responsabilité, et s’affirmer comme excellent pilote. C’est probablement vrai, mais est-ce à lui de le répéter ?

Vint enfin Romain Grosjean, qui n’avait rien à se reprocher, ne connaissait pas la raison de sa pénalité, mais s’emportait instantanément lorsque la raison lui était donnée, perdant son sourire légendaire pour charger Esteban Ocon en retour en invoquant avoir été lui-même tassé par Charles Leclerc à sa droite lors du départ. Le problème sur cette dernière explication étant que Charles Leclerc était déjà passé lorsque Grosjean donne son coup de volant, et soit le temps de réaction était très mauvais, soit la raison était Ocon et non Leclerc. Tout cela était donc fort peu glorieux et il semble surtout manifestement que la pression autour de l’évènement était très (trop?) grande pour le camp français.

Leclerc enchaine

S’il en est un qui n’a pas déçu ce week-end, c’est à nouveau Charles Leclerc. En difficulté le vendredi, il arrivait à remettre les choses en ordre le samedi pour décrocher une Q3, et même une magnifique 8ème place sur la grille. Au terme d’une course solide, exempte d’erreur, ponctuée de belles batailles parfaitement gérées, Charles Leclerc s’octroyait le point de la 10ème place.

Ceci fait donc 4 entrées dans les points sur les 4 dernières courses, et en F1 une telle série ne peut être due au hasard. Nous avons déjà insisté dans ces colonnes sur le talent du pilote monégasque mais il est bon et surtout mérité de le souligner à nouveau, d’autant que le paddock bruisse de rumeurs autour d’une possible titularisation dès 2019 chez Ferrari, à la place de Raikkonen. Difficile de trouver cette idée saugrenue tant la maturité du jeune homme est évidente, et contraste avec les complaintes entendues trop fréquemment par ailleurs.

Renault sauve la France

Enchainant les arrivées dans les points, le Renault F1 Team continue d’ancrer son statut de 4ème force du plateau. Certes, Carlos Sainz (meilleurs performer du team pour le week-end soufra de pertes de puissance en fin de course et fut “sauvé” par la virtual safety car consécutive à la sortie de Lance Stroll dans la courbe de Signe. Il n’en reste pas moins qu’avec ledit Sainz 8ème à l’arrivée et Hulkenberg 9ème, l’opération comptable est très positive et fait honneur à la marée jaune qui peuplait les tribunes.

Au niveau extra sportif, on avait appris la semaine dernière la fin du partenariat entre RedBull et Renault, l’écurie autrichienne se tournant vers Honda dès 2019. Pas de rancœur apparente chez le constructeur au losange, qui n’équipera donc qu’une seule écurie cliente en 2019, savoir McLaren. C’est toutefois nécessairement un peu de poids politique en moins face à Mercedes et Ferrari.

A l’inverse, Honda se trouvera maintenant en bien meilleure posture sur ce plan, et équipera donc surtout l’une des 3 équipes majeures, et, enfin, le possible meilleur châssis du plateau.

Berezina britannique

Est-ce un dommage collatéral du Brexit, toujours est-il que les deux teams britanniques historiques ont sombré en France. Cela devient cette saison une très mauvaise habitude pour Williams, victime pour couronner une course en fond de peloton (Sirotkin termine 15ème et dernier classé) de l’impressionnante crevaison de Stroll en fin de course. Il se dit que les solutions sont identifiées mais qu’elles prendront du temps à être mises en piste. La saison 2018 ne verra donc probablement pas de mieux, et espérons que le très gros manque à gagner financier qui en résultera n’entravera pas la capacité de l’écurie à rebondir.

Côté McLaren, les performances sont clairement de pire en pire, à présent bien plus proche de Williams que la 4ème place du classement constructeur, et ce n’est pas l’abattement exprimé ouvertement par Fernando Alonso à la radio, avant d’abandonner avant la fin de la course sur un problème de suspension, qui rassurera. On sait que l’espagnol adore faire passer ses messages par ce biais et le moins que l’on puisse dire est n’y est pas allé de main morte : “Je n’ai plus de freins, plus de pneus, on est hors des point. Quoi qu’on fasse, je m’en fiche ! “Ambiance.

Avec Stoffel Vandoorne 12ème à l’arrivée, McLaren clôture un week-end où la performance n’a jamais été là, et espère (encore…) des lendemains qui chantent sur des tracés plus favorables, dont on se demande maintenant quelle est la typologie. Voici donc pour le retour du grand prix de France. Une course animée mais sans lutte pour la victoire, le duel espéré ayant été tronqué dès le premier virage. Dommage.

N’en reste pas moins une piste où voire l’évolution des pilotes & monoplaces reste un beau spectacle, qui sera peut-être magnifié l’année prochaine avec la potentielle suppression de la chicane coupant la ligne droite du Mistral. L’idée est à l’étude.

Cette course marque un revirement de plus en tête du classement pilotes, à l’avantage cette fois ci de Lewis Hamilton dont la Mercedes a grandement bénéficié de la nouvelle évolution moteur. En face, et après Baku, Sebastian Vettel perd lui une nouvelle fois quelques points précieux dans une touchette en course, ce qui pourrait s’avérer hautement préjudiciable au moment des comptes de fin de saison, et RedBull reste en embuscade.

Le chassé-croisé devrait donc se poursuivre dans les épreuves à venir, et à venir très prochainement puisque le circus se rend dès ce week-end en terres autrichiennes, au RedBull Ring (Zeltweg pour les puristes) où l’écurie maison aura à cœur de se montrer, avant d’aller une semaine après en Grande-Bretagne à Silverstone pour ce qui constituera le 1er “triple header” de l’histoire de la F1.

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