Essai Abarth 500 : Pot de yaourt aux amphét’


Essai Abarth 500 : « Pot de yaourt aux amphét’»

Al’image de la 205 chez Peugeot dans les années 80, la nouvelle Fiat 500 personnifia l’ultime espoir pour redorer l’image et remettre sur le droit chemin la grande maison turinoise. Le succès est tel qu’il n’est pas rare de croiser presque autant de 500 que de Mini dans les beaux quartiers de nos villes, signe que l’image de Fiat n’est certainement plus aussi négative qu’elle ne le fût auparavant. Fort de ce succès et comme c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes, le management de Fiat décide dans la foulée de ressortir pour de bon la marque Abarth de ses cartons. Il faut dire que ces dernières années, hormis un essai malheureux avec la Fiat Stilo, ce mythique patronyme était plutôt cantonné aux étagères d’accessoires de personnalisation dans les concessions Fiat.

Sergio Marchionne, PDG du Groupe, a clairement donné le signal en voulant faire d’Abarth un réel vecteur d’image sportive de Fiat. Et il s’en est donné les moyens. Primo, le scorpion sera intégré au pool « Fiat Auto » en tant que marque à part entière, au même titre que Lancia ou Alfa Romeo. Dès lors, le nom « Fiat » disparaît de la désignation des modèles, et les logos rouges sont remplacés par l’emblème au scorpion. Deuxio, un nouveau bâtiment abritant les chaînes de montage et l’administration a été bâti sur le site de Mirafiori. Tertio, la marque s’est adjugé les services de ténors du domaine automobile, avec entre autres Paolo Martinelli, père des fameux V10 et V8 de la Scuderia Ferrari, pour la mise au point des motorisations estampillées Abarth. Enfin, se reposant sur le réseau de distribution mondial de Fiat, un corner de près de 100 m2 consacré à la marque doit être créé dans les show-rooms avec un mobilier, une présentation et un personnel dédié. Autant dire que seules les grandes concessions Fiat, triées sur le volet, ont eu droit à leur « Abarth Center ». Ils sont sept en Suisse. Parallèlement, sont créés deux sous-réseaux à l’intérieur du maillage Fiat, l’un de « préparateurs » pour le montage des kits disponibles en option et le second pour les centres d’entretien agréés.

C’est donc avec une énorme satisfaction que nous assistons à la renaissance de la marque crée par Carlo Abarth en 1949 et propriété de Fiat depuis 1971. Je ne sais pas pour vous, mais les images des pétoires à doubles carbus fonçant capot ouvert sur les mythiques tracés de France et de Navarre ont contribué à forger ma passion pour l’automobile.

Après la Grande Punto Abarth, première interprétation du concept, voici la nouvelle Abarth 500, arbre primaire du projet, et qui devrait à elle seule représenter près des deux tiers des ventes en visant clairement une clientèle jeune. Selon les premiers chiffres officiels nous provenant d’Italie, plus de 60% des clients Abarth sont âgés de moins de 30 ans et plus de 30% approchent pour la première fois un produit Fiat !

Entrons dans le vif du sujet et décortiquons cette Fiat… euh pardon ! Cette Abarth 500. Alors que la Fiat 500, à sa sortie, faisait tourner les têtes avec ses lignes féminines, douces et sexy, sa petite sœur turbulente provoque l’euphorie. Sans tomber dans la caricature tuning de mauvais goût, la ligne générale se virilise tout en gardant une élégance toute italienne, séduisant autant la clientèle féminine que masculine.

Quel que soit l’angle de vue, le regard est accroché. Sa bouille avec ses projecteurs ronds est toujours aussi gaie mais la piqûre du scorpion l’a rendu plus musculeuse. Il faut dire que l’aérodynamique de l’auto a été particulièrement travaillée et se traduit à l’avant par des prises d’air élargies afin de permettre aux 135 cavallinos de respirer. De part et d’autre du bouclier gavé d’amphétamines, deux narines laissent entrevoir les intercoolers du turbo tandis que le museau s’est allongé afin d’abriter la turbine à l’avant du moteur. A l’arrière, le pare-chocs a également eu droit à sa séance de bodybuilding et un extracteur vient prendre place dans sa partie basse, jalousement gardé par les deux sorties d’échappement. En outre, deux ouïes d’aération ont été sculptées derrière le passage des roues et un imposant becquet vient surmonter le hayon. Contrairement à ce que nous rencontrons habituellement sur ce genre de véhicule typé sport, chaque artifice de style trouve ici une utilité réelle et spécifique.

