Essai longue durée Mercedes A190L

25’000km en Mercedes A190L, pour 17cm.

Le lancement de la Mercedes Classe A (type W 168) en 1997 fit grand bruit, tout d’abord pour sa plateforme révolutionnaire, puis pour une mémorable crise médiatique initiée par un magazine suédois après qu’une voiture se soit renversée pendant des tests d’évitements de caribous, exercice habituel en Scandinavie. Les bestiaux en question peuvent atteindre trois quintaux de viande bien ferme, rien à voir avec un hérisson.

L’affaire coûta plusieurs centaines de millions de bons vieux Deutsche Marks à Mercedes : après une tentative de démenti, volte-face, rappel de tous les exemplaires vendus, installation de l’ESP en série, une première sur un véhicule de ce segment. Ce couac coûteux n’empêcha pas un beau succès commercial, plus d’un million de classes A première génération furent vendues.

La Classe A W168 fut une mine d’innovations pour Mercedes-Benz. Produit d’appel pour rajeunir la clientèle et augmenter les volumes, première voiture particulière Mercedes à roues avant motrices, première implémentation de la structure dite à sandwich  (rien à voir avec les 17 centimètres en sous-titre). Cette invention patentée surélève le plancher de la cabine, incline le moteur fortement vers l’avant, avec une paroi inclinée qui, en cas d’accident, guide le moteur vers le bas, protégeant ainsi les jambes des passagers avant. Résultat tangible : 4 étoiles Euro-NCAP en 1999, un résultat excellent pour l’époque.

Le moteur 4 cylindres monté transversalement se retrouve ainsi incliné à 59 degrés vers l’avant. Sans cette astuce, la Classe A devrait, parait-il, être 25 centimètres plus longue pour offrir la même protection à ses occupants en cas de choc frontal.

Notre A190L est une finition “Elégance” avec une calandre Avant-Garde. Le prix de base (2001) de 34’550 CHF fut lesté de pas moins de 13’000 CHF d’options puis adouci d’un rabais de 5.5%. Vous avez bien lu : 45000 CHF pour une classe A 190L avec en option 4 jantes de 16 pouces (2410 CHF), l’intérieur cuir (2206 CHF), la boîte auto 5 rapports (2109 CHF), la climatisation (1915 CHF), le toit ouvrant à lamelles (1301 CHF), le contrôle de distance de parcage (958 CHF), l’inévitable peinture métallisée et quelques autres babioles. Ajoutez en plus une radio décente (un Radio-CD JVC supportant les mp3, coquetterie à 960 CHF en 2001) et le vertige est assuré. Le résultat est assez classieux, mais n’a rien d’extravagant non plus: ni sellerie en peau d’autruche, ni plaquages en Ginko Biloba véritable. A noter que ce prix inclut 10 ans ou 100’000 kilomêtres de services gratuits (à l’exception des fluides et consommables), une prestation qu’on peut grosso modo valoriser à 4000 CHF.

Les 17cm du châssis long transfigurent la classe A, offrant un espace aux places arrières digne d’une limousine hollywoodienne et un plancher parfaitement plat. Avantage significatif par rapport au châssis standard, d’autant plus que la longueur totale reste contenue à 377cm. La capacité du coffre est tout juste correcte (350L), mais l’enlèvement des sièges arrières (opération facile mais les sièges sont assez lourds) permet de passer à 1580 gargantuesques litres de volume. Vélos, poussettes, raid chez meubles Hubacher, barriques de Gamay du Valais, tout rentrera, sauf peut-être le morbier de grand papa s’il est trop haut, donc long une fois couché. Ces 17 centimètres fatidiques transfigurent la classe A, lui donnant une polyvalence dont il serait dommage de se passer.

Pour rester dans le pratique, les vides poches sont un peu exigus et les tiroirs de rangement situés sous les sièges avant sont d’une conception et facture indignes de l’emblême trônant sur le capot : patience confucéenne recommandée lorsque ceux-ci sortent de leurs glissières. Le gardien de nuit du dortoir de l’usine Kia aurait fait mieux. La finition du reste de l’habitacle est correcte à ce niveau de prix, sans plus.

Passons à la motorisation. En 2002, la Mercedes classe A était disponible dans deux autres motorisations essence (A140 et A160, la version A210 de 140ch n’apparaîtra que plus tard), mais le 1.9L de 125ch est à considérer comme un strict minimum pour tirer une voiture peu légère, d’autant plus qu’elle a la vocation de transporter des passagers. Les performances sont ainsi suffisantes pour s’insérer sans problème dans la circulation, mais des dépassements pourraient s’avérer laborieux. Pour la petite histoire, Mercedes livra à ses pilotes de Formule 1 d’alors, Mika Häkkinen et David Coulthard, des versions spéciales équipées de 2 moteurs (un à l’avant, un à l’arrière) pour un total de 250ch. Peu probable que vous en trouviez une à vendre sur Shop@uto, mais un des intéressés ayant pied à terre dans les alpes vaudoises, sait-on jamais ?

