Ebisu a écrit : ↑28 nov. 2022 10:59
ze_shark a écrit : ↑26 nov. 2022 10:17
ça démontre bien le ridicule de la narrative crypto: éliminez les banquiers ! mettez tous sur une block chain ! Bon ensuite il faut juste une plateforme d'échange, et un banquier qui la gère, et ne se prive pas de vider la caisse pour financer ses petits projets annexes.
Ca démontre surtout à quel point une part importante du public qui parie sur les cryptos est totalement à la masse et rendue stupide par l'appât du gain. Parce que oui, à la base et d'un point de vue purement fonctionnel le but des cryptos est effectivement d'éliminer tous les intermédiaires, tant pour le stockage que pour l'échange (à travers les DEX par opposition aux CEX).
Seulement voilà, comme la plupart des gens n'ont pas les connaissances techniques et fonctionnelles pour tout faire par eux même et cherchent pour se rassurer à retrouver les éléments du système financier traditionnel (banques, bourses, etc), ça laisse le champ pour que certains se placent en tant qu'intermédiaires, aux intentions plus ou moins louables, avec en plus très peu de réglementation. C'est cette interaction qui a fait que les cryptos sont passées auprès du grand public, sinon ça serait resté ce que c'était depuis 2008, un milieu de niche pour cypherpunk parce que nécessitant de solides connaissances en informatique et en bidouillage. la "narrative crypto" dont tu parles, c'est celle des cryptobros et de la finance décomplexée, et c'est dommage que ce soit celle qui domine et qui ait été acceptée comme canon par les médias.
Si il y a un truc qui a toujours été répété ad libitum dans le milieu, c'est qu'il ne faut jamais laisser ses cryptos sur les exchanges, quelque soit la réputation de cette dernière. A chaque crise et exchange qui se pète la tronche, c'est les mêmes personnes qui étaient sensées connaître ce prérequis qui reviennent la queue entre les jambes pour crier au scandale. Rince & repeat. Il faut quand même être rendu au niveau ultime de l'aliénation heureuse pour déléguer à un tiers la garde de ses cryptos alors que ça peut être fait en 30 secondes personnellement et de manière totalement privée. Et en plus en 2022 on a sacrément plus de possibilités de cold wallets qu'il y a 10 ans...
Les cold wallets présentent les mêmes problèmes que les exchanges: comment faire pour être certain que ledit wallet qui est implémenté via une app ne souffre pas d'un bug? Et en cas de souci, contre qui se tourner pour obtenir réparation de son dommage? Et puis à un moment, si on veut utiliser l'argent de son cold wallet, il faudra bien passer par un exchange: comment faire que le rapatriement dans le vrai monde se fasse de manière sécurisée? Si on parle de 50 balles, c'est pas grave. Mais là on parle des économies d'une vie et donc il y a un besoin de fiabilité et de prédictivité du comportement du truc.
Et enfin, oui, c'est vrai que le public ne maitrise pas du tout ce que sont les cryptos. Mais le succès passe par la diffusion auprès du grand public et donc l'outil, pour avoir un intérêt autre qu'intellectuel pur, se doit d'être accessible par le grand public. Je doute que le cours des cryptos se serait envolé comme il l'a fait si le grand public ne s'y était pas massivement intéressé.
Donc en gros, soit on a des cryptos bien utilisées et qui apportent un éventuel plus à quelques happy fews ayant un doctorat en informatique ou en finance (donc en gros, des gens qui ... sont capables d'être leur propre banquier), soit on a un truc qui fait de gros dégats. Et c'est là qu'on voit l'avantage, qui a naturellement un cout, des devises traditionnelles: elles sont faciles à appréhender sans connaissances profondes: un enfant de 10 ans y arrive. Et le prix à payer, c'est de rémunérer un intermédiaire qui n'est pas juste un cochon de racketeur, mais qui apporte une valeur ajoutée à savoir de la sécurité, de la liquidité, des voies de recours légal.