Les passages de roues sont plus robustes et une mini-jupe finit de souligner, sur les côtés de la caisse, ce caractère bien trempé. Les coques de rétroviseurs s’habillent d’un rouge écarlate, rappelant la frise du même coloris placée au bas des portes. Clin d’œil au passé, les flancs arrière accueillent un écusson Abarth traversé par un éclair tricolore, comme c’était le cas sur les productions des sixties. Dotée de ressorts plus courts et de jantes 17’’, cette bombinette s’autorise une présence visuelle et une personnalité hors du commun. Seule la Mini arrive à régater aux côtés de l’italienne dans ce domaine.

L’intérieur lui aussi joue la carte de la séduction et la sportivité, saupoudrée d’une once de nostalgie. La planche de bord reste similaire à celle de la Fiat 500, caractérisée notamment par sa façade couleur carrosserie et le cadran du tachymètre entourant celui du compte-tours. La casquette du combiné est doublée de cuir au surpiquage rouge, tout comme le volant et les leviers de vitesses et frein à main. La présence d’un turbo justifie celle d’un manomètre de pression sur la gauche du tableau de bord, abritant également l’affichage du GSI (Gear Shift Indicator), qui suggère au conducteur d’effectuer un changement de rapport. Le volant à jante épaisse permet une excellente prise en main et son méplat, habituellement considéré comme un caprice esthétique, s’avère ici très utile tant la position de conduite est, comme souvent à bord des italiennes, particulière pour les grands gabarits. Le pédalier ainsi que le repose-pied sont en alu et munis de bandes antidérapantes en caoutchouc. Je regretterai toutefois l’absence d’une boîte à gants digne de ce nom, les rangements se résumant à de simples aumônières dans le tableau de bord et les contre-portes.

 

Les sièges, sportivité oblige, adoptent le style baquet avec les appuie-tête intégrés. L’assise est confortable et le maintien de premier ordre. Les réglages, basiques, permettent de difficilement trouver une position de conduite sportive en adéquation avec l’auto, faute notamment à une assise beaucoup trop surélevée, de type monospace. Le volant ne se règle qu’en hauteur et il faut dès lors passer quelques minutes à trouver le bon compromis nous permettant à la fois d’être à l’aise tout en assurant un bon maniement des commandes. Les passagers arrière auront à leur disposition un espace riquiqui et trouveront une banquette très ferme au dossier un peu court. L’idéal pour lessiver Belle-Maman ! Les appuie-tête en plastique sont durs et même en position maximum, ils s’avéreront un allié solide au coup du lapin. Il est vrai que l’utilisation des places arrière sera principalement urbaine pour déposer vite fait les marmots à l’école ou au cours de danse avant d’aller arpenter l’asphalte de nos routes sinueuses.

Sachant à quoi s’en tenir avec les italiens, la finition est d’un bon niveau, les matériaux robustes et l’ensemble n’engendre pas de critique particulière. Nos lecteurs tatillons sur ce point auront vite fait de trouver à redire, surtout sur une voiture à près de CHF 30’000.-… Cependant Abarth ne met pas en avant le luxe et le soin apporté à ses intérieurs, mais les qualités sportives de sa production !

 

Sous le capot, nous retrouvons une vieille connaissance. Il s’agit du petit quatre cylindres 1.4 l. équipant la Panda 100 HP et la 500 1.4, gavé pour l’occasion par un petit turbo IHI à géométrie fixe, faisant grimper la puissance de 100 à 135 CV. Le couple est de 180 Nm à 2500 t/min en mode « normal » et l’overboost du mode « sport » offre 206 Nm à 3000 t/min. Ca promet !

Dès le tour de clé, la sonorité grave et métallique de l’échappement surprend. Notre pot de yaourt survitaminé veut tromper son monde en roulant des mécaniques. Malgré un poids sur la balance dépassant la tonne, les performances sont de bon niveau avec un 0 à 100 km/h annoncé en 7.9 secondes et une vitesse maxi de 205 km/h. Le moteur est accouplé à boîte manuelle 5 rapports très bien étagée et disposant d’un pont assez court, permettant à notre petit scorpion de toujours en garder sous la pédale pour des reprises franches, voire grisantes en mode « sport ». On pourrait regretter un sixième rapport lors d’une utilisation autoroutière, permettant ainsi d’économiser quelques décilitres de carburant et diminuant le niveau sonore. Le couple présent sur toute la plage de régime usuel l’aurait permis sans trop porter atteinte aux performances, ce d’autant que la Panda 100 HP dispose de ce pignon supplémentaire malgré des chiffres moins brillants que la 500. En utilisation dynamique, le maniement du levier manque singulièrement de précision, communiquant mal le verrouillage des rapports.

