GP F1 Canada 2018 : Vettel à point nommé

Vettel refait son retard sur Hamilton à Montréal. 

La première escale de la saison en terre nord-américaine a toujours une saveur particulière, spécialement cette année où le fervent public québécois fêtait le 40ème anniversaire de la victoire du mythique Gilles Villeneuve sur le tracé qui porte à présent son nom, situé sur l’ile Notre Dame de Montréal. Ferrari et Villeneuve. Voici deux noms intimement liés, et il n’y avait qu’à voir la couleur majoritairement représentée dans les tribunes pour se faire une idée de la préférence du public qui attendait une victoire de l’écurie italienne depuis 2004.

Et quelle plus belle récompense que la démonstration offerte par Sebastian Vettel, qui, placé dans sa configuration favorite, a été l’auteur d’un cavalier seul géré à la perfection et l’emporte au terme d’une course peu animée alors que des essais très serrés pouvaient laisser espérer une bataille mémorable.

Or, le plus mémorable restera, au delà du crash du 1er tour que nous évoquons un peu plus loin, que le drapeau à damier ait été agité un tour trop tôt par la top modèle Winnie Harlow, laquelle avait été invitée à le faire de façon erronée. Ainsi c’est le classement à l’issue du 68ème tour qui restera sur les tablettes, et non celui du 70ème et dernier prévu.

Ferrari retrouve ses repères

Ceci ne devait gêner en rien Sebastian Vettel, qui n’avait lui pas perdu le fil.

En léger retrait le vendredi, le leader allemand de la Scudéria était capable comme à plusieurs reprises cette saison de monter en puissance le samedi pour signer une superbe pole position, convertie le lendemain en victoire sans contestation. Après deux épreuves plus compliquées, Ferrari retrouve donc une forme qui l’avait vu dominer le début de saison en vitesse pure. Ensemble mécanique performant et fiable, gestion des pneumatiques impeccable, arrêts aux stands maîtrisés et course quasi exempte de faits perturbateurs, Vettel n’allait pas laisser passer l’occasion de frapper un grand coup.

Ce fut une nouvelle fois un peu plus compliqué pour Kimi Raikkonen, pourtant lui aussi performant mais auteur d’une qualification moyenne et d’une course quelque peu engluée pour terminer 6ème. Un bémol, donc, qui ne gâchera sans doute pas cependant la satisfaction ressentie dimanche soir dans l’équipe italienne puisque Vettel reprenait en même temps que sa victoire la tête du championnat du monde. Très bonne opération avant de se rendre au Castellet pour le grand-prix de France, où les pneus utilisés seront ceux employés à Barcelone, qui avaient tant fait souffrir les Ferrari.

Mercedes en quête de repères

Après un grand-prix d’Espagne archi dominateur, puis un grand-prix de Monaco passé dans l’ombre des RedBull, c’est maintenant face à Ferrari que l’écurie Allemande a été obligée de rendre les armes. Décidément, cette saison sait nous surprendre d’une épreuve à l’autre !

Si Bottas sauvait une fois de plus les meubles avec une deuxième place arrachée de haute lutte face à un Verstappen de plus en plus pressant sur la fin, Lewis Hamilton était incapable de trouver le chemin de la performance.

Comme souvent quand les éléments se s’imbriquent pas parfaitement, c’est même un peu désabusé qu’il échangeait avec son stand au fil du week-end trouvant ça et là des sujets de plainte, un manque de puissance moteur notamment.

Reste que le britannique, arrivé au Canada en solide leader du championnat en repart devancé d’un point par Sebastian Vettel.

Comme mentionné, le prochain grand-prix devrait être pour Mercedes l’opportunité de retrouver le sommet, d’autant que les monoplaces étoilées y étrenneront une nouvelle unité de puissance, la première utilisée cette saison ayant à présent achevé son cycle d’utilisation.

RedBull maintient la pression, Verstappen reste sous pression

Encore la plus rapide en course dimanche soir, avec une stratégie pneumatique à nouveau décalée par rapport aux deux autres écuries de pointe, l’écurie autrichienne continue d’être placée aux avants postes. Ceci ne peut que faire plus amèrement regretter les erreurs ayant émaillé le début de saison.

Une fois n’est pas coutume, c’est Max Verstappen qui a dominé Ricciardo et réalisé un week-end performant et sans casse pour la première fois de la saison (même si le coup n’est pas passé loin avec Ericsson en qualifications…). Le hollandais reste toutefois sous surveillance et menaçait dès le vendredi quiconque lui reparlerait de ses accrochages de prendre son poing dans le nez. Toujours dans le coup au fil des essais, il ne pouvait faire mieux que 3ème en qualification, place qu’il gardera jusqu’à l’arrivée malgré une tentative sur Bottas au départ, et un rush final sur ce même Bottas qu’il achèvera à 1/10ème de seconde du Finlandais au bout des 70 tours (1,5seconde selon classement pris en compte). Peut-être le signe de lendemains qui se remettent à chanter.

