Première journée de témoignages publics hier dans l'enquête sur la destitution de Trump.
Le but est didactique: expliquer à l'opinion publique ce que Trump a fait, et pourquoi ça justifie une destitution.
Les témoins ont déjà été entendus, et le PV de leurs témoignages ont déjà été rendus publics, donc la seule nouveauté est sensée être l'impact télévisuel, l'opinion que le public peut se faire sur le sérieux des témoins.
Il y a cependant eu une surprise, un nouvel élément.
La défense des républicains louvoie depuis quelques semaines entre
a) pas de quid pro quo (donc pas d'abus de pouvoir ou de corruption passive/active)
b) quid pro quo jamais réalisé (c'est le cas de la tentative de braquage ou meurtre, pas besoin d'avoir réussi pour être condamnable)
c) rien de plus normal qu'un quid pro quo dans l'exercice du pouvoir, avec la variante de minimisation (peu recommandable mais pas si grâve non plus)
Il est bien évident que tenir une ligne contredit l'autre, mais les républicains ne sont pas à une contradiction près.
Une quatrième ligne, ultime, est: activités coupables mais vous ne pouvez pas prouver que le président était à la manoeuvre.
Depuis hier, cette quatrième ligne de défense ne tient plus car
un nouveau témoin affirme qu'il a entendu Trump demander confirmation que les Ukrainiens étaient désormais prêts à entreprendre les investigations (sur le fils de Joe Biden et sur la théorie conspirationniste que ce ne sont pas les russes mais les ukrainiens qui ont hacké le parti démocrate pendant l'élection 2016).
Le seul paramètre critique est l'évolution de l'opinion publique, et surtout de l'opinion publique dans les états où des sénateurs républicains sont candidats à leur réélection en 2020 et en posture difficile. Ce sont eux qui constituent le maillon faible dans le procès au Sénat car, entre sauver leurs miches ou défendre Trump, ils choisiront la survie.
Ces sénateurs/trices sont:
Susan Collins, Maine
Cory Gardner, Colorado
Thom Tillis, Caroline du Nord
Joni Ernst, Iowa
Martha McSally, Arizona
Il en faudrait bien plus (15 de plus pour arrive à 20, soit une majorité des 2/3 avec les voix démocrates) pour que Trump soit condamné, mais comme avec tout barrage, l'implosion commence par la proverbiale brèche.
Les témoignages publics vont continuer à se succéder, tous les deux jours, et il faudra au moins deux semaines pour voir si une tranche au centre de l'échiquier politique trouve les diplomates et militaires sérieux et crédibles, et réalise que ce que Trump a fait est politiquement condamnable. Au final, comme dans la plupart des élections, ce sont 10% d'ambivalents au centre qui détermine l'issue des processus politiques.