Nous avons eu la chance de pouvoir tester notre Abarth 500 sur piste ainsi qu’en utilisation quotidienne. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle fait preuve d’une belle polyvalence et s’avère généreuse en sensations. La prise en main est rapide et s’avère rassurante, notamment grâce au châssis très bien équilibré. Dès les premiers tours de roues, le caractère latin resurgit au travers de la sonorité rauque de l’échappement et les montées en régime vives du moteur. Je constate malgré tout qu’une fois les bons réglages des sièges et du volant trouvés, les commandes tombent parfaitement sous la main. J’enclenche donc le mode « sport ». Ce dernier se caractérise par un net durcissement de la direction, une réponse plus directe de l’accélérateur et surtout nous gratifie de 26 Nm de couple en plus par l’overboost. Et ça se sent ! Pied au plancher, la 500 détale comme un lièvre. Le premier virage approche ; freinage mordant, trop appuyé peut-être car les warnings se déclenchent… braquage. Quasi sans roulis, notre bombinette plonge tête la première sans se poser de questions, mais a tendance à sous-virer. La sortie du virage en ligne de mire, je relance la machine, l’aiguille du mano de pression vient taper son maximum, et le train avant a un peu de peine à distiller toute cette puissance avant de remettre les roues bien droites. A l’amorce du tour suivant, je remarque un bouton « TTC » sur la console centrale. Rien à voir avec « Toutes Taxes Comprises », TTC signifiant ici « Torque Transfert Control ». Quèsaco ? Il s’agit un système garantissant un maintien parfait de la trajectoire optimale en virage. Le résultat est similaire à celui d’un différentiel à glissement limité répartissant la charge de couple entre les roues. Mais le TTC fonctionne de concert avec l’ESP en freinant la roue interne qui provoque le glissement et transmet ainsi plus de couple à la roue externe. Ce système enclenché transfigure le comportement de l’auto. Les trajectoires sont dès lors précises et le sous-virage devient quasi inexistant. Les relances sont plus propres, moins hésitantes et sans perte d’adhérence, et ce même dans les virages serrés. Dans les courbes à rythme soutenu, il est même possible d’obtenir une légère dérive du train arrière, bien entendu jugulée par l’électronique, un peu trop tôt à mon goût. Mais elle reste tout de même amusante ! Le freinage au fil des tours ne faiblit pas, toujours efficace et endurant.

 

Généreuse en sensations, nerveuse et agile, cette 500 Abarth vous permettra de vous faire plaisir sur circuit et s’il vous reste quelques billets, investissez dans des pneus piste afin de tirer le maximum de ce petit bolide.

Les pilotes en herbe pourront également doper leur scorpion en acquérant le kit « EsseEsse » comprenant de plus gros disques de freins et des plaquettes hautes performances, des ressorts d’amortisseurs raffermis, un filtre à air spécifique ainsi qu’un nouveau boîtier électronique portant la puissance à 160 CV. En outre, pour les férus de statistiques, Abarth propose en option un GPS contenant les tracés des principaux circuits européens qui vous permettra de collecter les données de télémétrie et votre temps au tour comme les pros, sans nécessiter une kyrielle d’ingénieurs sur le muret des stands pour digérer ces chiffres. Il vous sera ensuite possible de partager et comparer vos données avec vos adversaires sur le web. Plus moyen de chinder vos prouesses sur les forums !

En utilisation urbaine, notre scorpion sait se tenir tranquille. Très homogène, la 500 Abarth se faufile sans difficulté dans le flot du trafic sur un filet de gaz, toujours accompagnée de sa bande-son « racing ». Le mode « normal » utilise cette fois-ci le GSI comme incitateur à l’économie de carburant. Irritant au bout d’un certain temps, la LED s’allume à tout moment vous invitant à passer le rapport supérieur. Remarquez, les écolos seront contents ; sans que vous en ayez conscience, en suivant bêtement ce petit clignotement sur la gauche de votre champ de vision, vous adopterez une conduite Ecodrive !

Vu la vocation de l’auto, il ne vous faudra pas vous attendre à un confort souverain ménageant vos lombaires. Le tarage ferme et les ressorts courts vous transmettent la moindre aspérité de l’asphalte. Personnellement, j’adore cette impression de piloter un kart en ville. Sans compter que son encombrement de citadine lui permet de s’enfiler dans un trou de souris pour se parquer.

