Présidentielles américaines: des dollars et des bouseux.

[ze_shark]

Un point de vue intéressant d'un journaliste qui a passé 7 mois en cohabitation involontaire avec les talibans avant de s'échapper.

La guerre ingagnable, l'occupation perpétuelle, de crainte de laisser la voie libre à des islamistes qui peuvent de toute manière opérer en toute impunité dans les régions limitrophes du Pakistan.

[Avgas]

La guerre ingagnable

Depuis des lustres. Tout le monde s'y est cassé les dents: Russes, et bien avant eux les Brits.

[ze_shark]

Trump a pardonné le Sheriff Joe Arpaio, figure symbolique de la lutte dure contre l'immigration en général et les latinos en particulier. Personnage détestable, qui affirmait avec fierté gérer la prison de son conté comme un camp de concentration et louait le KKK car eux au moins savaient "faire le boulot". Un gage donné à sa base de supporters ultra, et un exercice de la grace présidentielle sans précédent. Normalement, les graces sont adressées après condamnation et à des gens qui se repentent de leurs crimes. En l'occurrence, Arpaio n'a pas encore reçu sa sentence et a commis le crime d'ignorer les injonctions d'un juge l'interdisant de continuer à arrêter tout ce qui est un peu bronzé, y compris des citoyens américains, sur la simple base de la couleur de leur peau.

Bref, un acte de plus de Trump sans précédent historique. Et la première mise en pratique de l'intérêt soutenu qu'il porte aux graces présidentielles: peut-il pardonner des gens d'avance avant même qu'ils ne soient poursuivis ? Peut-il se pardonner lui-même ?

La manoeuvre n'est pas passé inapperçue du côté de Robert Mueller, le Special Counsel en charge de l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection.
Mueller a commencé à collaborer étroitement avec Eric Schneiderman, procureur de l'état de New York. Un état où l'ancien chef de compagne Paul Manafort a réalisé des transactions immobilières qui paraissent douteuses, notamment en termes de blanchiment.

Et ce détail qui fait une différence de taille: le président peut gracier n'importe qui pour des crimes fédéraux. Il n'a aucun pouvoir de grâce sur les crimes poursuivis par les juridictions des états. Donc si un Paul Manafort devait être poursuivi dans l'état de New York, Trump ne pourrait pas le protéger. Et donc l'empêcher de déballer ce qu'il sait, par exemple contre une immunité partielle.

Pas à pas ...

[Tom63]

Tourner le monde au chaos en 3 tweets pour sauver ses fesses :



Quelle horreur...

[ze_shark]

Trump a bien négocié les désastres naturels. Harvey, Irma puis maintenant Maria monopolisent les audiences TV, et Trump n'a pas fait de connerie majeure, ce qui le fait naturellement remonter dans les sondages (même si il reste sous les 40% d'opinions favorables).

Il a également pris de court Ryan et McConnell en (re)devenant BFF avec Chuck Schumer (minority leader démocrate au Sénat) et Nancy Pelosi (minority leader démocrate à la Chambre) et en acceptant leur première proposition d'ouverture, à savoir de reporter le débat sur le plafond de la dette et sur le financement du gouvernement à Noël. Scénario catastrophe pour les républicains qui voulaient absolument déblayer les deux sujets pour l'année électorale 2018 (mid terms). Le grand dealmaker a donc négocié "ferme" en apportant son soutien immédiat et inconditionnel à tout ce que les démocrates demandaient, devant les leaders de son parti et son secrétaire au trésor incrédules. Vendu, emballé. La meilleure tactique de guerre semble être la capitulation.

La conséquence indirecte de cette résolution expéditive de deux sujets qui promettaient d'accaparer le congrès pendant tout le mois de Septembre, les républicains se sont retrouvés avec plein de temps libre pour lancer une dernière tentative de démantellement d'Obamacare (en gros la version US de la LAmal) dans ce qui probablement la mouture la plus abjecte et la plus antisociale jusqu'ici. Le vote est pour mercredi prochain, il semble que ça ne pas passer d'un cheveux (une fois de plus grâce à McCain, Paul, Collins et Murkowski), mais attendons de voir. C'est du cynisme politique dans sa forme absolue, envoyer des millions de gens vers une mort prématurée pour marquer un point politique.

