La politique: affaire de conviction ou de pure communication?

Hanse
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La politique: affaire de conviction ou de pure communication?

Message par Hanse » 06 mars 2018 10:05

J'entendais ce matin une journaliste poser la question suivante, en substance, à un politicien: "vu vos résultats électoraux décevants de ce weekend, ne devriez-vous pas changer votre programme pour revenir plus à gauche?" Et lui de répondre: "C'est encore trop tôt pour tirer des conclusions au sujet de notre nouveau positionnement".

Cela me laisse songeur, pour dire le moins.

Selon ma conception, un parti politique ne devrait pas se comporter comme une entreprise cherchant à adapter son produit au goût de la clientèle pour développer des parts de marché.

Pour moi, la politique est avant tout affaire de conviction. Des convictions, on fait un programme. Ce programme, on le présente aux électeurs et votants, et on tente de les convaincre. L'électeur ou le votant adhère ou non au programme. S'il adhère, c'est tant mieux et cela donne des moyens d'action; s'il n'adhère pas c'est tant pis, et il faut se résigner à demeurer minoritaire tout en gardant la ligne, en attendant la prochaine occasion de convaincre, en communiquant mieux ou en étant plus en phase avec la majorité au gré de l'évolution de la population.

Ceci dit, les convictions de chacun peuvent évoluer au cours d'une vie. Changer d'avis est bien entendu possible. Mais il y a une différence fondamentale entre changer de conviction et changer "en fonction de la direction du vent". Dans le second cas, c'est artificiel et il y a en quelque sorte "tromperie sur la marchandise".

Mais en réalité, les partis politiques et les politiciens, qui ont certainement (je l'espère!) des convictions à la base, me semblent souvent les mettre de côté, au moins en partie, pour construire un programme vendeur électoralement. Mais après, le politicien appliquera-t-il le programme officiel sur la base duquel il a été élu, quitte à renier ses convictions, ce qui manque quelque peu de dignité, ou son action sera-t-elle guidée par ses convictions, trompant ainsi l'électeur?

C'est peut-être un peu caricatural, la réalité étant sans doute plus complexe et nuancée, mais la problématique me semble bien présente.

La professionnalisation de la politique n'aide d'ailleurs pas à faire passer les convictions au premier plan, bien au contraire. C'est un problème, je trouve. J'ai d'ailleurs l'impression qu'en Suisse, dont la politique est historiquement affaire de non professionnels (à l'exception des grand exécutifs), tant au niveau communal, cantonal, que fédéral, on glisse depuis quelques années vers une professionnalisation marquée, y compris dans les législatifs. On rétorquera peut-être que la masse de travail est plus importante, que les sujets sont plus complexes, que le rythme s'est accéléré, que la vie familiale et professionnelle actuelle demande plus d'engagement qu'à l'époque et laisse donc moins de place à une activité politique non professionnelle, que pour être efficace il faut se dédier à plein temps à la politique, etc. C'est peut-être voire certainement vrai. Mais le revers de la médaille est qu'un professionnel de la politique a naturellement une autre approche qu'un non professionnel: il doit être dans la lumière, il doit avoir du succès, il doit être élu et réélu, il doit gagner sa vie, il doit éviter de se retrouver sur le carreau, etc. Ces besoins font qu'il peut être plus enclin à s'asseoir sur ses convictions, à avancer masqué, à ne pas dire vraiment ce qu'il pense, à parler la langue de bois, à être populiste, à être "mainstream", à suivre la direction du vent, etc. Bref, le politicien professionnel perd sans doute une partie de son indépendance.

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