Hors localité et sur autoroute, vous disposerez toujours de suffisamment de ressources sous la pédale de droite pour effectuer un dépassement en toute quiétude, quelque soit la topographie du tracé. La direction communique parfaitement et son assistance est bien calibrée. La hauteur de la caisse rend cependant l’auto particulièrement sensible au vent latéral. Enfin, il est urgent que les électroniciens de l’équipementier fabricant l’assistance au freinage revoient le seuil de déclenchement des warnings lors des freinages appuyés. En conduite dynamique, inutile de vous préciser que cela arrive à chaque virage et conduit à des réactions pour le moins bizarres chez vos poursuivants…

Etant chaussée de pneus hiver Pirelli Sottozero, je me suis aventuré sur les petits chemins forestiers, recouverts de leur blanc manteau au-dessus de l’agglomération lausannoise. Grâce à son poids contenu et au bon équilibre de son châssis, l’Abarth 500 démontre une aisance particulièrement impressionnante en termes de tenue de cap et de pouvoir directionnel sur sol glissant. Très sécurisant, pour autant que l’on ne se montre pas trop optimiste…

Côté consommation, notre moyenne durant l’essai « conduite de tous les jours » se monte à 8 l./100 km tout rond, compte tenu également que nous avons pleinement exploité les capacités du petit 1400. La conduite « ecodrive » a permis d’abaisser substantiellement cette consommation jusqu’aux alentours de 6.5 l./100 km, mais le plaisir de conduite n’est plus au rendez-vous.

Indéniablement cette Abarth 500 est une vraie réussite ! Ne manquant pas de caractère, animée par une mécanique enivrante et dotée d’un châssis parfaitement ajusté, elle saura ravir les sportifs confirmés sur leurs trajets quotidiens, tout en se montrant rassurante pour les Schumi en devenir sur circuit le week-end. Affichée CHF 28’990.- de base, son prix peut paraître élevé mais le catalogue d’options fait dans la douceur et très honnêtement je ne vois aucune autre citadine « sportive » apportant autant d’agrément et de plaisir de conduite dans une ambiance résolument sportive.

Ladies and Gentlemen, avviare il motore !

 

Prix et principales options (CHF)

Abarth 500 : 28’990.-

Peinture pastel blanc racing : 500.-

Intérieur cuir : 2100.-

Stickers « scorpion » : 100.-

Kit Abarth SS Rosso (rétros et bandes latérale rouge) : 300.-

Tetto scacchi Rosso (décoration de toit en damier) : 300.-

Navigation Blue & Me : 550.-

Kit Esseesse complet avec montage : 4990.-

  

 

Face à la concurrence

Abarth 500 Mini Cooper Mitsubishi Colt 1.5 Ralliart Renault Twingo RS
Moteur 4 cyl., 1368 cm3, Turbo 4 cyl., 1598 cm3 4 cyl., 1468 cm3, Turbo 4 cyl., 1598 cm3
Transmission Traction Traction Traction Traction
Boite de vitesse 5, mécanique 6, mécanique 5, mécanique 5, mécanique
RPP (kg/ch) 7.66 8.88 6.9 8.6
Poids à vide (constr.) (1035 kg) (1065 kg) (1035 kg) (1145 kg)
Puissance (ch/régime) 135 / 5500 120 / 6000 150 / 6000 133 / 6750
Couple max (Nm/régime) 206 / 3000 160 / 4250 210 / 3500 160 / 4400
0-100 km/h 7.9 sec 9.1 sec 7.4 sec 8.5 sec
Vitesse max. 205 km/h 203 km/h 210 km/h 201 km/h
Conso. mixte (constr.) 8 (6.5) 7.7 (5.3) (6.9) (7)
Pneumatique 205/40 R17 175/65 R15 205/45 R16 195/45 R16
Prix de base (CHF) 28’990.- 25’100.- 25’890.- 23’900.-
Prix de base (EUR) env. 18’500.- 18’900.- 17’890.- 15’600.-
Nos remerciements à M.Franck Corsini du Abarth Center à Meyrin pour la mise à disposition du véhicule ainsi qu’à Fiat Group Automobiles Switzerland S.A. pour l’essai circuit lors des “Abarth Race & Glory Day” à Lignières.

Liens

Le sujet du forum – les articles Fiat – la liste des essais – à lire également:

        

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