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Travaux pratiques au centre TCS du Stockental.

Cours de sécurité routière au Centre TCS du Stockental pimentée d’un petit programme spécial orienté sur le drifting. Première fournée de photos …La glisse. Pinacle du plaisir de la conduite automobile, fantasme savamment cultivé par la presse spécialisée et les jeux d’arcade, sport à part entière au Japon, omniprésente en WRC, inefficace en Formule 1, le survirage fait partie des facettes du comportement des autos, tant des propulsions puissantes que des tractions. Les antipatinages et autres correcteurs de trajectoire omniprésents sur les voitures modernes veillent au grain, mais ne pardonnent pas toutes les erreurs. Malgré ces aides à la conduite, des réactions adéquates du conducteur restent essentielles et peuvent faire la différence entre une frayeur, de la tôle froissée ou un accident grave. Seule recette : comprendre et s’exercer.

A défaut de pouvoir réunir le quorum nécessaire à financer la location d’un circuit adéquat, l’alternative d’organiser un cours à la carte avec le Touring Club Suisse s’imposa comme la meilleure solution. Le centre TCS du Stockental est une des installations de référence du TCS en Suisse pour des cours de sécurité routière. Lové à l’ombre du Stockhorn, les installations sont modernes mais relativement exiguës de prime abord.

Le groupe de participants, ou plutôt leurs voitures: Audi S4 V8 (B6), BMW 850, Mazda RX-8 (231), Ferrari 360 Modena, Ferrari 550 Maranello, Lotus Elise, BMW M3 (E46), Porsche 911 Turbo (996). Un joli panaché d’architectures avec deux intégrales (Audi S4 & Porsche 911), deux V12 (850 & 550), deux berlinettes à moteur central (Modena & Elise) et un Wankel (RX-8) !

Après un collation rapide, présentations et quelques rudiments de théorie, passage à la pratique avec un simple exercice de slalom en descente entre des cônes sur surface glissante (zone 2 sur le plan): même en roulant en première, les voitures bougent déjà, démontrant à quel point du bitume étanche recouvert d’une pellicule d’eau peut être glissant.

Deuxième exercice, freinage en ligne par faible adhérence. Au premier essai, je me lance comme cobaye pour une démonstration un peu piteuse : la largeur de mes Lumberjack de trappeur et mon pédalier optimisé talon pointe font que j’attrape la pédale de gaz et de frein en même temps. Avec les 3 pédales au plancher, la 550 s’arrête, mais dans un hurlement du V12. Très classe. Sur cette surface simulant l’adhérence de la neige (coefficient de frottement de 0.4), les distances d’arrêts sont longues et la vitesse doit être contenue sous les 50 km/h. Les distances de freinage augmentant avec le carré de la vitesse, une Golf et un autobus arrivant trop vite ont, parait-il, fini leur course dans l’étang qui sert de réservoir d’eau, après avoir gaillardement traversé la rangée d’arbrisseaux qui borde l’extrémité de la piste.

Troisième exercice, première séance de drift. L’anneau parait bien plus étroit que sur le plan des installations, mais fort heureusement la portion glissante est bordée des deux côtés d’un revêtement beaucoup plus accrocheur. Contrôles de traction et de stabilité déclenchés pour ceux qui en ont, premiers essais, premiers têtes à queues.

La 850 et la Maranello paraissent faciles à faire décrocher grâce à leur couple moteur. Les essais se succèdent par série de deux essais. La piste ne permettrait pas de faire de vrais donuts, le revêtement glissant n’est présent que sur environ 210 degrés de révolution, la transition entre les deux surfaces très brutale et le dégagement insuffisant si la vitesse augmente.

La Ferrari 360 Modena est beaucoup plus nerveuse, tant par son caractère moteur que par sa répartition pondérale.

La transmission intégrale de la Porsche 996 Turbo privilégie l’efficacité en transférant de 4 à 39% du couple sur les roues avant dès que l’arrière glisse trop. “Pas facile à drifter correctement pour le commun des mortels” selon Pierre.

