Philosophie & Stratégie & Avenir d'Alpine

[_nicolas]

Quel ramassis de conneries. Quand il faut appeler Zizou, c’est ce que c’est vraiment mal barré.

Reste que ce fil, et l’archive d’articles qu’il devient, sont intéressants. Il pourrait être nommé “chronique d’une mort annoncée”. Hein ? Comment ? Ah ! On me glisse dans l’oreillette que Luca de Meo est aux commandes et qu’il est l’homme de la Cinquecento. Tout le monde est rassuré !

PS: Avec quoi la “puissance publique” paie ses Alpine ?

[Corsugone]

Le Figaro

ALPINE, LA PREUVE PAR SEPT

L'ANNÉE DE SES 70 ANS, LA MARQUE DIEPPOISE ANNONCE LA PLUS IMPORTANTE SORTIE DE VÉHICULES DE SON HISTOIRE. SEPT NOUVELLES VOITURES SONT ATTENDUES CES PROCHAINES ANNÉES.

Ce n'est pas rien. Dès sa première prise de parole en tant que patron du groupe Renault, en octobre 2020, Luca de Meo a annoncé qu'il voulait faire d'Alpine « le Ferrari français ». Selon lui, la marque dieppoise possède un potentiel incroyable. Un avis qui n'a pas toujours été partagé au sein de l'état-major du constructeur français. Question d'époques et de patrons. L'ex-Régie Renault avait coupé le contact de la marque en 1995, quarante ans après sa création par le Normand Jean Rédélé. Depuis, toutes les initiatives prises pour relancer la griffe française de voitures de sport ont été vouées à l'échec. Il a fallu attendre l'arrivée de Carlos Tavares au poste de numéro deux de Renault pour que la renaissance d'Alpine devienne une réalité. Ce retour précisé lors d'une conférence de presse, le lundi 5 novembre 2012, allait prendre la forme d'un partenariat avec l'artisan anglais Caterham, les volumes étant trop faibles pour jouer solo. Avec son partenaire, le constructeur français allait pouvoir partager les coûts de développement et d'industrialisation de la nouvelle berlinette Alpine, qui doit préserver l'ADN du constructeur, conjuguant légèreté, agilité et sportivité. Ce mariage presque contre nature explose en 2014, quelques mois après le départ de Tavares. Alpine ne stoppe pas le projet mais le réoriente. La berlinette du renouveau sera moins une Lotus Elise à la française qu'une sportive polyvalente. Une décision que personne ne devait regretter tant la nouvelle berlinette A110 s'est imposée d'emblée comme une machine bien née et dotée d'une incroyable efficacité sportive.

Tombé sous le charme de ce modèle qui connaît un succès commercial justifié, Luca de Meo veut transformer l'essai. L'Italien ne peut surtout se résoudre à voir la marque dieppoise retomber dans l'oubli alors qu'il apparaît évident qu'elle ne peut pas reposer uniquement sur un seul modèle. Au risque de déboussoler ses équipes, le patron de Renault prend des décisions fortes. Il confirme l'engagement en Formule 1, le logo au A fléché remplaçant le losange, et la poursuite du programme en endurance. En parallèle, dans le cadre de son plan Renaulution, Alpine va devenir une marque 100 % électrique, sur fond de transition écologique. Les fanatiques de la firme poussent des cris d'orfraie mais c'est la première fois qu'elle dispose d'un programme aussi étoffé. Pour assurer son avenir, Alpine veut investir de nouveaux territoires et séduire une nouvelle clientèle. Trois modèles sont alors inscrits dans le plan produits : une citadine sportive issue de la Renault 5, un crossover et une sportive. Déjà sur nos routes, la première a été élue Voiture de l'Année 2025 avec sa sœur de chez Renault. La deuxième, le crossover A390, vient d'être dévoilée à Dieppe, en marge des festivités des 70 ans de la marque. La troisième, qui aura pour mission de remplacer l'A110 actuelle, est prévue pour l'an prochain.

Avec une probable commercialisation sur le sol américain à l'horizon 2030, ce programme s'est vite avéré trop étriqué. À Enstone où est installée l'écurie F1, Luca de Meo a ouvert la porte, en 2023, à une gamme de sept modèles, à raison d'un lancement par an jusqu'à la fin de la décennie. Il vient de confirmer ce plan, précisant les contours de cette offensive sans précédent dans l'histoire mouvementée de l'entreprise dieppoise. Pour le conduire, il a débauché une pointure : le Français Philippe Krief, ex-directeur technique de Ferrari.

En réponse à la lenteur de la transition écologique, Alpine a fait preuve de réalisme, abandonnant le dogme du tout-électrique. La prochaine A110 est développée sur une plateforme modulaire APP (Alpine Performance Platefom) qui permettrait de proposer une version à batterie et un modèle à moteur thermique. Ce dernier serait en cours de développement au sein de Horse, la structure créée par le groupe français et Geely pour les motorisations à essence. Il s'agirait d'un inédit 4-cylindres doté de la technologie de combustion à préchambre empruntée à la Formule 1. Il fonctionnerait avec un carburant de synthèse développé par Aramco, également partenaire de la coentreprise. Quant à la version électrique, à défaut de briller par sa légèreté, la plateforme assurerait une parfaite répartition des masses grâce à l'installation des batteries à la verticale, en position centrale arrière. La berlinette se doublera d'une déclinaison cabriolet. Il est d'ores et déjà acquis que la structure APP donnera naissance à un coupé 2 + 2. Ce véhicule réveillera le souvenir de la fameuse A310 apparue au début des années 1970. Là aussi, une variante cabriolet sera proposée. Ensuite, c'est un peu plus flou. Des projets d'un grand crossover, destiné en priorité pour le marché nord-américain, circulent, mais rien n'est encore gravé dans le marbre.

Par ailleurs, pour entretenir la flamme sportive, Alpine projette de commercialiser un modèle à haute performance, sorte de supercar inspiré du concept Alpenglow présenté en 2022 avec un moteur 4-cylindres 2 litres turbocompressé de 340 ch. Depuis, le projet a passablement évolué. Pour cette spectaculaire berlinette, le constructeur français a développé un nouveau bloc V6 biturbo Hy6 en aluminium de 3,5 litres suralimenté par deux turbocompresseurs et alimenté à l'hydrogène. Ce moteur fait appel au meilleur de la technologie : la distribution est assurée par quatre arbres à cames en tête et quatre soupapes par cylindre. Résultat : il fournit la puissance de 740 ch à 7 600 tr/min. Avec le renfort de deux machines électriques, il serait capable de délivrer la puissance impressionnante de 1 000 ch pour rivaliser avec les meilleures GT de Ferrari et de Lamborghini. Ce véhicule ultra-sportif serait produit en série limité avant 2030.

Pour Alpine, l'aventure ne fait que commencer. Luca de Meo, qui en connaît un rayon sur l'histoire des constructeurs, a rappelé en marge de la présentation de l'A390 à Dieppe que « le développement de la marque sportive française allait prendre vingt ans ». Une manière de se protéger des impatients. S.R.