Rubrique littéraire
Re: Rubrique littéraire
Message par yannick » 12 sept. 2016 17:20
Les livres qui ont de la valeur ne passent jamais de mode, leur vérité est en avant d'eux, ils sont dans la continuité d'une histoire de la conscience, ils ont tout le temps devant eux.ze_shark a écrit :la Vie sur Terre est paru en 1996 donc est solidement ancré dans les réalités contemporaines qui influencent notre société.
On en était:
- aux balbutiements d'internet (qui avait un accès internet à la maison en 1996 ?)
- au tout début de l'ère post guerre froide (Présidences Clinton/Yeltsine)
- à une Europe à 15
Bref, sans connaître le contenu, et malgré la réédition en 2008 de l'ouvrage, sa pertinence dans le contexte des événements actuels me parait logiquement discutable ?
Et puis, Bodinat a continué à écrire, publiant en 2015 un nouvel ouvrage tout aussi réussi.
Le même éditeur faisait paraître en 1997 un autre livre dont les analyses et les prévisions n'ont pas été démenties par la suite des événements. En voici quelques extraits sur les conséquences des plus récents progrès de l'efficacité économique et en particulier ce qu'implique, pour les jeunes générations, l'adaptation à ces nouvelles conditions où les hommes ne sont plus que les parasites des machines qui assurent le fonctionnement de l'organisation sociale :
Parmi les choses que les gens n’ont pas envie d’entendre, qu’ils ne veulent pas voir alors même qu’elles s’étalent sous leurs yeux, il y a celles-ci : que tous ces perfectionnements techniques, qui leur ont si bien simplifié la vie qu’il n’y reste presque plus rien de vivant, agencent quelque chose qui n’est déjà plus une civilisation; que la barbarie jaillit comme de source de cette vie simplifiée, mécanisée, sans esprit ; et que parmi tous les résultats terrifiants de cette expérience de déshumanisation à laquelle ils se sont prêtés de si bon gré, le plus terrifiant est encore leur progéniture, parce que c’est celui qui en somme ratifie tous les autres. C’est pourquoi, quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : « Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? », il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : « A quels enfants allons-nous laisser le monde ? »
Ceci n’est pas le fait de soi-disant « barbares » ou autres « menaces terroristes » fantoches, mais de la « civilisation ».
C’est ainsi que pour se cacher son désastre réel et exorciser le spectre d’une décadence interminablement livrée à elle-même, une société se trouve des ennemis à combattre, des objets de haine et de terreur; et comme dans 1984, où l’expression obligatoire de la haine pour l’ennemi Goldstein sert en même temps à chacun d’exutoire à sa haine pour Big Brother, la fabrication d’une « barbarie » à redouter et à haïr est d’autant plus opérante qu’elle récupère au profit du conformisme et de la soumission un effroi bien réel et très fondé. Les « banlieues », comme on dit dans les médias pour désigner en fait l’ensemble du territoire urbanisé (les centres historiques anciens, principalement dévolus à l’usage touristique et marchand, n’ayant presque plus rien de l’heureuse confusion qui faisait une ville), sont donc devenues, avec leur jeunesse barbare, le « problème » qui résume providentiellement tous les autres : une « bombe à retardement » placée sous le siège de ceux qui du coup pourraient se croire des assis.
Comme de bien d’autres « problèmes », on parle de celui-là non pour le résoudre (et comment le pourrait-on ?), mais pour le gérer, comme ils disent : en bon français pour le laisser pourrir, en l’y aidant par tous les immenses moyens disponibles à cette fin. C’est une telle gestion moderne qui est désignée à l’horizon par le vocable « Los Angeles ». Quand les policiers et leurs porte-voix médiatiques parlent de « syndrome Los Angeles », ils expriment au moins autant ce qu’ils cherchent à obtenir que ce qu’ils prétendent éviter, ce qu’ils veulent que ce qu’ils craignent : c’est-à-dire qu’ils décrivent le tour qu’ils veulent voir prendre à ce qu’ils savent ne pouvoir éviter.
Et l’on sait comment la domination moderne, qui n’a pas pour rien été qualifiée de spectaculaire, a repris à grande échelle les techniques de l’industrie du divertissement, depuis longtemps habile à manipuler les impulsions mimétiques. en faisant apparaître les sentiments qu’elle veut susciter comme déjà existants, et en anticipant l’imitation qu’en feront les spectateurs eux-mêmes, sur le modèle de la prophétie qui s’auto-accomplit. C’est ainsi qu’en vertu de l’effet de miroir du spectacle, ceux qu’on « aime haïr » en tant que modernes barbares ne sont que trop enclins à aimer être haïs sous cette figure, et à s’identifier à leur image préformée. Ils « ont la haine », selon une locution dont la tournure n’évoque pas fortuitement la contamination par une peste.
Jaime Semprun, L'abîme se repeuple
Re: Rubrique littéraire
Message par Yvan » 25 janv. 2017 10:01
Pas de livres, mais un peu d'ordre dans l'écriture d'expressions courantes...
