Nous essayons la Chevrolet Camaro 2SS: l’autre pur sang américain.
Il y a quelques semaines, Asphalte vous proposait l’essai de la Mustang GT, une « Pony Car » comme disent les Américains. Aujourd’hui, nous poursuivons cette lignée américaine avec un autre mythe de l’histoire automobile : la nouvelle Chevrolet Camaro 2SS.
En 2006, c’est une petite révolution qui frappe le salon de Detroit lorsque General Motors présente un concept car radical et qui revisite la fameuse Camaro des années 60. La couverture médiatique et les réactions enthousiastes sont telles que 8 mois plus tard, GM annonce que la voiture sera produite et ça sera le début de la 5ème génération.
Pour le plus grand plaisir des aficionados, le modèle définitif est très proche du « concept car » présenté il y a deux ans et les premiers modèles arrivent en concession en avril 2009.
Pour le moment, la Chevrolet Camaro n’est pas encore officiellement distribuée en Europe. Comme pour la Ford Mustang, c’est le garage Grimm Sud qui s’occupe de l’importation du véhicule et de sa mise aux normes suisses.
Pour commencer, il y a la taille ; ce coupé mesure 4.84 mètres de long pour 1.92 mètre de large. Étonnamment, c’est pratiquement la même taille qu’une BMW série 6 mais vu la différence de style, la Camaro semble beaucoup plus imposante.
Son côté musclé – pour ne pas dire dopé à la testostérone – et ses angles coupés à la hache affirme la voiture comme une réalisation unique et incomparable ! Au milieu du trafic européen, la voiture fait un peu figure d’un Arnold Schwarzenegger au milieu d’un ballet interprétant « Le Lac des Cygnes ».
A mon sens, l’approche est payante et sur ses roues de 20 pouces, la voiture dégage une présence indéniable qui allie force, puissance et agressivité.
Bien sûr, tout cela serait vain si le moteur n’était pas à la hauteur, et sur le papier Chevrolet n’a pas fait les choses à moitié ! Sous le capot, on retrouve le moteur LS3 qui équipe la Corvette C6. Avec ses mensurations hors normes pour l’Europe, j’étais très impatient d’entendre ce 8 cylindres en V de 6.2 litres qui délivre 426 chevaux.
Mais avant de démarrer la « bête », j’ai rapidement transféré mes affaires dans le coffre de la Camaro. Ce dernier offre un volume raisonnable (310 litres) mais son accès est limité par un petit hayon. De plus, comme le seuil de chargement est élevé, il faudra se méfier des lumbagos quand on manipulera de lourds bagages.
Après cette formalité, je m’engouffre dans la voiture et constate avec plaisir qu’elle est livrée avec une boîte manuelle à 6 rapports. Ni une ni deux, je passe la boîte au point mort et démarre l’attelage… et c’est une première déception. Le bruit n’est pas très présent dans l’habitacle et ouvrir les fenêtres n’y change pas grand chose. En parlant des fenêtres, GM a réalisé de belles économies sur ce point car la visibilité est très limitée mais je reviendrai sur ce point plus tard. La mise aux normes suisses a donc un peu coupé le chant du moteur mais il est possible de légalement améliorer les choses.
Le temps de me familiariser avec les différentes commandes, de régler les sièges et miroirs, j’écrase l’embrayage et enclenche la première vitesse. Alors que je cherche le point de friction pour sortir du parking, je constate qu’il est assez haut et que la pédale est dure.
Le véhicule étant pratiquement neuf et les huiles encore froides, je réserve mon jugement et me lance tranquillement dans le trafic avant de prendre l’autoroute.
Je vous entends : « Et le moteur alors ? » Il est là, mais vu la faible sonorité, il faut s’en remettre aux sensations qu’il transmet lors d’accélérations et autres reprises pour comprendre de quoi il est capable. Sur le papier, tout est là pour apporter de belles émotions au conducteur et pour cause : avec 8 cylindres et un peu moins de 6.2 litres, le moteur concourt dans la catégorie des barytons. Il produit un son grave et délivre 426 chevaux à 5’900 t/min avec un couple maximum de 568Nm à 4’600 t/min.
A la moindre sollicitation de l’accélérateur, pas de creux ou de soubresaut, la poussée est très constante et le moteur réclame une autre vitesse bien avant la zone rouge fixée à 6’500 t/min. Première, seconde, troisième, les vitesses s’enchaînent et la voiture me propulse de façon très linéaire aux limites de vitesse autorisées. Le bruit est civilisé et lassant pour une voiture de ce calibre. On aurait bien aimé plus de voix sur ce point.
Etonnant, l’impression de vitesse est plus importante que la réalité et, encore une fois, on se demande un peu où sont passés la cavalerie et le couple qui va avec. En effet, malgré les chiffres impressionnants du moteur, on ne se sent pas catapulté. Tout cela se passe dans un calme des plus sereins. En fait, c’est en grande partie dû aux suspensions et au châssis qui filtrent beaucoup – trop – le bruit et les sensations. A l’usage, l’élément le plus marquant dans la voiture, c’est la boîte à vitesse de camion qui équipe cette Camaro. Cette dernière est réellement dotée d’un mécanisme qu’il faut manier avec une virilité d’un autre temps si on veut qu’elle collabore d’une façon coordonnée avec le reste de la voiture. C’est assez amusant quand on opte pour une conduite sportive mais peut devenir ennuyeux quand on est d’une autre humeur.