Trump a fait son premier discours à l'ONU. Sans surprise, il a rompu avec tous les codes, utilisant un sobriquet (Rocketman) pour parler de Kim Jong Un, comme si c'était le service-volée d'une ouverture diplomatique avec un état adversaire. Les nord coréens ont naturellement répondu, ironiquement en apprenant à l'amérique entière un mot que personne ne connait, dotard, qui veut dire vieillard à demi-sénile qui n'a plus toutes ses billes. Un va et vient d'invectives belliqueuses, selon toute vraisemblance dénuées de réelles implications, sauf qu'il suffit que l'un perde son sang-froid pour provoquer un conflit nucléaire majeur.

Et les popofs dans tout ça ? L'enquête avance, avec ses innombrables volets.

Le domicile de Paul Manafort a été perquisitionné par le FBI à la dure, en pleine nuit en forçant sa porte. Manafort va être (ou a déjà été) inculpé, mais on ne sait pas de quoi. Mueller essaie sans doute de retourner Manafort pour accélérer le processus. Manafort qui était sous mandat de surveillance FISA depuis 2014 pour ses acquointances avec l'entourage direct de Putin, entourage qui le payait grassement pour faire du lobbying mais à qui il s'est retrouvé devoir des millions en dettes.

Mike Flynn, ses acquointances russes et turques et les circonstances de son départ de la maison blanche sont toujours sur le radar, mais on en entend moins parler.

Tout le volet Facebook s'est accéléré, la presse en a abondamment parlé. Facebook est sous mandat fédéral et a finalement concédé avoir reçu des paiements (certains en roubles) d'entités russe pour promouvoir des posts de propagande ciblés sur l'électorat américain. La question suivante sera de déterminer comment ses posts/pubs ont été démographiquement ciblés, ce qui nous ramène à une possible collaboration avec Cambridge Analytica, la société gérée par Bannon et financée par Robert Mercer. Rien de prouvé de ce côté mais ça avance.

On a également appris que 21 états ont été ciblés par les russes et pour certains hackés. La notion qu'il n'y a eu d'interférence qu'au niveau désinformation/réseau sociaux ne tient pas, il n'est pas clair que les roles d'électeurs n'ont pas été affectés.

Il y a également tout le volet obstruction judiciaire lié au licensiement de James Comey, directeur du FBI. Mueller a requis de la maison blanche une foultitude de documents entourant ces événements.

Anecdote marrante, les avocats de Trump ont été surpris à discuter ouvertement de la stratégie de collaboration ou d'obstruction à l'enquête Mueller sur la terrasse d'un steakhouse de Washington, à un bloc du bureau du NYTimes. Pas vraiment le meilleur endroit pour avoir une conversation confidentielle.

Une chose ressort en général: ils n'ont pas été (et ne sont toujours pas) prudents car ils ne s'attendaient pas à gagner et donc que leurs agissements allaient tomber dans l'oubli de la défaite. De plus, personne ne veut bosser pour Trump, donc il se retrouve avec des branleurs.

Difficile de prédire d'où vont venir les premières salves judiciaires avec une enquête à ce point tentaculaire, mais Mueller passe pour être quelqu'un d'expéditif et a un team de près de 20 procureurs de pointe, spécialisés dans la contre-intelligence et la criminalité en col blanc pour démêler cet écheveau.

[ze_shark]

Il faut laisser ça à Trump, sa méthode est rôdée et fonctionne. Quand l'actualité n'est pas arrangeant, il a l'art d'inventer une controverse et de la faire mousser:



Colin Kaerpnick, ancien quarterback des 49ers, a commencé il y a un an à s'agenouiller pendant l'hymne national en signe de protestation contre les violences policiaires et l'impunité des agents à la gachette facile. Ca lui a coûté sa carrière, mais c'est resté un phénomène isolé. Jusqu'à ce que Trump se dise que c'était un truc valable pour fabriquer un scandale. La NFL étant le deuxième sport le plus red neck derrière la NASCAR et une véritable institution, le feu a pris comme une pinède varoise avec vue sur la mer.

Une vue satyrique mais ô combien pertinente de la réaction:



Et un exemple de la contre-réaction:



Tout ça pour quoi ? Une foultitude de raison:
- la dernière tentative désespérée de massacrer (réformer en langage républicain) le système de santé tombe à l'eau
- l'enquête sur l'ingérence russe, encore et toujours
- son secrétaire d'état à la santé qui a un goût immodéré pour les jet privés
- un micro-scandale de plus: nombre de membres de l'administration Trump utilisent des comptes email privés, sujet sur lequel Clinton a été clouée au pilori

When you don't like the conversation, change the conversation. Trump est maître en la matière.

