Essai Bombardier Can-Am Spyder, le motoneige du bitume


Nous essayons le Bombardier Can-Am Spyder, un motoneige sur pneus. 

Vous avez presque tous eu l’occasion de conduire un véhicule à 4 roues, la plupart a aussi conduit un 2 roues… mais est-ce que vous avez déjà eu la possibilité de prendre les commandes d’un engin à 3 roues ? Indépendamment du tricycle qui a fait la joie de votre tendre enfance… Une fois de plus, Asphalte.ch vous propose de découvrir un engin hors du commun, le Can-Am Spyder, produit par Bombardier Recreational Products (BRP). Cette compagnie mondialement connue pour ses véhicules de loisirs a transposé le concept du motoneige, ou du scooter des mers, sur le bitume. De ce fait, le Can-Am Spyder n’est ni une voiture, ni une moto, et il ne sert à rien de se braquer d’entrée en disant qu’il a les désavantages des deux.

En découvrant pour la première fois de face le Can-Am Spyder, j’ai pensé à un Quad, mais sur une vue globale, et c’est frappant, l’engin a bel et bien l’aspect d’une motoneige. Ses deux roues avant rappellent les patins et la roue arrière centrale, ainsi que sa transmission à courroie, font penser à la chenillette. Après avoir sillonné la Suisse Romande aux commandes du Can-Am Spyder, je peux vous assurer qu’il est impossible de passer inaperçu. Tout le monde observe cet ORNI (Objet Roulant Non-Identifié) échappé d’un film de science-fiction avec étonnement. Et dans la majorité des cas, cela amène des discussions plutôt sympathiques avec des personnes de tous horizons. La réputation de la marque n’est plus à faire et la qualité de fabrication est excellente. Son design lui donne un aspect sportif mais sans agressivité. Avec un peu d’humour on pourrait même y trouver un look de batracien en regardant ces optiques avant. La partie arrière est plus basique, un peu massive comme une moto de forte cylindrée, mais située nettement plus bas, toujours dans les proportions d’une motoneige.

Il est temps de monter en selle et de découvrir les sensations procurées par un tel engin. Le moteur, un Rotax de 998cm3 développe une puissance de 106ch à 8’500t/min et un couple de 104 Nm à 6’250t/min. Quand on sait que le Can-Am Spyder pèse à peine plus de 300kg, je vous laisse préjuger des sensations offertes. La motorisation est accouplée à une boite de vitesses 5 rapports avec une marche arrière mécanique. En option il est possible d’opter pour une transmission séquentielle électronique. Une fois assis, on ressent l’impression d’être sur une motoneige et pour le prendre en main je fais quelques tours de parking sous l’oeil avisé du concessionnaire. Seule recommandation de sa part, faire attention car à l’inverse d’une moto, il n’y a pas de commande de freins au guidon. Le freinage se gère au pied, et la force est repartie équitablement sur les trois roues. Effectivement c’est un peu déconcertant pendant les premiers kilomètres, mais pour le motard occasionnel que je suis le temps d’adaptation est relativement court. La prise en main est facilitée par le fait que le Can-Am Spyder est très stable, quelque soit le revêtement, du fait de sa conception en Y (marketing de la marque).

En fait, le constructeur appelle cela l’Effet Y. En regardant le Can-Am depuis dessus, on se rend immédiatement compte de sa structure en Y. Les roues avant étant la partie supérieure de la lettre et la roue arrière sa partie inférieure. Pour le reste, l’Effet Y intègre une multitude d’attributs techniques pour obtenir cette stabilité exemplaire. Les technologies utilisées pour le Can-Am Spyder permettent de multiplier l’efficacité du contrôle dynamique et de la stabilité, permettant ainsi au pilote d’avoir encore plus confiance dans sa monture. Ce système s’appelle VSS (Système de stabilité du véhicule) et a été conçu en partenariat avec Bosch. Il intègre des fonctions telles que le SCS (Système de controle de la stabilité), le TCS (Système d’anti-patinage à l’accélération) et l’ABS (Système de freinage anti-bloquant). Le VSS réagit à la moindre perte de motricité et fait le nécessaire pour appliquer les corrections nécessaires. Le constructeur présente le Can-Am comme un corps avec quatre cerveaux. Le premier cerveau étant le VSS, les trois autres sont le DPS (Système de servodirection dynamique), l’EFI (Système d’injection électronique) et le DESS (Système de sécurité encodé numériquement). Les deux derniers sont assez évidents, mais le DPS mérite un complément d’information. Ce système fournit au conducteur une assistance variable qui ajuste les efforts de braquage nécessaire en fonction de la vitesse, de la charge et du couple. Par ce principe, le DPS améliore grandement la maniabilité et le confort, aussi à vitesse réduite. Ce véhicule hors du commun est vraiment à la pointe de la technologie actuelle.