Qui aurait fait tout juste ?
Sans dessus dessous ou sens dessus dessous ?
Autant pour moi ou au temps pour moi ?
De plein-pied ou de plain-pied ?
À l'attention de ou à l'intention de ?
Savoir gré et Être gré ?
http://www.lefigaro.fr/langue-francaise ... 1485264396
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Re: Rubrique littéraire
Message par blake_ch » 25 janv. 2017 11:09
Uhuhh ! Je ne savais pas pour le premier! Et pour le dernier, j'aurais dû me fier à mon oreille, j'ai douté après réflexion.
Autant/Au temps est un classique qui revient souvent. C'est fou les subtilités qu'il y a, et qui se perdent. Mais dès qu'on veut simplifier l'orthographe, on crie au loup de partout!
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Re: Rubrique littéraire
Message par _nicolas » 16 déc. 2023 10:25
Lu cette semaine, "The Fund":
J'avais lu "Principles". J'étais très intéressé et partais de l'idée que ce pensum était le résultat d'expériences rigoureuses, scientifiquement menées. Rien de tout cela ! On apprend dans "The Fund" que Dalio, que l'on voit partout et qui est très écouté, est un narcissique doublé d'un sociopathe dont les "principes", qu'il change dès lors qu'ils le contredisent, ont fait de Bridgewater une véritable secte et probablement l'un des exemples ultimes de cultures toxiques en entreprise. Il apparaît que Dalio rivalise avec Musk sur ce point, d'ailleurs le psy de l'un des employés de Bridgwater explique que le système de gestion des employés a certainement dû être conçu par un Asperger.
Un chapitre met la lumière sur son "expertise" sur la Chine que Dalio vante tant mais qui n'est pas aussi approfondie qu'il le dit et qui, de façon amusante, ne l'a pas empêché de se créer des incidents diplomatiques avec Beijing pour lesquels il a bassement cherché à se faire pardonner. Parlant de politique et géopolitique, les "Principles for Dealing with the Changing World Order" que Dalio promeut un peu partout, en particulier sur LinkedIn via sa newsletter, résultent eux-aussi d'une réflexion qui a ignoré les contextes et de nombreux faits historiques.
J'avais lu "Principles". J'étais très intéressé et partais de l'idée que ce pensum était le résultat d'expériences rigoureuses, scientifiquement menées. Rien de tout cela ! On apprend dans "The Fund" que Dalio, que l'on voit partout et qui est très écouté, est un narcissique doublé d'un sociopathe dont les "principes", qu'il change dès lors qu'ils le contredisent, ont fait de Bridgewater une véritable secte et probablement l'un des exemples ultimes de cultures toxiques en entreprise. Il apparaît que Dalio rivalise avec Musk sur ce point, d'ailleurs le psy de l'un des employés de Bridgwater explique que le système de gestion des employés a certainement dû être conçu par un Asperger.
Un chapitre met la lumière sur son "expertise" sur la Chine que Dalio vante tant mais qui n'est pas aussi approfondie qu'il le dit et qui, de façon amusante, ne l'a pas empêché de se créer des incidents diplomatiques avec Beijing pour lesquels il a bassement cherché à se faire pardonner. Parlant de politique et géopolitique, les "Principles for Dealing with the Changing World Order" que Dalio promeut un peu partout, en particulier sur LinkedIn via sa newsletter, résultent eux-aussi d'une réflexion qui a ignoré les contextes et de nombreux faits historiques.
Nicolas
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Re: Rubrique littéraire
Message par ze_shark » 16 déc. 2023 10:39
Pas lu mais entendu plusieurs interviews de Rob Copeland. Dalio semble effectivement être un caractère de la trempe de Musk.
Quelques articles qui donnent une idée de Dalio et de la culture de Bridgewater:
https://nymag.com/intelligencer/article ... cerpt.html
https://www.nytimes.com/2023/11/01/busi ... money.html
C'est en écoutant ces interviews que j'ai appris que Jim Comey - LE Jim Comey qui a sans doute été une des raisons individuelles ayant causé l'élection de Trump - avait eu un job aussi bizarre que lucratif pour Bridgewater, ce avant d'être nommé par Obama comme directeur du FBI. Ca écorne l'image du serviteur public pétri d'abnégation.
Quelques articles qui donnent une idée de Dalio et de la culture de Bridgewater:
https://nymag.com/intelligencer/article ... cerpt.html
https://www.nytimes.com/2023/11/01/busi ... money.html
C'est en écoutant ces interviews que j'ai appris que Jim Comey - LE Jim Comey qui a sans doute été une des raisons individuelles ayant causé l'élection de Trump - avait eu un job aussi bizarre que lucratif pour Bridgewater, ce avant d'être nommé par Obama comme directeur du FBI. Ca écorne l'image du serviteur public pétri d'abnégation.
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