Le crossover format L de Renault à l’essai.
Si une chose est certaine, c’est que le renouvellement de la gamme de Renault a fait place à un design qui fait du bien aux yeux. Si les compactes sportives n’ont jamais été à trop plaindre sur ce point, Renault avait la fâcheuse tendance de basculer à moitié dans l’utilitaire pour ses voitures familiales et le Koleos de première génération n’y avait pas échappé.
Le blason “Initiale Paris” revenu sur le devant de la scène avec la Talisman et l’Espace de 5ème génération, ce nouveau Koleos a pour mission de compléter le trio “haut de gamme” de Renault avec un inévitable et crucial crossover en complément à la berline/break et au monospace. Si l’ensemble de la gamme s’est améliorée sur le plan du design, il faut avouer que partir du bien laid Koleos, premier du nom, n’était pas chose aisée. Mais est-ce que cette nouvelle mouture remplit la mission de s’imposer dans le marché ultra-compétitif des crossovers de taille moyenne ? Permet-il à Renault de proposer un bon produit à traction intégrale pour notre pays qui compte quasiment une immatriculation sur deux avec cette transmission ?
Impossible de se tromper, nous avons bien une Renault devant les yeux, l’imposant losange sur cette calandre tout de chrome ne permet pas le doute. La signature “C-Shape” se retrouve comme sur Talisman et Espace, comme pour marquer encore plus son appartenance à ce trio, et les feux full LED “Pure Vision” sont également de la partie. Un style épuré et une robe blanche “Perle” sont cohérents avec les aspirations premium de Renault et ses finitions Initiale Paris.
L’intérieur est facile d’accès avec des portes de grande taille rendues possibles par un empattement revendiqué comme long, soit 2’705 mm; il reste cependant le plus faible des modèles comparés en fin d’article. Renault ne voulant pas faire de la concurrence interne à ces monospaces proposant sept places en option, le Koleos n’est disponible qu’avec cinq sièges. Les places arrières peuvent profiter d’un espace assez généreux mais limite la polyvalence d’utilisation. Premier point négatif à mon sens. Le paradoxe est que le Nissan X-Trail, sur lequel le Koleos est basé (même empattement, même motorisations et transmissions), est, lui, proposé avec sept places en option.
Le deuxième point négatif, et pas des moindres pour un véhicule à vocation familiale, est la capacité du coffre. Malgré un gabarit dans la jauge du segment (4’672 mm de long pour 2’063 mm de large aux rétros), le coffre n’offre pourtant que 498 litres avec le kit de gonflage, ce qui est inférieur de 20L par rapport à un break Megane IV Grandtour et fait pâle figure face aux 765L du Skoda Kodiaq ou aux 780L du Peugeot 5008. Le comble est que le coffre du Koleos est d’une capacité inférieure au X-Trail (565L). L’ouverture automatisée et main libre disponible avec la finition “Initiale Paris” est pratique, mais le seuil de chargement est haut: enfiler une charge lourde n’est pas des plus facile.
En nous installant derrière le volant, nous retrouvons beaucoup d’éléments communs à la gamme actuelle de Renault. Ecran tactile central de 8.7″ équipée du système “R-Link 2”, écran TFT dans l’axe du volant pour l’instrumentation mais deux absents à noter: le “Multi-Sense”, qui permet de choisir son mode de conduite modifiant également l’ambiance lumineuse à bord, ainsi qu’un affichage tête haute. Ceci peut paraître dérisoire mais, dans cette exécution voulue luxueuse, ça me paraît être un strict minimum.