[ze_shark]

Zuckerberg a d'abord juré ses grands dieux que sa petite boutique n'avait joué aucun rôle dans l'élection.
En fait, les gens de la sécurité chez Facebook ont contacté le FBI 2x pendant la campagne. Et les pubs financées par des acteurs extra-territoriaux commencent à sortir/fuiter.

Pour une élection qui s'est jouée à 70'000 voix, pas besoin de millions de budget pour avoir un impact.
Pas forcément en faisant voter Trump a des démocrates, mais inciter à voter Jill Stein par exemple, dont le nombre de voix dans les états charnière dépasse la marge victorieuse de Trump:

Stein votes/Trump margin:
Michigan: 51,463/10,704
Pennsylvania: 49,678/46,765
Wisconsin: 31,006/22,177

Donc si tous les supporters de Stein avaient voté Hillary, elle serait présidente. L'hypothèse est irréaliste, mais elle donne une bonne idée de l'impact qu'a pu avoir Facebook. Cibler des gens sur Facebook ne coûte pas si cher et peut se révéler efficace.

[ze_shark]

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[_nicolas]

http://www.independent.co.uk/news/world ... 98526.html


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[ze_shark]

Il y a un an, en l'espace de quelques heures:
- James Clapper et Jeh Johnson annoncent que l'administration Obama a la preuve que les russes tentent d'influencer l'élection
- la vidéo du pussy grabbing de Trump sort
- et 30 minutes plus tard wikileaks commence à balancer les emails de John Podesta
et l'Amérique ignore complètement les avertissements (un peu trop timorés) sur l'implication des russes.

Documentaire de Yahoo news:
https://www.yahoo.com/news/64-hours-oct ... 27162.html

[ze_shark]

https://www.washingtonpost.com/news/the ... platforms/

La campagne Trump (l'officielle, pas l'autre financée par Vlad) a dépensé 80 millions en pubs sur Facebook.
Pourrait-il y avoir un lien avec l'incroyable réticence de Facebook a être transparent sur les sommes et la manière utilisée par d'autres acteurs pour influencer le résultat de l'élection ?

https://www.wired.com/2016/11/facebook- ... fake-news/

Les chiffres donnent le vertige. La campagne faisait tourner 40'000 à 50'000 pubs différentes chaque jour en testant leur impact. En comparaison, la pub télévisée, même avec les stations locales, semble complètement dépassée.

[blake_ch]

Pour avoir utilisé le module de pub de Facebook pour une petite fête locale, c'est effectivement un autre monde de la pub traditionnelle, et à toute les échelles.

Par rapport à une publicité classique d'affiches, spot radio, pub dans un journal local, les outils de Facebook dépassent tout ce qui était fait jusqu'à présent. On peut cibler de manière très précise son public pour chaque pub, que ce soit géographiquement, démographiquement et/ou par centre d'intérêt.

Je n'ose pas imaginer donc à grande échelle les impacts, outre le travail colossal pour gérer tout cela.

Et le mieux c'est que le coût et dérisoire par rapport aux moyens traditionnels et le retour sur investissement bien meilleur du coup.

Reste que Facebook est un réseau parmi d'autres.

[ze_shark]

Si vous vous sentez en excès d'optimisme, le remède idéal: interview de Dexter Filkins, grand reporter de guerre et fin connaisseur de la politique extérieure des Etats-Unis et des acteurs actuels:



Les ouragans, incendies et autres calamités comme Harvey Weinstein font plus les manchettes ces jours que les échanges d'invectives entre Kim Jung Un et son camarade de jeu, mais ça ne veut pas dire qu'il ne se passe rien. Et on entend à gauche et à droite le commentaire que les médias ne surévaluent pas le risque d'escalade armée, voulue ou accidentelle, mais qu'ils les sous-évaluent.

Et les anecdotes sur la fascination décomplexée de Trump pour l'arme nucléaire:

https://www.nbcnews.com/news/all/trump- ... rs-n809701
https://www.washingtonpost.com/news/the ... l-concern/

Pourquoi n'on a-t-on pas plus et pourquoi ne s'en servirait-on pas ?

[blake_ch]

l'oncle Donald tweet sur les prototypes de mur:

[ze_shark]

Il a aussi déclaré, entre autres sottises, que le mur devrait en fait être transparent. Sinon on ne peut pas voir qui est en train de venir depuis l'autre côté.



C'est tellement grotesque qu'on croirait que c'est du late night comedy.