Essai Porsche Cayenne S

Nous découvrons le nouveau Cayenne en conditions hivernales. 

Si le modèle symbolique de la gamme Porsche reste indéniablement la 911, le Cayenne est la fondation de ce que Porsche est devenu aujourd’hui: un fabricant de crossovers extraordinairement profitable qui peut investir dans un portefeuille de GTs performantes et dans les technologies qui assureront sa pérennité. La première génération s’écoule à 270’000 unités, la deuxième à 500’000 unités.

Pour la troisième génération, les dimensions évoluent, avec 63 mm de plus en longueur (4918 mm au total) pour un empattement inchangé (2895 millimètres contre 2996 mm pour le Q7 et le Bentayga) et 9 mm de hauteur en moins par rapport à son prédécesseur. La largeur est de 1983 mm. Le volume du coffre s’élève à 770 litres, soit 100 litres de plus.

Sans surprise, le design intérieur reprend les composants introduits sur la Panamera et qu’on retrouvera probablement adaptés sur la future 992, dans le même déploiement chorégraphique que le cycle précédent. Les modules d’infotainment (12″ en diagonale) et de console centrale semblent repris tels quels, avec une abondance de surfaces tactiles noires et brillantes. Et comme dans la Panamera 2, l’instrumentation se compose du traditionnel compte-tours central, mais il est flanqué par deux écrans LCD de 7 pouces chacun qui affichent toutes les autres informations.

S’il est peu probable que la nouvelle instrumentation soulève des critiques, le regroupement des fonctions de commande sous la forme de surfaces tactiles “solid state” sur la console centrale est plus discutable. Difficile à naviguer à l’aveugle donc distrayant, rapidement souillé par des traces de doigt, cette approche suscitera des réfractaires et j’en fais partie.

Le Cayenne hérite également des motorisations de la Panamera, dont la nouvelle famille des V6 d’origine Audi, qu’on retrouve notamment dans la S4 B9 et les RS4/RS5 respectivement:

Porsche Cayenne Porsche Cayenne S
Moteur V6 turbo 2995 cm3 V6 biturbo 2894 cm3
Puissance 340 / 5300–6400 440 / 5700-6600
Couple 450 / 1340–5300 550 / 1800-5500
0-100 km/h 6.2s 5.2s
0-160 km/h 14.1s 11.6s

Le Cayenne Turbo dispose du nouveau V8 biturbo de 3996 cm3, déployant 770 Nm entre 1960 et 4500 t/min, et 550 chevaux entre 5750 et 6000 t/min. Il est équipé d’un aileron de toit actif, dont l’angle de braquage est modulé en fonction de la vitesse. Selon Porsche, sa fonction air brake, active depuis 170 km/h, permet de diminuer la distance de freinage de 2m de 250 km/h à l’arrêt.

Notre premier itinéraire nous conduit de Bad Ragaz aux splendeurs de l’Engadine au volant d’un Cayenne S. Dans la montée de Coire à Lenzerheide, le V6 biturbo fait preuve d’une belle santé. Les reprises en sortie d’épingle sont musclées, et l’allonge appréciable lorsqu’une opportunité de dépassement se présente. Le seul détail un rien dérangeant est une résonance singulière qui apparaît autour de 3000 t/min.

Les effets parasites de la suralimentation sont également perceptibles lorsqu’on module l’ouverture des gaz, provoquant des à-coups occasionnels. Nous ne sommes que deux à bord avec une charge de bagages légère, donc moins chargés qu’une famille complète partant au ski, mais les performances sont largement suffisantes et donnent au Cayenne S une homogénéité souveraine. Pourquoi voudrais-je être au volant d’un Cayenne Turbo dans les mêmes conditions ? Comment pourrais-je rationaliser les plus de 52’000 CHF de différence de prix ? Des questions auxquelles je ne pourrais jusque là que répondre par la négative.

La boîte Tiptronic S à 8 rapports accomplit un travail louable, même si elle est un ton au-dessous de la PDK à 8 rapports. Pourquoi Porsche est-il retourné au convertisseur de couple pour son SUV ? Pour sa douceur et sa plus grande progressivité en manoeuvre ou lors de remorquages. Sa logique de gestion est, comme souvent chez Porsche, remarquable de finesse, avec une capacité à décoder les attentes du conducteur. J’apprécie en particulier sa propension à tenir un rapport élevé sur le couple tant que les mouvements du pied droit sont doux, ce qui amplifie la sensation de réserve et de parcimonie dans l’exploitation des ressources du moteur. L’effet “cheval à bascule” est par contre inévitable lorsqu’on déclenche un kickdown.

