Essai Land Rover Discovery Sport: baroudeur familial

Le Land Rover Discovery Sport: baroudeur familial en habits de ville. 

La gamme Land Rover regorge de SUVs. C’est normal: la marque ne fait que ça. En termes de dimensions, le Discovery Sport est le plus petit Land Rover, mais il reste nettement plus spacieux que le Range Rover Evoque et ses 4.37m, mais demeure beaucoup plus compact que le New Discovery (4.97m). Ses 4.60m le situent dans la catégorie des X3/Q5/GLC, mais le Discovery Sport a un atout dans sa manche: sa disponibilité en configuration 5+2, relativement rare dans le segment. La formulation est un indice, on ne parle pas de sept places mais bien de 5+2, et un premier coup d’oeil rapide suscite le doute voire l’incrédulité: les candidats à l’occupation des places “+2” doivent-ils fatalement rentrer dans le gabarit d’un Hobbit ?

A ma grande surprise, ce n’est pas le cas, ou en tous cas pas au point où je le craignais. Les deux dossiers se déploient du plancher du coffre, avec un long panneau pivotant qui fait office d’appuie-tête. Le volume de chargement résiduel est ridicule, il faudra choisir entre 5+2 et un quelconque chargement, même symbolique. Land Rover a intelligemment monté la deuxième rangée de sièges sur des rails coulissants, ce qui permet de dégager un espace d’accès à la troisième rangée ainsi créée. Et surprise, il est presque possible d’y caser un adulte.

 

L’accès demande souplesse, et l’espace est naturellement exigu, mais incomparablement moins que ne le sont les places +2 d’une Porsche 911 par exemple. L’appellation 5+2 n’est pas usurpée, et pourra être utile dans certains cas particuliers. Je peine juste à envisager les cas réalistes où l’on devrait emmener 6 passagers sans le moindre bagage: des écoliers sans cartables ? De jeunes joueurs de foot sans sac ? Des randonneurs sans picnic ? Des hockeyeurs en herbe sans canne ni patins ?

La partie avant de l’habitacle est plaisante et m’a mis dans de bonnes dispositions dès les premières minutes. Descendant d’un Jaguar F-Pace décevant, le combo de couleurs de ce Discovery Sport m’a immédiatement plu. Le bleu Loire se marie très bien avec ce joli intérieur en brun orangé dénommé “tan windsor leather”. Et la sellerie est de qualité, ce qui ne gâche rien. Les sièges avant ne sont pas le dernier mot en matière de maintien latéral, mais ils bénéficient au moins d’un appui lombaire réglable, même si ce n’est qu’en profondeur. Le réglage du volant permet toutefois de concocter une position de conduite agréable. Le seul détail ergonomique fâcheux reste la disposition du large écran tactile du système InControl Touch Pro, dont seule la moitié gauche est accessible en tendant le bras, sans devoir se pencher vers l’avant.

 

Notre Discovery Sport est équipé du nouveau 4 cylindres turbodiesel Ingenium type AJ200D, commercialisé sous le label TD4. Ce groupe de 1999 cm3 développe 430 Nm à 1750 t/min et 180 ch à 4000 t/min. Les seules alternatives disponibles au catalogue sont le TD4 380 Nm / 150 ch, ou le Si4 turbo-essence qui développe 340 Nm et 240 chevaux. Le groupe Jaguar Land Rover est relativement avare en informations sur les détails techniques de ses nouveaux moteurs de la famille Ingenium. L’amélioration de l’efficience est naturellement au coeur de la démarche, avec une réduction du poids et des frictions internes, mais des thèmes cruciaux tels que la gestion thermique ne sont pas mentionnés. Les intervalles entre services sont de 33’000km ou 2 ans.

