ze_shark a écrit : ↑12 juin 2022 01:20
La culture d'autodéfense se développe en Suisse puisque le nombre de demandes de permis explose.
Je te rejoins sur ce point, mais il faut se rappeler que c'est interdit par la LArm (et donc légiférer encore plus n'apporterait rien):
Art 5 al. 4: interdit de faire usage dans des lieux accessibles au public + art 27 al.2, il faudrait un permis de port d'armes qui n'est délivré que s'il est établi "de façon plausible qu’elle a besoin d’une arme pour se protéger ou pour protéger des tiers ou des choses contre un danger tangible". Et donc juste "j'ai peur dans les parkings le soir", c'est pas un danger tangible qui permet le port d'arme.
Et par ailleurs, Art 5 al.5: permis de faire usage d'une arme à feu que dans un lieu inaccessible au public (donc enfermé chez soi si on parle d'autodéfense) ET sécurisé (comprendre équipé de manière équivalente à un stand de tir, ce qui n'est pas le cas d'une chambre à coucher; OK, serait peut être OK à l'intérieur de l'abri de PC d'une maison, mais ca réduit vite les possibilités d'autodéfense).
Enfin, en termes de conservation, l'Art 26 exige que l'arme soit conservée de manière à ce qu'elle ne soit pas accessible à des tiers non autorisés (comme la femme de ménage, les enfants, le conjoint qui n'a pas de permis, l'ouvrier qui refait la cage d'escalier). Donc sauf à vivre en hermite = sans enfants, sans conjoint, sans jamais des amis qui viennent à la maison, sans femme de ménage, sans ouvriers, le fait d'avoir une arme chargée sous son oreiller ou sur le dessus de l'armoire, c'est interdit et ce d'autant que le même article impose un stockage avec prudence ce qui concrètement signifie pas chargé.
Et c'est là que je boucle sur la question de l'éducation: du fait qu'on raconte à qui veut l'entendre que la Suisse, c'est comme aux US et que donc on a le droit de s'y défendre avec un flingue, les gens finissent par y croire et s'arment dans ce but, car ils n'ont pas plus lu la LArm que le 90% des gens qui interviennent sur ce fil. A l'inverse, les tireurs sportif, les vrais, eux ils ont très majoritairement lu la LArm, ne serait ce que pour savoir jusqu'où ils peuvent aller dans le matos qu'ils voudraient utiliser là où celui qui veut faire de l'auto-défense va juste demander un flingue pas trop lourd à son armurier sans chercher plus loin. Par ailleurs, ces gens là ne tirent en pratique pas et donc seraient dangereux, y compris pour eux ou leurs proches, s'ils devaient vraiment se servir de leur arme, contrairement à un tireur sportif. Et donc pour moi, un moyen simple de faire la différence entre ces 2 catégories serait de tout simplement demander une preuve régulière de capacité à bien tirer et manipuler une arme en sécurité, ce qui sera un non souci pour les tireurs sportifs, un truc trop chiant pour les amateurs d'auto-défense pour qu'ils s'y contraignent.
Et au final quand on arrive à ce point, on voit bien que ce qui n'est pas souhaitable est déjà interdit par la loi et que ce qu'on gagnerait en la durcissant, ce serait d'enquiquiner les tireurs sportifs. Pour moi, les seules améliorations intéressantes de la loi, ce serait sur les fusils d'assaut (armes automatiques) dont je peine à comprendre l'usage sportif et le fait de s'assurer régulièrement que celui qui se dit tireur sportif l'est effectivement. On peut aussi jouer sur le volet administratif = fichier centralisé, mais ca, je suis moyen convaincu de l'efficacité, même si je n'y vois pas d'obstacle à la liberté des tireurs sportifs. Mais ce qui importe avant tout, c'est de rappeler à qui veut l'entendre que le droit de posséder une arme implique le devoir de ne jamais s'en servir sur un truc vivant. Ca, il faut le marteler encore et encore et y compris pour tout objet pouvant entrainer la mort: ca ne se fait pas d'essayer d'attenter à la vie avec un objet, seul l'état a ce droit.