Les sièges sont confortables et assurent un bon maintien. L’option de ventilation est un régal mais pas une révolution en soi. Tout est bien à sa place et un bon soin a été apporté à la finition pour se montrer à la hauteur. Le Koleos n’est commercialisé qu’avec deux motorisations diesel. Le 1.6 dCi développant 130 ch à 4’000 t/min pour 320 Nm sur une plage allant de 1’750 à 2’250 t/min semble être un peu limite pour mouvoir l’engin. De plus, cette version n’est proposée qu’en boite manuelle à six rapports et deux roues motrices. Le moteur qui nous intéresse est le 2.o dCi de 177 ch à 3’750 t/min et 380 Nm entre 2’000 et 3’000 t/min issu de la banque d’organes de l’Alliance Renault Nissan et commun au Nissan X-Trail.
Sur notre exemplaire d’essai, il est couplé à une boite à variateur continu de type X-Tronic qui est sensée répartir le couple sur, au choix, deux roues motrices, quatre roues motrices ou par un mode automatique appelant à l’aide la transmission intégrale que lorsqu’elle s’avère nécessaire. Cette boite, issue directement de chez Nissan, fonctionne comme celle que nous avons pu tester sur le Toyota C-HR. La transmission intégrale est également disponible avec une boite manuelle à six rapports. Toutefois, la décision de Renault de ne pas concevoir sa propre boîte EDC afin de la rendre compatible avec une transmission intégrale reste regrettable. Une volonté d’efficience maximale est certainement cherchée en combinant CVT et diesel pour cibler une conduite douce et sobre.
Il n’y a pas de doute sur une chose avec ce nouveau Koleos, il en impose ! Sa taille en général mais, surtout, sa hauteur. Pas forcément plus grand que la concurrence, mais un style très carré et autoritaire, faisant parfois penser à Range Rover, peut faire passer un Skoda Kodiaq pour son petit frère Karoq. Pas de quoi s’effrayer cependant, sa direction est facile, légère et précise pour une prise en main rapide et mettant en confiance. Le parcage de ce gabarit en ville est bien géré par l’Easy Park Assist ainsi que par le radar à 360 degrés. Mais le vrai problème, selon moi, provient de la gestion entre l’accélérateur, le bloc moteur et la transmission X-Tronic.
La ville ou l’extra-urbain nous amènent souvent à devoir nous insérer rapidement dans le trafic. S’insérer dans le flux du trafic arrivant à 50 ou 80 km/h demande quelques secondes de réflexion. En effet, entre une pédale des gaz manquant de réactivité, le “turbo-lag” conséquent du dCi et une boite hésitante dans sa gestion de l’arrivée du couple, le Koleos met entre une à deux secondes pour commencer à se mouvoir avant que le couple ne déboule brutalement, et facilement cinq de plus pour arriver à une vitesse ne gênant pas le trafic. Si ce défaut peut être relevé sur quasiment tous les turbodiesel, il me semble bien plus marqué sur le Koleos 2.0 dCi. L’arrivée brutale du couple n’engendre pas de perte d’adhérence ou de retour de couple dans le volant, c’est au moins ça. Mais tout ce qui ne se trouvait pas impeccablement rangé aura glissé sous vos pieds si vous ne faites pas attention.
Ces accélérations mal maîtrisées amènent à une conduite saccadée, peu compatible avec un rythme soutenu, ce qui nous rappelle bien vite que nous ne sommes pas au volant de la dernière Megane RS. Si une conduite plus douce permet d’évoluer facilement sur tous les terrains, ce Koleos semble être plus à l’aise lorsque le rythme de la circulation varie peu, donc hors des villes et sur l’autoroute. Silencieux, doté d’un amortissement confortable gérant bien le roulis et le tangage, et de cette boite X-Tronic convaincante dans son agrément hors accélérations, il est parfaitement taillé pour faire des kilomètres dans un confort absolu comme le sont le Talisman et l’Espace.
Question consommation, si les 5.9 L/100km revendiqués selon la norme NEDC sont clairement illusoires, la consommation mesurée à 9.0 L/100 km est élevée, alors que bien la moitié de mon périple s’est effectuée sur autoroute.
