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Essai Ferrari F12 Berlinetta – la beauté a deux visages

Manettino en mode Wet, le comportement de la F12 devient d’une étonnante facilité. Même en tirant le diable par la queue en sortie d’épingles détrempées, la gestion électronique régule admirablement le couple et empêche tout décrochement. Dès que la voiture est en ligne, la motricité permet une remise en vitesse féroce. Bluffant. Sur route mouillée, cette Supercar de 740 chevaux serait presque à mettre entre toutes les mains. Presque car la sensation de sécurité que la F12 procure dans ces conditions incite à rester sur ses gardes, les lois de la physique ayant toujours cours, que ce soit en appui ou au freinage. L’excellence de l’intégration entre le différentiel électronique, le contrôle de traction, le contrôle de stabilité et les suspensions ont sans doute permis à Ferrari de faire des réglages de châssis pointus – nous le verrons par la suite – tout en préservant un comportement totalement bénin lorsque l’électronique a toute latitude d’intervenir.

Ferrari F12 Berlinetta Ferrari F12 Berlinetta

Les grands lacets de l’Oberalp sont, eux, secs, et conduite à un rythme rapide mais coulé, la F12 peut y démontrer un agrément souverain, probablement à l’essence du Très Grand Tourisme. Un comportement très neutre et agile, un accord parfait entre le luxe et le côté plus brut d’une mécanique performante, et d’amples réserves de couple pour exécuter un dépassement à la moindre opportunité. C’est probablement à ce rythme qu’elle sera le plus souvent appréciée, et elle excelle dans l’exercice. L’expérience au volant est presque aussi gratifiante au volant que de l’extérieur, voir évoluer cette voiture dans un tel décor est un véritable ravissement. On entend le brame du V12 bien avant d’apercevoir l’auto, et sa présence visuelle émerveille à chaque passage. Nous nous dirigeons vers notre base pour rassembler les impressions de la journée autour d’un autre grand cru italien – une bouteille de Sassicaia 2004 – et finaliser les plans pour le lendemain.

Ferrari F12 Berlinetta

En toutes circonstances, puiser dans le potentiel d’une telle voiture sur route ouverte incite à la plus grande prudence. Le nouveau carcan légal suisse ajoute un risque qui ne peut être circonvenu qu’en cherchant refuge hors des routes. Faute de circuit, nous nous sommes rabattus sur une piste d’aéroport militaire. Débarrassé de toute menace policière, la F12 y est éblouissante. Par ses accélérations tout d’abord,  la montée des rapports à pleine charge jusqu’en sixième est une ode jubilatoire à l’automobile sportive, la boîte enchaînant les rapports avec maestria, que ce soit à la montée ou à la descente. Le launch control est d’une efficacité redoutable, embrayant sur une régime relativement bas (2000 t/min) pour éviter tout patinage, puis passant le deuxième rapport le plus rapidement possible. Le freinage impressionne tout autant, et malgré des sollicitations répétées, le moniteur de température des composants n’indiquera jamais la moindre amorce de surchauffe. La voiture maintient également une assiette remarquable, la 599 se cabrait incomparablement dans le même exercice.

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En sus des performances en ligne droite, le terrain est également propice à l’étude du comportement de la F12. En enchaînant des appuis prononcés à 80 km/h, l’arrière s’avère étonnamment vif et l’avant très mordant. En déconnectant toute assistance électronique avec le mode ESC Off, la F12 se révèle alors très pointue, de neutre à survireuse sur les seules prises d’appui. C’est l’autre facette de l’expertise de Ferrari dans l’intégration des composants de la chaîne cinématique. Déroutante de facilité sur un col alpin inondé avec toutes les aides activités, elle est devenue exigeante et impardonnable alors que je cherche à tutoyer ses limites.

Ainsi réglée, un coup de volant brusque suffit à provoquer le train arrière. Un coup de gaz nécessite une réaction extrêmement rapide du volant et une modulation adroite du pied droit, faute de quoi la sanction du tête-à-queue est immédiate. La quantité de mouvement accumulée par une auto de ce gabarit à 100 km/h est alors un rappel brutal et salutaire des lois de la physique. Le mode d’emploi demeure relativement facile à appréhender pour autant qu’un espace suffisant soit à disposition, avec à la clef de somptueuses virgules. Une auto belle comme le jour, la glisse, le concert du V12. Les portes du paradis automobile ne se franchissent que d’une manière: en survirage ! On n’assiste pas à des transitions brutales entre sous et survirage, mais à une voiture très fine, rendue débonnaire par la grâce bienveillante des systèmes embarqués. Le résultat me laisse admiratif, tant l’intégration électromécanique débouche sur le meilleur de deux mondes. L’édifice d’une voiture extrêmement confortable et sûre, construite sur un châssis intrinsèquement vif. La prise de roulis est très contenue en mode d’amortissement standard, prenant légèrement plus d’angle lorsqu’on choisit le mode souple.

Ferrari F12 Berlinetta

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