Les premiers kilomètres passés et on commence à se sentir à l’aise. Quelques belles petites routes se découvrent devant mes yeux et j’ouvre les gaz en grand. L’accélération est franche et instantanée, atteignant en quelques secondes des vitesses qui nous feraient perdre notre permis de conduire. Attention toutefois au revêtement, car si l’adhérence devient précaire (humidité, gravier) vous risquez de laisser un peu de gomme au démarrage. C’est le côté impulsif d’une moto qui se révèle dans cet engin, le bicylindre Rotax poussant très fort et m’obligeant à me faire violence pour respecter les limitations. La prise au vent est importante cependant, gâchant le plaisir que procurent ces performances grisantes. L’autoroute n’est pas son terrain favori, il faudra donc privilégier les routes cantonales pour vos trajets quotidiens ou balades.

Retour sur le réseau secondaire et on découvre un plaisir immense de conduite. Le Can-Am Spyder est extrêmement ludique, surtout quand les virages approchent. Contrairement à la plupart des voitures, la moindre courbe deviendra un moment exhaltant. On ressent extrêmement bien les forces latérales que notre corps va devoir encaisser. Ces forces sont d’autant plus présentes que nous ne pouvons pas pencher le véhicule comme ca serait le cas en moto. Pour s’assurer de ne pas trop perdre de vitesse en courbe, il faudra donc appliquer la même méthode qu’en motoneige ou scooter des mers, c’est à dire balancer son corps à l’intérieur du virage, “se déhancher”, afin de faire contrepoids. En conduite “cool” ca ne pose pas de réel souci si vous ne le faites pas, mais à rythme soutenu, vous perdrez un peu de plaisir et d’efficacité. Il serait d’ailleurs très intéressant de tester ce véhicule sur un circuit relativement rapide pour repousser les limites et se procurer des sensations encore plus fortes.  Encore un point positif de l’effet Y: l’excellente stabilité au freinage, même très appuyé. D’ailleurs les freins sont excellents et leur mordant est sans faille, du moins en utilisation sur route ouverte. Quand à la consommation en utilisation mixte, elle se situe aux environs de 7L/100km, ce qui reste raisonnable pour un véhicule de loisirs.

Il est aussi important de parler du confort et de la praticité de ce véhicule d’un genre nouveau. L’assise est particulièrement confortable et les trajets de longue durée sont tout aussi envisageables que sur une grosse moto de type BMW RT, la fatigue en moins car il n’est pas nécessaire de “tenir” l’engin lors d’arrêt aux feux par exemple. L’utilisation en duo est parfaitement possible, mais il est fortement recommandé de prendre en option le petit dossier amovible pour votre passager. Il faudra bien entendu adapter votre conduite et anticiper un peu plus les changements de direction. Les capacités de rangement se limitent, en série, à un coffre avant d’une capacité de 44 litres, mais rien ne vous empêche de rajouter un coffre à l’arrière, voir un sac de réservoir si vous prévoyez de partir pour une grande aventure avec votre Can-Am Spyder.

Avant de conclure il est important de préciser qu’il n’est pas nécessaire d’avoir son permis moto pour piloter le Can-Am Spyder. En effet, même si le port du casque est obligatoire, vous pouvez tout à fait prendre les commandes en étant simplement titulaire d’un permis de conduire voiture. Pour un peu plus de 26’000 Francs vous avez un véhicule “différent” qui ne manquera pas d’attirer la curiosité des gens que vous croiserez et qui vous apportera des sensations nouvelles. Si vous cherchez toutefois une comparaison possible, vous pouvez d’emblée écarter les automobiles, car pour ce prix, je ne connais pas de voitures capables de vous donner autant de sensations. Dans la catégorie deux roues, vous avez effectivement de quoi vous faire très plaisir pour la même somme, mais avec la sécurité en moins. Vous n’êtes pas encore convaincu ? Allez faire un bout d’essai avec un Can-Am Spyder et vous verrez que cet engin est vraiment surprenant. Pour la comparaison des données, je me suis dit que le mieux était de privilégier le PLAISIR, donc de trouver une voiture qui a plus ou moins le même rapport poids/puissance. Dans les essais réalisés par Asphalte, la voiture qui se rapproche le plus, c’est la Ferrari F430, mais pour un prix 10 fois supérieur. La comparaison s’arrête là car ce sont deux véhicules totalement différents.

Face à la concurrence

Can-Am Spyder Ferrari F430 F1
Moteur Bicylindre en V, 998cm3 V8, 4308 cm3
Transmission Propulsion Propulsion
Boite de vitesse 5, séquentielle manuelle Boite robotisée de type F1, 6 rapports
RPP (kg/ch) 2.98 3.0
Poids à vide (constr.)  (316 kg) 1474 kg (1450 kg)
Puissance (ch/régime) 106 / 8’500 490 / 8’500
Couple (Nm/régime) 104 / 6’250 456 / 5’250
0-100 km/h 4.5 sec 4.0 sec
Vitesse max. 195 km/h 315 km/h
Conso. mixte (constr.) 7.0 (6.9) (18.3)
Pneus avant & arrière 165/65 R14 & 225/50 R15 225/35 & 285/35 R19
Prix de base (CHF) 26’250 260’000
Prix de base (EUR) 17459 160’400

Remerciements à M. Philippe Grimm du garage Grimm Sud pour le prêt de ce Can-Am Spyder.

Liens

Le sujet du forum – la liste des essais – à lire également:

        

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