Si des aspects positifs sont à souligner sur ce Koleos, à commencer par le design intérieur et extérieur, il y’a beaucoup à redire également. Une offre uniquement en diesel est devenue problématique alors que les consommateurs désertent ce carburant en masse, et que des blocs essence performants existent dans le portefeuille de la marque. L’équipement de la spécification Initiale Paris n’offre rien de particulièrement attractif, ormis la touche chic et raffinée du cuir Nappa pleine fleur. Mais, selon moi, la “palme” revient à un espace de rangement peu compétitif combiné à l’impossibilité d’embarquer sept passagers.
Le Koleos est coincé entre le X-Trail et l’Espace qui offre tous deux jusqu’à sept places. Si l’habitabilité et la polyvalence doivent primer, le monospace aura le dessus. Si l’expérience crossover et une position de conduite surélevée sont essentiels, la comparaison face au X-Trail tourne à l’avantage du nippon du fait d’un tarif de base plus attractif, à moins que des questions très subjectives – telles que l’esthétique – ou pratiques telles que la proximité d’une concession ne fassent pencher la balance en faveur du produit français.
Prix des options disponibles du véhicule essayé
Renault Koleos Zen dCi 175 4WD X-Tronic | CHF 41’300 | € 36’700 |
Finition Intens | CHF 3’000 | € 3’100 |
Finition Initiale Paris | CHF 5’000 | € 1’700 |
Pack Winter | CHF 600 | € 400 |
Aide au parking et Easy Park Assist | CHF 400 | de série |
Toit ouvrant panoramique | CHF 1’500 | € 1200 |
Roue de secours galette | CHF 150 | € 130 |
Peinture “Blanc Perle” | CHF 900 | € 740 |
TOTAL | CHF 52’850 | € 43’970 |
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
Renault Koleos 4WD |
Ford Edge Vignale | Nissan X-Trail 4WD |
Skoda Kodiaq Sportline 2.0 TDI |
|
Moteur | L4 Turbodiesel 1995 cm3 | L4 biturbodiesel 1997 cm3 | L4 Turbodiesel 1995 cm3 | L4 Turbodiesel 1968cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 177 / 3750 | 210 / 3750 | 177 / 3750 | 190 / 3500-4000 |
Couple (Nm / tr/min) | 380 / 2000 | 450 / 2000 | 380 / 2000 | 400 / 1750-3250 |
Transmission | 4WD | AWD | 4WD | 4×4 |
Boite à vitesses | X-Tronic | Powershift 6 | X-Tronic | DSG 7 |
RPP (kg/ch) | (10.29) | 9.78 | (9.75) | (9.45) |
Poids DIN (constr.) | (1822) | (2002) 2053 58.6% AV 41.4% AR |
(1725) | (1795) |
0-100 km/h (sec.) | 9.5 | 9.4 | 10.0 | 8.8 |
Vitesse max. (km/h) | 201 | 211 | 196 | 209 |
Conso. Mixte (constr.) | 9.0 (5.9) | (5.9) | (6.1) | (5.7) |
CO2 (g/km) | 156 | 152 | 158 | 150 |
Réservoir (l) | 60 | N.C. | 60 | 60 |
Longueur (mm) | 4672 | 4808 | 4640 | 4697 |
Largeur (mm) | 1843/2063 | 1928/2184 | 1820 | 1882/2087 |
Hauteur (mm) | 1678 | 1686 | 1710 | 1676 |
Empattement (mm) | 2705 | 2848 | 2705 | 2791 |
Coffre (L) | 498-1706 | 608-1847 | 565-1982 | 765-2005 |
Pneus | 225/55 R19 | 255/45 R20 | 225/65 R17 | 235/50 R19 |
Prix de base (CHF) | 41’300 | 62’200 | 39’990 | 47’950 |
Prix de base (EUR) | 41’500 (Intens) | 56’500 | 37’000 | 44’080 |
Nos remerciements à Renault Suisse pour la mise à disposition de ce Koleos Initiale Paris.
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