Notre exemplaire est équipé de la direction Servolenkung Plus à assistance variable et du système à quatre roues directrices. Porsche snobe les directions dynamiques à rapport variable pour des raisons que je qualifierais de puristes (“la direction d’une Porsche doit se comporter de la même manière en toutes circonstances”), mais je dois reconnaître que le système est très bien jugé dans cette configuration. Le rapport de direction est ramené de 13.3 à 12.2 lorsque l’option 4 roues directrices est sélectionnée, et le rendu parait juste: ni trop nerveux, ni trop démultiplié.

Les températures sibériennes et une route piégeuse n’incitent pas à prendre de gros appuis, mais la nouvelle suspension pneumatique à trois chambres accomplit un bon travail sur des routes déformées par endroits. Sur certaines cassures, le nouveau Cayenne se comporte malgré tout comme un SUV, certains déhanchements du train arrière donnent l’impession d’un poids supérieur à la valeur annoncée de 2020 kg DIN.

Pour ce lancement national, Porsche nous a concocté un programme ludique et un peu contre nature pour un SUV: un vaste terrain recouvert de glace et drapé d’un manteau neigeux et dammé. Au programme: cônes (de signalisation) et drift à gogo. Pas l’exercice le plus révélateur des qualités routières de ce nouveau Cayenne, mais résolument ludique et, si l’on y prête attention, révélateur.

Le système 4×4 PTM (Porsche Traction Management) répartit le couple entre les deux trains sur la base d’un programme de détection du coefficient de friction entre les pneus et la route et prend ensuite ses décisions sur la distribution nominale du couple. Le Cayenne conserve toujours au moins 20 Nm de couple sur le train avant, c’est la valeur optimale en termes de résistance au roulement et de consommation. Plus les conditions sont précaires, plus le système à tendance à distribuer du couple sur l’avant.

Plus surprenant cependant, la gestion du PTM ne varie pas en fonction du mode de conduite sélectionné, alors qu’on aurait pu s’attendre à une prépondérance de distribution sur le train arrière plus marquée lorsque le Porsche Stability Management (PSM) est configuré en mode  Sport ou Sport+.

Le Porsche Torque Vectoring Plus (PTV+) n’a rien de commun avec un différentiel vectoriel tel qu’on le trouve sur certaines Audi RS (différentiel Quattro Sport). Le pilotage électronique concerne son ouverture, ou sa fermeture jusqu’au blocage total, mais la répartition du couple entre les roues arrière se fait par action sélective sur les freins, pas par distribution active au niveau du différentiel.

Porsche a côné deux parcours pour nous permettre d’appréhender les réactions du PTM et du PTV+, et surtout pour apprendre à en contourner les réactions. Le premier, un appel à droite suivi d’un contre appel et d’un long gauche n’est pas des plus gratifiants. Même si l’on parvient à faire décrocher l’arrière avec l’inertie de l’appel, la glisse doit être entretenue avec le couple moteur. Le PTM a la fâcheuse tendance à renvoyer beaucoup de couple sur les roues avant dès que l’angle du volant passe au contre-braquage. Il faut combattre le réflexe naturel de correction et essayer de corriger l’angle aux gaz plutôt qu’au volant.

Passer du Cayenne au Cayenne S puis au Turbo met en relief l’adhérence infernale des Pirelli Scorpion sur cette couche de neige damée. Plein de charisme sur l’Audi S4 Avant, le 3.0L turbo est moins fringant dans des conditions où un couple abondant et une temps de réaction court jouent un rôle crucial. Les 220 Nm de couple que le 4.0L biturbo du Cayenne Turbo sont appréciables dans ces conditions particulières.

Le second parcours est un long slalom qui se négocie sur le deuxième rapport. Avec un peu plus de vitesse, l’inertie du train arrière devient plus facile à utiliser pour amorcer les dérives, puis les maintenir au volant et aux gaz. Sur cet exercice, le Cayenne est surprenant de grâce et assez attrayant à balancer en essayant de lécher les cônes de la roue avant intérieure. L’exercice n’a que peu voire rien à voir avec la vocation du Cayenne, mais il est très distrayant.