Côté instrumentation, on retrouve le minimum, sans fioritures. On peut regretter l’absence de fonctions de calcul de consommation ou d’autonomie : l’affichage digital ètant présent, un petit effort de programmation aurait suffit pour fournir ces données. A noter que le système ASSYST renseigne le conducteur sur les intervalles de service, en tenant compte des conditions d’utilisation du moteur.

Le choix d’une boîte automatique fut motivé par un plus grand confort en circulation urbaine. Celle-ci se montre douce et rapide en conduite coulée. Le levier permet de commander la boîte de manière pseudo-séquentielle et de la bloquer dans un rapport choisi, par exemple pour augmenter le frein moteur en descente ou pour anticiper un dépassement. Le rappel de rapport engagé au tableau de bord en devient très pratique, mais la commande latérale reste peu intuitive et les passages de rapports lents. La cinquième surmultipliée permet d’abaisser la consommation sur autoroute, mais de forte déclivités requièrent un rétrogradage (kickdown) en quatrième. La vitesse de pointe peut d’ailleurs être atteinte indifféremment sur les deux rapports supérieurs, et si vos déplacements vous amènent chez nos permissifs voisins teutons, une vitesse de croisière de 160 à 170 km/h compteur peut être maintenue si on prend garde à la sensibilité au vent latéral.

Les jantes de 16 pouces pour la monte d’été furent choisies pour donner plus de précision au comportement, la propriétaire (ex-Golf GTI16V et ex-Golf VR6) trouvant la voiture floue sur autoroute. Les pneus de dimensions 205/45/16 atténuent cette impression mais elle perdure malgré tout, surtout sur les compressions où la voiture a tendance à pomper diagonalement. Globalement, le comportement est correct, sans plus, et n’a rien de sportif : sous-vireur à la limite, normal et sécurisant pour une auto dont la vocation est paisible. Si on brutalise la classe A, on sent le train avant un peu à la peine sous les effets combinés d’une chaussée dégradée et du couple, pourtant modéré, du 1.9L. La position de conduite est assez haut perchée (l’assise est à 70cm environ) et contribue à renforcer l’impression de roulis et d’un centre de gravité haut perché. Contrepartie, une vision panoramique sur le trafic environnant, appréciable en ville comme sur autoroute.

Confortable, élégante, la Mercedes A190L séduira plus par son homogénéité et ses aspects pratiques uniques que par le brio de ses prestations dynamiques. Une voiture raison plus qu’une voiture passion, une candidate à considérer avec sérieux au moment du choix d’une compacte polyvalente ou d’un mini-monospace.

Caractéristiques techniques

Moteur : 4 cylindres 8 soupapes, 1898 cm3
Transmission: boîte automatique à 5 rapports
Puissance : 125ch à 5500 t/min
Couple : 180 Nm à 4000 t/min
Consommation normalisée: 7.9 L/100km
Accélération : 0-100km/h 10.5s
Vitesse de pointe : 190 km/h
Pneumatiques : 205/45/16
Poids à vide DIN: 1110 kg

Fiabilité

Septembre 2004, centre ville de Lausanne, démarrage en côte, la boîte automatique passe en mode par défaut. Retour au bercail à 40 km/h. Verdict : changement sous garantie de la boîte, la voiture reste 10 jours en concession.

Un mois plus tard, le voyant ABS s’allume intempestivement. Première intervention, mais le défaut réapparaît peu après. Le défaut disparaîtra peu après. Le réseau Mercedes entoure les défauts sous garantie d’une stricte discrétion, impossible d’obtenir une description précise, encore moins une trace écrite, de la nature de la réparation.

Ces deux désagréments et une ampoule de phare mis à part, aucun autre problême à signaler sur 4 ans et 25’000 km.

Entretien

01.05.2002 Achat neuf

11.03.2004 12408 km vidange, lave glace, liquide de freins & voiture de location : 165.60 CHF

04.01.2006 24400km vidange, lave glace, balais d’essuie-glace & voiture de location : 248.75 CHF

Commentaire: les “service gratuits” réduisent significativement les frais d’entretien, sans toutefois les rendre nuls. Difficile de déterminer si la fréquence d’entretien imposée par le système ASSYST fut dictée par le kilométrage ou les intervales de temps.

Décote

Achat neuf : 44900 CHF (5/2002)

Cote médiane comparis.ch (2/2006, 25000 km) : 27750 CHF

Amortissement : 17150 CHF soit 38% de la valeur à neuf.

Commentaire: selon les indications d’un concessionaire Mercedes, une classe A bien équipée se négocie facilement légèrement au-dessus de sa cote.

Frais fixes et coût kilométrique

Taxe automobile, VD, 1898 cm3, base 2005 : 519 CHF

Assurance : RC+Casco, Winterthur, base 2005 : 1649 CHF

Consommation: estimée à 9L/100km

Coût au km, hors amortissement: 0.49 CHF/km

Coût au km, avec amortissement : 1.17 CHF/km

Commentaire: les coûts au km relativement élevés résultent dans une large mesure d’un faible kilométrage annuel (6500 km/an).

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