En général, les 4 cylindres turbo-diesels ne brillent pas par leur large plage d’utilisation. Un gros turbo est nécessaire pour obtenir une puissance décente, ce qui péjore le couple à bas régime. Un remède pragmatique est une boîte automatique pour soulager le conducteur de la tâche de changer les rapports. Le remède est d’autant plus efficace que la boîte a un étagement fin qui permet de toujours avoir à disposition un rapport adapté pour fournir un couple suffisant tout en maintenant un régime bas, gage de bonne consommation de carburant. Ce sont sans doute les raisons qui ont amené Jaguar Land Rover à être le premier groupe à commercialiser en 2013 une boîte automatique à 9 rapports.

D’origine ZF, cette unité (type 9HP48 dans le cas de notre Discovery Sport) se comporte en fait en 1+5+3.  Le premier rapport est ultra court, sans doute pour faire office de rampante en tout-terrain, alors que les 3 rapports supérieurs sont étagés pour abaisser le régime autoroutier à l’extrême, soit 1900 t/min à 140 km/h indiqués en neuvième. En conduite douce, les prestations de cette boîte sont plutôt bonnes, elle remplit sa tâche qui est de ne pas se faire remarquer. Par contre, dès que le style de conduite devient plus assertif, elle est plus gauche, parfois même brutale dans ses réactions. Ce Discovery Sport est naturellement 4×4 (il existe une version traction en entrée de gamme), mais comme chez Jaguar, un viscocoupleur baptisé Active Driveline découple le train arrière pour diminuer la consommation et les émissions de CO2 qui vont avec. Land Rover revendique un temps de 300 ms pour renvoyer du couple vers les roues arrière en cas de détection de patinage.

Le 2.0 litres Ingenium lui-même fournit des prestations en ligne avec ce qu’on peut attendre de ce type de motorisation. Il est relativement souple, coupleux dès 1500 t/min, mais cogne et râcle comme tous ses congénères. A chacun de décider si l’économie de carburant et les 2600 CHF de différence avec le 2.0L Si4 sont une contrepartie raisonnable à cette sonorité peu engageante. Le 60 chevaux supplémentaires du Si4 font passer le 0-100 km/h de 8.9 à 8.2s. Le gain est moindre qu’on ne pourrait le supposer, et le chiffre plus flatteur que les sensations au volant. Dans cette finition HSE Luxury, avec toit ouvrant et les deux strapontins dans le coffre, le Discovery Sport accuse 2108 kg sur nos balances. C’est beaucoup pour un SUV de 4m60. J’ai relevé une consommation de 7.75 L/100km sur 1476 km d’essai à 74 km/h de moyenne, l’ordinateur de bord revendiquant 7.2 L/100km.

Qui dit Land Rover dit aptitudes au tout-terrain hors normes. Garde au sol de 212 mm, profondeur de passage à gué de 600 mm, 25 degrés en attaque et 31 degrés en sortie, les chiffres annoncés par Land Rover devraient dépasser les exigences de l’écrasante majorité de la clientèle. Je me suis pour ma part borner à utiliser le Discovery Sport avec désinvolture: une pression sur le bouton Terrain Response pour passer en mode gravier, et en avant pour le crapahutage ! Le Discovery Sport donne pleine confiance, et s’est acquitté de mes très modestes escapades hors bitume avec l’aisance attendue d’un Land Rover. Le Discovery Sport ne donne pas l’impression d’être un crossover d’opérette taillé pour la jungle urbaine et l’ascension de quelques redoutables trottoirs.

 

Dans les conditions d’utilisation plus habituelles, le Discovery Sport se montre plutôt capable. Il est bien suspendu, la position de conduite est agréable, l’insonorisation bonne et les passagers jouissent d’un espace appréciable sur la deuxième rangée de sièges. Ses aptitudes de baroudeur n’ont donc pas de contrepartie fâcheuse dans les registres dans lesquels il sera presque exclusivement utilisé. Je confesse ne pas avoir outrageusement taquiné le comportement routier sur tracé sinueux, pas grand chose dans sa définition n’invite à la conduite sportive. Un centre de gravité haut, un poids conséquent et un ensemble moteur-boîte conçus pour une conduite calme, tout destine le Discovery Sport à une conduite appaisée. Il faut cependant reconnaître que, malgré son poids conséquent, le “petit” Land Rover ne donne pas l’impression de lourdeur exagérée dans les réactions de la caisse.