Si nous devrons réserver notre jugement sur son comportement dynamique à des conditions d’essai plus conventionnelles, mais les ingrédients qui ont fait le succès du Cayenne semblent présents dans la recette. La gamme Cayenne débute juste sous les 100’000 CHF avec le Cayenne 340 ch (99’300 CHF), avec l’inévitable cortège d’options à budgéter en plus. Celles concernant le châssis sont chères: CHF 3’980 pour le PDCC, CHF 2’490 pour les roues arrière directrices, le PTV+ à CHF 1’810 étant peut-être la plus discutable pour une utilisation routière, vu son principe de fonctionnement. La concurrence la plus rude pour le Cayenne S provient sans doute du sein du groupe VW avec un Audi SQ7 dynamiquement brillant.

Prix et configuration du modèle testé

Porsche Cayenne S CHF 121’700 € 94’464
Intérieur cuir noir (4L) CHF 4’010 € 3’324
Porsche Dynamic Chassis Control (PDCC) CHF 3’980 € 3’300
Essieu arrière directionnel CHF 2’490 € ‘2064
Ventilation des sièges AV & AR CHF 2’460 € 2’040
Toit panoramique CHF 2’450 € 2’028
Sièges adaptatifs à 18 réglages CHF2’420 € 2’004
Jantes Sport 20″ CHF 2’330 € 1’932
Porsche Torque Vectoring Plus CHF 1’810 € 1’500
Bose Surround Sound CHF 1’650 € 1’362
Habillage des boucliers en inox CHF 1’380 € 1’140
Pack Sport Chrono CHF 1’340 € 1’104
Couleur bleu basque métallisé (4A) CHF 1’290  € 1’068
Climatisation à 4 zones CHF 1’000 € 828
Assistant de changement de voie CHF 940 € 780
Fermetures de portes soft close CHF 860 € 708
Interface smartphone CHF 580 € 480
Rétroviseurs automatiques int/ext CHF 510 € 420
Airbags latéraux arrières CHF 500 € 414
Chauffage du volant CHF 330 € 270
Tapis de sol CHF 220 € 180
Couvercles de moyeux avec logo en couleur CHF 200 € 162
Réservoir 90L CHF 150 € 120
Pack fumeurs CHF 70 € 54
Phares matriciels* CHF 0 € 2’442
Suspension pneumatique et PASM* CHF 0 € 2’154
Power steering plus* CHF 0 € 288
Chauffage de sièges AV & AR* CHF 0 € 876
Assistance parcage AV & AR + Surround view* CHF 0 € 1’428
Radio digitale* CHF 0 € 480
Total CHF  157’390 € 129’414

* Porsche Swiss package

Face à la concurrence – caractéristiques techniques

Porsche Cayenne S Porsche Cayenne Turbo Audi SQ7
Moteur V6 biturbo 2894 cm3 V8 biturbo 3996 cm3  V8 3956 cm3 biturbo diesel & EPC
Puissance (ch / t/min) 440 / 5700-6600 550 / 5750-6000  435 / 3750-5000
Couple (Nm / tr/min) 550 / 1800-5500 770 / 1960-4500  900 / 1000-3250
Transmission 4×4 PTM 4×4 PTM Quattro
Boite à vitesses Tiptronic 8 Tiptronic 8  Tiptronic 8
RPP (kg/ch) (4.59) (3.95)  5.77
Poids DIN (constr.) (2020) (2175)  (2270) 2511
57% AV 43% AR
0-100 km/h (sec.) 5.2 4.1  4.8
Vitesse max. (km/h) 265 286  250
Conso. Mixte (constr.) (9.4) (11.9)  9.27 (7.2)
Réservoir (l)  75-90 75-90  85
Emissions CO2 (g/km) 213 272  189
Longueur (mm) 4918 4926  5069
Largeur (mm) 1983 1983  1968/2212
Hauteur (mm) 1696 1673  1741
Empattement (mm) 2895 2895  2996
Coffre (L) 770-1710 745-1680  805-1990
Pneumatiques 255/55R19
275/50R19
285/40R21
315/35R21
 285/45R20
Prix de base (CHF) 121’700 183’900  103’900
Prix de base (EUR)  94’464 141’744 109’960

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