Je me suis un peu documenté sur le sujet est arrive à la conclusion que la loi sur l'Energie soumise à référendum le 21 Mai est une farce.
Pour rappel, le but affirmé est de réduire notre consommation d'énergie
fossile de 20%, et la compenser par une augmentation d'énergie renouvellables de 50%. En termes quantitatifs macroscopiques, l'un compense l'autre.
44% de la consommation énergétique du pays vient du pétrole: 20% * 44% = 8.8%
19% de la consommation énergétique du pays vient de sources renouvellables (principalement hydroélectriques): 50% * 19% = 9.45%
Ce transfert implique une mutation du fossile vers l'électrique, donc une mutation des moyens de transformation de l'énergie, ainsi que des mesures de réduction de consommation d'énergie.
Au niveau fossile, deux axes principaux:
- la réduction de la consommation des voitures, traduite dans une nouvelle cible à 95g/km dès 2021, alignée sur l'union européenne. Les émissions moyennes des voitures neuves suisses étaient de 135 g/km en 2015. Il s'agit d'une baisse de 30%
- l'assainissement des bâtiments pour réduire la consommation des huiles de chauffage (40% de la consommation fossile du pays)
Au niveau, renouvellables:
- arrêt du subventionnement de petites installations, qui ont un bilan écologique médiocre
- aide pour les installations hydroélectriques existantes pour cinq ans (5, pas 50)
- balances des intérêts entre protection du paysage et production énergétique pour les grandes installations (photovoltaique, éoliennes, barrages)
- augmentation de la RPC de 0.8cts/kWh, de 1.5 à 2.3 cts kWh.
Avant de discuter de toute autre chose, notons que le la fixation du débat autour de la conversion nucléaire-renouvellable n'est à nulle part résolue jusqu'ici. La loi interdit la construction de nouvelles centrales, mais rien dans le l'équation -20/+50 précitée n'adresse la disparation, à terme, des 40% d'
électricité qui provient actuellement de source nucléaire suisse. Rien. Il n'y a à ma connaissance aucun plan quantitatif, encore moins crédible, qui compense la disparition de cette source de production.
Je n'ai pas non plus trouvé de plan qui quantifie la traduction du +50 dans un budget cadre, par exemple X% en hydroélectrique, Y% en éolien, et Z% en photovoltaïque. Et, je me répète, encore moins si on ajoute dans la balance la compensation de la disparation des centrales nucléaires.
Des chiffres, il y en a par contre au sujet du coût pour les ménages. Des chiffres divers et variés.
L'OFEN se tient à 40 CHF/ménage par an. Soit 5000 kWh/ménage/an * 0.8cts/kWh.
L'UDC et sa campagne douche froide affirme 3200 CHF/an.
J'ai trouvé d'
autres chiffres plus fouillés, mais ils ne me paraissent pas tenir debout.
il y a toutefois une certitude. La RPC doit fatalement, à terme, coller à la réalité des compensations nécessaires à la viabilité
1) de fermes éoliennes, dont la RPC serait de 20cts/kWh
2) de fermes photovoltaïques, dont la RPC serait de 30cts/kWh
sans compter les aides annexes nécessaires pour compenser un pompage-turbinage qui n'est pas rentable.
La viabilité des 0.8ct/kWh promis dépend d'une hypothèse sur le ratio entre photovoltaïque et éolien, hypothèse qui n'est pas énoncée, pas plus que la notion que les 0.8cts sont suffisants à n'importe quel scénario. Cependant, si le PV est plus cher et que les populations ont tendance à faire du Not In My Back Yard (NIMBY) avec les parcs éoliens, on va devoir évoluer vers plus de PV, donc des coûts supérieurs.
Au sujet des 95g/km, Auto-Suisse se plaint du fait que la Suisse devra tenir sa moyenne "toute seule", alors que l'UE bénéficie d'un énorme marché, et de l'hypothèse sous-jacente selon laquelle les prolos du sud compenseront les nantis du nord avec leurs gros 4x4 d'oligarques. Une augmentation du prix des voitures neuves est prédite. A mon avis, un mal nécessaire si les recettes sont bien investies, mais dont il est peu fait question.
On ne parle pas non plus, ou pas assez, du moyen pour arriver à ces 95g/km et de la nécessité de baisser nos émissions de CO2 pour endiguer le dérègelement climatique. L'électrification du parc roulant est un moyen, mais il vient encore alourdir le porte-à-faux exposé plus haut:
- pas de budget crédible pour la conversion -20/+50
- encore moins avec la disparation à terme des centrales nucléaires
- encore moins avec une augmentation supplémentaire de la conso électrique due à l'électrification de la mobilité indviduelle (à moins qu'elle soit inclue dans le -20/+50, personne ne nous le dit)
Personnellement, j'adhère aux objectifs, mais je rejette le dossier et je voterai non.
Si un ingénieur me présentait un budget de consommation de puissance ou un marketoide un business case aussi mal ficelé, je le renverrais à son bureau, voire pire. Je pense que, animée par des buts louables et un peu trop de sensiblerie (le traumatisme de Fukushima), Doris Leuthard et l'alliance PDC/PS essaie de faire avaler au peuple une rondelle de salami plutôt que de présenter le Citterio dans sa formidable intégralité.
Et ça, ce n'est pas du sens politique. C'est au mieux de la ruse politique et au pire de l'incompétence fasse à un enjeux stratégique majeur pour le pays.