Bref, l’accélération est au rendez-vous mais arrivé à un certain point, il faut aussi ralentir et on ne peut que remercier les Brembo d’être là pour arrêter les 1’759 kilos de l’engin pesé par nos soins. La pédale de frein se veut assez élastique et il faut l’enfoncer avec une certaine vigueur si on veut réellement freiner intensément. Là encore, les sensations sont passablement filtrées mais le système est endurant pour un usage routier.
C’est quand on aborde les parties sinueuses que la voiture est un peu plus surprenante comparée à la Mustang. Tout d’abord, les suspensions totalement indépendantes à l’arrière (la première fois sur une Camaro) font un excellent travail puisque la voiture affiche une attitude très saine de l’entrée à la sortie d’une courbe. Le roulis est contenu alors que le poids, l’empattement (2.85 mètres) et le volume de la voiture me laissaient perplexe. Ajoutez à ça un bouton qui vous permet de déconnecter le contrôle de traction ou mieux, de le limiter, et vous êtes surpris par une bonne tenue de route ; y compris lors de l’accélération en sortie de virage. Une direction plus incisive aurait été un plus mais l’ensemble reste cohérant.
Ne souhaitant pas réellement mettre à mal notre relation avec le garage, je n’ai pas poussé la voiture jusqu’au point où l’arrière dépasserait l’avant. Comprenez : le manque de communication du véhicule sur la motricité du train arrière ne m’a pas vraiment permis de cerner les limites. Toutefois, l’ensemble châssis/suspensions m’a donné une bonne impression, satisfaisante pour un véhicule de cette taille grâce notamment à une bonne répartition des masses (52% avant et 48% arrière). Le « monstrueux » moteur répond présent à tous les régimes ou presque avec, évidemment, une consommation à la hauteur de l’engin. Tout au long de cet essai, nous avons mesuré une consommation moyenne de 16.5 l/100km.
En conclusion, la Chevrolet Camaro 2SS, version haut de gamme de ce modèle, est une voiture offrant un ensemble cohérent et des prestations intéressantes même si certains éléments doivent encore être améliorés par rapport aux standards européens. Ajoutez à cela une pléthore de fonctions de série payantes chez la plupart des constructeurs de notre continent, et le véhicule est compétitif pour cette gamme de prix (en fonction de la fluctuation du dollar).
Néanmoins, les taxes et la consommation liées à un engin de cette taille sont certainement un frein pour beaucoup de clients potentiels. De plus, vu les lois et autres normes en faveur de la diminution des émissions de CO2 en discussion, des considérations financières mais aussi environnementales auront peut être raison de ce type de moteur à moyen terme.
Face à la concurrence
Chevrolet Camaro 2SS | Ford Mustang GT Premium | Dodge Challenger R/T | BMW 335Ci | |
Moteur | V8, 6’162 cm3 | V8, 4’606 cm3 | V8, 5654 cm3 | L6, 2979 cm3 |
Transmission | Propulsion | Propulsion | Propulsion | Quattro |
Boite de vitesses | 6, mécanique | 5, mécanique | 6, mécanique | 6, mécanique |
RPP (kg/ch) | 4.1 | 5.1 | 4.9 | 5.2 |
Poids à vide (constr.) | 1’759 (1’700) | 1’603 | (1’832) | (1600) |
Puissance (ch/régime) | 426 / 5900 | 315 / 6000 | 375 / 5800 | 306 / 5800 |
Couple (Nm/régime) | 568 / 4600 | 441 / 4250 | 548 / 4200 | 400 /1300 |
0-100 km/h | 4.9 | 5.2 | 4.9 | 5.5 |
Vitesse max. | 250 | 250 | 250 | 250 |
Conso. Mixte (constr.) | 16.5 (∼12.4)* | (∼12.4)* | (∼12.6)* | (9.1) |
Longueur | 4836 | 4778 | 5022 | 4580 |
Largeur | 1918 | 1877 | 1923 | 1782 |
Hauteur | 1377 | 1412 | 1450 | 1375 |
Pneumatique |
245/45 R 20 245/45 R 20 |
235/50 R 18 235/50 R 18 |
235/55 R 18 235/55 R 18 |
225/45/17
225/45/17 |
Prix de base (CHF / $) | ∼ 63’950 ($33’450) | $30’995 | $30’860 | 69’900 |
Prix de base (EUR) | ∼ 22’700 (HT) | ∼ 21’000 (HT) | ∼ 21’000 (HT) | 47’900 |
*mesuré selon le standard USA
Nos remerciements à M. Bibus du garage Grimm Sud pour le prêt de cette Chevrolet Camaro 2SS
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