La Mazda RX-8 montre de bonnes dispositions grâce son moteur linéaire et son empattement long.

La Lotus Elise, radicale à tout point de vue, s’avère délicate à maîtriser dans ces conditions de faible adhérence.

L’Audi S4 paraît difficile à provoquer, sous-virant copieusement à moins d’entrer dans l’anneau à très faible vitesse puis d’avoir le pied droit lourd et brutal pour faire décrocher à l’arrière avant que la voiture ne prenne de la vitesse, l’avant atteignant ses limites d’adhérence et élargissant la trajectoire. Sûr, mais peu joueur.

La BMW M3 passe pour être une drifteuse naturelle, des Michelin Pilot Sport 2 en fin de vie demandent cependant beaucoup de doigté et de mesure avec l’accélérateur.

Repas de midi (correct) au buffet restaurant du centre et notre groupe enchaîne avec les exercices d’évitement. Les obstacles se présentent sous la forme de jets d’eau verticaux dont la position peut changer et se déplacer, simulant un obstacle soudain et mouvant (un piéton, une voiture qui débouche perpendiculairement). La priorité est de freiner pour réduire autant que possible la vitesse donc la violence d’un impact, puis chercher à éviter. L’exercice est ensuite corsé par une séquence de 2 obstacles, la difficulté consistant à maintenir le freinage et chercher à éviter le second même si le premier ne l’a pas été. Pédale d’embrayage à fond pour éviter que le frein moteur des puissantes propulsions ne vienne voler de l’adhérence latérale aux roues arrière.

La plaque. Une simple plaque de tôle sombre affleurant la surface de la piste d’essai, pilotée par des actuateurs capables de donner une chiquenaude latérale d’une intensité variable à l’essieu arrière. En arrivant dessus à 45 km/h sans savoir de quel côté l’auto va partir, l’énorme travers qui suit est vraiment difficile à rattraper. Le contre-braquage doit être adéquat et immédiat, le moindre retard dans la réaction étant sanctionné par une belle pirouette. Le balai de ces grosses autos dessinant des arabesques est assez plaisant et comique à observer. La 550 en photo ci-dessous.

    

Retour sur l’anneau de glisse pour une ultime séance d’essai avant un petit concours improvisé sur quatre tentatives. Le couple de la 550 permet de facilement décrocher l’arrière au ralenti au deuxième puis de doser, mais le rayon de braquage insuffisant limite l’angle de glisse et le rend délicat à maintenir. La sensation reste jouissive, les quelques tentatives qui ne se soldent pas par un tête-à-queue procurant une grande satisfaction. Maintenir sur le regard sur la trajectoire à suivre est critique, le maintien de la dérive demande précision et rapidité dans les mouvements du volant et du pied droit.

   

Au final, une journée très sympathique, avec un bon compromis entre l’utile et le fun. Beaucoup seraient restés sur l’anneau de drift bien au-delà d’un crépuscule béni d’un coucher de soleil sompteux sur les alpes Bernoises.

La Ferrari 550M en glissade:

Pratique

Distance: compter 90 minutes depuis le contournement autoroutier de Lausanne. Autoroute via Berne puis direction Thun/Interlaken. Le centre se situe à la périphérie du village de Niederstocken.

Sur le site: restaurant avec buffet trois plats pour CHF 20.-, pas d’essence sur place ni à proximité directe.

Accès: le centre du Stockental est accessible par son programme de cours Test & Training. Un centre équivalent existe à Betzholz (Hinwil, ZH). Le centre TCS de Meyrin (GE) devrait également être équipé similairement dans le futur. Une bonne solution consiste à réunir huit participants et demander un programme à la carte un peu plus ludique que le cours standard. La finance du cours s’élevait à 295 Frs par personne en 2005.

Autres:

Remerciements à M. Daniel Mauerhofer, responsable marketing  de Test & Training TCS SA, et à Jean-Léon Andrey, instructeur, pour sa courageuse et sympathique animation de ce cours.

  

Malgré le secret entourant l’organisation de cette manifestation, les papparazzis étaient présents:

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