En fait, on pourrait faire un joli parallèle avec la santé: En un premier temps s'indigner qu'il soit impératif de passer par un cochon de médecin qui se gave juste pour délivrer une ordonnance permettant d'acheter un médicament. Donc on invente un super truc décentralisé où tout patient peut commander les médicaments qu'il souhaite en direct sans passer par un intermédiaire. Au bout de quelques années, le truc a du succès, tout le monde loue cette belle révolution, l'avenir de la médecine, etc. Puis on commence à voir des problèmes liés à l'automédication: zut, l'homme de la rue n'étant pas médecin, il se soigne mal et on a plein de décès. Les défenseurs du nouveau modèle disent alors: "Mais on le dit depuis le début, pour se soigner soi-même, il faut ... avoir des connaissances de médecin". Sauf que y'a peut-être 0.1% de la population qui est médecin et donc en fait, le modèle ne sert pas à grand-chose dans la vraie vie, même s'il est sympa théoriquement parlant.
C'est donc un peu incestueux ce truc: on invente un produit dont l'intérêt est de se passer de banquier ... mais il faut soi-même être banquier ou équivalent pour pouvoir l'utiliser sans risque que tout nous pète à la tronche. Sauf que si on a des connaissances de banquier, ben en fait dans le monde de la banque tradi, on arrive sans grandes difficultés à payer le service au bon prix: perso, même si ca fait 5 ans que j'ai cessé de travailler pour une banque, le seul fait de savoir comment ca fonctionne me permet d'avoir des relations très satisfaisantes avec ma banque et un compte en crypto ne m'apporterait rien de plus en fait. Et si c'était pour ma belle-mère, je lui dirais de toutes manières de se tenir éloignée de ce qu'elle ne maitrise pas et donc de ne surtout pas ouvrir de compte en crypto.
Enfin, pour les comptes cryptos de swissquote, il serait intéressant pour les détenteurs de bien lire les conditions qui vont avec, en particulier comment ca se passe si ca tourne au vinaigre. Donc que fait swissquote si la blockchain fait un fork qui a pour conséquence qu'il existe alors 2 soldes possibles pour un même portefeuille? Et que fait Swissquote en cas de piratage soit de la solution permettant d'accéder aux cryptos soit de la plateforme? A mon avis, mais à vérifier, ils agissent en fiducie = ils placent au nom de swissquote (comprendre sur des comptes auprès des plateformes dont Swissquote est titulaire), mais au risque du client final. Donc leur responsabilité s'arrêterait à conserver les clefs des portefeuilles de manière raisonnablement sécurisée et à sélectionner des plateformes ayant une bonne réputation. Mais on parlerait ici d'obligation de moyen. Si après le compte est piraté, l'exchange fait faillite, ce sera le risque du client de Swissquote, pas le risque de Swissquote si c'est bien ce modèle. Dit autrement, si le client a bien une créance sur Swissquote, entité régulée en Suisse, le montant de cette créance serait nul si le compte de Swissquote auprès de l'exchange devait être piraté ou l'exchange faire faillite, pour peu que Swissquote ait mis en place des moyens adaptés de sécurisation. Et la grosse différence avec une devise classique, c'est que le maillon après Swissquote, c'est une banque centrale. Et d'un coup, c'est un peu différent en termes de risques d'avoir un sous dépot à la BNS que d'avoir un sous dépot chez FTX ou en direct dans une app informatique qui peut contenir des bugs et donc être piraté. Bref, ce serait intéressant que quelqu'un qui a un compte Swissquote confirme ou infirme le montage que je viens de présenter. Le grand risque, c'est qu'au final, ca donne le sentiment au client qu'un compte en BTC, c'est exactement pareil qu'un compte en CHF car sur le maillon qu'il voit, tout est identique. Mais en fait, le maillon suivant est selon moi très différent en matière de risque, sachant que le risque auquel on est exposé, c'est celui du maillon faible de la chaine, pas celui du maillon fort.