Alfa Romeo présente un plan stratégique évolutif.
En Mai 2014, Harald Wester, alors CEO de la marque, présentait un plan de développement ambitieux pour la marque. Grâce à une nouvelle berline et un crossover, Alfa Romeo visait un objectif de 400’000 ventes annuelles en 2018. Quatre ans plus tard, même exercice, dirigeant différent (Tim Kuniskis) et des résultats de vente certes en croissance notable, mais loin, très loin des objectifs affichés.
De 74’000 unités en 2013, les ventes ont chuté jusqu’à 62’000 voitures en 2015 avant de se développer, très favorablement en valeur relative (+160%), mais en restant inférieurs d’une grosse moitié à la cible déclarée. La marque s’est internationalisée, avec 16% des ventes 2018 réalisées en Amérique du Nord et 6% en Chine, le réseau de vente s’est développé (1059 concessions en 2013, 1390 en 2018, dont 225 entre Etats-Unis et Canada, et 90 en Chine), mais malgré un segment premium porteur, les chiffres font pâle figure face aux ambitions affichées et aux investissement consentis. La cible de 400’000 unités est maintenue, mais repoussée à 2022.
Dé-dieselisation et électrification
Le groupe Fiat Chrysler cessera les ventes de turbodiesel pour ses voitures particulières en 2021 et va se concentrer sur l’électrification de son portefeuille, avec 3 pilliers: l’hybridisation légère, les compresseurs électriques (tels qu’introduits par Audi dans le SQ7) et les hybrides rechargeables. Pas d’Alfa Romeo électrique à l’horizon cependant.
Le recours aux icônes
Alfa Romeo a voulu construire son renouveau sur l’émotion en présentant tout d’abord la 4C, puis la Giulia et le Stelvio en version Quadrifoglio, et enfin le retour à la F1. Cette stratégie est reconduite avec l’évocation d’une nouvelle 8C: une GT à moteur central et châssis carbone, propulsée par un système hybride d’une puissance système de plus de 700 chevaux.
Cette nouvelle 8C sera épaulée par une nouvelle GTV que l’on peut comprendre comme la version coupé de la Giulia, jadis promise pour 2017-2018: un coupé 4 places à transmission intégrale, suralimentation électrique et transmission intégrale avec vectorisation de couple.
Le plan d’introduction des 8C et GTV ne sont pas communiqués précisément. Le portefeuille produit d’Alfa Romeo à l’horizon 2022 prendrait ainsi la forme suivante:
Dans le segment C, la Giulietta sera raffraichie et complémentée d’un crossover aussi inévitable que crucial. Dans le segment D, Alfa Romeo lancera des versions à empattement long de la Giulia et du Stelvio, nécessaires pour le marché chinois. Un SUV full size rejoindra l’assortiment et la 4C ne sera pas remplacée. Le portefeuille devrait compter 6 versions plug-in.
Tout vient à point … ?
Avec cette nouvelle présentation stratégique, Alfa Romeo déclare de fait que la marque peut avoir l’ambition de capturer un peu moins de parts de marché des différents segment premium en augmentant son offre produit et en se donnant deux fois plus de temps pour atteindre ses objectifs. Si on les compare au trio allemand BMW-Mercedes-Audi, qui gravitent autour des 2 millions d’unités annuelles et continuent à croître, la cible de 400’000 unités représente à la fois un formidable challenge (plus que doubler les ventes en 4 ans) et une leçon d’humilité (ventes inférieures d’un facteur 5 à celles d’Audi, le plus petit des 3 leaders allemands).
L’absence de modèles électriques ne devrait pas avoir de conséquences quantifiables pour Alfa Romeo à cet horizon 2022, et l’exploration technologique et industrielle est confiée dans le groupe à Maserati. Une posture défensive d’autant plus importante si les consommateurs d’automobiles de luxe adoptent les voitures électriques en masse, surtout en Chine, mais aussi en Europe et en Amérique du Nord.
8C et GTV amèneront de la visibilité à une marque qui n’en manque pourtant pas, mais est-ce qu’elles inciteront vraiment les consommateurs à faire le choix Alfa Romeo pour leur crossover ou leur berline en plus grand nombre ?
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