Ricciardo avait de son côté plus de mal pour extraire la performance de sa monoplace le samedi mais terminait 4ème sous le drapeau à damier au prix d’une belle course l’ayant vu emporter le meilleur tour à la barbe de son équipier. Seulement, ce meilleur temps ayant été exécuté dans le 70ème d’une course au final tronquée de 2 tours, c’est bien Max Verstappen qui gardera la gratification.

 

Au final, de beaux points encaissés par RedBull, clairement revenu à la lutte avec Ferrari et Mercedes et constitue avec elles un trio ayant mis tout le reste du plateau à au moins un tour au terme de l’épreuve. Le gap est gigantesque.

Renault s’affirme comme le meilleur des autres

Les courses se suivent et se ressemblent pour Renault. Encore à des années lumières du trio de tête, mais solide et régulière dans les points avec de nouveau une double arrivée dans les 10 premiers. La voici donc qui entérine son statut de 4ème force du plateau qu’il sera à l’évidence bien difficile de lui contester tant les opposants paraissent en ordre dispersé course après course.

Ce week-end, et comme à son habitude, Hulkenberg a géré sa course proprement et termine 7ème juste devant son équipier lequel a réussi pour sa part à contenir Esteban Ocon jusqu’à l’arrivée, mais n’évita pas avant ça un accrochage avec Sergio Perez, sans gros dommage.

Solide donc, et de bon augure avant un grand-prix de France hautement symbolique pour le losange.

Ocon garde le fil

Depuis sa course manquée à Baku, il y a clairement du mieux chez le pilote français, enfin régulièrement plus rapide que sa référence de coéquipier. C’est particulièrement vrai en qualifications, domaine où Perez lui était clairement supérieur la saison dernière. C’est donc Esteban Ocon qui permet ce week-end à Force India d’empocher quelques points et de garder l’espoir de meilleurs lendemains pour l’écurie indienne, toujours au centre de rumeurs plutôt inquiétantes sur sa santé financière.

Côté Perez il semble manquer quelques ingrédients pour retrouver confiance et résultats. Baku a été une éclaircie qu’il parait bien improbable de reproduire plus tard dans la saison à moins de concours de circonstances particulières. Sixième au championnat au tiers de la saison, Force India pourrait espérer gagner une place si tout va bien, comme craindre d’en perdre une.

Leclerc, attention talent

Comment ne pas remarquer les performances de Charles Leclerc. De nouveau auteur d’un magnifique week-end ponctué par le point de la 10ème place, le monégasque s’affirme course après course comme un grand talent de son sport. Inutile de rappeler son palmarès en formule de promotion mais il faut s’attarder sur ce qu’il réalise depuis son arrivée en F1, passage ayant mis en difficulté tant de très bons pilotes.

Arrivé dans une écurie en reconstruction, certes soutenue par Ferrari, Leclerc démontre une capacité certaine à s’adapter pour exploiter au mieux son matériel le tout avec une honnêteté, une fraîcheur et une maturité qui pourraient en remontrer à beaucoup de pilotes plus capés du plateau.

Performant en qualification (encore 13ème sur la grille ce week-end), et solide en course (il fallait résister à Fernando Alonso comme il l’a fait) Leclerc réunit toutes les qualités d’un pilote en route vers le meilleur. Il entraîne dans son sillage toute une équipe Sauber qui a trouvé en lui le relai en piste idéal du travail en coulisses orchestré par Frédéric Vasseur. Travail appliqué et efficace s’il en est.

Il est un peu compliqué pour Marcus Ericsson de continuer d’exister à côté d’un tel coéquipier. Certes a-t’il clairement progressé mais le fossé se creuse inexorablement entre les deux.

Hartley s’évite le pire

Week-end contrasté pour Toro Rosso. Dans le ventre mou du plateau depuis vendredi, on sentait la petite scuderia capable de rentrer dans les points, particulièrement Brendon Hartley une fois n’est pas coutume plus performant que son équipier Pierre Gasly. Malheureusement, le néo-zélandais était victime d’une perte de contrôle de Lance Stroll après quelques virages et terminait sa course dans les barrières, évitant de peu au passage une envolée qui aurait pu s’avérer encore bien plus dangereuse.

Cela fait malheureusement deux fois de suite après Monaco que Brendon Hartley se retrouve littéralement shooté hors de piste. Saison compliquée et même un peu inquiétante pour lui, dont on sent pourtant qu’il commence à trouver la clé de la performance de sa monoplace. Qualifié 16ème, Pierre Gasly ne pouvait guère espérer mieux que la 11ème place ramenée à l’arrivée.