Abordé avec calme, le Discovery Sport est un SUV homogène, confortable et plaisant à vivre. Il bénéficie également du style Land Rover et de la parenté visuelle avec l’iconique Range Rover Sport, un atout indéniable. Atout que Land Rover facture à un prix relativement compétitif, 4000 CHF plus cher qu’un Skoda Kodiak certes, mais 4000 CHF de moins qu’un Audi Q5 TDI 190 de base.

La finition HSE et les nombreuses options alourdissent toutefois considérablement l’addition, et les 70’000 CHF prix catalogue de notre joli exemplaire d’essai représentent une somme considérable pour un simple turbodiesel de 180 ch. Le produit est certes valorisant, mais ses prestations ne sont réellement convaincantes que dans deux registres: conduite routière cool ou tous chemins, pour ne pas dire tous terrains. Si les critères d’achat incluent les 7 places, l’offre de crossover 5+2 places s’est élargie avec, notamment, les Skoda Kodiak et VW Tiguan Allspace, sans toutefois véhiculer la même touche premium que le Discovery Sport. Une question d’image qui reste, plus souvent qu’on ne veut l’avouer, centrale dans les critères d’achat d’une automobile.

 

Land Rover Discovery Sport TD4 4WD CHF 43’500 € 39’400
Boîte automatique CHF 2’500  € 2’470
Finition HSE CHF 10’500  € 11’400
Système audio Meridian 825W CHF 1’500 € 1’470
Sièges 5+2 CHF 1’400 € 1’365
Crochet attelage électrique CHF 1’380 € 1’260
Pack Comfort Technique CHF 1’280 € 1’260
Jantes 20″ Style 511  CHF 1’280 € 1’260
Toit panoramique fixe CHF 1’280 € 1’260
Pack hiver CHF 1’240 € 1’208
Pack visibilité CHF 1’080 N.C.
Peinture Bleu Loire  CHF 960 € 840
Phares Xenon adaptatifs CHF 480 € 473
Vitres teintées CHF 420 € 421
Prix du véhicule d’essai CHF 70’140 € 63’139

 

Face à la concurrence – caractéristiques techniques

Land Rover Discovery Sport 5+2 Skoda Kodiak Nissan X-Trail
Moteur L4 turbodiesel 1998 cm3 L4 turbodiesel  L4 turbodiesel 1995 cm3
Puissance (ch / t/min) 180 / 4000 190 177 / 3750
Couple (Nm / tr/min) 430 / 1750 400 / 1900-3300 380 / 2000
Transmission  4×4 4×4 4×4
Boite à vitesses Automatique, 9 rapports  DCT 9  XTronic
RPP (kg/ch)  11.71 (8.83) (10.23)
Poids DIN (constr.) 2108 (1775)
54.4% 45.6%
(1677)  (1810)
0-100 km/h (sec.) 8.9 8.6 10.0
Vitesse max. (km/h) 188 210 196
Conso. Mixte (constr.) 7.75 (4.9) (5.7) (6.1)
CO2 (g/km) 129 150 162
Réservoir (l) 54 60 60
Longueur (mm) 4599 4697 4640
Largeur (mm) 2173 1882 1820
Hauteur (mm) 1724 1655 1710
Empattement (mm) 2741 2791 2705
Coffre (L) 981-1698 650-2065  550-1877
Pneus 225/65 R17 215/65 R17   225/65 R17
Prix de base (CHF) 46’000 41’950 46’340
Prix de base (EUR) 41’870 39’130 35’480

Nos remerciements à Land Rover Suisse pour le prêt de ce Discovery Sport.

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