Aucun point, donc, lors de ce week-end, mais il n’a pas non plus été noté de gros déficit de performance, preuve s’il en était encore besoin des gros progrès de Honda.

Pouhaas et résultat blanc

Week-end sans point pour l’écurie américaine, quand bien même la performance globale n’était pas mauvaise mais certainement pas au meilleur niveau entrevu cette année. C’est particulièrement un manque de réussite qui venait contrarier la bonne marche du team.

Ce manque de réussite était même criant pour Romain Grosjean victime vendredi d’un contact avec une… marmotte, avant de subir une splendide casse moteur au tout début des qualifications en sortant juste de son garage.

Parti dernier, espérer des points était quasiment mission impossible sur un tracé qui avait pourtant sur le papier pas mal de qualités pour convenir au package Haas. Le niveau de performance affiché en course du français ne pouvait que renforcer les regrets d’un début de week-end raté.

Kevin Magnussen vivait lui la situation inverse de celle de son coéquipier. Plutôt bien qualifié à la 11ème place, il passait une course compliquée en se trouvant victime de faits de course (retardé par l’accrochage Perez/Sainz puis retardé aux stands).

Au final, il s’agit là d’une nouvelle occasion ratée pour Haas qui voit Renault s’éloigner un peu plus encore au championnat.

McLaren libère Alonso en avance

Une 16ème place à deux tours des RedBull pour Stoffel Vandoone et un abandon pour Fernando Alonso, sur un échappement cassé. Voici le (très) maigre bilan ramené par McLaren de son voyage au Canada, bilan qui ne cesse de s’assombrir course après course et que les résultats opportunistes du début de saison ne peuvent plus masquer. Ce week-end c’est bien contre les Toro Rosso Honda (sic) et une Sauber que ferraillait McLaren.

Par ailleurs, et décidément, le belge n’arrive pas à trouver les clés de l’exploitation de cette monoplace (à ce niveau, lui en laisse t’on sérieusement l’opportunité ?).

Il était pourtant proche d’Alonso en qualifications mais là où l’espagnol arrive à transcender le résultat en course par sa grinta légendaire, Vandoorne reste à quai alors que son talent est évident et qu’il est très frustrant de le voir s’étioler de la sorte.

Côté Alonso, c’est donc un abandon qui venait interrompre sa course, alors marquée par une belle passe d’armes avec Charles Leclerc pour le gain de la 10ème place. C’est clairement les yeux déjà tourné vers les 24h du Mans disputées la semaine prochaine que l’espagnol se rendait en zone de presse. Et les interrogations sur la suite de sa carrière en F1 repartent de plus belles, d’aucun le voyant tenter l’aventure de l’indycar dès la saison prochaine. Ce n’est certainement pas le niveau actuel de son écurie qui lui donnera envie de rester.

Williams toujours bonne dernière

Lire froidement la fin du classement de cette course a quelque chose d’irréel. McLaren et Williams aux deux dernières places à la régulière. Comment le comprendre alors que ces écuries font partie des plus beaux palmarès de la discipline. Si Williams continue sa remise en cause structurelle profonde en coulisses, il faudra du temps pour voir du mieux sur l’asphalte.

C’est donc un week-end tout aussi compliqué que les autres qu’a vécu l’ensemble du team au Canada, auquel venait s’ajouter dimanche une grosse faute du régional de l’étape Lance Stroll, dès le 1er tour.

Pas d’erreur particulière à noter du côté de Sergey Sirotkin mais pas de miracle non plus, et une dernière place à l’arrivée. Aucune solution rapide n’apparaît à l’horizon, le futur de l’écurie Williams est bien sombre puisqu’elle semble maintenant promise à la dernière place du championnat en fin d’année, synonyme de revenus en nette baisse qui sera conjuguée rappelons-le à la perte du sponsor titre actuel.

En conclusion, si le Grand Prix du Canada ne fut pas passionnant en piste, son résultat permet un beau resserrement en tête du championnat pilotes avec Vettel et Hamilton qui se tiennent en 1 petit point.

Il confirme surtout la tendance globale marquée à présent par non plus trois mais par deux groupes distincts aux seins desquels la hiérarchie évolue nettement au gré des courses. Ferrari, Mercedes et RedBull composent bien évidemment le premier, qui se trouve maintenant à des années lumières devant le second groupe composé de tous les autres.

Prochaine étape dès le 22 juin avec le retour du Grand Prix de France qui se tiendra donc sur le mythique circuit du Castellet. Son tracé devrait nous réserver quelques sacrés morceaux de bravoure en termes de pilotage, ainsi qu’espérons-le un nouveau lot de surprises et redistribution des cartes.

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